Des vacances. [Terminé]

Quelques mois s'étaient passés depuis les accidents. Celui de la garce et de la "bagarre" à l'école. Les vacances scolaires d'avril étaient arrivés et nous avions décidé de les passer à la mer.  C'était Kaen qui avait eu cette idée. Je n'étais pas particulièrement contre mais passer le plus clair de mon temps exposée au soleil me gênait un peu. Enfin, je n'aurai qu'à rester sous le parasol ou dans un bâtiment pendant que le père et sa fille batifoleraient dans l'eau. Et pis, ça serait le baptême de la petite, je ne pouvais donc pas refuser. Le brun m'avait demandé de faire un peu de ménage avant de partir pendant qu'il finalisait les valises. J'en avais profité pour faire le tour des pièces et vérifier que rien n'avait été malencontreusement oublié. Sophia, elle, était aussi excité qu'une puce d'aller enfin voir l'océan. C'était assez drôle à voir et elle était tellement adorable qu'elle nous faisait craquer, nous les parents. Alors que nous finissions de tout préparer, Kyu entra dans la demeure pour nous dire qu'il ferait un bout de chemin avec nous. Super.. Ça promettait d'amener son lot de problème.. Je sentais déjà le truc venir... Rien qu'en voyant le moyen de locomotion.. Un carrosse.. Rien que ça.. Bien sur, la petite était ravie. Kaen et moi, un peu moins. L'enfant avait pris place à l'avant de l'attelage avec son oncle, pendant que nous étions à l'intérieur avec le brun. Cela nous laissait encore un peu de temps juste pour nous deux. Assis l'un à côté de l'autre, j'avais laissé ma tête se poser contre son épaule, tandis que nos mains s’entrelaçaient sur mes genoux. Le trajet dura environ deux heures avant que nous n'arrivions au port où nous devions prendre le bateau afin d'atteindre l'île de nos vacances.

Tous le monde descendit du carrosse. Les deux hommes se serrèrent simplement la main en guise d'au revoir. Puis lorsque vint l'heure de saluer les deux demoiselles, Kyu eut une attitude étrange. Il avait prit ma main dans la sienne, et en s'inclinant un peu, il dit qu'il espérait que je m'amuse bien avec "Monsieur". Le tout en déposant un baiser sur ma paume. Je détournai la tête. C'était gênant ! Surtout devant Kaen quoi ! Heureusement qu'il s'agissait d'un ami sinon je ne donnais pas cher de sa peau. La seconde demoiselle sembla jalouse du traitement de faveur que j'avais reçu puisqu'elle réclama énergiquement la même chose. Le démon la prit alors dans ses bras pour lui embrasser la joue en guise d'au revoir. Il était déjà l'heure pour nous de prendre le bateau pour rejoindre l'île de nos vacances. Le trajet dura une petite demi-heure et se déroula sans le moindre souci. Arrivée à destination, c'était comme dans un livre. Plage de sable fin et blanc, cocotier, palmier et le bruit des vagues. Le plus étrange était que le lieu semblait désert. Personne à l'horizon à l'exception de ceux qui venaient de débarquer du ferry. De nombreux panneaux indiquant la direction à suivre étaient la seule preuve de l'activité de l'endroit. Sur la plage, il y avait des cabines pour pouvoir se changer à l'abri des regards indiscrets. C'est là que la petite famille se dirigea, contrairement aux autres vacanciers. Autant profiter des lieux tant qu'ils étaient au calme. Kaen alla avec sa fille pour la changer tandis que je prenais de quoi en faire de même. Enfermée dans la cabine, je sortis de mon sac de voyage le maillot de bain. Imaginez ma tête lorsque je découvris qu'il s'agissait d'un bikini noir. Simple mais suffisamment court pour couvrir peu de chose... Il se fichait de moi ! Et en plus en rajouta en se pointant, mine de rien en me demandant si le maillot me plaisait. Je le détestais quand il me jouait ce genre de tours... Vraiment. Je me vengerais et ça sera tant pis pour lui.

"Aller Sophia on laisse maman finir de se préparer. Je vais t'apprendre à nager correctement d'accord ?"

Oui c'est ça, qu'il s'éloigne avant que je ne le massacre ce baka fini ! Osez me faire un coup pareil ! Ça ne m'étonnait pas de ma part mais quand même ! Dans un long soupir d'exaspération je finis par me changer. Je n'aimais vraiment pas... Mes cicatrices au ventre, à l'avant bras et celles dues au mauvais traitement étaient beaucoup trop visibles là.. Ça me gênait de me dévoiler de la sorte. Déjà que uniquement devant ma famille c'était dur alors en face de tous, c'était un supplice. Après un dernier soupir, je sortis enfin. Kaen avait déjà installé un parasol et les serviettes sur le sable. Il était en train d'étaler de la crème sur la petite pour qu'elle n'attrape pas un vilain coup de soleil. Sophia avait un adorable maillot de bain une pièce bleu clair, des lunettes de plongées sur son front et une bouée "coin-coin" autour de la taille. Comment une si mignonne créature avait elle pu sortir de mon ventre ? C'était vraiment incompréhensible. Je m'approchai de mes deux amours. Le brun termina ce qu'il était en train de faire avant de se tourner vers moi pour me proposer le même traitement. Il pensait vraiment que j'allais chopper un coup de soleil ? J'étais de la glace. Je ne risquais pas des rougeurs mais juste de fondre. J'allais lui dire que ce n'était pas la peine lorsque la petite appuya son père en disant que c'était chacun son tour et qu'après l'homme de la famille y passerait aussi. Comment refuser dans ce cas là ? Je m'assis sur le sable, et c'est ainsi que je me retrouva prise en sandwich. Entre le papa qui me tartinait le dos et la fille qui s'occupait du devant. Heureusement que c'était dans cet ordre là. Le brun ne pouvait pas en profiter pour laisser ses mains voyageaient à droite ou à gauche. Et ainsi je pouvais surveiller la couche de crème qu'utilisait l'enfant. Je disais à la petite lorsqu'il y en avait trop et l'aidait à bien l'étaler en laissant mon homme s'occuper du dos en mimant les mains expertes d'un masseur. Puis ce fut à son tour de subir le traitement protecteur. Et il n'avait pas d'excuses !

