Nous avons des invités [Terminé]

Sophia avait à présent cinq mois. La petite grandissait un peu plus chaque jours sous le regard attendrit de sa maman. Et de son papa lorsqu'il était présent bien sur. La routine pour la mère était toujours identique aux premiers jours, même si bébé faisait ses nuits maintenant. Par contre elle pleurait encore souvent pour réclamer ce qu'elle voulait. Néanmoins, elle commençait récemment à tenter de parler. Bien entendu, cela n'était que des "areu" ou "gaga", rien de bien compréhensible pour papa-maman mais ça venait petit à petit. D'ici quelques mois elle dirait ses premiers mots. L'élémental avait hâte de l'entendre. Que ce soit papa ou maman en premier, elle s'en fichait. Elle avait juste envie d'écouter sa voix.

Aujourd'hui encore était comme d'habitude. Kei s'était réveillée peu après le baiser de bonjour et d'au revoir de son conjoint, qui partait au travail. La jeune femme s'était levée pour prendre une bonne douche froide. Elle s'habilla d'un t-shirt assez large, bleu foncé et d'un short. Oui elle en profitait maintenant qu'elle avait retrouvé sa ligne d'antan ! A peine avait elle terminé que Sophia se manifesta pour son petit déjeuner. Sans la faire attendre, la maman alla au chevet de sa princesse pour la nourrir au sein comme elle en avait prit l'habitude. Récemment et dans un soucis de praticité, le couple avait installé une chaise dans la chambre du nourrisson, histoire qu'ils n'aient plus à faire des aller-retour lorsqu'elle réclamait à manger. Son repas terminé, la petite fit un détour par la case du bain et du changement de couche avant de retourner au lit. Kei avait prit l'habitude de lui raconter une petite histoire pour qu'elle s'endorme plus vite et qu'elle s'habitue à entendre des mots aussi divers que variés. Une fois tranquille, la jeune femme alla prendre son petit déjeuner avant de s'atteler aux tâches quotidiennes. Vaisselles, ménages et jouer avec Sophia lorsqu'elle venait à se réveiller. Il fallait avouer que c'était le troisième choix qu'elle préférait. Voir les sourires sur le visage de sa fille suffisait à égayer ses journées.

La matinée passa rapidement, et d'ici quelques heures Kaen reviendrait. Il avait dit que pour une fois il sera là vers seize heures. Ils pourraient alors aller faire une ballade tous les trois. Juste ensemble. L'élémental imaginait déjà ce genre d'annonce lorsque Sophia serait un peu plus grande et qu'elle se réjouirait d'avoir son papa pour elle plus tôt. C'est dans ces moment là que la maman avait hâte que sa fille grandisse. Cependant, bien que le matin se déroula sans le moindre incident, l'après midi fut différent de l’accoutumée. Alors qu'elle était tranquillement assise sur le canapé en train de lire, quelqu'un frappa à la porte. Elle n'attendait personne pourtant ... Peut être qu'il s'agissait de leur amis. Elle se leva pour aller ouvrir. Et manque de chance, c'était une parfaite inconnue. Une vieille dame, au cheveux gris. Son visage affichait les ravages du temps. Niveau taille, elle arrivait au niveau de la poitrine de la jeune maman. La grand mère était assez bien habillée. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien lui vouloir ? La conversation s'engagea sur le pas de la porte:

- "Bonjour. Qu'est ce que je peux faire pour vous ?"

- "Je suis venue voir mon petit fils et on m'a dit qu'il vivait ici."

- "Votre petit fils..?"

- "Oui mon petit fils ! Il s'appelle Kaen Goldrun. C'est bien ici qu'il habite non ?"

- "Oui il vit bien ici mais il est au travail en ce moment. Je vous conseille d'aller directement ...."

