Un nouveau village, une nouvelle maison mais toujours les ennuis aux trousses [Terminé]

Après avoir reçu un courrier nous mettant en garde sur une épidémie à venir, nous avons décidé de déménager pour éviter toutes mauvaises surprises. Je ne m'inquiétais pas spécialement pour ma santé, mais plutôt pour celle du reste de ma famille, qui était bien plus vulnérable que la mienne. Nous avons beaucoup marché. Plusieurs jours. Kaen et Sophia ne pouvaient pas se déplacer d'un lieu à un autre sous l'influence du vent, ce qui était bien dommage. J'avais, malgré tout fait l'éclaireur plusieurs fois. Bien sûr, la route avait été faite avec Kyu et ses compagnons qui avaient aussi décidé de s'en aller pour d'autres raisons que les nôtres. Nos chemins finirent par se séparer quelques jours plus tard. Ils nous avaient quand même dit qu'ils ne seraient pas loin, au cas où. Même si le "au cas où" voulait surtout dire "vous connaissant les problèmes vont venir et il faudra encore s'occuper de la petite". Nous avons donc fini notre route tout les trois avant d'arriver dans un petit bourg, à plusieurs dizaines de kilomètres de l'ancienne maison. Cet endroit était plus animé et plus imposant que l'ancien. Les rues étaient quasiment toutes pavées et les maisons faites de briques et de tuiles rouges. Et il avait même un port, où chaque jours des bateaux chargeaient et déchargeaient leur cargaison. Malgré toutes les jolies maisons qui s'alignaient devant nous, notre choix s'était porté sur une demeure plus originale et un peu à l'écart des autres. Cette dernière était entièrement faite de bois et s'étendait sur environs 130m², jardin compris. Parce que oui il y avait un grand jardin où Sophia pourrait se dépenser à volonté. Elle ressemblait à un ancien temple japonais en mauvais état. Certaines planches étaient moisies et la parcelle de terre était couverte de mauvaises herbes. Bien que pittoresque et à rénover, ce fut mon coup de coeur. Et puisque Kaen avait choisi la dernière maison sans me demander mon avis, il ne pouvait pas refuser ma demande de vivre ici. La négociation entre nous terminée, nous avons été voir le maire puisqu'il n'y avait aucun panneau "à vendre". Ce dernier nous apprit que la maison était abandonnée depuis longtemps, que personne ne voulait y vivre à cause de bruits étranges à l'intérieur durant la nuit et que, par conséquent, nous pouvions l'obtenir du moment que nous étions capable payer les impôts. Les détails administratifs réglés, nous nous y sommes installés sans nous faire prier.

Après déballage de nos affaires, nous nous sommes rendus dans une boutique afin d'acheter de nouveaux meubles. Bien sûr, nous nous sommes contentés d'acquérir le strict minimum, juste assez pour vivre convenablement. Soit lit, table, chaises, lampes, et de quoi cuisiner. La salle de bain étant, par chance, déjà opérationnelle. A notre retour, je m'attaquais à la poussière et à la moisissure, qui étaient devenues maîtres des lieux, avec Sophia dans la mesure de ses capacités et sans la forcer. Kaen, lui, s'amusait à monter les meubles avec plus ou moins de patience. Le soir arriva bien vite et nous étions fatigués. Avec Kaen nous avons souhaité une bonne nuit à notre princesse avant de rejoindre ce qui deviendrait notre chambre. Malheureusement, en plein milieu de la nuit Sophia avait déboulé dans la pièce, les yeux remplis de larmes. Elle disait avoir eu peur toute seule et avoir entendu un bruit bizarre. Nous aurions du nous en douter. Elle était encore petite et nous avions chamboulé ses habitudes en déménageant. L'enfant s'installa entre nous deux et finit par se rendormir paisiblement après un gros câlin de la part de ses parents pour la rassurer. Les jours suivants se succédaient en se ressemblant. Je m'occupais de la maison pour l'embellir. Les poutres et autres planches de bois plus qu'abîmées étaient remplacées, la poussière et les araignées étaient chassées à vive allure. Sophia m'aidait parfois mais passait surtout son temps à jouer dans le jardin à courir partout ou à ramasser des insectes. Quant à Kaen, il faisait le tour de la ville dans le but de trouver un travail. Ou mieux, un lieu pour être forgeron. Je chercherai aussi du travail lorsque la maison serait correcte, et surtout, si Sophia arrive à obtenir une place à l'école. Il n'était pas question que je la laisse entre les mains d'une inconnue !

Voici le descriptif de la nouvelle demeure. Comme dit plus haut, elle fait environ 130m² jardin compris. L'entrée se fait sur la rue, même si cette dernière n'est qu'un vulgaire chemin de terre que seule quelques charrettes empruntaient. Le pas de la porte passé, un couloir d'environ deux mètres, dont les côtés donnaient respectivement sur la chambre des adultes et celle de l'enfant. La première est un peu plus grande que la seconde. Chacune est séparée du couloir par une porte coulissante, toujours dans le style japonais. Derrière la pièce de l'enfant, se trouve la cuisine, ouverte sur la salle à manger et sur le salon. La salle de bain était au fond de la grande pièce, derrière la cuisine. La pièce réservée à la petite fille fait environ vingt mètres carrés. La couleur au mur tire vers le bleu clair. Il y a trois fenêtres, deux côtés rues et une sur le côté. Son lit est contre le mur la séparant de la cuisine, sa garde robe à l'opposé de ce dernier et ses jouets s'éparpillent un peu partout dans le restant de la pièce. La chambre des parents, un peu plus grande et de couleur crème, occupe une trentaine de mètres carrés. Le lit parental s'est installé contre le mur du fond. La garde robe lui fait face, avec, à côté un grand miroir. Malheureusement pour les jeunes adultes, il faut traverser toute la pièce à vivre pour se rendre dans la salle d'eau, ce qui dans certain cas peut s'avérer gênant. Surtout dans certaines conditions... D'ailleurs cette dernière fait une quinzaine de mètres carrés. La teinte au mur est blanche. On y trouve une baignoire qui peut faire office de douche, un lavabo et un wc, ainsi qu'une petite armoire pour ranger le linge de toilette. Concernant la pièce à vivre, le bois dominait. Dans le coin cuisine, en plus de trois plans de travail, il y a une gazinière et un frigo. Dans le coin dîner, une grande table en chêne accompagnée de ses quatre chaises. Une pour chaque membre de la famille et une pour un possible invité. Le coin salon, quant à lui se délimitait par un arc de cercle formé par les fauteuils. Le couple avait investi dans deux sièges d'une personne et d'un grand canapé pouvant accueillir quatre personnes. A cela s'ajoutait une cheminée qui réchauffait la pièce.

new maison:

Un nouveau jour se levait sur la petite famille. C'était le week-end, synonyme de repos. Même si aucun d'eux ne travaillait vraiment le restant de la semaine. Sophia avait encore dormi avec nous cette nuit. La petite faisait des cauchemars et disait entendre des bruits bizarres lorsqu'elle se réveillait. C'était normal à son âge donc nous n'y avions pas prêté attention les premiers jours, même si on s'évertuait à la rassurer à chaque fois. Cependant, ça durait, et ça n'annonçait rien de bon selon mon avis. Cela allait se confirmer aujourd'hui. J'avais un horrible pressentiment. J'avais l'impression que si nous sortions quelque chose de mauvais allait arriver. Et bien sur, Kaen voulait absolument que nous allions nous promener tout les trois, histoire de nous familiariser avec notre nouveau village. J'avais beau lui faire part de mon appréhension, rien n'y faisait. Pour lui, je me faisais des idées et je m'inquiétais pour rien. Après tout, nous venions de débarquer et nous ne connaissons personne. Donc, aucune mauvaise rencontre n'était possible. Nous ne courions aucun risque. Aucun. Vaincue, je finis par céder en croyant ses paroles. Il avait raison après tout. Je me faisais du sang d'encre pour rien. Sophia, elle, était ravie de partir en ballade. Elle avait enfilait ses chaussures en moins de temps qu'il n'en fallait pour dire ouf. Elle s'était ensuite faufilé entre nous deux pour attraper une main à papa et une des miennes. On ressemblait vraiment à une famille heureuse comme ça. Nos regards se posaient tantôt sur les boutiques qui s'alignaient devant nous, tantôt sur notre fille qui affichait un grand sourire. Nous fîmes également quelques emplettes pour le repas de ce soir avant de faire le chemin du retour. En plus des courses, nous nous sommes arrêtés dans un magasin pour acheter un doudou à la petite. Peut être que ça allait la rassurer après ses cauchemars. Elle choisit celui qui lui tapa le plus dans l'oeil. Soit un ours brun portant une salopette bleu foncé. J'avais vraiment fini par croire que mon instinct m'avait joué un mauvais tour. Tout se passait merveilleusement bien.

Sauf que ça ne dura pas. Le malheur nous tomba dessus lorsque nous étions sur le chemin du retour. Pour faire rire Sophia, nous nous amusions à la soulever un peu. Ses pieds décollaient du sol de quelques centimètres et elle se balançait d'avant en arrière. L'enfant riait et cela me faisait plaisir. Comment pourrais je ne pas l'être ? La petite était mignonne comme tout. Autant dans sa manière de faire, de se comporter ou de parler. Parfois, je voyais en elle le comportement de son père, et parfois c'était le mien que je voyais. Ça faisait une drôle d'impression de voir son reflet au travers de son bambin. Enfin.. Pendant que je pensais à ce genre de chose, le "drame" arriva. Dans le jeu, Kaen avait malencontreusement bousculé un individu, dont le visage était couvert d'une capuche. Ce dernier n'avait pas du tout apprécié. Par réflexe j'avais éloigné Sophia de quelques mètres. Et j'avais eu raison. L'inconnu s'était retourné rapidement pour affliger une droite au jeune père, qui avait su éviter de justesse, justement parce que sa fille n'était plus dans ses pattes à ce moment là. Les deux hommes s'engagèrent dans un combat à mains nus. Même si au premier coup d'oeil Kaen semblait avoir l'avantage, ce n'était pas le cas. L'individu était clairement plus fort que lui et si le duel s'éternisait, le brun allait morfler.. D'ailleurs il commençait déjà à recevoir plusieurs coups bien placés alors qu'il arrivait à les éviter quelques secondes auparavant. Je pris la petite dans mes bras en lui demandant de fermer les yeux avant de disparaitre pour la mettre à l'abri. Elle ne savait pas de quoi j'étais capable. Je ne lui avais encore jamais montré mes pouvoirs et cela attendrait bien encore un peu. Arrivée à la maison, je la déposai dans son lit. Je plongeais mon regard doré dans le rouge des siens qui était effrayé. Avec un sourire rassurant, je lui disais:

- "Écoutes moi ma chérie. Tu vas rester ici et si papa ou maman n'est pas rentré lorsque la grande aiguille est là, utilises ton sifflet pour appeler tonton Kyu, d'accord ?" je lui avais laissé ma montre et montré l'endroit où devait se trouver la grande aiguille.

- "Mais maman... J'ai peur..."

- "Ne t'inquiètes pas ma puce. Voilà un bisou magique qui va te protéger."

Je lui déposa un doux baiser sur le front pour la rassurer. Si elle restait ici, rien ne pouvait lui arriver. De toute façon, je n'avais pas l'intention de m'éterniser avec l'autre taré. Je prenais Kaen et on rentrais vite fait bien fait. Je sortis de la chambre de l'enfant alors qu'elle serrait très fort contre elle son nouveau doudou. Ça me faisait mal de la laisser toute seule mais je ne pouvais pas la garder avec moi. Kaen m'aurait tué pour l'avoir mise en danger si je pouvais l'éviter. Il me tuera sûrement aussi si je la laisse toute seule. Sauf que, à choisir, je préfère la savoir en sécurité. Oui j'aurai pu l'emmener directement chez Kyu mais je ne pouvais pas me matérialiser dans un endroit où je n'avais jamais mis les pieds.. Je retournai ensuite vers le lieu où se trouvait mon amoureux. Et il était temps que je revienne. Durant le peu de temps où j'étais partie, le brun s'était fait écrasé. L'image juste devant mes yeux était qu'il avait le visage contre les pavés avec la main de l'inconnu sur la tête. Un pic de glace s'envola pour rompre le contact avec les deux hommes. L'individu à la capuche porta son attention sur moi et ça me cloua littéralement sur place. Je ne voyais pas ses yeux mais son horrible sourire carnassier. Il voulait tuer. Ou du moins, faire couler du sang. Il me rappelait une personne de notre passé que j'aurai vraiment préféré oublier. J'étais contente d'avoir su éloigner Sophia de ce type. Même si j'allais devenir son souffre douleur. Il se précipita sur moi, poings en avant. Alors que la distance se réduisait, je lui balançais des piques de glaces qui tantôt atteignaient leur cible, tantôt la rataient. Comme Kaen auparavant, j'arrivais à éviter ses attaques. Au début en tout cas. Je ne savais pas si c'était moi qui fatiguais ou lui qui devenait plus rapide mais j'avais de plus en plus de mal à anticiper et esquiver ses assauts. Mine de rien, j'essayais de me rapprocher du brun. Il me suffisait de le toucher pour disparaitre la seconde suivante. Je n'étais plus qu'à quelques mètres de lui. J'y étais presque. Malheureusement quelque chose changea mes plans.

- "Papa ..? Maman ..?"  

En entendant cette voix, ma concentration chuta au plus bas. A tel point que le coup, je me le pris de plein fouet. Je sentis les os de mon bras se briser sous l'impact. Dans d'autres circonstances j'aurai hurler de douleur mais là, mon attention se portait sur la voix de ma fille. En même temps que l'inconnu, je tournai la tête vers elle. Comment pouvait elle être ici ? Elle devait être à l'abri, à la maison ! Alors pourquoi ?! Je vis le sourire de l'homme s'élargir un peu plus en voyant la petite apeurée. Il n'était pas question qu'il la touche ! Avant même qu'il s'élançait vers l'enfant, je me matérialisai devant elle. Sophia allait agripper à ma jambe lorsque je nous séparai par une fine paroi de glace:

- "Sauves toi !"

- "Mais maman..."

- "C'est un ordre, Sophia ! Va-t-en !"