- "C'est au tour de papa, hein Sophia ?"

La petite acquiesçât avec un grand sourire avant d'aller dans le dos, tandis que je prenais le devant. Mes doigts imprégnaient soigneusement sa peau de crème. Chaque parcelle de son torse y eut droit. Et le bout de son nez. Rien n'était épargné. C'était pour son bien après tout. Et il l'avait cherché. Lorsque j'eus terminé mon côté, je jetai un coup d'oeil à ce qu'avait pu faire la plus jeune. Partout. Elle en avait mis vraiment partout. Partout. Vraiment. Je m'attelais à alléger tout ça. Cela me prit quelques minutes pour tout faire pénétrer. Mais ça avait permit au brun d'avoir droit à un mini massage. Puis, une fois tous le monde fin près, nous nous jetâmes à l'eau. J'étais presque dans mon élément puisque la température était relativement haute. Sophia flottait sans problème grâce à sa bouée et je l'éclaboussais doucement, histoire de ne pas développer chez elle une phobie. Il suffisait d'un seul évènement traumatisant pour tout gâcher. Nous, parents, savions de quoi nous parlions. Lorsque je sentis qu'elle était bien habituée à l'eau, je l'attrapa par la taille pour la soulever et la lancer vers son papa. Bien sur, avec la bouée, sa tête n'alla même pas sous l'eau. Elle sembla même apprécier puisqu'elle en redemanda à son paternel. Je resta dans l'eau avec eux une bonne demi heure pour jouer avec la petite et Kaen. Après tout, c'était rare d'avoir un moment aussi tranquille. Alors, autant en profiter tant qu'on le pouvait.

J'avais laissé les deux grands enfants s'amusaient ensemble. J'étais repartie sous le parasol parce que, mine de rien, le soleil tapait assez fort. Même dans l'eau j'avais senti la chaleur. C'est pour ça qu'un peu d'ombre me ferait le plus grand bien. Je bus une gorgée d'une bouteille d'eau que j'avais pris dans la glacière avant de m'allonger sur ma serviette. Bien sur je gardais un oeil sur mes deux amours. Pas que je n'avais pas confiance en Kaen mais deux regards valaient mieux qu'un. Surtout lorsqu'on parlait d'un enfant et de l'océan. Le jeune papa tenait les mains de sa fille qui faisait la planche en battant des pieds. Les vagues la gênaient dans sa progression mais elle se débrouillait. Et pis, si elle en avait marre de nager, elle pouvait toujours venir faire des châteaux de sables. J'étais tranquille, jusqu'à ce que l'on vienne tout gâcher.

- "Mademoiselle ? Je peux m'installer ici ?"

C'était un homme qui venait de m'adresser la parole. Assez séduisant et jeune. Entre dix huit et vingt ans. Des cheveux blonds, des yeux bleus. Grand et avec des courbes à faire tomber toutes les filles. Le cliché de l'homme européen en somme. A sa question, j'avais juste haussé les épaules. Je m'en fichais qu'il s'installe là ou ailleurs. Ce n'était pas le genre d'individu qui m'intéressait. Sauf que j'aurai peut être du l'envoyer balader et lui dire d'aller poser sa serviette loin de moi. A peine installé, qu'il commençait à me faire la causette:

- "Il fait beau aujourd'hui n'est ce pas ? Vous ne bronzez pas ? Ah mince alors, j'ai oublié ma crème solaire.. Je peux emprunter la votre ?"

Il se fichait de moi là ..? Il ne savait pas se taire un peu ?! Je m'en contre fichais de sa vie ! C'est ça que je garda le silence. Mon regard restait fixé sur les gestes de Sophia et sur ceux de son papa chéri pour ignorer l'inconnu. Sauf qu'il persista :

- "J'ai vraiment de la chance aujourd'hui. Mes potes m'ont lâché sans prévenir alors qu'on devait se retrouver ici, et voilà que je me retrouve au côté d'une ravissante jeune femme. Et si on allait prendre un verre tout les deux dans ma chambre ?"

- "Je ne suis pas intéressée. Je suis déjà fiancée."

- "Ah bon ? Je ne vois aucune bague à ton doigt et encore moins un homme à tes côtés. Allez viens. Tu ne seras pas déçue."

Déjà lorsque j'avais dit que j'étais fiancée, je m'étais levée pour remballer rapidement nos affaires et m'éloigner de ce mec louche. Malgré mon refus, il insista. Il alla même jusqu'à m'attraper le poignet lorsqu'il m'avait dit de venir avec lui. Je le força à me lâcher la seconde d'après avec "Lâchez moi." accompagné d'un regard noir. J'étais déjà prête à le geler sur place si il tentait encore une fois de me toucher mais Kaen intervint avant.