- "Je vais l'attendre, j'ai tout mon temps"

Et la vieille femme entra sans même lui laisser le temps de terminer sa phrase. Ça promettait.. L'invité surprise alla s'installer dans le salon comme si elle se trouvait chez elle. Et sans même attendre qu'elle ait pu refermer la porte lui demanda une boisson, sans une marque de politesse.. C'était quoi cette vieille ?! Mais puisqu'il s'agissait de la grand mère de Kaen, elle n'avait pas d'autre choix que de prendre sur elle. La jeune maman fit un sourire forcée à la personne âgée avant d'aller à la cuisine et de rapporter au salon un verre de jus de fruit, qu'elle refusa, prétextant vouloir du thé. C'était une blague là ? L'élémental respira un bon coup avant de ramener le premier verre pour apporter cette fois un thé. L'ancien but sa boisson dans un silence olympien avant qu'elle n'ouvre à nouveau la bouche:

- "Cette maison n'est pas trop mal, comparée au taudis où vivait ma fille avec son bon à rien de mari. Par contre, la déco aurait pu être plus classe mais quand on a vécu dans le médiocrité pendant des années, je suppose qu'on en garde des séquelles. Dites moi mademoiselle, c'est vous qui vous occupez de l'entretien de cette maison ? Il y a une tonne de poussière ici et ici, vous pourriez vous appliquer un peu plus, histoire que mon petit fils ne vous paye pas pour rien."

Elle avait bien entendu ? Elle se prenait pour qui l'ancienne là ? C'était Kaen et elle qui avaient choisi tout. Ensemble. Comment pouvait elle dire qu'ils manquaient de goût ? Et sous entendre qu'ils vivaient médiocrement ? La suite était le pompon. Pensait elle sérieusement qu'elle était la bonne de son petit fils ?! Certes en ce moment elle vivait à ses crochets. Mais c'était uniquement pour s'occuper de leur fille ! Rien de plus ! L'élémental allait répliquer de manière cinglante mais les pleurs de Sophia l'en empêchèrent. Elle avait de la chance la vieille peau.. Poliment, Kei prit congé pour aller voir ce qui arrivait à la petite. Cette dernière s'arrêta de pleurer dès qu'elle vit le visage de sa maman. Avait elle pleurer pour éviter qu'elle s'énerve sur sa belle grand mère ? C'était fort possible puisqu'elle se rendormit dès que l'élément se fut calmer un peu. Elle resta un peu au chevet du bébé avant de retourner au salon, où l'attendait l'acariâtre vieille femme. A peine revenue qu'elle l'interrogea sur l'origine des pleures:

- "C'était les cris d'un bébé non ? Le vôtre ? Mais bien sur que je suis bête, mon petit fils est trop jeune pour déjà être parent. Il ne manquerait plus que je suis arrière grand mère! En tout cas vous ne devriez pas aller le voir aux moindres de ses caprices, et encore moins l'emmener sur votre lieu de travail."

Elle commençait à l'agacer l'ancêtre là.. Calme. Il faut rester calme Kei. C'est la grand mère de ton amoureux, et accessoirement l'arrière mamie de ta fille. Mais elle ne pouvait pas la laisser la rabaisser comme ça ! L'élémental allait répliquer mais cette fois c'est la porte d'entrée qui s'ouvrit. Elle jeta un coup d'oeil à l'horloge pour constater qu'il était seize heures. C'était Kaen. Il tombait bien pour une fois ! Son épouse alla à sa rencontre et lui dit d'un ton qui montrait son énervement:

- "Tu tombes bien Kaen. Y'a quelqu'un qui t'attends au salon."