La petite fille recula de quelques pas lorsque l'inconnu se jeta sur moi pour reprendre ses attaques. Autant dire qu'avec un bras en moins, les esquives n'étaient plus aussi évidentes. J'avais beau encaisser ses coups, je sentais mes os craquaient, si ce n'était pas se briser. Comment je pouvais sentir la douleur alors que j'étais de glace et pourquoi mon bras brisé n'avait pas encore commencé à se régénérer ? Il y avait un truc qui clochait.. Je jetai un coup d'oeil derrière moi pour voir si ma fille était encore là et ça me fut fatal. Je ne vis pas le coup venir et je me le pris de plein fouet dans le ventre. L'inconnu enchainait avec fureur. Ou plaisir peut être ? J'entendais l'enfant crier et je ne faisais que lui répéter de déguerpir d'ici. L'attaque suivante, un violent coup de pied reçu en plein visage, me sonna et me projeta loin de la petite. J'étais à plat ventre sur le sol. Mon ventre, mon visage et mon bras étaient horriblement douloureux. Je voyais le type s'énerver contre la paroi qui l'empêcher de s'en prendre à la petite fille. Malheureusement pour lui, tant que je ne perdais pas connaissance, il n'avait aucune chance de la briser. Aucune. Sophia me regardait avec des yeux terrifiés. Avec un sourire qui se voulait rassurant, je lui fis signe de s'en aller et de souffler dans le sifflet une fois à l'abri. Ce qu'elle finit par faire. Il ne me restait plus qu'à le retenir ici aussi longtemps que je le pouvais. Non sans mal je réussis à me remettre debout. Je lançais un pic de glace qui alla se briser contre la paroi. Une méthode détournée pour la renforcer ? Peut être bien. Un moyen de reporter son attention sur moi ? Possible également. En tout cas, il fallut que je lui dise avec un sourire provocateur qu'il serait bloqué ici tant qu'il ne m'aurait pas vaincu, pour qu'il s'élance vers moi. La rage et la colère se lisait facilement sur son visage. Je serai son souffre douleur. Je fis apparaitre une lance de glace pour parer ses assauts mais elle ne résista pas longtemps. Au bout de trois coups, la glace s'était brisée, me laissant à la merci de l'agresseur. Et ce dernier en profita. Il m’assigna un puissant coup de poing sur la joue gauche qui me déstabilisa avant qu'il ne me bloque à terre en m'attrapant par la gorge. Ma tête heurta le sol violent, au point que je voyais des étoiles. Il enchaîna ensuite en frappant les côtes, que je sentaient se briser sous l'impact, le ventre ou encore le visage. Je crachais du sang sous certains coups. Pourtant, aucun son ne sortait de ma bouche. Et dieu sait combien j'avais mal ! Si déjà moi je souffrais, je n'osais même pas imaginer ce qu'avait enduré mon amoureux. Mon corps finit par ne plus réagir à ses attaques, même si mon esprit subissait encore la douleur. L'inconnu mis plusieurs longues minutes à se lasser de la  poupée sans réaction que j'étais devenue. Il s'en alla comme si rien ne s'était passé. J'étais allongée sur le dos. J'étais incapable de bouger ne serais ce que mon petit doigt. Je me sentais épuisée. Je savais que Kaen n'était pas loin. Je l'appelais mais je n'entendais aucune réponse de sa part. J'essayais de ne pas m'inquiéter. Après tout, il était fort. Ce n'était pas quelques os brisaient qui allait le tuer. Je fermais les yeux sur cette pensée. Dans quel état allaient on revoir Sophia ?

Lorsque je rouvris les yeux, je n'étais plus dans la rue mais plutôt dans une chambre d'hôpital. Les murs étaient blancs et une forte odeur d'aseptisée volait dans la pièce. C'était le genre d'endroit que je détestais.. En plus, j'avais beau tourner la tête à droite ou à gauche, ni Kaen, ni Sophia n'était présent. Je voyais juste des ombres s'agiter dans la pièce d'à côté. Je soupirais en me redressant pour me mettre assise. J'avais grimacé un peu en bougeant même si c'était beaucoup moins douloureux qu'avant. Quelqu'un entra dans la pièce en disant gaiement que j'étais enfin réveillée. Cette voix, je la connaissais. C'était le meilleur ami du jeune papa. Celui qui nous avait toujours soutenu, ou presque dans les moments difficiles.

- "Vous êtes vraiment incorrigibles vous deux. Vous revoilà de nouveau ensemble, dans une nouvelle ville et il faut que vous vous attirez des ennuis."

- "C'est bon Kyu, ça ne nous amuse pas d'avoir toujours des problèmes !"

- "Calmes toi, je plaisantais. Je plaisantais. Plus sérieusement..."

- "Sophia et Kaen sont où ? Comment ils vont ?"

- "La petite est avec Ren et elle est un peu choquée mais elle va bien. Quant à Kaen... Il subit encore des soins. C'est plus difficile de réparer un humain qu'un élémentaire si tu vois ce que je veux dire."

- "Je veux les voir. Maintenant!"

- "Je viens de te dire que Kaen était encore en train de se faire soigner. Je demanderai à Ren d'amener Sophia. Et maintenant tu m'écoutes. Tu as eu des trois côtes brisées, un poumon perforé, l'épaule déboité et de nombreuses contusions. Dès que l'on a remis tes os comme il fallait, ta nature a fait le reste. D'ici quelques jours, les douleurs devraient disparaitre. Et tu étais enceinte.."

- "Pardon ?!"

- "Tu étais enceinte de quelques semaines Kei. Mais avec tout les coups que tu as reçu, l'embryon s'est décroché et..."

- "Je veux pas des détails.."

- "Saches quand même que tes organes reproducteurs ont été sérieusement endommagés et que nous n'avons rien pu faire pour ça. Je pense que tu sais ce que ça veut dire. Allez je vais appeler Ren pour qu'il t'amène ta fille."

- "Attends.. Ne dis rien à Kaen hien."

Il me fit un signe de la main en sortant mais sans me donner une réponse. Super... J'étais presque en pleine forme mais à quel prix.. J'avais été enceinte pendant des semaines sans rien sentir.. Preuve que le maudit cachet que mon amoureux avait voulu me faire avaler n'avait été d'aucune utilité. J'étais un peu triste d'avoir perdu un enfant de cette façon... Surtout que ça aurait pu être Sophia quelques années plus tôt.. Enfin.. Je n'aurais plus à réfléchir à tout ça puisque je ne pourrais sûrement plus avoir d'enfant. Je soupirais à cette idée. Est ce que ça allait changer quelque chose entre lui et moi ? J'espérais que non. Alors que je pensais à ça, notre premier né entra dans la pièce comme une furie avant de sauter sur le lit. Elle entoura ses bras autour de ma taille, bien décidée à ne plus me lâcher. Son visage s'était enfoui contre mes vêtements mais je l'entendais renifler bruyamment. Je souriais un peu. Telle mère, telle fille. Je posai ma main dans ses cheveux couleur de neige que je caressais doucement.

- "Tu as été très courageuse ma chérie. Maman est très fière de toi."

Je la serrais tendrement contre moi. Sophia allait bien c'était une certitude maintenant. Par contre c'était une autre histoire pour le brun. Même si Kyu le laisserait pas tomber, il n'était pas encore tiré d'affaire et ça me faisait peur. Il devait s'en sortir hien ! Pour moi et surtout pour sa princesse. La petite me demanda pour aller voir son papa. Je lui répondis que ce n'était pas possible pour le moment mais dès que nous pourrions, nous irions le voir toutes les deux. L'enfant s'endormit, bercée par les caresses de sa maman. Tandis que cette dernière eut plus de mal à trouver le sommeil. Ses pensées allaient à son amoureux qu'elle espérait pouvoir revoir vivant et en un seul morceau.

Après avoir déménagé suite à une menace sanitaire, nous étions en train de passer une journée comme les autres qui avait assez bien commencé mais, qui s'était plutôt mal terminée. Au retour d'une balade, nous avions fait une très mauvaise rencontre. Kaen avait malencontreusement bousculer un individu qui avait la rancune facile. Un combat s'en était suivi entre les deux hommes durant lequel j'avais réussi à mettre notre fille à l'abri. Et heureusement, vu la raclée que Kaen et moi nous nous sommes pris dès que j'avais été de retour sur le lieu de l'affrontement. Nous avons fini par être transporté à l’hôpital et soigné. Je n'eus pas trop de difficulté à me remettre, même si j'avais toujours des douleurs quasi insupportables. Kyu m'avait rapidement expliqué mes maux  lorsqu'il était passé me rendre visite : poumons perforés, côtes brisées, épaule déboité et quelque chose d'un peu plus étonnant. Un petit être avait encore élu domicile dans mon ventre, et ce, depuis à peine quelque semaines. Cependant il ne ferait jamais le jour à cause des nombreux impacts des coups.. Pour cette même raison mes organes reproducteurs étaient quasiment morts maintenant.. Malgré ce n'était rien comparé à ce que pouvait avoir le brun, qui subissait toujours des soins intensifs. Ces révélations ne me laissèrent pas indifférente.. Pour preuve, j'étais perdue dans mes sombres pensées. Et c'est la venue de Sophia qui m'en sortit. L'enfant s'était blottie dans mes bras en pleurant silencieusement. Avant de me rassurer moi même, je devais d'abord la rassurer. C'était le plus important. Après tout, c'était sa première fois alors que Kaen et moi nous ne les comptions plus. Je la câlina tendrement en lui caressant ses cheveux blancs comme neige. Mère et fille restèrent un moment dans cette position. Jusqu'à ce qu'un "intrus" entre dans la pièce sans y être convié.

L'individu n'était autre que le dernier membre de la famille. Sophia avait à peine entendu la voix de son papa qu'elle alla lui sauter au cou. Elle restait accrochée à lui comme un bébé singe s'agripperait à sa maman. C'était assez rigolo à voir mais je dis quand même à la petite d'y aller doucement. Après tout, le brun venait visiblement tout de sortir des soins. Il était toujours en tenue de malade, la même que moi d'ailleurs. Il s'approchait de moi avec sa fille dans les bras. Il me demandait si j'allais bien. Physiquement ça allait. Mentalement c'était autre chose. Admettre que l'on avait perdu un enfant n'était chose facile, même pour une élémentaire. Sachant pertinemment qu'il lisait en moi comme dans un livre, je lui répondis que ça allait avec un petit sourire tout en détournant un peu les yeux. Avant qu'un baiser de retrouvaille n'ait pu être partagé, des médecins et infirmiers déboulèrent dans la chambre pour obliger le jeune homme à retourner se coucher. Kaen repoussa le premier assaillant d'une seule main. Si il était capable de faire ça c'est qu'il allait relativement bien malgré ses bandages apparents. C'était une bonne nouvelle. Nous nous en étions sortis sans trop de bobo tout les trois. La petite famille finit par partir en prétextant de pas avoir suffisamment d'argent pour recevoir autant de soins, mais surtout qu'ils se sentaient capable de rentrer chez eux. Notre camarade Kyu nous accompagne tout le long du trajet. Après tout, la malchance planant toujours au dessus de nos têtes, tout pouvait encore arrivé. Arrivés chez nous, le démon nous laissa en famille.

Sophia alla se brosser les dents dans la salle d'eau pendant que Kaen et moi étions partis dans la chambre. J'étais en train de choisir des vêtements à enfiler lorsque le brun me fit sursauter en soulevant mon haut à l'improviste. Par réflexe ma main se posa sur la sienne pour l'arrêter dans sa course en lui demandant ce qu'il était encore en train de fabriquer et où il voulait en venir. Il répondit qu'il avait juste l'intention de changer mes bandages sales. On venait tout juste de sortir de l'hôpital, ils étaient forcément propres ! Surtout que je n'avais pas de plaie apparente, toutes les blessures étaient internes. Les pansements servaient juste à faire tenir le tout en place. Et pis je n'avais pas encore vu le réel impact des blessures sur mon corps et je ne voulais pas que nous le découvrions ensemble. Surtout que, si il y avait quelque chose au niveau de mon ventre il allait me poser des questions et je n'en voulais pas. Je n'avais ni envie de les entendre, ni d'y répondre. Sentant mon refus, il prit la parole:

"Cela fait longtemps qu'on est ensemble, on a même un enfant et tu es toujours aussi embarrassée pour ça ?"

- "Tu sais bien que ça me gêne.. Surtout que je sais déjà comment ça va finir avec toi !"

Je n'avais même pas terminé la phrase que je sentais ses doigts glisser lentement vers le bas. Qu'est-ce que je disais !? Je commençais à le connaitre mon homme ! Pour me défendre, je lui pinça fortement la main, ce qui le fit pousser un petit cri. Résultat, notre princesse accourait pour savoir ce qui s'était passé. Son papa lui répondit que ce n'était rien d'important et qu'elle pouvait retourner à son occupation, ce qu'elle fit. Kaen lâcha un taquinerie qui me déplu un peu. Me retenir devant la petite alors que c'était lui qui commençait ! C'était vraiment pas juste.. C'est la voix de Sophia qui me coupa avant que je puisse lui répondre au tac au tac. La petite réclamait sa maman pour une raison encore inconnue. Avant d'aller la rejoindre, je lui dis qu'il ne perdait rien pour attendre. Je traversai toute la maison puisque la salle de bain était à l'opposée de la chambre parental. L'enfant tentait de se déshabiller toute seule en disant qu'elle voulait prendre un bain. J'ouvris les robinets pour remplir la baignoire d'eau tiède avant de l'aider à retirer ses vêtements. Le bain remplit, je pensais que la petite se jetterait à l'eau mais non. Elle tira sur la manche de mon haut en me demandant de prendre le bain avec elle. Ça me gênait un peu mais elle insista tellement que je finis par céder à condition qu'elle se cache les yeux jusqu'à ce que je lui disais que c'était bon. Je me déshabillais tranquillement avant d'entrer dans l'eau tiède. J'avertis la petite qu'elle pouvait venir mais elle n'était plus dans la pièce. J'allais me lever, enfiler une serviette pour aller la chercher mais je me ravisa bien vite. L'enfant revenait toute joyeuse en emmenant son papa avec elle. Elle voulait aussi prendre un bain avec lui ?! C'était pas possible...  Je m'enfonçais jusqu'à avoir de l'eau au niveau du nez. La petite sauta dans l'eau en en mettant partout pendant que le brun commençait à se déshabiller. Maudite. Je devais vraiment être maudite.. Il entra à son tour dans l'eau avec un grand sourire. Il devait être bien content de la tournure des évènements, ce pervers !

Le papa était d'un côté de la baignoire, moi de l'autre, et l'enfant au milieu de nous deux. La petite fille jouait gaiment avec l'eau, visiblement ravie de prendre un bain avec ses parents. Kaen semblait ne pas être gêné par la situation contrairement à moi. Je préférais éviter son regard que je soupçonnais d'être moqueur ou taquin. Je me doutais que mes joues étaient un peu rougis mais je pouvais prétexter que c'était à cause de la tiédeur du bain. Sophia finit par se calmer puis se mit à poser des questions. C'était de son âge d'être curieuse de tout mais là... C'était un peu .. Inattendu ...

- "Maman c'est quoi ça ?" dit elle en montrant ma poitrine

- "C'est euh... de la poitrine ma chérie."

- "Et papa en a pas ? Et moi ?"

- "C'est parce que papa est un garçon. Toi tu es une fille, comme maman mais ça pousse quand tu grandis."

- "Ahhh ! C'est parce que papa est un garçon qu'il a un bâton entre les jambes et pas moi?"

Je laissais Kaen répondre puisque ça le concernait lui. C'était son anatomie et pas la mienne. Puis la petite poursuivit avec une question tellement gênante que mes joues prirent littéralement feu.

- "Comment on fait les petits frères ?"