Des vacances. La petite famille avait enfin trouvé le temps de prendre des vacances pour se reposer de toutes leurs mésaventures. Nous nous étions rendus sur une île touristique assez réputée pour ses plages de sables fins. Nous espérions enfin passer un moment tranquille juste tout les trois, et ça s'annonçait plutôt bien. Arrivée sur les lieux nous nous étions directement dirigés vers la mer où nous nous sommes changés. Kaen m'avait bien eu en apportant dans nos valises qu'un simple bikini noir pour moi. Nous nous étions tartinés de crème solaire avant de prendre un bain qui dura une bonne demi heure pour moi. Sophia et son papa avaient continué de jouer dans l'eau. De retour sur la plage j'avais été abordé par un homme, séduisant certes, mais qui n'était pas du tout mon genre. Et pis, j'étais déjà prise. Je l'avais d'abord ignoré, en espérant qu'il se lasse et me fiche la paix. Mais non. Il insista encore et encore, allant même jusqu'à me retenir physiquement lorsque je tenta de m'éloigner. Je l'avais fais lâcher mon poignet d'un coup sec. J'étais prête à le congeler sur place quand mon homme intervint. Il le fit "gentiment". Juste en posant sa main sur l'épaule de l'inconnu en lui demandant si il y avait un problème. Ça c'était en apparence. A cela s'ajoutait le fait qu'il dégageait une aura meurtrière. Légère certes, mais suffisante pour faire peur à l'autre type, qui s'en alla sans dire un mot de plus. Le brun se tourna vers moi pour me demander des détails sur ce qui s'était passé. Je lui répondis simplement qu'il était un dragueur un peu trop collant. Rien de plus, rien de moins. Il ne manqua pas l'occasion de me taquiner concernant ma tenue, ce à quoi je répliqua:

- "Il me va tellement bien que je suis épiée par d'autres hommes que toi !"

Bien que dit sur le ton de la plaisanterie, j'étais sérieuse. Je n'aimais pas ce genre d'accoutrement et il le savait. Après avoir dit que je lui appartenais, ses lèvres finirent par s'approcher des miennes pour partager un baiser. En me rapprochant de lui pour l'approfondir, ses mains avaient glissé sur mes hanches, un peu comme pour me prouver qu'il ne me laisserait pas m'échapper. Les miennes allèrent trouver leur bonheur autour de son cou. Cet instant de tendresse ne dura que quelques secondes puisque Sophia, jalouse d'avoir été mise de côté vint nous séparer en s'introduisant entre nous. Son action me décrocha un sourire. Qu'est-ce qu'elle était mignonne notre petite fille. Kaen prit le chapeau de l'enfant et le parasol pendant que je prenais le reste de nos affaires pour nous rapprocher du pan de sable qu'elle avait commencé à travailler seule. Nous déposâmes le tout avant de nous mettre à l'oeuvre. La plus jeune entassait le sable dans un seau, pendant que le papa allait chercher de l'eau. Moi, je m'occupais de démouler. C'était un travail minutieux, et il n'y avait qu'une femme pour le faire. Malheureusement, malgré tout nos efforts, l'océan, avec la marée avait emporté notre beau château. Cela sonna aussi l'heure de rentrer à l'hôtel.

Ce dernier était à quelques minutes à pied de la plage. C'était un grand bâtiment qui se mariait assez bien avec son environnement. L'intérieur était principalement fait de bois. Quelques peintures étaient accrochées au mur mais rien de plus. Arrivée à l'accueil, on pouvait voir que un bon nombre des touristes qui avaient débarqué avec nous avaient déjà réservé leur chambre et qu'il n'en restait plus beaucoup. Nous fîmes accueilli de manière assez froide. Aucune politesse dans les mots de la réceptionniste. Elle donnait vachement envie de revenir... Elle nous remit la clé de notre chambre qui se trouvait au troisième étage. Chambre 21. A l'intérieur un seul grand lit. Ce qui voulait dire que Sophia dormirait avec nous tout le temps que nous resterions ici. Et cela sembla la ravir. Kaen fit aussi remarquer que nous avions pris des couleurs. C'était vrai pour lui. Pour Sophia. Mais pas pour moi. J'étais faite de glace, ma peau resterait blanche, même après x temps au soleil. Malgré tout, il me prouva le contraire avec la légère marque laissée par le bikini. Après m'avoir prouvé que j'avais tort, le brun sortit pour aller chercher de quoi manger. Pendant ce temps, j'allais faire prendre son bain à la petite. J'avais fait couler l'eau et je commençais tout juste à la déshabiller lorsque j'entendis du bruit à l'extérieur de la pièce. Je dis à Sophia de terminer toute seule mais d'attendre mon retour pour aller dans l'eau. La porte à peine ouverte, j'eus un énorme haut le coeur. Les murs du couloir était recouvert de sang et une tête, loin d'être inconnu, complètement détachée de son corps avait volé un peu plus loin. C'était le type qui m'avait dragué à la plage.. Heureusement que l'enfant n'était pas sortie avec moi.. La main posée sur ma bouche, je posai mon regard sur Kaen qui était lui aussi couvert de ce liquide rouge, l'air de demander ce qui s'était passé.