Bien que la journée avait assez bien commencé, l'après midi le fut bien moins. Une invitée surprise, qui n'était autre que la grand mère de Kaen, avait fait éruption dans la maisonnette. La vieille femme avait déjà pris ses aises en faisant des commentaires déplacés à la maîtresse de maison qui faisait de son mieux pour garder contenance. C'était un membre de la famille à son compagnon quand même. Et accessoirement, l'arrière grand mère de sa fille donc... L'élémental supporta donc les reproches sur le mauvais entretien de la maison et sur la décoration qui laissait à désirer selon l'opinion de la vieille dame. Elle eut plus de mal à accepter le fait qu'elle la prenait pour une domestique qui vivait au crochet de son petit fils... La jeune maman allait lui dire ses quatre vérités lorsque le bébé fit entendre ses pleurs. L'ancêtre avait eu de la chance. La mère aussi.. Kaen aurait pu lui en vouloir si elle s'était mal comportée avec un membre de sa famille donc... La jeune était allée voir sa fille avant de retourner subir les assauts verbaux de sa belle grand mère. Cette fois les reproches étaient sur sa façon de s'occuper de Sophia.. Elle ne pouvait pas s'occuper de ses oignons ?! Kei s'occupait de sa progéniture comme elle ne voulait ! Elle n'avait pas besoin des conseils d'une vieille aigrie de quatre vingt ans !! Elle s'apprêtait encore une fois à lui dire ce qu'elle avait sur le coeur mais cette fois ce fut la porte d'entrée qui l'interrompit. Kaen était de retour et il tombait bien.

La jeune épouse était sur le point d'aller saluer son amoureux lorsque la grand mère la bouscula pour être la première... Zen Kei. Reste calme. C'était qu'une personne âgée. Elle n'allait pas se bagarrer avec elle. Ça serait futile, inutile, et surtout cela lui donnerait une occasion supplémentaire pour la dénigrer. L'élémental resta donc sur la touche alors que son amoureux prenait sa défense. Cela lui fit plaisir qu'il soit de son côté. Elle afficha un petit sourire alors que la vieille continuait à la dénigrer ouvertement: "domestique", "un poids dans sa vie", "enfant qu'elle avait eu avec un autre" -ce qui aurait pu être vrai d'ailleurs- mais surtout le terme "chose" qui la blessa. Certes elle n'était pas humaine mais elle avait un coeur. Même si il était entièrement fait de glace. Néanmoins, ça ne l'empêchait pas d'aimer sa fille de tout son coeur, et il en était de même pour Kaen. Ne l'avait pas prouver il y a à peine quelque semaines en se donnant à lui avec toute sa conscience ? D'ailleurs repenser à cette nuit la fit rougir un peu.. Elle reprit ses esprits lorsque la vieille sortit en claquant la porte. Ce n'est qu'à ce moment là qu'elle remarqua un vieil homme au visage doux et à la tignasse grise. Il semblait beaucoup plus aimable que son homologue féminine. Sa voix, lorsqu'il parla lui était plus amicale et plus respectueux envers elle. Le bonhomme s'excusa un peu du comportement de sa femme et demanda à voir son arrière petite fille. Kei lui fit un sourire sincère en montrant le chemin et en disant:

- "Je crois que j'avais compris qu'elle n'aimait pas la différence. Mais ce n'est pas grave. Elle ne serait sûrement pas la dernière." Arrivée devant le berceau de la petite, c'est l'élémental qui la présenta en chuchotant, "Voici Sophia."

Puis le trio redescendit sur la pointe des pieds puisque princesse dormait encore à point fermé. Le vieil homme fit un commentaire selon lequel il faudrait investir dans un fusil pour chasser les hommes qui lui tournerait autour plus tard. L'élémental n'était pas sur que ça serait d'une grande utilité. Si elle avait son caractère elle les fuirait, si c'était le caractère de son père qui l'emportait, elle les enverrait boulet bien comme il le fallait. Le grand père sortit ensuite, prétextant aller chercher sa femme. Kei s'en serait bien passé.. Même si ce fut l'occasion pour son compagnon de l'embrasser. Signe de leur bonsoir habituel et peut être aussi pour s'excuser du comportement de son aïeule. La jeune femme prit par à son bisou tout en se blottissant contre lui. Leur moment ne dura pas puisque la vieille, à peine débarquée, l'agressa. Encore...

"Je vais essayer de t'accepter mais à beaucoup de conditions ! Déjà as-tu donné ta virginité à mon petit fils ? Si tu devais choisir entre ta vie et la sienne laquelle choisirais tu ? J'ai un don pour percevoir les mensonges, si tu mens une seule fois je n'hésiterais pas à me débarrasser de toi. Non il n'y a pas grand-mère qui tienne, c'est une question de mariage ! Vous avez un enfant et vous n'étiez pas officiellement marier, puis je veux vérifier qu'elle ne t'utilise pas comme un jouet."