J'étais incapable de répondre. C'était plus que difficile d'expliquer ça à une enfant de quatre ans avec des mots simples qu'elle puisse comprendre. Surtout en sachant que j'avais perdu un potentiel petit frère quelques heures plus tôt. Un voile de tristesse passa dans mes yeux pendant que je laissais encore une fois le brun répondre à sa manière. C'était mieux que ce soit un humain qui réponde à ce genre de question. Et pis, c'était plus son domaine que le mien. J'attrapais la première serviette qui était à portée de main pour l'enfiler et sortir aussitôt de l'eau. En sortant je dis à Kaen de s'occuper du reste. De la laver, la mettre en pyjama et la mettre au lit. J'irai l'embrasser après. Je "fuis" dans la chambre que je partageais avec Kaen. Je fis coulisser la porte derrière moi avant de laisser la serviette tomber à mes chevilles. Je regardais mon corps dans le miroir placé contre un mur. Quelques cicatrices, au niveau des côtes et du ventre étaient encore rouges. Elles disparaitraient d'ici quelques jours. Du moins, je l'espérais. Je posais ma main sur mon nombril. Je soupirais avant de me donner une bonne claque mentale. Je ne pourrais rien n'y changer. Ce qui était fait était fait. J'enfilais t-shirt et pantalon de pyjama que j'étais aller chercher dans un tiroir avant de me coucher.
 

Notre fille avait eu une envie soudaine de prendre un bain familial. Elle m'avait d'abord attiré dans ses filets, et après avoir accepté, elle était discrètement partie chercher son père pour le convier à ce moment intime. Lorsque je le vis arriver, je m'étais un peu plus enfoncée dans l'eau tiède en tournant la tête à son opposé. Une fois tout les trois dans le bain, la petite s'était mise à poser des questions normales pour son âge. Elle demanda par exemple qu'est ce que j'avais au niveau du torse ou pourquoi l'homme de la maison avait quelque chose entre les jambes et pas elle ou encore comme faisait on les bébés. Pour les deux premières s'étaient relativement facile de lui répondre. Pour la dernière, ça l'était un peu moins. C'est pour cette raison que je laissai le "pro" de ce domaine lui répondre à sa façon. Mais aussi parce que j'avais toujours en tête le fait que j'avais perdu un enfant sans n'avoir rien pu faire pour éviter cela. L'explication du brun était assez correcte, bien qu'un peu flou. Il fallait que papa et maman s'aiment très très fort. La réponse de l'enfant fut instantanée. Elle disait aimer beaucoup son père aussi. Ce à quoi Kaen répondit qu'il fallait devenir un adulte avant de pouvoir donner la vie. Toujours au tac au tac, la petite ajouta qu'une fois devenue grande, elle se marierait avec lui. C'était mignon comme réaction et le brun agissait vraiment comme un bon père. J'étais loin de l'égaler dans mon rôle de maman à plein temps. Et je n'aurai plus de réelles occasions de faire mes preuves, de rattraper mon absence de six mois. J'avais vraiment eu tout faux. Presque sans un mot, je finis par sortir du bain, laissant le père s'occuper de la toilette de sa princesse. J'étais allée me réfugier dans la chambre parental. J'avais observé mon corps meurtri dans le miroir avant de le cacher de vêtement. J'avais à peine terminé de me changer, que l'enfant déboula dans la chambre en me sautant dans les bras:

- "Quand je serais grande je pourrais aussi me marier avec papa ?"

- "Non ma chérie, papa ne peut être marié qu'à une seule personne en même temps."

Je lui avais répondu avec un sourire et en caressant ses cheveux encore un peu mouillés. Kaen avait tout entendu et avait rigolé à la question posée par sa fille. Je l'embrassai sur le front avant que le brun ne la mette au lit. Ce dernier revint quelques minutes plus tard en me taquinant gentiment sur le fait qu'une nouvelle rivale était née. C'était juste une phase normale de l'apprentissage de l'enfant. Je ne risquais pas de perdre mon homme face à ma fille. Le jeune homme était mien et je ne le laisserais à personne. C'est d'ailleurs ce que je lui dis avant qu'il ne revienne sur le sujet que je ne voulais pas évoquer. Lentement, il s'était approché de moi en me demandant si je n'avais rien à lui dire. Inconsciemment mon regard avait fuit le sien et mes mains tiraient nerveusement mon t-shirt vers le bas alors que je hochais négativement la tête. Le langage du corps me trahissait à chaque fois. Je n'étais déjà pas douée pour mentir alors pour cacher quelque chose c'était encore pire. Il essaya de soulever mon haut et il y parvint malgré mes tentatives pour l'en empêcher. Il demanda au sujet de la cicatrice et que je ne pus que lui dire la vérité.

- "Les coups que j'ai reçu cette après midi ont tout ravagé à l'intérieur.. Tellement que... Que je ne pourrais jamais donner un petit frère ou une petite soeur à Sophia.. Je suis désolée Kaen..."

J'avais posé ma main sur la cicatrice en disant la première phrase. Des larmes étaient montées à la seconde et j'avais baissé la tête à la troisième. J'avais volontairement évité d'évoquer la perte de l'embryon à cause des coups. Il n'avait pas besoin de savoir ça. Si j'avais été plus robuste, je serais sûrement encore enceinte et tout le monde serait content. Mais non. J'avais encore été incompétente alors que je m'étais promis de devenir plus forte durant mes six mois d'absence. Je sentis la chaleur et la sécurité des bras de Kaen m'envelopper. Mes mains serraient le tissus de son haut dans son dos alors qu'il n'arrêtait de s'excuser. Je lui disais que ce n'était pas de sa faute et qu'il n'avait rien à se reprocher du tout. Je déposais un instant mes lèvres contre les siennes avant de me lover un peu plus contre lui. Nous finîmes par nous endormir et passer une douce nuit dans cette position.

Le lendemain, Kaen et moi avions eu une petite discussion concernant Sophia. Vu les questions qu'elle commençait à poser, il était peut être temps de la mettre à l'école. Cela lui permettrait de sortir du cocon familial, de rencontrer d'autres gens et d'apprendre des choses diverses et variées. Relativement d'accord sur ce sujet, j'irai donc inscrire la petite aujourd'hui. C'est moi qui allai la réveiller et lui annoncer la nouvelle. Ne sachant pas ce que c'était, je dû lui expliquer qu'il s'agissait d'un lieu où des enfants se retrouvaient pour apprendre grâce à une maîtresse. Vu sous cet angle, la petite accepta de se prêter au jeu. Nous nous habillâmes rapidement avant de sortir de la maison, non sans oublier de faire un bisou à son papa chéri. L'école n'étant pas très loin de la demeure, les deux filles y arrivèrent en une dizaine de minutes. La petite avait encore posé quelques questions sur les lieux. Je lui avais répondu du mieux que je pouvais. Non pas avec des souvenirs mais plutôt avec des idées reçues. Après tout, je n'avais jamais mis les pieds dans une école maternelle. Ce n'était qu'à l'adolescence que j'avais rejoins l'académie et que j'avais, accessoirement, rencontré le brun. Arrivée sur les lieux, nous avons rencontré l'institutrice qui s'occuperait de la petite. Elle semblait gentille et compétente dans son métier. C'était rassurant. Je remplis les papiers administratifs avant de laisser Sophia aux mains de son professeur pour une journée d'essai déjà. L'enfant se détacha de moi sans une larme et alla rejoindre ses nouveaux camarades de classe. J'eus un petit pincement au coeur. Si cela avait été Kaen qui l'avait emmené, aurait elle réagit comme ça ? Je soupirais un peu avant de retourner à la maison.  

J'ouvris la porte principale pour rentrer. A haute voix je disais que c'était fait. Que Sophia était à l'école pour la journée et que par conséquent, il avait la maison pour eux tout seul. Je m'attendais à entendre une remarque taquine de mon homme sur mes mots mais rien. Aucun commentaire. C'était bizarre. A moins qu'il n'était dehors en train de faire je ne savais quoi. Je me dirigeais vers le salon, là où je pouvais avoir une vue sur le jardin grâce à la baie vitrée. Et là, je le trouvais allongé au sol, inconscient. Je me précipitais sur lui, plus qu'inquiète. Je pris son pouls et c'est avec soulagement que je sentais encore son coeur battre. Un poids en moins. Non sans mal, je le traîna jusqu'au canapé pour l'y allonger. Je caressais sa joue en me demandant bien ce qui avait pu lui arriver. Un surmenage parce qu'il était sorti trop tôt de l'hôpital ? Ou alors il s'était simplement fait attaqué ? Mais dans ce cas là il y aurait eu de la casse... C'était quand même une chance que notre fille était à l'école. Ça nous évitait de répondre à ses questions, et surtout, de l'inquiéter. Je m'assis au sol, contre le canapé pour attendre son réveil. Dix voir vingt plus tard, je commençais à sentir de la chaleur dans mon dos et une odeur de brûler alors que rien n'était sur le feu. Instinctivement je portais mon attention sur le brun et c'était lui qui s'enflammait. C'était une blague ?! Ni une ni deux, je me suis levée, j'ai attrapé un seau que j'ai rempli d'eau avant de le vider sur lui pour l'éteindre. Sauf que, l'eau devient vapeur à l'instant même où elle touchait le feu. Son bras était encore couvert de flammes. C'était quoi ce bordel ?! Kaen me demandait d'une petite voix ce qui s'était passé. Je lui disais que je l'avais trouvé allongé à terre en revenant mais que je ne savais rien de plus. J'étais aussi perdue que lui, voir même plus.. Pourquoi du feu sortait de son bras ? Et pourquoi du feu ?! Je ne pouvais même pas le prendre dans mes bras dans cette situation. Alors je lui posais des questions. Si il se souvenait de ce qui lui était arrivé avant que je ne revienne. Si il savait quelque chose sur les flammes qui sortaient de ses bras. Ses réponses étaient toutes négatives. Cela ne nous aidait pas vraiment..

J'avais fini par m'éclipser pour le laisser se reposer un peu. Ce n'était pas normal ce qui lui arrivait. Était ce des restants du sang de Kyu qui refaisait surface soudainement ? C'était possible même si cela faisait longtemps que la transfusion avait eu lieu.. Je ne comprenais vraiment rien. J'étais dans la chambre parentale lorsque Kaen me rejoignit. Dos à lui, je lui demandais si il se sentait un peu mieux mais aucune réponse ne sortit de sa bouche. Son bras m'entoura à la taille pour me faire pivoter. Je m'attendais à un baiser de sa part pour me rassurer sur son état. Au lieu de ça, mon dos heurta la parois du mur et mes poignets étaient fermement maintenus au dessus de ma tête par la main du brun. Je ne comprenais pas. Qu'est-ce qui lui prenait tout à coup ? J'essayais de croiser son regard pour chercher la réponse à ma question muette mais ses cheveux cachait ses yeux. Sa tête allait dans son cou pour y mordre ma chair. Je grimaçais la première fois mais ensuite je protégeais mon cou en le renforçant avec ma glace. J'entendais ses dents se heurter au gel et ça ne lui plaisait pas du tout. Il redressa la tête et nos regards se croisèrent enfin. Le doré dans l'écarlate. Sauf que ce dernier était différent de d'habitude et cela pouvait expliquer son comportement plus qu'étrange. Ses pupilles étaient remplacées par des fentes, similaires à ce des reptiles. Son corps se mit à dégager de la chaleur. Beaucoup plus que d'habitude. Beaucoup trop pour moi. Le brun m'embrassa sauvagement tandis que mes poignets se mirent à brûler. Je protégeais mes articulations du mieux que je pouvais en les entourant de glace, qui fondait quasiment instantanément. Kaen commençait vraiment à me faire peur là. Il me réchauffait beaucoup trop. Et ce n'était pas la même chaleur que lors de nos moments intimes. C'était plus malsain. Plus difficile à supporter pour moi.

- "Lâches moi Kaen ! Tu me fais mal !!"

La petite laissée au soin de la maîtresse de l'école maternelle, j'étais rentrée à la maison sans faire de détour. C'était l'occasion de passer une journée tranquille en tête à tête avec mon amoureux. Chose qui ne s'était pas produite depuis une éternité. Depuis la maison de l'enfant en somme. Sauf que le moment paisible ne se déroula pas exactement comme prévu. J'avais retrouvé Kaen étendu sur le sol, inconscient. Lorsqu'il s'était réveillé, son corps avait soudainement pris feu sans prévenir. J'avais rapidement tenté d'éteindre la flamme mais sans succès. L'eau renversée ne faisait que devenir vapeur. C'était vraiment étrange. Il s'était ensuite rendormi. J'étais restée longtemps à son chevet avant de m'éclipser dans la chambre parentale. Il me rejoignit là bas quelque temps plus tard. Je lui avais naturellement demandé si il se sentait mieux mais ma question était restée sans réponse. Au lieu de ça il m'avait plaqué contre le mur le plus proche, où ses mains maintenaient mes poignets au dessus de ma tête. Je n'y comprenais rien. Je ne savais pas ce qui lui prenait tout à coup. Ce n'était pas du tout son genre. Mais alors pas du tout. Nos regards s'étaient enfin croisés, et c'était là que je compris que quelque chose clochait vraiment. Ses pupilles avaient été remplacées par une fente, à la manière des reptiles. C'était inquiétant.. Et en plus il me faisait mal ! Ses doigts dégageaient tellement de chaleur que je sentais ma chair brûler. J'avais beau lui dire que je souffrais, j'avais l'impression qu'il ne m'entendait pas...

Le brun finit néanmoins par libérer l'un de mes poignets. Enfin ! Mais uniquement pour permettre à sa main libre de tirer sauvagement sur mon haut. Celui ci ne tint même pas l'assaut et se déchira rapidement. Mais qu'est ce qui lui arrivait bon sang ?! Ça ne lui ressemblait vraiment pas ! J'essayais de le repousser du mieux que je pouvais avec une seule main de libre. Même si je n'étais pas humaine, je restais une femme et lui un homme. Il était plus lourd et plus fort que moi physiquement parlant. Surtout avec la chaleur qu'il me faisait partagée contre mon gré. Je n'avais aucune chance d'y parvenir. J'allais le gifler un bon coup, en espérant que ça allait le réveiller. Malheureusement, ma main n'atteignit jamais sa joue. Il avait saisi mon poignet au vol avec ses dents. Je les entendis se heurter à ma glace. Heureusement que j'avais eu ce réflexe défensif ! Mais le brun n'en resta pas là. Le contact avec le froid ne lui avait pas plu du tout. Il croqua avec beaucoup plus de force et, cette fois, la glace vola en éclat. Ses crocs, pénétrant dans ma chair la seconde suivante, me firent lâcher un cri étouffé. Ce n'était pas normal. Sa dentition aurait du se briser sous l'impact et la sensation de froid.. Ce n'était pas Kaen devant moi, ce n'était pas possible autrement. Ou alors j'étais au milieu d'un mauvais rêve ? Sauf que, si il s'agissait vraiment d'un cauchemar, je n'aurai pas aussi mal. Je sentais mon sang couler sur ma peau mais pas seulement. Kaen l'aspirait également comme pourrait le faire un vampire. Je commençais vraiment à avoir la trouille là. Comme une vulgaire humaine, je sentais mes jambes faiblir et commencer à trembler. Mes yeux effrayés le regardait se satisfaire de mon sang. Des larmes perlèrent au coin de mes yeux. Ça ne pouvait pas être lui.. Pourtant c'est avec son prénom que je l'interpellais:

- "Kaen.. Je t'en pris arrêtes.."