"C'est pas moi, regardes son cou la coupure est net, j'aurais pas pu faire ça sans une fine lame."

On ne connaissait pas encore toute l'étendue des nouveaux pouvoirs du brun, donc peut être qu'il aurait été capable de faire une coupure si net. Mais il ne l'aurait pas fait de cette façon, et je le croyais. Il n'avait aucune raison de me mentir de toute façon. La menteuse dans notre couple c'était moi, pas lui. Nous rentrâmes tout les deux dans la chambre. L'homme se dirigea vers la fenêtre pendant que je retournais voir la petite. Je l'autorisai à entrer dans l'eau tiède du bain avant de ressortir à l'appel du brun. Je laissais la porte ouverte pour pouvoir garder un oeil sur les gestes de ma fille. A mon tour je regardais par la fenêtre pour voir l'horrible spectacle. Une dizaine de cadavre jonchaient le sol, autant charcutés que celui dans le couloir. Nous n'étions pas censé passer des vacances tranquille, loin des ennuis ?! Ce n'était pas possible d'être autant maudit ! Encore que ça passerait si nous n'étions que tout les deux mais cette fois il y avait Sophia. Une enfant de quatre ans incapable de se défendre. Et il était hors de question qu'elle voit des choses qui risqueraient de la traumatiser à vie. Il n'était pas non plus question de s'en mêler tant que nous n'étions pas attaqués. C'était peut être juste un règlement de compte entre des trafiquants ? Le brun exposa sa théorie. Une bande de pirate qui tenterait de voler l'argent de l'hôtel. L'idée est plausible mais dans ce cas comment auraient ils pu tuer le dragueur sans qu'il ne le voit ? A moins d'être invisible, c'était impossible. Je balançais un tissu propre à mon homme pour qu'il essuie tout le sang. Sophia n'avait pas à voir ça. Pendant qu'il s'y attelait, la petite se mit à crier:

- "Maman ! Je peux sortir ?"

J'allai dans la salle d'eau pour aider la petite fille à sortir, à s'essuyer et à mettre son pyjama. A peine rhabillée, qu'elle alla se jeter dans les bras de son papa pour avoir un gros câlin. Heureusement que je lui avais demandé de s'essuyer... Je fermais les rideaux avant de vérifier que la porte était bien verrouillée avant de participer à leur étreinte. Puis tout le monde alla au lit. Sans même se concerter, l'enfant se retrouva entre nous deux. Le réflexe de protection par excellence. La petite s'endormit rapidement. Visiblement la journée l'avait épuisé. Kaen et moi avions eu beaucoup plus de mal à s'endormir. J'avais la trouille. Pas pour nous mais pour Sophia. Nous avions l'habitude de ce genre de problème mais jamais nous n'avions mêlé notre fille à ça. Est ce qu'on saura la protéger en même temps que nos propres vies ? Est ce qu'on saura lui éviter les blessures et les visions d'horreurs ? J'en doutais fortement. Nous n'avions pas de chance et ça allait continuer. Le pire allait encore arriver et l'on n'y pourrait rien y faire. Ma main attrapa celle de mon amoureux pour y chercher sa chaleur qui savait si bien me rassurer. Lui semblait être plus serein. Je le sentais à son pouls. Il avait du se convaincre que ça ne pouvait qu'être des pillards des mers. Je finis par m'endormir à mon tour.

C'est un cri strident qui venait de retentir dans tout l'hôtel qui nous réveilla en sursaut. Sophia dormait encore. Son sommeil devait être profond et c'était tant mieux. Avec Kaen on se leva avec précaution. C'est en chuchotant que je lui dis que j'allais voir ce que c'était et qu'il devait veiller sur la petite. Hors de question de la laisser toute seule une seconde. Lentement je sortis de la chambre avec une petite lampe de poche. Même avec cette faible lumière, il fait horriblement noir. Les murs du couloir n'avaient pas été nettoyés et la tête était toujours à la même place que tout à l'heure. L'odeur du sang était omniprésente et forte. C'était vraiment une chance qu'elle n'atteigne pas la chambre. J'avançais prudemment. Tout était silencieux et l'atmosphère était lourde. Ça en donnait presque la chair de poule. Au bout de longues minutes j'entendis du bruit qui provenait d'un peu plus loin. Mon coeur rata un battement lorsque je vis ce qui se passait. Une mante religieuse à taille humaine était en train de tirer un homme hors de sa chambre. Ce dernier était visiblement inconscient. Sérieux Kaen, où est que tu nous avais emmené ?! L'insecte géant transperça le corps de l'individu de sang froid avant de commencer à le dévorer. Sans traîner une seconde de plus ici, je fis demi tour pour retourner dans la chambre. Rapidement mais le plus silencieusement possible. Ça craignait vraiment là ! En chemin je tomba nez à nez avec une autre bestiole. Un peu plus petite que la précédente mais avec une taille anormalement grande. Cette fois c'était ce qui semblait être une mouche. Je la gela, purement et simplement pour continuer ma route tranquillement. J'entrai dans la pièce en trombe. J'avais le visage pâle. On était vraiment dans de beaux draps là ! Tout en parlant, j'étais déjà en train de vider nos sacs pour prendre le strict minimum:

- "On a pas le temps de discuter Kaen, il faut vite partir d'ici. Je t'expliquerai en route."  