"Il y a eu beaucoup d'épreuve, autant sur notre amour que sur notre fidélité, alors crois moi, il n'y a aucun doute sur elle à avoir."

"Je veux l'entendre de sa bouche. Ton père était un beau menteur, il disait aimer ta mère mais je sentais cela comme un mensonge, au début il s’intéressait juste à ma compagnie, puis après il est réellement tombé amoureux d'elle, tu pense tout savoir mais tu ne sais rien alors laisse moi être sur que cette ... ''chose'' est bien pour toi. Alors petite, tu vas devoir me supporter un moment alors soit tu répond soit je te fais vivre un enfer."

La vieille peau prenait un peu trop ses aises là... Elle devait satisfaire ses conditions pour qu'elle l'accepte ? Elle s'en fichait complètement qu'elle l'accepte ou non ! Si Kaen l'aimait c'était le principal, un point c'est tout ! Elle n'avait à prouver à personne, sauf à lui qu'elle l'aimait! Et pis, c'était quoi ces questions ? Est ce qu'elle lui avait donné sa virginité ? En quoi ça la regardait ?! Entre sa vie et celle de son homme laquelle elle choisirait de sauver ? La question était un peu plus difficile parce qu'il y avait Sophia.. Si elle avait plus besoin d'un père elle se sacrifierai sans problème. Même si elle savait très bien que le brun serait totalement contre. L'ancêtre voulait se débarrasser d'elle ? Qu'elle essaye donc. L'élémental n'attendait que ça tiens. Ça serait drôle à voir. Et elle pensait vraiment qu'elle serait capable d'utiliser son petit fils comme un jouet ? C'était plutôt lui qui se jouait d'elle souvent... Et non pas le contraire! A la chauffer mine de rien, à faire battre son coeur au point qu'elle pensait à chaque fois qu'il allait lâchait. Si ce n'était pas être utiliser comme un jouet ça ! La "chose" prit une profonde inspiration avant de parler pour son amoureux, puis pour la vieille bique:

- "C'est bon Kaen, je peux me défendre toute seule. Alors pour commencer, la "chose" a un prénom. Elle s'appelle Kei et elle a autant un coeur que vous. Concernant vos questions, je n'ai pas l'intention d'y répondre. Cela ne concerne que Kaen et moi, pas vous. Et sachez aussi que nous sommes fiancés. Donc l'histoire que nous ne sommes pas encore mariés alors que nous avons un enfant n'est plus très judicieuse vous ne pensez pas ? Veuillez m'excuser mais le devoir m'appelle."

Parce que, avec ses cris, la grand mère avait réveillé son arrière petite fille qui était à l'étage. Le ton que Kei avait employé lors de son monologue était clairement sarcastique et elle la prenait de haut. C'était bien ce qu'elle faisait aussi, alors elle ne faisait que lui rendre la pareille. Tout en restant un minimum polie. En tournant la jeune maman murmura "Si t'essayes de me faire vivre un enfer, je me ferai un plaisir de refroidir tes ardeurs vieille bique..". Seul Kaen avait du l'entendre, et c'était fait pour. Elle monta les escaliers en laissant le petit fils avec ses grands parents. La vieille continuait à gueuler. L'élémental roula des yeux, désespérée d'un tel comportement. Elle prit sa princesse dans ses bras pour calmer ses pleurs. Elle s'installa dans le fauteuil qu'il avait installé après avoir fermer soigneusement la porte. Elle dévoila ensuite sa source de lait que la petite saisit instantanément. L'adulte soupira tout en regardant l'enfant. Elle qui avait espérait passé une soirée tranquille avec Kaen, voilà que tout tombait à l'eau.. Sophia du sentir que sa maman était un peu triste, puisqu'elle tendit sa petite main vers sa joue en la regardant avec les grands yeux de son papa. Qu'est ce qu'elle était mignonne. Cette pensée lui décrocha un sourire qui satisfit la princesse qui reporta son attention sur sa nourriture.