Je ne savais pas si cela était du à mes paroles ou à autre chose mais il finit enfin par me libérer. Il s'éloigna vivement de moi avant de trébucher pour atterrir sur ses fesses. Moi, mes jambes me lâchèrent. Mon dos glissa lentement le long du mur avant que mon derrière ne toucha enfin le sol. Ma main fraîchement libre se plaqua directement sur mon avant bras en sang. J'avais beau tenter de geler la plaie, cela se révélait être impossible. Le liquide rouge ne cessait de couler. Pourquoi ?! Parce que j'avais chaud ? Parce que mes poignets me brûlaient horriblement ? Ou parce que j'étais terrifiée par la peur ? C'était à n'y rien comprendre. Mes prunelles dorées passaient de mon bras à mon homme. Ce dernier semblait tout aussi choqué que moi, peut être même plus. Même d'où j'étais je pouvais percevoir des perles salées rouler sur ses joues. Il s'en voulait ? C'était bien lui qui m'avait fait ça alors .. ? Pas une entité qui l'avait contrôlé contre son gré comme nous en avions l'habitude ..? Je l'entendis dire qu'il allait partir quelques jours afin que ça ne se reproduise pas en me mettant à disposition le nécessaire médicale pour soigner ma blessure. Je le regarda ensuite sortir de la pièce sans rien ajouter. Que voulez vous que je dise d'autre ? Même si j'avais voulu dire quelque chose, j'étais certaine que rien n'aurait voulu sortir de ma bouche. Je resta un moment sans bouger, jusqu'à ce que je remarque qu'il était l'heure d'aller chercher Sophia à l'école et que j'étais déjà en retard. Je me banda rapidement, et donc, très mal mon avant bras blessé avant de me dématérialiser devant l'école. Je récupéra la petite, et je refis la même chose pour le chemin du retour. Manque de chance, le bandage fait à la va vite ne tint pas la route. Il se défit sous les yeux de l'enfant qui, inquiète, me demanda si j'allais bien. Bien que je lui répondis positivement, elle alla me chercher des pansements et autres outils médicaux. Voulant bien faire, elle vida la bouteille d'alcool sur la plaie encore à vif. Je mordis ma lèvre fortement pour ne pas crier de douleur. Avec Sophia je refis un bandage correct ensuite, avant de lui demander de rester sagement dans sa chambre. J'allais voir Kaen qui se trouvait dans le jardin après avoir fait toute les pièces de la maison. Il était dos à moi. J'appréhendais un peu mais il restait l'homme que j'aimais. Je ne pouvais pas l'éviter. Je l'entourais donc doucement de mes bras avant de lui demander:

- "C'est pas grave Kaen. Il n'y a pas mort d'homme. Tu veux vraiment partir une semaine ? Et qu'est ce que je dis à Sophia moi ?"

Le brun me répondit que c'était l'occasion pour moi de renouer complètement le contact avec elle, et que je n'aurais qu'à trouver une excuse simple si elle venait à poser la question. Après cette courte discussion, Kyu vint le chercher et ils partirent ensemble. Au moins il était entre de bonnes mains... Les jours se succédaient en se ressemblant. Chaque matin, j'aidais Sophia à se préparer pour l'école. Nous y allions tranquillement à pied puisque ce n'était pas trop loin. Je rentrais ensuite à la maison pour y faire du nettoyage, bricolage et autre travaux ménagers. Ce genre d'occupations me permettaient de me vider la tête. Puis j'allais en ville, en attendant que la petite termine l'école. J'essayais de trouver un travail. Ce n'était pas facile mais je finirais bien par trouver. Ensuite, en rentrant avec l'enfant, je lui demandais si elle s'était amusée. Sa réponse était souvent positive. Elle me racontait ce qu'elle apprenait chaque jour. Tant mieux. Elle s'était facilement intégrée dans sa classe. Je préparais le repas avec ou sans elle lorsqu'elle jouait ou non dehors. Mine de rien, Sophia était une enfant qui débordait d'énergie, ce qui signifiait savoir la canaliser de diverses façons. Le dîner terminé, nous allions à la douche ensemble avant que je lui raconte une histoire pour l'aider à s'endormir. Mais pas dans sa chambre. Je préférais la garder près de moi. Et elle aussi ne disait pas non. Un soir, où je lui caressais doucement ses cheveux, alors que nous étions allongées l'une à côté de l'autre, elle se mit à me poser des questions concernant l'absence de son papa adoré:

- "Maman, pourquoi papa est parti ? Vous vous êtes disputés ?"

- "Mais non ma puce. Papa est parti parce qu'il était très fatigué et qu'il voulait se reposer au calme."

- "Comme toi quand tu es partie ?"

- "C'est ça oui. Mais il va vite revenir. Je suis sûre que tu lui manques autant qu'il te manque. Allez dors maintenant."

- "Bonne nuit maman"

Le reste de la semaine se déroula dans le calme et dans la même routine. Jusqu'au jour où Kaen revint. Il avait à peine passé le pas de la porte que Sophia lui sauta littéralement dans les bras en criant un "Papa !".

Après le petit accident, Kaen et moi étions aussi chamboulés l'un que l'autre. C'était une réaction tout à fait normal. Tout comme l'était sa décision de vouloir s'éclipser pendant une semaine. C'était légitime de sa part de ne pas vouloir recommencer la même erreur. Autant sur moi que sur sa fille. Hors de contrôle, elle aussi pouvait devenir une cible, et encore, plus vulnérable que moi. Par conséquent, même si je n'étais pas trop pour qu'il parte quelques temps, je ne pu qu'accepter sans le retenir. Lorsqu'il était sorti de la chambre pour se rendre dans le jardin, j'étais allée le rejoindre après avoir repris mes esprits et pensé rapidement la blessure qu'il m'avait affligé. Je lui avais quand même demander si il était vraiment nécessaire qu'il parte. Et il m'avait répondu que oui. Qu'est-ce que j'allais bien pouvoir dire à Sophia ? Je lui avais posé la question, à laquelle il me dit que je n'aurai qu'à improviser, comme il l'avait fait lors de mon absence. C'était plus facile à dire qu'à faire ça ! Je soupirais à cette idée lorsque Kyu arriva. Il partit quelques secondes plus tard avec mon homme. J'aurai espéré qu'il m'embrasse avant de s'en aller mais non.. Il m'avait juste jeté un regard sans rien dire.

J'avais passé la semaine en tête à tête avec ma fille. Cette dernière allait quand même à l'école durant une grande partie de la journée mais je passais la soirée avec elle. Je lui préparais ce qu'elle préférait manger. Comme ça, elle évitait de trop penser à son papa qui était parti sans rien dire. Même si c'était un peu trop utopique. Un jour l'enfant m'avait demandé où il était parti et pourquoi. J'avais du lui expliquer avec des mots simples qu'il était parti pour se reposer. C'était la seule réponse que je devais lui donner, pour ne pas l'inquiéter, ni trop l'impliquer. Je l'avais aussi rassuré sur le fait qu'il n'était pas parti à cause d'elle et que j'étais sûre et certaine qu'elle lui manquait beaucoup. La petite fille avait fini par s'endormir, enlacées dans mes bras. Parce que oui, en l'absence de son père, nous avions pris l'habitude de dormir ensemble dans le lit conjugal. C'était une manière de nous convaincre que nous n'étions pas seule.

Lorsque le brun revint enfin, à peine avait il passé le pas de la porte, que l'enfant lui avait sauté au cou. Elle avait bien l'intention de ne pas le lâcher de si tôt. La scène me fit sourire. Il n'y avait pas à dire, Sophia préférait bien son papa. Mais c'était normal. Il l'avait élevé seul dans les moments les plus importants de sa vie. Enfin.. Je n'allais pas revenir la dessus. Kyu, qui avait accompagné son camarade toute la semaine, s'était approché de moi. Nous nous éloignâmes un peu du duo père-fille pour discuter. Il m'expliqua clairement que ce n'était plus ma glace qui allait me protéger de ses assauts brûlants, et ce pour plusieurs mois. Ça promettait.. Au moindre faux pas je risquais de fondre sous ses doigts. La solution idéale serait de ne plus l'approcher, chose qui était clairement impossible. C'était mon homme après tout, pas un parfait inconnu que je venais de croiser dans la rue. J'allais devoir faire des efforts surhumains pour tenir jusque là.. Je soupirais. Pourquoi fallait il que ça soit toujours aussi difficile entre lui et moi ? Notre ami ajouta également qu'il fallait à tout prix éviter qu'il goutte au sang humain. C'était bien la chose la plus facile à réaliser. Enfin, c'était ce que je pensais. Avec notre chance légendaire, rien ne se passerait comme prévu. Après notre petite discussion, Kyu s'en alla pour nous laisser en famille. Le brun, en portant sa princesse dans ses bras, me dit juste bonjour sans marque d'affection. J'avais bien vu que son regard s'était, mine de rien, porter sur mon bras auparavant blessé. Super.. Il allait m'ignorer parce qu'il regrettait son geste... Qui allait encore devoir tout réparer ? C'est bibi !

La journée passa tranquillement. Kaen m'évitait un peu. Il préférait s'amuser avec Sophia, ce que je comprenais parfaitement. Moi, je réfléchissais au moment où nous serions que tout les deux. Il faudrait bien creusé l'abcès. En attendant, j'avais préparé l'un de ses plats préférés, un début de réconciliation, même si il n'y avait pas eu de dispute. Le soir vint finalement bien vite et le couple se retrouva seul dans leur chambre après que la petite soit mise au lit. Je sortais de la salle de bain après avoir enfilé un pyjama à manche longues, qui me permettait de cacher la marque de sa brûlure, lorsqu'il me demanda si il n'y avait pas eu de problème durant son absence. En m'installant à côté de lui, je lui raconta la semaine qui s'était écoulé. Les échos des journées d'école de la petite et le reste du temps passé entre filles. Ce récit prit plusieurs minutes où j'essayais désespérément de croiser ses yeux écarlates. Sans succès.. Ils les évitaient tout le temps. Il fallait qu'il arrête de s'en vouloir ! Ce n'était pas de sa faute ! Je pris son visage dans mes mains pour l'obliger à soutenir mon regard dorée. D'une voix calme et rassurante je lui dis:

- "Kaen regardes moi. S'il te plait. Tu n'as pas à te sentir coupable pour ce qui s'est passé. Ce n'est rien de plus qu'une partie de notre malchance. On a l'habitude. Ça aurait pu être moi qui aurait pu te blesser ou blesser Sophia. J'ai bien su vous oublier une fois. Tu peux difficilement m'égaler à ce niveau non ?" je lui souris avant de poursuivre: "Je ne t'en veux pas. Je n'ai plus rien. Aucune trace. Alors pardonnes toi. Sinon je vais devoir te blesser pour égaliser les scores, ça serait bête non ?"

Je rapprochais mes lèvres des siennes pour enfin provoquer un contact. Cela faisait quand même une semaine qu'aucun de nous deux n'avait eu de moment de tendresse. Et ça me manquait un peu. Nous échangeâmes un baiser qui n'avait rien à avoir avec le dernier datant de la semaine dernière. C'était plus doux. Plus tendre. Un vrai bisou d'amoureux en somme. Ce dernier dura un moment. Jusqu'à ce que nous ayons besoin de reprendre notre souffle. Je l'attirais ensuite dans mes bras pour l'enlacer à ne plus vouloir le lâcher.

- "Je n'ai pas peur de la chaleur que tu peux dégager. Et je ne te laisserai pas la partager avec une autre que moi."

Le retour du brun fut assez simple, bien qu'un peu froid. La petite fille s'était littéralement jetée dans ses bras pendant que moi, j'étais ignorée. Même si je comprenais parfaitement sa réaction, cela me fit un peu mal. Mais c'était à charge de revanche. Lorsque, l'enfant serait couchée, nous serions tout les deux et là, il n'aurait pas d'autre choix que de faire attention à ma personne. Et c'est ainsi que cela se produisit. Il m'avait d'abord demandé comment s'était passée la semaine avec Sophia avant que je ne prenne les devants. Je m'étais approchée de lui et l'avais forcé à me regarder enfin dans les yeux. J'avais tenté de le rassurer en disant qu'il n'avait pas à ce sentir coupable, que ce n'était pas totalement de sa faute, que ça faisait partie de notre malchance habituelle. J'avais aussi menti. Pour son bien. En lui disant que la blessure qu'il m'avait infligé n'était déjà plus qu'un mauvais souvenir. J'avais fini par l'embrasser doucement pour lui prouver toute ma sincérité de mes paroles. Le baiser dura aussi longtemps que le permit nos souffles. J'avais ensuite ajouter que sa chaleur ne m'effrayais plus et qu'il était hors de question que je le laisse la partager avec une autre que moi. En tout cas, mes mots eurent l'effet escompté puisque nous nous retrouvâmes dans notre position favorite. Moi, allongée sur le dos, et lui à quatre pattes juste au dessus de moi.

"Tu ne sauras jamais mentir correctement Kei..."

Avait il dit. J'avais souris à cette phrase. Il avait totalement raison. J'étais une piètre menteuse. C'était l'un de mes défauts. Ou une qualité puisqu'il pouvait voir quand je lui cachais quelque chose. Et pis, mes mensonges n'avaient pas de mauvaises intentions. C'était surtout pour le rassurer et qu'il se sente mieux, ou encore pour qu'il ne soit pas impliqué dans certaines histoires. C'était uniquement pour son bien. Kaen avait soulevé la manche qui camouflait parfaitement les restants de la plaie. Mon regard suivit la destination du sien qui se portait dessus. Je voyais que ça le tracassait encore. Je posai ma main saine dans ses cheveux pour lui caresser doucement la tête. Ses pupilles écarlates croisèrent les miennes lorsqu'il entrelaça ses doigts avec ceux de ma seconde main. Ses lèvres se rapprochèrent des miennes avant qu'un nouveau contact n'est lieu. La nuit des amoureux fut douce. Aucune bêtises. Juste la peau qui est effleuré du bout des doigts. Des lèvres qui se touchent. Et des tendres caresses. Entre deux baisers, il s'excusait encore mais je l'interrompais en recollant nos bouches. Il n'avait plus à le faire. C'était déjà du passé. Et c'était bien moins pire que ce que nous avions pu connaître jusque là. Lentement mais sûrement nous avions fini par nous endormir.