Nous avions à peine profiter d'une journée tranquille que les ennuis nous avaient déjà rattrapé. Arrivés à notre chambre d'hôtel, Kaen s'était gentiment proposé pour aller chercher de quoi dîner. Sauf qu'il ne ramena jamais rien. Un incident s'était produit juste devant notre chambre. Le dragueur qui avait osé m'approcher d'un peu trop près s'était retrouvé sans tête en moins de temps qu'il ne fallait pour ne le dire. Le couloir avait alors prit la teinte rouge du sang. Alertée par le bruit, j'étais sortie pour avoir un bon gros haut le coeur. Le brun m'assura qu'il n'avait rien à voir avec ça et je le crus vu comment la coupure était nette. D'un accord muet, nous préférâmes rentrés à l'intérieur. C'était le plus sûr. Pour le moment en tout cas. Finalement, nous finîmes par nous endormir tout les trois dans le même lit, avec Sophia au milieu. Par pur réflexe protecteur. Malheureusement, la nuit fit courte pour les parents. Un horrible hurlement les réveillèrent en sursaut. Par chance, la petite n'avait rien entendu. J'avais alors décidé de partir en éclaireur, pendant que le papa veillerait sur sa fille endormie. Après quelques minutes d'enquête, j'avais compris l'origine des cris  et le pourquoi. Et ça craignait vraiment pour nous. Des bestioles géants avides de chair humaine.. On pouvait rêver mieux question vacances non ? J'étais rapidement retournée vers les êtres qui m'étaient chers pour dire que nous ne devrions pas rester ici une seconde de plus. Les détails du pourquoi s'expliqueraient une fois que nous serions en sécurité.

Je préparais rapidement nos bagages en les allégeant rapidement. Au revoir petit bikini et autre vêtements qui n'étaient pas adapter à la situation. Pendant que je faisais ça, le brun prenait la petite sur son dos en essayant de ne pas la réveiller. Moins elle en voyait, mieux c'était. Vraiment. Prudemment nous sortîmes de la chambre. Je serais bien passée par la fenêtre pour être directement dehors mais Kaen n'était pas d'accord avec ça.. Allez savoir pourquoi. Du coup, nous avons pris la route, à nos risques et périls. Sur le chemin, il n'y avait plus aucun bruit. Rien du tout.. S'en était presque inquiétant. Non. Ça l'était même tout court. Savoir que ces créatures disparaissaient aussi rapidement sans laisser de trace autre que le sang de leur victime, ça foutait vraiment la trouille.. J'en avais même des frissons. Je sentais déjà que ça allait être difficile pour nous... Lorsque nous arrivâmes à l'accueil sans encombre, on retrouva le réceptionniste. Ce dernier était assis sur une chaise, le regard vide. Mon amoureux le toucha et il tomba au sol. Mort. Au niveau de sa tête, il y avait un trou, d'où l'on pouvait voir qu'il manquait son cerveau. On avait encore bien choisi le lieu où nous trouver ... Pouvait on vraiment faire plus maudit que nous ..? Le papa pensait se rendre au port afin de reprendre le bateau et repartir illico presto. Sauf qu'il avait du oublier qu'il était reparti une fois que nous avions débarqué... Et qu'il ne reviendrait que dans quelque jours... Du coup, à moins de repartir à la nage, nous étions bloqué ici..

Après de longues heures de marches, nous avions fini par trouver un coin à l'abri. Dans une grotte derrière une cascade. Nous n'avions rencontré aucun signe de la présence d'autres êtres humains, ni une de ces horribles bestioles. C'était une chance puisqu'en cours de route Sophia avait fini par se réveiller. Elle avait naturellement demandé pourquoi nous étions dehors, et il avait fallu lui inventer une petite histoire pour qu'elle ne s'inquiète pas. Le papa lui avait alors dit qu'il faudrait qu'elle ne fasse pas de bêtises et qu'elle nous écoute attentivement puis il nous avait laissé entre filles pour aller chercher de quoi improviser un lit. Lorsqu'il revint, il ne manqua pas de me taquiner sur le fait que nous pourrions s'amuser ensemble dès que la petite serait sagement endormie. C'était dans ses rêves ça ! Déjà qu'en tant normal ça serait un non catégorique, là c'est encore pire. Lorsque j'allais répondre à sa taquinerie, je fus interrompue par l'enfant:

- "J'ai faim."

C'était vrai que nous n'avions rien mangé depuis ce midi.. Il était normal qu'elle réclame, même si ce n'était pas le moment. Je soupirais avant de lui dire que j'irai chercher de quoi manger. Kaen était un homme de la ville, je doutais un peu de ses capacités à choisir les bonnes plantes pour manger. L'enfant insista pour venir avec moi. Pour apprendre et se dégourdir les jambes. Un soupir m'échappa encore. Dans ce cas le brun vint avec nous. Deux adultes pour protéger un enfant c'était mieux qu'un seul. Et pis, nous étions plus fort ensemble. On ne s'éloigna pas trop de notre cachette. Sophia tenait fermement la main de son père pour qu'elle ne se perde pas, pendant que j'ouvrais la marche. Il faisait noir donc nous devions faire attention à ne pas nous perdre de vue. Je m'arrêtais dès qu'un buisson portait des fruits comestibles. Jusqu'à ce que je me retrouva nez à nez avec une de ces horribles bestioles. Elle était vachement grande. Un peu trop même... Deux voir trois têtes de plus que moi. La plus jeune de nous trois se mit à hurler de peur. Je me tournai vers l'homme, avec un regard voulant dire "prends la petite et retournes à la cachette". Rapidement le froid grimpa. Je congelai vite fait bien fait le monstre avant de briser la glace, avec lui avec. Ce n'est qu'ensuite que j'allais retrouver ma famille. Sophia tremblait encore dans les bras de son papa. La pauvre petite.. Moi qui espérais qu'elle ne verrait jamais ce genre de chose.. C'était raté.. Je déposais les quelques fruits fraîchement ramassés avant de venir partager le câlin et la rassurer un peu.    