Après avoir cloué le bec à la chère grand mère de Kaen qui ne la portait pas dans son coeur, l'élémental avait rejoint sa fille qui pleurait, justement à cause de la vieille qui hurlait. La maman prit l'enfant dans ses bras pour la calmer d'abord, puis pour la nourrir. Chose que le nouveau né attendait avec impatience puisqu'à peine avait elle dévoilé sa poitrine que Sophia se rua dessus comme une crève la faim. Bébé téta un moment jusqu'à ce que les cris de l'ancêtre ne résonnait plus dans la maison. Papa ne tarda pas à venir les rejoindre à partir de ce moment. Débarrasser de son envahissante grand mère, il était logique qu'il vienne les voir toutes les deux. Quand il entre, Kei était en train de faire faire son rot à leur progéniture. Le brun la prit dans ses bras et la chouchouta. C'était mignon à voir comme scène. Et elle voyait bien qu'il aimait beaucoup sa fille. L'élément de glace décida de s'éclipser de la pièce pour lui laisser son moment père-fille. Après tout, elle passait tout son temps avec sa maman, autant qu'elle profite de son papa quand elle le pouvait. Sauf que ce dernier l'en empêcha indirectement. Elle avait à peine tourné les talons, qu'il avait déposé princesse dans son lit et lui avait attrapé la main pour la faire redescendre à l'étage inférieur.

L'élémental eut un petit moment d'appréhension à savoir si la mamie était encore là ou non. Mais heureusement ce n'était pas le cas. Intérieurement, elle soupira de soulagement. Son compagnon la guida jusqu'au canapé où elle s'installa sagement, sans ronchonner. Il ne tarda pas à venir la rejoindre. Il ne mit pas longtemps non plus à approcher ses lèvres des siennes pour l'embrasser doucement. La jeune femme n'hésita pas à placer ses bras autour de son cou pour accentuer le baiser qu'il lui offrait. Dans le feu de l'action, le couple se retrouva dans une drôle de position: Kaen était toujours assis normalement mais Kei était sur ses genoux, les siens étant de chaque côté, sur le canapé. Puis, pendant qu'ils reprenaient leur souffle, le brun élargit bien son t-shirt pour l'emprisonner dedans. C'était très malin ça ! Et un t-shirt de gâcher bêtement ! Et il ne s'arrêta pas là. Non non. Le jeune homme souleva raisonnablement son haut avant de l'attirer un peu plus contre lui. Sa peau tiède contre la froideur de la sienne, la fit rougir un peu. Les souvenirs de leur récente chaude nuit ne s'étaient toujours pas amoindris. Néanmoins, la chaleur que dégageait son homme ne la dérangeait plus tant que ça. A croire qu'elle s'y était habituée. Un peu. Alors que leur regard se croisaient, le brun prit la parole en disant qu'il avait un petit tour dans son sac. L'élémental, un peu suspicieuse arqua un sourcil en cherchant dans ses yeux où il voulait en venir. Et la réponse ne tarda. La main qui avait élu domicile vers le bas de son dos remonta lentement avant de diffuser du froid. Cette sensation soudaine et inattendue la fit sursauter légèrement. Elle regarda son compagnon, étonnée qu'il puisse faire ça. De plus, il prouva que ce n'était pas un coup du hasard puisque son autre main alla de son flan en remontant vers sa poitrine en passant par ses côtes. Le tout avec ce frisson gelé. Qu'est-ce que ça pouvait être agréable pour l'élément de glace ! L'élémental posa sa tête contre le cou de son chéri sur lequel elle déposa ses lèvres plusieurs fois, alors que ses mains allèrent dans son dos pour l'enlacer. Elle lui murmura avec une once de taquinerie et de reproche, avant que la vieille vienne les interrompre de sa voix:

- "Tu vas pas me faire croire que tu as appris ça du jour au lendemain. T'aurai pu utiliser ton tour la dernière fois..."