Je passai une nuit excellente. Quoi de plus normal lorsque l'on est dans les bras de son homme. Je n'avais pas rêvé mais je me sentais bien. Vraiment bien. Détendue et sereine. Je ne pouvais espérer mieux. Je percevais la douce chaleur habituelle de mon compagnon. Celle qui ne me dérangeait plus, et que, je m'étonnais à apprécier. Lorsque je la sentis s'éloigner de moi, je ne pus résister à l'attirer à nouveau de mon côté. Je ne voulais pas le lâcher non plus. Après tout, depuis l'attaque qui nous avions subi tout les deux, nous n'avions pas passé énormément de temps ensemble. Il avait fallu rassurer la petite et c'était avec nous qu'elle avait principalement dormi. De même, lorsque le jeune père était absent, c'était le lit parental qu'elle squattait sous mon accord. Je finis néanmoins par me réveiller. La première image de la journée fut son visage s'approchant du mien pour m'embrasser. Pouvait on dire que la journée commençait bien ? Certainement. La vraie question était : est ce que ça allait durer ? Sûrement que non, vu notre chance habituelle. Le baiser terminé, le brun s'était levé. J'avais traîné un peu au lit avant de le rejoindre dans la cuisine. J'embrassais Sophia, qui était déjà assise, sur le front avant de m'installer à mon tour. Le jeune homme avait carrément préparer le petit déj' de toute la famille. Croissant, chocolat, confiture, rien n'avait été oublié. C'était parfait. La petite famille en avait profité pour parler de tout et de rien dans la joie et la bonne humeur. D'une décision commune, vu le beau temps qui se profilait à l'horizon, le repas de midi se prendrait en plein air. Dans le jardin.

La matinée passa tranquillement. Kaen jouait avec sa fille dans sa chambre pendant que je préparais le picnic. J'avais fait des progrès. Suffisamment pour réussir à faire un bon repas pour tout le monde. Nous aurions pu inviter Kyu et compagnie aussi. Mais il était un peu tard pour faire ça. Donc ça attendrait la prochaine fois. Puis, vers midi, le père et la petite refirent leur apparition. Ils attrapèrent une nappe pour aller l'étaler sur l'herbe avant que je ne vienne les rejoindre. Sauf, alors que nous allions entamer le repas, quelqu'un sonna à la porte. Le brun et moi sommes aller voir ensemble, laissant Sophia, trop impatiente de manger, commencer avant nous. Après avoir ouvert la porte, je me suis tout de suite demandé pourquoi je l'avais accompagné... L'inconnue lui ressemblait trait pour trait... Et j'avais un très très mauvais pressentiment. J'avais l'horrible impression que notre journée tranquille allait vite tourner au vinaigre. La dame sur le pas de la porte s'excusait de nous déranger à cette heure mais elle voulait reprendre quelque chose qui lui appartenait chez eux. J'arquais un sourcil à cette requête qui sonnait bizarrement. Cela faisait des années que cette maison était abandonnée, et là tout à coup quelqu'un se souvenait d'avoir oublié quelque chose ? Fallait être idiot pour penser à un truc aussi simple... Et elle me donna raison avec la suite.

"Je viens te récupérer toi mon cher Kaen."

Mon regard se fit beaucoup plus dur à son égard. Qu'est-ce que c'était que ce bordel encore ?! Les yeux de la femme avait pris la même forme que ceux du brun il y a une semaine de cela. Elle était sérieuse ? Il n'était pas question que je lui laisse ! Et si elle use de la force, elle recevrait une réponse musclée. Le brun refusa catégoriquement la proposition mais elle n'en démordait pas. L'inconnue ajoutait que l'homme n'était pas forcément à sa place ici, surtout avec une femme qui lui cachait une horreur. De quoi elle parlait celle la ? Et Kaen ne pouvait qu'être à sa place au sein de sa famille ! Son regard s'était posé sur moi avant qu'elle ne parle du décès du bébé. Comment pouvait elle savoir ça ?! Seul Kyu et moi étions au courant ! Sentant déjà la tempête arrivée, je reculai d'un pas alors que la dame s'en allait en ajoutant qu'elle reviendrait ce soir. La porte à peine refermée, Kaen m'avait attrapé le poignet pour me bloquer contre le mur. J'avais les mains libres, mais il empêchait toute fuite. J'avais visé juste. Ça allait chauffé au sens propre, comme au figuré.. J'allais devoir être diplomate en plus. Nos yeux ne se quittaient plus. Même si j'avais du mal à soutenir le sien. Je sentais peser le reproche. Et j'avais raison. Le brun me demanda si c'était ça que je lui cachais depuis l'incident. Ce à quoi j’acquiesçai. Il enchaîna ensuite sur le fait que j'aurai pu le prévenir, que je n'avais pas à supporter ça seule, et le pourquoi je n'avais rien dit. Ses yeux viraient déjà à ceux de reptile et la chaleur commençait à monter. Qu'est ce que ça aurait changer qu'il sache ? Il avait été clair la dernière fois que nous avions passé une folle nuit d'amour: un deuxième enfant n'était pas souhaité. Et pis, qu'il soit au courant ou non, ça ne l'aurait pas fait revenir comme par magie. A cela s'ajoutait le fait que le nombre d'occasions pour en parler avait été réduit au néant avec son absence d'une semaine. Je posais mes deux mains sur chacune de ses joues en grimaçant un peu. Je voyais ma glace commencer à fondre déjà.

- "Kaen calmes toi. Tu es déjà brûlant. Sophia va s'inquiéter si elle te voit dans cet état. Comme elle l'a dit, j'ai perdu notre deuxième enfant. Et je m'en veux tu sais. Si j'en avais eu l'occasion je te l'aurais dis, même si ça n'aurait rien changé à la situation. Je suis désolée.."

J'avais ensuite déposé mes lèvres contre les siennes. Même si je ne le méritais pas. J'avais gelé ma bouche, en espérant que cela pouvait le rafraîchir un peu et l'aider à se calmer. Cela semblait marcher un peu. Même si je le sentais encore bouillant de colère. Cependant, ce qui l'apaisa temporairement fut la petite voix de notre fille qui se fit entendre derrière le brun:

- "Papa, maman, qu'est-ce que vous faites ? Je vous attends moi !"

- "On arrive ma puce. On en reparlera calmement après manger Kaen d'accord ?"

J'attendis qu'il approuve ma requête avant de prendre l'enfant dans mes bras. Direction le jardin pour enfin partager notre repas. Celui ci fut un peu tendu. Avec ce qui venait de se passer c'était normal. Même si Sophia n'y comprenait rien du tout. Heureusement d'ailleurs. Son innocence était une bonne chose. Le repas terminé, la petite alla jouer dans le jardin, pendant que je m'isolais avec son père dans la cuisine. La bas je repris la parole:

- "C'est Kyu qui m'a expliqué, à l'hôpital que j'avais perdu notre enfant. Je ne savais pas que j'étais enceinte. Je te l'aurai dis que si je l'avais su. Ça, je ne te l'aurai jamais caché, surtout en étant sûr que tu étais le père." Je lui avais souris à cette phrase avant de poursuivre: "C'est vrai que j'aurai du t'en parler mais avoue que je n'en ai pas vraiment eu l'occasion avec tout ce qui s'est passé la semaine dernière. Et pis, ça t'aurait fait culpabiliser de savoir ça, non ? Je garde peut être beaucoup de choses pour moi mais toi tu te sens toujours coupable pour tout ce qui nous arrive, alors que ce n'est pas ta faute." Je collai mon front contre le sien. "Ta place est ici Kaen. Avec ta fille et ta femme. Je ne la laisserais pas t'emmener."

Je sortis ensuite d'autour de mon cou nos alliances. Ces dernières étaient toujours accrochés à un collier. Je n'allais pas les jeter quand même. J'ouvris le collier avant de faire coulisser les anneaux dans ma main. Je pris celle du brun entre mon index et mon pouce pour lui présenter:

- "Pour la seconde fois, acceptes tu de rester au côté d'une femme aussi idiote et froide que moi ?"    

Après le départ de l'inconnue, j'avais du mettre au clair l'histoire de la perte du bébé avec Kaen. Ça n'avait pas été facile puisqu'il s'était énervé, et par conséquent il avait dégagé suffisamment de chaleur pour m'affaiblir un peu. J'avais d'abord calmé le jeu puisque la petite nous avait rejoint. Nous avions dîné tranquillement, bien que l'atmosphère fut un peu tendue. Le repas terminé, Sophia était partie s'amuser dehors, pendant que j'avais entraîné le brun dans la cuisine. C'est là que j'avais plaidé ma cause concernant la mort du nouveau né, et le pourquoi je n'avais rien dis plus tôt. Le ton de ma voix avait montré un brin de tristesse. Après tout, ça n'avait pas été facile, même si j'avais essayé de montrer le contraire. Après mes explications, j'avais tenté de renforcer l'idée que sa place était bel et bien ici, contrairement à ce qu'avait pu dire l'autre garce. Kaen était Kaen parce que nous étions ensemble tout les trois. Sophia, lui et moi. Et pour prouver mes dires, je ressortis nos alliances avant de lui présenter la sienne. Je le redemandai alors en mariage, d'une façon qui m'était unique et qui le surpris un peu. Il fallait avouer que j'avais choisi "le" moment qui n'était pas forcément opportun. Malgré tout, j'étais assez fière de mon coup. Si je ne l'avais pas étonné un peu, j'aurai été déçu.

Cependant alors qu'il s'apprêtait à donner sa réponse, il détourna son attention de moi avant de me sauter dessus comme un fauve sur sa proie. La seconde d'après, quelque chose avait explosé derrière nous. L'explosion nous projeta à l'extérieur. Je sentais les bras du brun me serrait contre lui. Il alla même jusqu'à amortir la chute lorsque nos corps tombèrent au sol. Chose qui était un peu inutile, bien que j'appréciai le geste. Il tenait à moi, et il n'hésitait pas à le prouver. Avouons aussi que je n'avais rien vu venir concernant l'explosion. Ni l'odeur de gaz, ni le moindre bruit. J'aurai vraiment pu mourir si il n'avait pas été là. Enfin, ne parlons pas de malheur. D'ailleurs, il y avait autre chose qui me gênait. Ses deux mains piles sur ma poitrine ! Il n'en ratait vraiment pas une celui là ! Mon regard se fit lourd de reproche, signe qu'il devait les retirer maintenant si il ne voulait pas subir mon courroux ! Sans mots, il m'avait compris puisqu'il répliqua une taquinerie de son cru en tirant sa langue:

"C'est pas toi, il y a quelques secondes qui voulait que je reste à tes côtés ?"

J'allais lui répondre au tac au tac lorsque mon esprit réalisa qu'il manquait quelqu'un. Où était la petite ?! Au dernière nouvelle elle jouait dans le jardin mais si elle avait eu la malchance de retourner dans la maison pour aller chercher un jouet ?! J'avais rapidement écarté ses doigts baladeurs avant de me mettre debout. Mes yeux la cherchaient du regard mais la petite fille n'apparaissait pas dans mon champ de vision. Je commençais vraiment à m'inquiéter là ! Jusqu'à ce que le brun me dise qu'il l'avait repéré plus loin. Je soupirais alors de soulagement. Kaen et moi sommes ensuite restés comme deux idiots à regarder certains de nos meubles brûler. Qui avait bien pu nous faire ça ? Ou alors ce n'était qu'un simple accident ? J'aurai oublié d'éteindre le gaz ? Je n'étais aussi tête en l'air quand même... Mes questions trouvèrent leur réponses lorsqu'une voix s'éleva des flammes. Elle disait que ce n'était qu'un avertissement. Qu'elle reviendrait demain avec pour objectifs de tuer Sophia ou moi si le brun refusait sa proposition. Ça promettait... Et ça mettait la petite en danger encore une fois.. L'inconnue ayant disparue dans les flammes, je n'attendis pas que l'homme de la maison me conseillait d'utiliser ma glace pour éteindre le feu pour le faire. J'avais pris l'initiative. L'élément gelé fondit sous la chaleur des flammes ce qui l'éteignit en douceur. C'est lorsque les dernières s'évanouirent que l'enfant réapparut sous nos yeux en demandant innocemment si nous avions encore fait des bêtises. C'était bizarre d'entendre sa fille dire ça mais ça n'en restait pas moins adorable. Cependant, l'heure n'était pas à la réunion de famille. Je pris Sophia dans mes bras avant de dire à Kaen:

- "Il n'est pas question de la mettre encore en danger. Je vais l'emmener chez Kyu. Ne fais pas de bêtises en attendant hien. Allez ma chérie, fais un bisou à papa."

Je la fis basculer vers son père pour qu'ils s'échangent un bisou. Le brun ne pouvait pas me dire non. Lui aussi voulait sûrement que sa princesse soit en lieu sûr avec ce qui pouvait nous arriver. Nous étions assez matures et expérimentés pour savoir que les menaces n'étaient pas dites à la légère. Et quittes à choisir, je préfère que ça soit la plus jeune de nous trois qui survive. Le "au revoir" terminé, je me dématérialisa pour réapparaitre chez notre ami. Je frappai à la porte qui s'ouvrit quelques secondes plus tard. Je lui expliquais rapidement la situation et le service que j'avais à lui demander. Il accepta sans rechigner puisqu'il aimait passer du temps avec sa nièce. Cette dernière était d'ailleurs ravie de rester un peu chez lui. Je l'avais à peine déposé à terre qu'elle avait filé dans la maison du démon renard.

- "Désolée de t'embêter avec ça Kyu. On viendra la récupérer dès qu'on sera sûr qu'elle sera en sécurité. Encore merci."

J'étais ensuite repartie comme j'étais venue. En espérant que le brun était toujours à la maison. Et que la maison serait encore debout.

Après l'explosion, j'avais pris l'initiative de mettre Sophia à l'abri chez son "tonton" Kyu. Son père ne m'en empêcha pas, preuve qu'il était du même avis que moi. J'avais pris la petite dans mes bras avant de la faire basculer vers son paternel pour qu'elle l'embrasse. J'avais disparu l'instant pour réapparaitre devant la maison de notre ami. J'avais frappé à la porte qui s'ouvrit assez rapidement. Je lui avais expliqué succinctement la situation en déposant l'enfant au sol. A peine à terre, elle s'était faufilé à l'intérieur toute joyeuse. C'était une bonne chose que l'explosion ne l'avait pas choqué plus que ça. Je remerciais le démon renard de s'occuper de la petite avant de retourner d'où je venais. Autrement dit, auprès de mon homme.

Sauf qu'il n'était pas seul. Bien au contraire, il semblait être en bien agréable compagnie. Allongé sur le sol, la tête pile sur l'entre-jambe de l'inconnue qui avait balancé sur la perte de notre deuxième enfant et qui avait, accessoirement, anéanti une partie de notre maison. J'étais à peine partie cinq minutes et le voilà en train de batifoler avec une autre ! Même en sachant que c'était contre son gré, ce genre de vision avait le don de m'agacer. Je serrais mes poings que je sentais se refroidir. J'attendais d'être fin prête à jeter un froid capable de geler sur place ces êtres de feu. Mais finalement, je n'en eus pas besoin. Kaen lui mordit violemment l'intérieur de la cuisse, la faisant hurler de douleur. Le brun se dirigea vers moi et, tout en essayant de reprendre son souffle, il dit:

"Dis moi Kei... La prochaine fois... Aides moi ça serait sympa."

- "Tu semblais tellement bien t'amuser Kaen."