Comme nous aurions pu nous en douter, nos vacances, qui se voulaient tranquille, tournèrent au drame. Des insectes géants avaient attaqué tout les touristes qui nous avaient accompagné durant le trajet en bateau et aucun ne semblait avoir survécu à l'exception de nous  trois. Nous avions su fuir l'hôtel où nous devions passé la nuit sans nous faire prendre par les bestioles et avion trouvé refuge dans une caverne derrière une cascade. C'était bien le seul endroit où nous pourrions être à l'abri puisque nous pourrions voir nos assaillants arriver. Après tout il n'y avait qu'une seule entrée. Nous nous étions installés rapidement avant d'aller chercher de quoi manger. Nous avions fait vite pour éviter de tomber nez à nez avec l'un des monstres. Autant Kaen que moi ne voulions que la petite ne voit ce genre d'horreur... Mais malheureusement, ce qui devait arriver arriva. Sophia avait hurlé de peur. Quoi de plus normal pour une enfant de son âge.. Sans attendre, son papa l'avait pris pour la ramener illico-presto à la cachette pendant que je m'occupais du cas de la créature qui avait osé effrayer ma fille. Je le gelai d'un coup avant de le briser la seconde suivante. J'étais ensuite retourner auprès des membres de ma famille. Nous avions rapidement mangé. La petite avait perdu l'appétit, et encore choquée par ce qu'elle venait de voir, était venue se blottir dans les bras de ses parents.

Ce n'est qu'une fois calmée et rassurée qu'elle se décida à manger quelque chose. L'enfant était venue sur mes genoux puisque son père s'était relevé. Ce dernier s'amusait avec ses nouveaux pouvoirs. Il faisait apparaitre des flammes entre ses doigts et essayait de les modeler à sa guise. Son objectif semblait être une épée. Le brun parvint à y donner la forme mais il n'y avait aucune consistance. C'était vrai que depuis quelques temps, depuis que nous avions déménagé à vrai dire, il ne se baladait plus avec ses armes chéries. Pourquoi ? Je n'en savais rien et je sentais que c'était une question un peu tabou. Sophia, voulant imiter son cher papa s'était à son tour levée pour montrer ses talents de magicienne. La petite réussit du premier coup à former son arme en glace. Grossièrement certes mais elle y parvint. Kaen sembla plus que surpris de la réussite de sa fille. Au point qu'il me demanda si cela était normal à son âge d'en être capable.  

- "Ce n'est pas surprenant. Avec un peu de concentration c'est simple à faire. Et pis elle te voit toujours dans la remise en train de manier une arme donc elle a l'image en tête. J'étais capable de bien pire à son âge tu sais."

De plus, depuis qu'elle avait blessé l'un de ses camarades de classe, je l'avais pris en main. Je l'avais un peu entrainé. Pour qu'elle parvienne à se contenir en cas de colère. Mais aussi pour éviter les accidents. Rappelons qu'elle avait déjà blessé son père une fois. Le brun fit disparaitre la glace en la faisant fondre. Sophia était capable de faire apparaitre la glace mais pas encore l'inverse. Cela viendrait avec le temps et la patience. Les minutes passèrent jusqu'à ce qu'un nouvel élément s'ajoute au tableau et qui étonna la famille. Trois individus entrèrent dans notre cachette. Ces derniers étaient trempés jusqu'à l'os. Un homme d'une quarantaine d'années habillé avec un costume cravate. Il devait être une personne importante vu son allure et son tic de regarder toujours sa montre.. Encore un genre de noble... Le genre de personne que nous détestions... Il y avait aussi une femme au alentour de la trentaine. Grande, aux courbes parfaites et à la tignasse blonde. Elle pourrait être une mannequin que cela ne m'étonnerait même pas. Le dernier était celui qui me fit le plus de peine. Il n'était encore qu'un gamin, la quinzaine tout au plus. Son visage était blanc comme un linge et ses yeux étaient comme éteints. Kaen se proposa pour faire sécher leur vêtements trempés. Surtout pour la jolie jeune femme. Je l'imaginais déjà en train de lui faire des yeux doux pour l'amadouer. En plus, cet idiot au lieu d'allumer un feu, se servit de ses pouvoirs face à ces trois inconnus. Ne pensait il donc pas aux conséquences ?! Surtout dans de tels conditions ! Ces gens n'allaient ils pas s'imaginer que nous étions de mèches avec les bestioles à l'extérieur ? Je lui donnai un discret coup de coude dans les côtes pour lui faire la réflexion au creux de l'oreille:

- "N'utilises pas tes pouvoirs devant des inconnus!"

Cinq minutes plus tard, le brun était déjà endormi au côté de sa fille chérie. Il plaisantait là ? Il se fichait de moi non ? Comment pouvait il dormir dans de telles conditions ?! Des bêtes mangeuses d'hommes rôdaient dehors et menaçaient nos vies. Et en plus nous étions en compagnie de trois bonhommes qui ne m'inspiraient pas du tout confiance... Comment avaient ils pu survivre en étant de simples humains ? Kaen et moi étions des monstres donc c'était normal d'être encore là mais eux ! Cette race ne pouvait pas se déplacer sans bruit, gérer ses émotions ou même s'entendre dans un moment difficile. C'était clairement impossible qu'ils en fassent partie... Et Kaen qui dormait comme si de rien n'était ! Sophia je comprenais, ce n'était qu'une enfant mais son père ! Il avait conscience du danger lui ! Jamais je n'allais pouvoir trouver le sommeil. Je me devais de veiller sur eux. Qui le ferait sinon ? Je soupirais. Non pas agacée par le comportement de mon amoureux mais plutôt à cause du quadragénaire qui râlait. Il n'arrêtait de beugler que nous devrions trouver des armes pour être en mesure de se défendre. Pensait il réellement que de tels objets se trouvaient ici ? Nous étions sur une île entièrement basée sur le tourisme, pas une ancienne base militaire ! Plus les mots sortaient de sa bouche et plus il m'agaçait. Surtout qu'il risquait de réveiller la plus jeune du groupe d'un instant à l'autre. La seconde femme du groupe commençait à paniquer. Elle disait que nous étions perdus et que nous n'avions aucune chance de survie. Que nous finirions tous comme son amie et les autres touristes. Plus qu'énervée, j'avais finis par me poster devant l'homme pour lui attraper le col.

- "Vous allez la fermer oui ?! Si vous voulez tant vous procurer une arme, allez y ! On ne vous retient pas ! Allez donc un caillou pointu et un bâton de bois ! Non ? Alors posez vous quelque part et dormez ! C'est clair ?!"

Je le lâchai sans aucune délicatesse. Mais mon discours semblait avoir eu l'effet escompté. Il s'était enfin décidé à la fermer. Et les autres s'étaient calmés. Chacun était parti dans un coin et s'y était installé en silence. Moi aussi, je me suis retournée m'assoir à côté de la petite. Ainsi, elle était entourée de ses deux parents. J'allais veiller. Monter la garde. Et être aux aguets aux moindres bruits suspects. Discrètement j'avais "monter" une fine paroi de glace. Tellement fine qu'elle était invisible à l'oeil nu pour des humains ordinaires. De cette façon, aucune bestiole, aussi minuscule soit elle ne pourrait rentrer.

La nuit était tombée et nous avions su trouver refuge dans une grotte derrière une cascade. Nous étions seuls, juste tout les trois avant que trois autres individus viennent nous rejoindre. Un homme, une femme et un adolescent sans aucun lien de parenté. Kaen avait montré ses "talents" en dévoilant ses pouvoirs pour leur apporter de la chaleur, chose que je n'avais, naturellement, pas cautionné. Lui et moi avions une vision de l'utilisation de nos capacités totalement différente. Lui se fichait complètement du regard des autres. Moi, à l'avoir trop enduré, je préférais garder mes secrets au plus profond de mon coeur. Le jeune papa, visiblement pas préoccupé de notre sort, avait su s'endormir sans le moindre problème au côté de sa fille. Chose dont j'étais incapable. Déjà que nous étions entourés d'horribles bestioles et puis je n'avais pas confiance envers les trois inconnus. Je doutais fortement de leur humanité vu le spectacle qui s'était déroulé à l'hôtel. Plus les minutes passèrent et plus je sentais la colère monter. L'homme le plus âgé s'était mis à râler sur le fait que nous devrions aller à la recherche d'armes pour nous défendre. J'avais fini par m'emporter en le saisissant par le col pour lui dire ses quatre vérités, qui eurent l'effet escompté. En effet, le calme avait fini par revenir lorsque chacun gentiment s'assoir dans un coin de la cavité pour passer la nuit. J'en avais fais autant, en protégeant nos arrières. Une fine paroi de glace s'était formée à l'entrée de la grotte, et une autre autour de ma petite famille. Deux précautions valaient mieux qu'une. Néanmoins, ce n'est pas ça qui allait m'aider à trouver le sommeil.

Malgré tout, Morphée avait su m'attraper dans ses filets. Cependant, le sommeil ne m'avait pas retenu prisonnière très longtemps. Un bruit furtif à l'extérieur m'en avait sorti subitement. J'étais restée immobile, bien que j'étais prête à réagir à la moindre offensive. J'entendais mon homme bouger de son côté. Lui aussi avait du être réveillé par le bruit à l'extérieur. Ce dernier ne semblait pas l'avoir affolé plus que ça puisqu'il vint m'embrasser doucement, comme pour me rassurer. Ce serait mentir de dire que ça n'avait pas eu l'effet escompté. C'était bien la seule personne capable de ce genre d'exploit avec si peu de moyen. Lorsque nos lèvres se séparèrent, je n'avais pas réussi à lâcher sa main. Du coup, Sophia continuait à voyager dans ses rêves, encadrée par ses deux parents qui se tenaient la main au dessus d'elle. Nous devions être mignon vu de l'extérieur. Une vraie famille. Le restant de la nuit se déroula sans problème.