Avais je répondu sur un ton sarcastique. Bien sur que j'avais l'intention de l'aider. Il avait juste été trop rapide. C'est tout. Entre temps, la cinglée avait filé à l'anglaise en laissant de jolie traces rouges sur le sol. Il serait ainsi facile de la suivre. Enfin, si nous en avions l'envie. Le brun profita du retour au calme pour commencer ses taquineries en prétextant devoir "vérifier" qu'il s'agissait bien de moi. Je ne lui laissais même pas le temps d'en rajouter une couche que je le frappa gentiment à la tête en disant que ce n'était pas vraiment le moment pour ça. Si nous ne faisions rien, elle risquait de revenir et Sophia sera peut être sur sa liste. C'est pour ça que nous avons suivi ses traces. Nous finîmes par arriver devant une petite grotte éloignée de la ville où nous avions élu domicile. Le papa me fit "l'honneur" de me laisser passer la première. Allez savoir pourquoi. Lui qui était toujours du genre à foncer tête baissée et être le premier au coeur des ennuis. Enfin, ce n'était qu'un petit détail sans importance. Tout en avançant, le brun prit une nouvelle fois la parole pour demander ce que nous allions faire d'elle une fois entre nos mains. La réponse était évidente et simple non ? On s'en débarrassait par n'importe quel moyen pour ne plus avoir le moindre souci. Merde alors ! Sophia venait tout juste d'entrer à l'école, on avait bien le droit d'avoir un peu de paix et de profiter d'une vie de famille normale non ?!

Nous avons continuer de marcher pendant un moment. Le temps exact ? Je n'en savais rien. Et Kaen non plus. J'avais même l'impression de tourner en rond. Les parois rocheuses se ressemblaient toutes. La lumière ne perçait pas. Je m'étonnais même qu'aucun de nous deux n'était encore tombé. Nous avancions totalement à l'aveugle. L'entrée n'était plus en vue. Et la sortie encore moins. Quant à notre ennemi, elle n'avait pas encore montré le bout de son nez non plus. Se cachait elle le temps de soigner la morsure du brun ou alors elle essayait de nous prendre à revers ? Cette grotte était sûrement son territoire et elle devait probablement le connaitre par coeur. On était peut être entré dans la gueule du loup sans même s'en rendre compte.. A cette pensée, j'eus un mauvais pressentiment. Je m'étais tournée vers Kaen pour lui en faire part sauf qu'il n'était pas derrière moi.. Où était il passé ? On s'était perdu ? Comment ? Je ne me rappelais même pas avoir vu une intersection depuis que nous étions entrés. Plus maudit que nous il était difficile à trouver... Je soupirais tout en continuant mon trajet seule. Qu'est ce que je pouvais faire d'autre ? J'étais certaine que faire demi-tour n'allait pas m'aider à le retrouver, du coup autant continuer à avancer. Et si en prime je tombais sur l'autre garce, j'aurai tout gagné.

Finalement, après un long moment à errer seule dans la pénombre, je finis par retrouver mon homme. Du moins, c'était ce que je croyais au début.. Très vite, sa silhouette s'était approchée, accompagnée d'une autre beaucoup plus petite. Je pus facilement deviner notre fille à ses côtés. Chose qui était théoriquement impossible puisque la demoiselle se trouvait chez son oncle. A moins qu'elle avait échappé à sa vigilance par je ne savais quel moyen et qu'elle nous avait suivit ? Non non non, c'était impossible qu'elle ait pu faire ça. Vraiment impossible. Ça ne pouvait qu'être une illusion. Ce n'était pas possible autrement. Dans mon esprit il était clair qu'il s'agissait d'un mirage. Malgré tout, ça semblait bien réel. Leur apparence, leur manière de marcher ou de parler étaient identique à ce que je connaissais d'eux. S'en était vraiment troublant. Et leurs mots me déstabilisèrent, et ce, même en sachant que c'était faux. Sophia disait clairement qu'elle me détestait avec tout les synonymes possibles et inimaginables. Quant à Kaen, c'était les termes que je craignais le plus qui sortaient de sa bouche. Pourquoi me disait il des mots qui me faisaient revivre mon douloureux passé ? Lui qui ne m'avait jamais considéré comme un monstre pourquoi le pensait il maintenant ? Qu'est ce que j'avais fait pour mériter ça ? Hien..? J'étais totalement prise dans ce mensonge. Je me sentais blessée et horriblement malheureuse. C'était comme si à chaque mot je me prenais un coup de poignard dans le coeur. Et c'était à peine exagéré.

Ce qui me ramena à la réalité, c'est une sensation de chaleur à proximité de moi, suivi de murmure dans le creux de mon oreille. Malheureusement ce n'était pas la voix de mon compagnon mais celle de la personne que nous étions venus chercher. Même si ce que j'avais sous les yeux n'était qu'une illusion, elle ne m'avait pas laissé de marbre. J'étais restée immobile et je sentais qu'il me faudrait encore quelque seconde pour récupérer toute ma motricité. Mes yeux s'étaient remplis de larmes que je refusais de laisser couler. Surtout devant l'ennemi. Elle disait que c'était le propre de l'être humain que de laisser de côté quelque chose ou quelqu'un une fois qu'il en avait obtenu tout ce qu'il voulait. C'était aussi dans leur gêne de berner les gens pour en faire ce qu'il voulait. Elle avait peut être raison mais Kaen était différent. Jamais il ne m'avait jugé, que ce soit sur mon apparence ou sur mon caractère froid et distant. Jamais il ne m'avait reproché tout les malheurs qui nous tombaient dessus sans crier garde. Le seul reproche qu'il me faisait était que je ne lui donnais pas assez d'amour. Mais nous vivions assez bien ainsi. Lorsque le corps reprit enfin le dessus sur l'esprit, un pic de glace se forma dans ma main gauche, que j'allai, sans hésitation, directement planté dans mon ennemi. Qui disparut dans une espèce de fumée légère. Encore une illusion.. Ça ne m'avançait pas à grand chose... Je soupirais en essuyant d'un revers de manche mes yeux avant de reprendre ma route.

Quant à Kaen, lui aussi, était pris dans une illusion où il voyait sous ses yeux l'une de ses plus grandes peurs. Avec en prime, la garce collait à lui en train de me "descendre" en disant qu'un élément était et resterait incontrôlable et qu'un jours, inéluctablement, un drame arrivera. Alors qu'avec elle, cela ne se produirait jamais.

Après être entrés dans la grotte où s'était visiblement réfugiée notre ennemie, nous avons su nous séparer sans même nous en rendre compte. Malchance ou pas, nous n'étions pas doués. En plus, on n'y voyait même pas à cent mètres. Le comble était sûrement que Kaen aurait pu servir de lampe torche mais il n'avait pas osé. Nous ne nous serions pas égarés si il avait pris cette décision. Enfin.. Il était trop tard maintenant. Et pis nous allions bien finir par nous retrouver. Comme toujours. Malgré tout, notre séparation ne s'avéra pas de tout repos. La sale garce avait bien prévu son coup en déployant une illusion plus que ressemblante. J'avais vu le brun et ma fille me traitaient de monstre sans raison apparente. J'avais directement su qu'il s'agissait d'un mensonge mais ça ne me laissait pas indifférente. Même en sachant qu'il ne me dirait jamais une chose pareil, ses mots m'avaient blessés. J'avais totalement été happée dans ce cauchemar imaginaire. Jusqu'à ce que la garce commette l'impair de me frôler l'épaule et me murmurer que c'était dans la nature humaine de tromper les gens. Dès que mon corps fut en mesure de réagir, je tenta, vite fait bien fait de lui clouer le bec avec un pieu de glace. Malheureusement, il s'agissait encore d'une vulgaire illusion. J'avais longuement soupirer avant de reprendre la route.

Je ne savais pas combien de temps j'avais marché mais j'avais l'impression que ça faisait une éternité. Aucune lumière en vue. Ni Kaen. Et encore moins la garce. Je me sentais infiniment seule dans cette pénombre et j'espérais recroisé mon homme rapidement. Mais les dieux ne semblaient pas être de cet avis puisque je marcha encore un moment. Puis la "délivrance". Enfin si je pouvais vraiment appeler ça comme ça. J'avais finis par arriver dans une sorte de clairière, faiblement éclairée mais suffisamment pour voir sa grandeur. Sauf que j'aurai préféré rester dans le noir... Kaen était allongée sur le sol, visiblement assez amoché, la garce debout à ses côtés. C'était une blague ?! Il avait perdu contre elle ?! Pourquoi ?! Comment surtout ?! Il était censé avoir appris à utiliser ses pouvoirs non ? Il aurait du gagner ! Surtout contre cette... Cette chose quoi !! Elle porta son attention sur moi. Son visage affiché un sourire de vainqueur. Ça m'agaçait déjà. J'allais lui faire payer. D'avoir menacer Sophia. D'avoir détruire une partie de la maison. Et de s'en être pris à lui ! Les premiers piques de glace volèrent dans sa direction. Comme je pouvais m'y attendre, ils fondirent comme neige au soleil en un instant. Le feu contre la glace. L'issue était presque décidée d'avance. Mais je n'allais pas abandonné. Il n'y avait pas moyen que je la laisse s'en tirer comme ça!

Les coups s'enchaînaient. La glace d'un côté. Les flammes de l'autre. Certains arrivaient à percer, d'autres étaient aisément éviter. J'avais tenté de profiter de ma faiblesse. Lorsque le feu rencontrait le gel, soit de l'eau, soit une sorte de brume opaque formait. Et je saisissais l'occasion pour faire la différence. Je m'approchais furtivement pour assigner des coups au corps à corps. Elle semblait ne rien ressentir mais je savais que je la touchais. Que mes tentatives n'étaient pas vaines. Lorsque je compris complètement comment fonctionner "l'eau" et la "brume", je n'hésitais plus. Dès que la dernière se formait, j'en profitais. J'avais crée un bon gros bloc de glace qui tomba sur elle sans crier garde. Elle n'avait pas d'autre choix que de le faire fondre ou de se prendre le bloc de plusieurs kilo sur la tête. Sa décision avait été vite prise. Le feu avait jailli de ses doigts et avait transformé la glace en eau qui lui tomba dessus. Affaiblie par le liquide, j'en profitai pour lui donner le coup final. Enfin ... C'était ce que je croyais. La vérité était que pendant tout ce temps je me battais contre Kaen et non pas contre celle que je pensais. Plus qu'agacée de m'être fait berné comme ça, c'est avec un regard noir que je me tournai vers la concernée avant d'en terminer avec elle.

L'ennemi n'avait pas dit son dernier mot. Elle avait clairement dit qu'elle n'en avait pas terminé avec nous et qu'elle reviendrait. Qu'elle ose donc ! Elle serait bien accueillie ! Une fois qu'elle eut disparue, je me retournai vers mon compagnon. Je l'aidai à se relever avant d'enfin sortir de la grotte. J'allai m'excuser de m'en être prise à lui mais il ne m'en laissa pas l'occasion. Sans crier garde, il vient déposer ses lèvres contre les miennes. Un court instant. Avant qu'il ne dise qu'il avait envie d'une semaine tranquille juste Sophia, lui et moi. Pensait il vraiment que je n'en n'avais pas envie ? Je n'attendais que ça. Nous entrâmes tranquillement à la maison. La soirée ne serait qu'à nous deux. Sophia restera chez Kyu jusqu'au lendemain.

L'histoire avec l'autre garce enfin terminée, nous avions repris la route pour retourner à la maison. Sur le chemin, Kaen m'avait embrassé à l'arraché. Un baiser d'un court instant. Il avait ajouter qu'il avait envie d'une semaine tranquille en famille. Juste Sophia, lui et moi. Moi aussi j'en avais envie. Ça ne nous ferait pas de mal. Bien au contraire, ça ne pouvait que nous faire le plus grand bien. Le trajet du retour se fit sans le moindre problème. Il fut rapidement convenu que notre fille passerait la nuit chez son oncle adoré. Ainsi nous aurions la maison pour nous tout seul. Un aperçu de vacances en quelque sorte. Arrivée à destination, le pas de la porte a peine franchi, nous pouvions encore sentir l'odeur de brûlé. Le brun alla vérifier l'étendue des dégâts liés à l'explosion. Quant à moi, je m'étais rendue dans la chambre pour récupérer de quoi aller prendre une bonne douche. "Malheureusement", dès que j'entrai dans le champ de vision du papa, il m'attira contre lui en me disant qu'il avait bien l'intention de profiter de notre soirée en amoureux. Le contraire m'aurait étonné tiens... Je sentais déjà approcher l'invasion de la chaleur dans les minutes ou les heures à venir. Et mon intuition ne me trompa. Il m'attira dans la salle de bain. Certes je voulais aller là bas mais non accompagnée ! Je savais déjà comment ça allait finir ! Si il pensait que je ne le voyais pas venir avec ses grands sabots il se mettait le doigt dans l'oeil !

Sauf que je me trompais légèrement. Une fois à l'intérieur de la salle d'eau, au lieu de me proposer de prendre un bain peau contre peau, il me tendit un maillot de bain. Certes, court et ne couvrant pas grand chose mais c'était toujours mieux que rien.. J'avais quand même du faire un peu la grimace puisqu'il ajouta avec un sourire taquin que je pouvais aussi me dévoiler totalement. Il se fichait vraiment de moi ! Bien sur qu'à choisir entre être nue devant lui et être juste en maillot de bain, le choix était vite fait ! Je pris dans les mains ce qu'il me tendit mais j'attendis quand même qu'il soit dos à moi pour me changer. Kaen en fit autant puisque lui aussi en avait un. Un simple short. C'est, ensuite, l'un après l'autre que nous entrâmes dans l'eau. Le brun en premier, moi en seconde. Il avait son dos contre la paroi froide de la baignoire alors que le mien était contre la chaleur de son torse. Ses bras n'avaient pas tardé à venir m'enlacer tendrement. Je mentirais si je disais que ce genre d'attention ou de position me déplaisais. Au contraire, ça m'avait manqué et ça m'apaisait d'être dans ses bras. Surtout après tout ce que nous venions de vivre. J'avais toujours la marque de sa morsure sur son bras, mais il semblait l'avoir oublié, et c'était tant mieux. Je fermais mes yeux, comme pour savourer ce moment si rare. Mes mains s'étaient sagement posées sur les siennes. Peut être pour les empêcher d'aller vagabonder où il ne fallait pas, qui sait ? Je serais bien restée encore un moment dans cette position avec lui mais il en avait décidé autrement. Peut être que l'eau était devenue trop fraîche pour lui et qu'il savait, que si il venait à la réchauffer, j'allais râler. Et il avait raison.

Nous avions fini par sortir de l'eau. Il se rhabilla que d'un caleçon avant de sortir de la pièce. A présent toute seule, je me séchai tranquillement. J'avais jeté un coup d'oeil dans le miroir. La cicatrice au niveau de mon ventre était encore visible. La morsure du brun sur mon bras l'était toujours également. J'enfilais ensuite une robe simple, couleur crème, qui pouvait s'apparenter à une chemise de nuit. Le vêtement était assez court en arrivant à mi-cuisse, avec un col assez ouvert. Peut être même un peu trop. Oui je ne m'étais pas foulée. Était ce vraiment un mal ? Du moment que je plaisais à mon homme c'était le plus important. Je finis par le rejoindre dans le salon. Monsieur était déjà installé dans le canapé, avec deux verres remplis de liquide jaune et quelque sucreries sur la table basse. Je viens m'asseoir à ses côtés avant qu'il ne me tende l'une des deux coupes. Pensant qu'il s'agissait de jus de fruit, je ne m'étais pas faite prier. Sauf qu'il m'avait trompé. Dès la première gorgée, j'avais su mon erreur. Ma gorge avait soudain pris feu d'un seul coup. Il avait osé me filer de l'alcool alors qu'il savait très bien que je ne le tenais pas ! Je n'avais même pas encore fini mon verre que je sentais déjà la chaleur me monter au nez. C'était malin ça ! Je pris un biscuit, en espérant qu'il ferait disparaitre mon état d'ivresse. Ce fut même pire... Je fis, malencontreusement, tomber mon gâteau dans mon décolleté. Bien entendu, Kaen ne rata pas l'occasion de venir me faire frisonner et rougir. Sa langue se glissa sur le haut de ma poitrine pour venir récupérer le petit malotru. Il avait du sentir aussi que son action ne m'avait pas laisser de marbre. L'une de ses mains s'était posée sur ma cuisse alors que l'autre vint se poser sur mon épaule. Le jeune papa ajouta ensuite d'une voix un peu taquine qu'il ne me lâcherait pas une seule seconde ce soir. Le geste joint même la parole puisque ses lèvres s'approchèrent dangereusement de mon cou pour m'échauffer encore un peu plus. Et cela eut l'effet escompté. Mes doigts glissèrent d'eux même dans ses cheveux ébènes ou dans son dos. Avant que je ne vienne m'installer à califourchon sur ses genoux. Face à lui, mes mains avaient tout le loisir d'aller se balader sur son torse tandis que mes lèvres prenaient soin de s'occuper des siennes. Le jeu de séduction dura plusieurs minutes, jusqu'à ce que nous en avions assez et que nous devions reprendre notre souffle. Le brun en profita pour me dire qu'il avait l'intention de s'amuser avec moi tout en me faisant basculer. Il se retrouva au dessus de moi, à quatre pattes. Ses mains s'aventuraient déjà sur mes cuisses.  

- "Kaen... Arrêtes... Je ne peux même plus avoir d'enfants.."

Mes mains s'étaient posées sur son torse pour le repousser un peu. Cela n'avait rien à voir avec le fait que je n'avais pas envie de passer un moment intime avec lui mais je n'avais pas vraiment la tête à ça. Déjà que je n'en raffolais pas vraiment... Je me sentais coupable de ne pas être capable de lui fournir un deuxième enfant. Même si pour l'instant, ce n'était pas désiré. Ni pour lui, ni pour moi. Et pis, dans mon esprit et de mon point de vue d'élémentaire, l'acte n'était là que pour procréer. Du coup, si je n'en n'étais plus capable, ça ne servait à rien d'essayer. Kaen du comprendre les grands lignes des causes de mon refus puisqu'il m'expliqua, que pour lui en tout cas, il n'était pas nécessaire de souhaiter un enfant pour faire l'amour. C'était juste une preuve d'amour et d'attention. Même si je n'étais pas totalement convaincue, je cédai à ses paroles et à ses avances. Nos lèvres se rencontrèrent à nouveau pendant que ses mains s'aventuraient bien plus bas vers mon intimité. Les miennes, beaucoup plus sages, se contentaient de caresser son dos ou de glisser dans ses cheveux. Le "vrai" contact ne s’établit que quelques minutes plus tard, une fois que mon corps fut correctement préparé, et que mon esprit avait cessé de réfléchir. Mes gémissements et autre cris étaient étouffés par nos baisers toujours plus passionnés. Les positions changeaient régulièrement, et le lieu changea deux fois. Le premier "round" se termina dans le salon. Le second dans notre chambre, sur un matelas d'à point. Une fois la limite de chacun atteinte, nous finîmes par nous endormir, peau contre peau, l'un contre l'autre.

Je passais une douce nuit, sans rêve ni cauchemar. Et c'est le petit matin qui me sortit des bras de Morphée, et de ceux de mon homme. D'ailleurs, lorsque j'ouvris les yeux, Kaen était réveillé. Son regard était posé sur moi. Son visage affichait un sourire satisfait. Heureux de la nuit que nous venions de passer ou bien de ce qu'il me préparait pour m'embêter. Oui oui, je me posais déjà de drôle de questions dès le matin. Le brun tenait fermement la couverture entre ses doigts. J'avais visé juste, il avait bien prévu quelque chose pour me taquiner et me gêner dès le matin !

"Douce soirée hier Kei, tu n'auras pas la couverture pour partir en douce ce coup-ci."

- "Dans ce cas chéri, je te laisse aller préparer le petit déjeuner. Allez oust. J'ai faim tu sais."

Je m'étais redressée un peu, tout en camouflant du mieux que je pouvais ma poitrine, pour le pousser gentiment hors du matelas. J'étais taquine mais sérieuse en même temps. J'avais réellement un petit creux. Le jeune papa saisit mes mains avant de venir m'embrasser, auquel je répondis avec plaisir. Je libérais lentement mes mimines pour venir les placer sur ses joues. Je l'aimais ce maudit humain taquin. C'était un fait que je ne pouvais vraiment plus nier. C'était comme une évidence. J'avais mis le temps pour m'en rendre compte mais maintenant ce n'était pas près de me quitter. Ce n'était pas non plus la peine de préciser que je ne laisserais plus une seule autre femme autre que Sophia, Seira et moi l'approcher d'un peu trop près. Les autres vivraient un très mauvais quart d'heure. J'attendis sagement que le brun se décide enfin à sortir du lit pour ensuite en faire autant. J'attrapa le premier vêtement qui passa sous mes doigts avant de l'enfiler. La robe de la veille. Une fois habillée, j'allai le rejoindre dans la cuisine. Lui aussi en avait profité pour enfiler quelque chose. Nous mangeâmes rapidement puisque notre chère fille adorée devait désespéremment attendre ses parents.

Nous fîmes tranquillement le chemin vers la demeure de Kyu, main dans la main, comme deux amoureux qui se respecte. Arrivée à destination, je frappai à la porte. Kaen lui regardait par la fenêtre. De l'extérieur, on pourrait croire à un vrai stalker. Quel baka quand il s'y mettait. Notre ami ouvrit enfin la porte quelques minutes plus tard. Nous n'avions même pas passé le pas de la porte qu'une tignasse blanche déboula comme une furie pour nous bondir dessus. Nous étions sa seule cible touchée. Avec l'élan qu'elle avait pris, nous fûmes incapable de rester debout. Elle s'assit à moitié sur le ventre de son père et l'autre moitié sur le mien avant de croiser ses petits bras avec un air boudeur:

- "Vous avez été trop long ! Vous avez pas fait de bêtises hien ?!"

La tranquillité retrouvée et la petite aux mains de Kyu, nous en avions profité pour passer une folle nuit d'amour. Le genre de nuit dont je préférerais ne garder aucun souvenir. Pour garder une partie de mon intégrité. Bien que nous nous étions réveillés assez tard, nous avons pris notre temps pour se préparer à aller rechercher notre princesse. Une fois prêt, nous prîmes la route pour la rejoindre. Notre ami n'habitait pas trop trop loin de chez nous, donc nous arrivâmes à destination dix voir quinze minutes plus tard. Je frappai ensuite à la porte qui s'ouvrit presque tout de suite. A peine ouverte, une petite furie nous bondit littéralement dessus, et avec son élan, nous nous retrouvâmes allongés au sol. L'enfant s'installa sur nous, comme si nous étions un siège confortable, avant de croiser ses bras avec un air boudeur trop craquant. Sa voix lâcha un reproche. Nous avions été trop long à son gout. Sauf que nous n'y pouvions rien. Régler son compte à l'autre garce avait duré plus longtemps que prévu. Et il n'avait pas été question de la réveiller une fois que nous en avions terminé. Après, il était certain que nous aurions pu venir la chercher plus tôt.. Mais après la nuit que nous avions passé, ce n'était pas vraiment envisageable. A sa remarque, Kaen avait répondu au tac au tac en lui tirant sur sa joue. Il l'avait traité de chipie parce que ça ne se faisait pas de parler ainsi à ses parents. Même si ça ne me choquait pas tellement. Sophia grandissait peu à peu et elle commençait à s'affirmer. C'était dans l'ordre normal des choses. L'enfant tentait bien de répliquer à son père mais ses paroles étaient incompréhensibles. C'est ça qui rendait la scène assez drôle à voir. Je n'éclatais pas de rire, mais un sourire s'affichait sur mon visage.

Puis, il fut l'heure de rentrer. Enfin, pour nous les parents. Sophia, elle, devait encore passer sa journée à l'école. D'ailleurs, elle râla un peu lorsqu'on lui dit la "bonne" nouvelle. Elle n'avait pas du tout envie d'aller à l'école. Mais alors pas du tout. C'est son papa chéri qui la convaincs, en lui promettant de lui préparer son plat favoris si elle était sage. Cela eut l'effet escompté, bien que la jeune demoiselle fut un peu la moue. Nous nous rendîmes donc ensemble à cet endroit là. C'était la la première fois que nous y allions tout les trois. L'enfant marchait entre ses deux parents. Elle n'avait pour ainsi dire aucune chance pour prendre la fuite. Lorsque nous arrivâmes enfin, nous n'étions presque pas en retard. Beaucoup d'autres parents étaient encore là. Majoritairement des femmes. Et les yeux de mère au foyer s'étaient tournés vers mon homme. Mon regard se fit alors plus dur et noirs, comme pour leur faire clairement comprendre qu'il était déjà pris et qu'il ne serait pas facilement accessible. Le brun acquiesçât même mes pensées puisqu'il répondit presque ça à une question de Sophia. L'enfant demandait pourquoi tout les regards s'étaient posés sur son papa adoré. Le pire était qu'il se vantait en disant qu'il était beau.. Si ses chevilles venaient à gonfler et qu'il ne savait plus marcher, qu'il ne comptait pas sur moi pour l'aider ! Je m'étais juste contentée de lui tourner la tête avant d'embrasser Sophia sur la joue, avant qu'elle ne parte en direction de la maîtresse.

Une fois à nouveau à deux, nous retournâmes à la maison. Tranquillement. Il fallait réparer l'étendu des dégâts causés par l'autre détraquée.. Même si ça ne serait sûrement pas long avec l'aide de Kyu et compagnie. Ces derniers nous attendaient déjà chez nous. Ils étaient pressés d'en finir ou bien il y avait autre chose ? Enfin ce n'était pas important. Au moins, nous n'aurions pas à patienter et nous avancerions plus rapidement. Et c'est en effet ce qui se produisit. A la pause déjeuner, Seira, l'élémental de feu, et son compagnon humain, Ren, nous annoncèrent que la belle attendait à un heureux évènement. Kyu n'en fut pas surpris. Quant à Kaen et moi, nous étions content pour eux. Etant passé par là, nous savions ce qui les attendaient, et que ça ne serait sûrement pas de tout repos. Surtout vu le tempérament de la future maman. Nous reprimes ensuite les travaux. Les élémentaux allèrent chercher du bois pendant que les hommes se chargeait de réparer le tout avec ce qu'on leur ramenait. C'est en milieu d'après midi qu'un coup de téléphone se fit entendre. Etant la plus proche, je décrochai le combiné. Je lâchai un "j'arrive tout de suite" avant de raccrocher aussi sec et de sortir aussi vite. C'était la maitresse qui venait de téléphoner. Elle disait qu'il s'était passé quelque chose avec Sophia et qu'il était urgent que l'un de ses parents vienne. Et puisque c'était souvent moi qui l'emmenait et allait la chercher, j'y allai sans en parler à Kaen. Il était occupé de toute façon et il n'était pas nécessaire d'être deux. Lorsque j'arrivai sur les lieux, l'enseignante vint à ma rencontre avant de m'emmener voir ma fille.

- "Vous me faîtes venir ici d'urgence juste parce que Sophia s'est bagarré avec un de ses camarades ?! C'est une blague ?"

- "Madame, ce que Sophia a fait est grave. Nous ne tolérons aucun mouvement violent au sein de notre établissement, alors imaginez avec ce qu'elle a fait ! Son camarade de classe va devoir se rendre à l’hôpital pour se faire retirer ça."

- "Ne vous fichez pas de moi ! Mettez son bras sous l'eau chaude et ça va fondre tout seul ! Sophia n'aurait jamais fait ça sans raison ! Il l'a sûrement cherché !"

- "Je comprend tout à fait que vous preniez la défense de votre fille mais nous...."

- "Où est mon petit Lary chéri et le mal élevé qui lui a fait ça ?!!"

La maitresse lui expliqua la situation. Pendant ce temps, je demandais à Sophia ce qui s'était passé de son point de vue à elle. La petite m'expliqua que ce gamin lui avait tiré les cheveux plusieurs fois, qu'il lui avait dit qu'elle était pas belle, que sa maman ne l'était pas non plus et que son papa était moche. Et c'était la dernière phrase qui avait fait débordé le vase. D'accord... Elle avait supporté le tirage de cheveux, que sa mère et elle se fassent "traiter" et c'était le fait que son père adoré n'était pas beau.... Je ne savais pas qu'est-ce qui était le plus navrant. La réaction de ma fille, ou celle de l'autre mère qui s'énerva contre moi.

- "C'est vous la génitrice de cette morveuse ?! Je veux que votre gamine fasse ses excuses à mon fils immédiatement !"

- "Je comprends mieux pourquoi ce gamin a une mauvaise éducation. Ca vient tout simplement de sa mère. Ma fille présentera ses excuses lorsque votre fils présentera les siennes."

- "Surveillez votre langage ! Il n'y a pas à être fier d'avoir engendré un monstre pareil ! Un enfant normal serait incapable de faire ça !"

- "Un monstre vous dites ? Vous voulez savoir de quoi est capable celle qui la mit au monde ? Vous n'allez pas être déçue.. Je pourrais briser le bras de votre gamin mal élevé ou le votre par exemple... "

- "Dîtes quelques chose Mme l'institutrice ! Vous voyez bien que cette folle me menace !"

- "Ça suffit mesdames ! Je n'en écouterais pas plus ! Vous vous comportez comme vos enfants respectifs alors je vais vous traiter comme telles ! Dans le bureau de la directrice et vos maris vont vous y rejoindre !"

Quelques minutes plus tard, j'étais assise à côté de l'autre vieille femme, dans un bureau. Sophia était sagement installée sur mes genoux. Nous attendions que nos hommes respectifs nous rejoignent pour le sermon qui allait être sévère. C'est vrai que je m'étais emportée. En même temps, elle n'avait pas besoin de traiter ma fille de monstre ! C'était LE mot à ne surtout pas dire en face de moi... Je ne voulais pas qu'elle connaisse le même genre d'enfance que j'avais connu.