Au petit matin, la petite troupe se réveille en douceur. Par chance, un bateau devait arriver aujourd'hui dans la matinée, ce qui nous donnait une occasion de rentrer à la maison. Après avoir mangé les quelques fruits restants de la veille, nous prîmes la route. Nous traversâmes discrètement la forêt sans nous faire repérer. Sauf que, en arrivant sur la plage, nous avions tous reçu une grosse claque. Cette dernière était bondée ! Des dizaines et des dizaines de touristes s'y trouvaient pour attendre le ferry de la journée. Nous n'avions quand même pas rêvé ce qui s'était passé cette nuit quand même si ?! Avions nous bu de l'alcool à en perdre la tête ? Non ce n'était pas possible.. Nous ne pouvions pas avoir rêvé ce que nous avions vu. C'était impossible. Un regard sur Kaen pouvait me dire que nous étions sur la même longueur d'onde. J'avais un assez mauvais pressentiment à ce sujet... Néanmoins, pour rentrer, nous n'avions pas d'autre choix que d'emprunter ce bateau. La petite famille prit place sur l'engin flottant en espérant arriver en un seul morceau. Au cours de la traversée, l'homme le plus âgé du groupe de fortune se leva en disant aller au toilette. Et ? On n'avait pas besoin des détails. Mais il ne revint jamais. Avait il été s'installer ailleurs ou autre chose ? Je m'en fichais. Mais pas Kaen qui avait décidé d'aller jeter un coup d'oeil aux cabinets des hommes. Le brun mit plusieurs minutes à revenir... Et les nouvelles qu'il annonçait n'étaient pas bonnes du tout. L'individu avait été déchiqueté et l'ensemble des personnes ici présentes, à part nous, n'étaient autre que les horribles bestioles. Je soupirais... Ça promettait...

Le trajet fut calme après cette annonce, jusqu'à ce que Sophia demanda naïvement à aller faire pipi. Là, tout changea. Les autres "personnes" se tournèrent vers nous en la fixant d'un drôle d'air. La seconde suivante, un monstre se transforma sous nos yeux pour tenter de dévorer la pauvre enfant qui hurla. Ni une ni deux, je me plaça devant elle et son père grilla la bestiole. Et voilà que nous allions devoir faire le ménage en protégeant la petite et les deux autres inconnus encore humains. Une "prison" encadra les trois personnages pendant que les parents s'occupèrent du nettoyage à vitesse grand V. Cela nous prit une dizaine de minutes pour en venir à bout. Et c'est Kaen qui balança les corps par dessus bord pendant que je rassurais la petite qui avait les larmes aux yeux. J'aurai tellement aimé qu'elle ne voit pas ce genre de chose à son jeune âge... Je pris ma fille dans mes bras pour l'emmener aux toilettes avant de retourner sur le pont une fois qu'elle eût terminé. Qu'est-ce que nous allions faire maintenant ? Nous devions retourner sur la terre ferme. Mais aucun de nous ne savait naviguer... Le brun aussi se posait la question... La seconde femme du groupe perdit alors la raison. Elle tenait des propos totalement incohérent sur le fait que Kaen n'aurait qu'à l'épouser et lui faire de beaux enfants avant d'ajouter qu'elle deviendrait reine... J'avais tiqué à ses premières paroles. Qu'elle ose donc poser un doigt sur mon homme ! Elle verrait ce qu'était l'hiver le plus rigoureux qu'elle n'avait jamais vu ! J'allais lui refroidir les idées lorsque je sentis la main du brun sur mon épaule pour me dire que ça n'en valait pas la peine. Malgré tout je lui donnais un coup dans la nuque pour la faire taire. Quoi ? Je ne l'avais pas tué non plus ! Juste assommée.
 
Bon revenons plutôt à nos moutons. A savoir, comment regagner la terre ferme. Aucun de nous quatre ne savaient naviguer, ni comment diriger un bateau. Nous pourrions très bien dériver jusqu'à espérer toucher un jour le rivage mais les vivres ne tiendraient sûrement pas une éternité. Même si nous pourrions pêcher... D'un coup, j'eus un éclair de génie. Quels étaient les éléments secondaires d'un élémentaire de glace ? Le vent et l'eau. Et qu'avions nous tout autour de nous ? Ces deux ingrédients. Certes, ce n'était pas l'Océan de glace mais c'était suffisant. La mer est unique bien qu'elle porte des noms différents à travers le monde. Je demandai à Kaen de prendre la barre en gardant un oeil sur la petite avant de plonger. Une fois dans les profondeurs, je me concentra. Je devais être capable de détecter dans quelle direction se trouvait le continent. Et j'y parvins. Quelques minutes plus tard. Droit devant. A une bonne dizaine de kilomètres. Je remontais à la surface pour donner la direction à suivre. C'est au bout d'une heure ou deux que nous sommes arrivés à bon port. L'adolescent nous remercia de l'avoir aidé et nous demanda ce que nous voulions. Il ajoutait qu'il était un magicien et capable d'exaucer le voeu de notre choix. Nous demanderions bien d'avoir un peu plus de chance mais cela la rendrait ennuyeuse. Et pis, avant même d'avoir pu répondre, l'enfant de la famille avait crié haut et fort:

- "Un bonbon !"

Et pof. Une friandise sucrée était apparue dans les mains de la petite. C'est de bonne humeur que nous sommes rentrés à la maison après quelques jours de vacances plus que mouvementés.