Pendant que nous nous attelions à réparer les dégâts causés par le récent incident, l'école avait téléphoné à la maison pour dire qu'il y avait eu un problème avec Sophia. Kaen étant occupé, c'était moi qui s'y était rendu en urgence. Arrivée sur les lieux, la maitresse m'expliqua que la petite fille avait gelé l'avant bras d'un de ses camarades. Le ton avait vite monter puisque l'entièreté de la faute était reporté sur ma fille alors que c'était le blessé qui avait lancé les hostilités. Quelques minutes plus tard, la maman du gamin arrivait précipitamment et m'agressait verbalement. La encore, le ton monta rapidement. La vieille ménagère finit même par dire le mot tabou. Celui qu'il ne faut surtout pas prononcer en ma présence. Cette femme venait d'appeler Sophia "monstre" et ça avait fait déborder le vase. Je n'en étais pas allée jusqu'aux mains. Je m'étais juste contentée de la menacer avec un regard noir. J'aurai peut être pu mettre mes menaces à exécution si l'enseignante n'avait pas levé son carton rouge. Enfants et parents avaient été conduits dans le bureaux de la directrice pour se faire sermonner. Et les hommes devaient nous rejoindre là bas.

Dans la pièce, la décoration était simple. Les murs étaient tapissés de beige et quelques tableaux les ornaient. Il y avait un grand bureau couvert de paperasse. Une chaise derrière ce dernier et deux autres de l'autre côté. J'étais assise sur l'une d'entre elle. Sophia était assise sur mes genoux. Lorsqu'elle avait su que son père allait venir nous rejoindre, l'expression de son visage avait changé. Et elle changea encore lorsqu'elle le vit entrer dans la pièce. La petite avait baissé les yeux comme si elle avait peur qu'il la gronde. Un père "normal" l'aurait sûrement sermonné mais pas Kaen. C'était le gentil de notre couple et Sophia était clairement sa petite princesse chérie. Ces rôles s'expliquaient très facilement. Il avait simplement été toujours là pour elle, contrairement à moi. Il n'avait pas prit la fuite à la première difficulté qui s'était présentée. C'était ça qui faisait de lui un papa exemplaire et aimé de sa fille. C'était une histoire du passée et j'avais su retrouvé ma place, non sans mal. L'autre mère, en voyant que c'était mon homme le premier arrivé, avait ouvert sa grande bouche. Elle s'enfonçait toute seule.. Parents irresponsables. Histoire qui va se terminer dans la violence. Si nous en venions aux mains, ils n'avaient aucune chance. Deux simples humains ne pouvaient pas faire le poids contre un démon de feu et une élémentaire de glace. Kaen ignora royalement la ménagère pour se diriger directement vers Sophia et moi. En quelques mots, et rapidement, je lui expliqua le pourquoi de notre venue avant que n'arrive le père du gamin mal élevé.

Ce dernier était grand. Il avait bien une tête de plus que l'autre homme de la pièce. Et contrairement au brun, il était tout en muscle. Tellement que s'en était moche à voir. On devinait ses pectoraux, ses abdos et autre muscles sous sa veste. Heureusement que Kaen n'était pas comme ça ! Je n'aurais sûrement pas succomber sous son charme dans ce cas là. De plus, on savait très bien que l'habit ne fait pas le moine. Cet homme pouvait avoir toute la force qu'il voulait, le brun n'en ferait qu'une seule bouchée. Enfin c'est ce que je pensais.. A peine débarqué, l'inconnu avait frappé assez violemment mon homme qui bloqua le coup de justesse avec ses bras. L'attaque n'était pas dénué de force puisqu'il glissa de quelques mètres. Ce type était aussi poli que sa femme et son bambin ! Et pis il prit la parole pour tenir le même discours que son épouse. Sophia était un petit monstre éduquée par une femme ayant la même nature. Que nous étions, je cite, de la pourriture à l'état pur et que nous devions "dégager" pour ne pas influencer les autres enfants. Dès qu'il avait ouvert sa bouche rempli de venin, j'avais posé mes mains sur les oreilles de la petite. Elle n'avait pas à entendre ces horreurs. C'était une enfant comme les autres, bien qu'un peu spéciale. Pour Kaen, ce fut de trop. Je le vis directement dans ses yeux. Je n'eus cependant même pas le temps de réagir qu'il avait déjà saisis le cou du mal élevé. De la fumée se dégageait déjà de ses doigts et lorsque la vapeur laissa la place à de vrai flamme, c'était un peu trop.

- "Ça suffit Kaen ! Ne fait pas n'importe quoi devant Sophia !"

"Remercies ma fille de te sauver la vie. Si je revois ta sale face devant la mienne, celle de ma femme ou de ma fille je m'occuperais personnellement de toi pour que tu rejoignes ton fils à l’hôpital raclure."

Heureusement, les mots avaient suffit à calmer le brun. L'excuse de notre fille était bien la seule à faire ça. Après tout, il ne fallait pas l'habituer à la violence. Et c'était une excellente raison pour se calmer. En plus, nous avions, en quelque sorte, gagner cette manche. Le papa de l'autre enfant avait eu tellement peur qu'il avait souillé son pantalon. Pendant que Kaen s'excusait auprès de la directrice pour son comportement et lui assurait que ce genre d'accident n'arriverait plus, je tirais discrètement la langue à l'autre vieille femme pour l'enfoncer un peu plus. Ça lui apprendra à tenir des propos malveillants. A mon tour, je présentais ensuite mes excuses à la directrice, avec Sophia qui en fit autant avant que nous rentrâmes tous les trois à la maison.

Lorsque nous quittâmes l'école, la petite était entre nous deux et nous donner sagement la main. Même si elle n'était pas complètement fautive, il faudrait quand même la gronder un peu. Histoire qu'elle ne recommence pas. La question serait plutôt qui prendrait le mauvais rôle. Kaen ou moi. Même si ça serait sûrement nous deux. Comme toujours. En cours de route, l'enfant se détacha de nous pour s'amuser à sauter à pied joint ou à cloche pied sur les dalles de pierres délimitant le chemin que nous empruntions. Elle était vraiment mignonne cette petite. Bien loin du "monstre" que les adultes de tout à l'heure avaient décrit. Pendant que Sophia jouait devant nos regards bienveillants, le brun me posa une question. Est ce que j'aurai craqué et tué ces deux personnes si il n'était venu. La question n'était pas facile. Je m'étais emportée, c'était vrai. Mais je ne pensais pas tuer un individu sous les yeux de ma fille. En plus, si j'avais fait ça, c'était leur donner raison sur le fait que nous étions des monstres. En serrant un peu plus fort sa main, je lui répondis:

- "Oui je me suis emportée, mais je ne penses pas que j'aurai été aussi loin. Surtout devant Sophia. Mais j'aurai bien geler leur grande bouche pour qu'ils la ferment une bonne fois pour toutes. Et pis, je crois que t'as bien failli faire une bêtise aussi je te signale."

Nous finîmes par rentrer à la maison dans la joie et la bonne humeur. La petite avait gardé la tête du trio, de sorte que nous puissions quand même la surveiller de loin. Le papa et la petite allèrent s'amuser ensemble pendant que j'allais préparé le dîner. Cliché ? Un peu oui. Mais il s'avérait que c'était rarement qui faisait à manger. Kaen avait toujours été plus doué que moi, même si avec le temps j'avais fait quelques progrès. J'ouvris le frigo avant de sortir les ingrédients nécessaires à la préparation. Carottes, tomates, oignons, pâtes et viande hachée. Oui ce soir, ce sera pâtes bolo. Simple mais efficace. Lorsque je fus à la moitié de la confection du repas, le brun vint me rejoindre. Discrètement. Ses mains se glissèrent furtivement sur mon ventre pendant que son torse se collait à mon dos. Un baiser plus tard, je lui demandais si il avait déjà parlé de l'accident à Sophia et si il pouvait mettre la table.

L'accident scolaire de Sophia avait été résolu non sans mal. Assez justement, Kaen s'était énervée contre le mari de l'autre vieille femme qui était la mère de l'enfant que notre fille avait blessé. Il avait suffit d'un mot pour calmer le brun qui était près à faire LA bêtise d'en venir aux mains devant sa progéniture. Nous nous étions ensuite tous excusés auprès de la directrice de l'école en promettant que ce genre de situation n'arriverait plus. La petite famille finit par rentrer tranquillement chez eux. Sur le chemin, le papa demanda à la maman si elle aurait pu tuer de sang froid sur un excès de colère. Je lui répondis que non, surtout devant les yeux innocents de la petite. Arrivée à la maison, c'est moi qui me mit derrière les fourneaux pendant que les deux autres allèrent jouer à l'extérieur. Je faisais rarement la cuisine puisque c'était Kaen qui excellait là dedans. Mais je devais progresser, et pour cela, je devais pratiquer. Je sortis les ingrédients avant de les préparer. C'est lorsque j'eus quasiment terminé que le brun réapparut. Il s'était glissé dans mon dos, et après un rapide baiser, je lui avais demandé si il avait déjà parlé de l'incident à Sophia et si il pouvait mettre la table. Il s'exécuta sans râler en répondant qu'il ne pensait pas qu'elle doive savoir pour ce genre de chose. Il n'était pas nécessaire qu'elle sache qu'elle doit à tout prit éviter d'utiliser ses pouvoirs devant des humains ? Il se fichait de moi là ? Il voulait qu'elle continue à se faire traiter de monstre ? Qu'elle se fasse virer de l'école ? Qu'elle se fasse exclure de la société comme j'avais pu l'être dans mon ancien village ? Il n'en était pas question ! Si ce n'était pas son père qui allait lui en parler ça serait moi ! Pendant que je réfléchissais à comment aborder le sujet avec la petite de quatre ans, le jeune papa me prit de cours en me pinçant les fesses. Son action me fit sursauter. Quel baka celui là quand il s'y mettait !

Une fois toute la petite famille à table, je servis tout le monde. D'abord Sophia, qui semblait être la plus impatiente, puis Kaen avant de terminer par moi. Ceci fait, je m'installa et le dîner débuta dans le calme. Le brun me fit même un compliment sur la réussite de mon plat. J'avais détourné le regard, un peu gênée mais ses mots me firent très plaisir. J'étais rarement complimentée sur la cuisine, alors quand ça arrivait j'étais contente. Et pis, c'était un repas que je ne pouvais pas rater. Puis, la petite posa une question assez étrange. Pourquoi ne pouvait elle pas créer des flammes comme son papa. C'était légitime qu'elle veule savoir mais il avait développé ses pouvoirs que récemment à cause d'un concours de circonstances. Si la garce n'était pas venue, Kaen serait toujours l'humain que j'ai connu et je n'aurais pas eu cette vilaine cicatrice sur l'avant bras. Enfin.. Ce n'était pas ça qui allait changer mes sentiments pour lui. Ça rendait juste notre vie encore un peu plus mouvementé qu'elle ne l'était déjà. Le brun répondit à l'enfant qu'elle avait juste hérité des pouvoirs de sa maman et de sa beauté. Avait il quelque chose à réclamer ou à demander ce soir pour me complimenter autant ? Ça ne m'étonnerait même pas.. Le silence retomba ensuite dans la pièce, jusqu'à ce que je le rompt pour revenir sur le sujet de l'accident:

- "Ma puce, concernant ce qui s'est passé à l'école tout à l'heure, tu ne dois plus utiliser tes pouvoirs là bas. Même si on t'embête ou qu'on dise des méchancetés. Je t'apprendrais à te contrôler, et papa à te défendre sans en user. Et si ça ne suffit pas, nous irons voir les parents de ceux qui t'embêtent pour qu'ils arrêtent, d'accord ? C'est pour ton bien."

Je n'étais pas certaine que la petite avait tout compris mais elle acquiesçât avant de reporter son attention sur son assiette de pâtes. Le repas se termina sur l'enfant qui luttait contre le sommeil, toujours assise sur la chaise. Ses petits yeux se fermaient et se rouvraient deux secondes plus tard. Elle était vraiment trop mignonne.. Son papa la prit dans ses bras pour la mettre au lit pendant que je m'occupais de débarrasser la table. La vaisselle attendrait le lendemain. Pour une fois que la soirée promettait d'être calme, ce n'était pas pour s'embêter avec les tâches ménagères. Kaen me rejoignit quelques minutes plus tard dans le salon. Il s'installa sur le canapé avant que je ne lui apporte une part de gâteau qui restait dans le frigo. J'en avais pris un aussi. J'étais venue m'assoir à côté de lui. La tête contre son épaule, les pieds sur le canapé. Nous mangeâmes tranquillement notre dessert qui n'était pas terrible. Un peu dur et trop sec. Nous restâmes l'un contre l'autre pendant de longues minutes. Par moment, nos mains se baladaient tendrement sur le corps de l'être aimé, sans pour autant aller jusqu'à nous échauffer, nos lèvres s'effleuraient dans des baisers passionnés. Prise d'une subite envie, je me leva pour allumer la radio. Je ne mis pas le son trop fort afin de ne pas réveiller Sophia. La musique était assez lente et douce. Idéale pour danser un slow. Oui c'était une envie étrange mais autant profiter de la tranquilité ambiante du moment pour réaliser ses rêves éphémères non ? Après m'être rapprochée de mon homme, je lui tendis ma main:

- "Tu m'accordes une petite danse Kaen ?"

L'expression de son visage montrait sa surprise. C'était vrai que je le prenais un peu de court. Mais pouvait il vraiment me refuser ce petit caprice ? Après tout, nous n'avions jamais eu l'occasion de danser ensemble. Il y avait bien eu un bal à l'école où nous avions étudié mais différents évenèments nous avaient contraint à le rater. Et puis Sophia était arrivée, la vie de parents avait commencé et les problèmes avaient continué à nous suivre à la trace. Alors pour une fois, prenons du temps juste pour nous deux. Bien qu'un peu réticent, le brun accepta mon invitation en prenant ma main dans la sienne. Nous nous écartâmes du canapé pour ne pas se cogner contre lui. Une fois à bonne distance de tout les meubles, je vins me coller à mon homme. Mes mains glissèrent autour de son cou, pendant que les siennes se posèrent sur mes hanches. Ma tête alla rejoindre mes mains dans son cou. Et sur le rythme de la musique on se laissait entraîner. Un pas à droite, un pas à gauche. C'était lent mais doux. Puis l'air changea. Il devint un peu plus rapide et sec. Là, Kaen dévoila tout son talent de meneur. Je ne savais même pas qu'il savait danser comme ça ! La danse se termina lorsqu'il me fit basculer en arrière comme un pro. Dès qu'il me redressa, je pris possession de ses lèvres sans avoir l'intention de le lâcher. Bien qu'entre deux respirations, je sus lui murmurer un "je t'aime" des plus sensuelles. Inutile de dire que la soirée en amoureux se termina au lit. A vous d'imaginer si ils étaient trop fatigués pour faire quoique ce soit, ou si la chaleur et la passion les avaient envahis. En tout cas, c'est l'un contre l'autre que les deux adultes s'endormirent.