"Je ne dérange pas j'espère."

La jeune maman sursauta en entendant cette voix qu'elle n'appréciait pas. Elle n'attendit pas midi à quatorze heures ou un commentaire de son amoureux pour se dégager du t-shirt, en manquant de tomber à la renverse. Ses joues avaient pris la teinte rosée que Kaen aimait si bien. D'ailleurs, avec son t-shirt à moitié relevé, son soutien gorge était presque visible. Heureusement que le brun eut le réflexe de le tirer d'un coup sec. Mais... Elle était là depuis longtemps la vieille ?! Qu'est ce qu'elle avait vu ou entendu ?! Loin d'être déstabilisé, le jeune papa provoqua sa grand mère alors que sa compagne avait un peu honte qu'elle les ait surpris dans ce genre de position.. Elle préféra éviter le regard de l'ancêtre car elle sentait bien venir le reproche derrière. L'être masculin de la pièce du sentir la gêne de sa femme puisqu'il lui prit la main pour l'entraîner dans la chambre de Sophia en prétextant qu'ils avaient besoin de vérifier quelque chose dans leur chambre. Une fois à l'intérieur et la porte bien fermée, il fit une petite remarque sur le ton de la taquinerie:

"Ça me rappelle à l'époque où tu craquais pour moi et on faisait ce genre de chose en cachette."

- "Où JE craquais pour toi ? Tu n'aurais pas un peu inverser les rôles chéri ? C'était toi qui me poursuivait partout où j'allais."

Mais alors que les jeunes parents se taquinaient gentiment verbalement c'est une tierce personne qui les interrompit. Sophia venait de dire "mama". Son premier mot ! Son tout premier ! Bien que surprise qu'elle dise déjà quelque chose à son jeune âge, Kei fut super contente ! Son premier mot ! Et c'était maman. La petite affichait un grand sourire, comme si elle avait conscience de son exploit qui ravissait ses parents. Qu'elle était mignonne leur princesse ! Kaen, visiblement un peu jaloux que ce soit maman qui soit sorti en premier tenta de lui faire dire papa. Sauf que..

"Baka."

L'élémental ne put se retenir de rire. Papa n'était pas papa mais baka. Elle était trop forte sa fille ! Le père fit une mine toute déconfite qui fit rire encore un peu plus la mère. Et il osa rejeter la faute sur elle ! Indirectement du moins. Kei dit à l'attention de sa fille avant de se tourner vers son futur mari:

- "Oui tu as raison ma chérie, papa rime souvent avec baka mais c'est papa. T'inquiète pas, elle dira bientôt papa aussi. Et pis tu es mon baka."

A la fin de sa dernière phrase, elle lui avait rendu son tirage de langue, puis elle lui prit la main pour l'approcher d'elle et l'embrasser doucement sur la joue. Oh bien sur elle aurait pu lui faire un bisou sur la bouche, mais pas devant Sophia quand même. Autant ne pas lui mettre trop d'image du genre dans la tête sinon elle deviendrait aussi perverse que son cher baka. La jeune femme garda la main de son compagnon dans la sienne pour l'entraîner hors de la pièce pour aller dans leur chambre. Elle avait juste envie de parler avec lui, sans que la petite puisse les entendre -on ne savait pas ce qu'elle pouvait bien retenir-, ni ses grands parents en bas. Elle s'assit sur le lit puis posa ses questions:

- "Maintenant qu'on est un peu tout les deux, tu peux m'expliquer ce que vienne faire tes grands parents ici ? Je ne savais même pas que tu avais encore de la famille.. Tu ne m'avais pas dis que tu étais seul ?"

A ce moment précis, l'élémental se rappelait bien que son partenaire ne lui avait jamais parlé de son passé. Ou alors que très très très vaguement. Ils avaient été dans son ancienne maison, où ils n'étaient restés que très peu de temps. Tout ce qu'elle savait était qu'il avait vécu à Valkar et c'est tout. C'est peu comme renseignement sur son futur époux non ? Il était temps pour lui qu'il se dévoile et qu'elle sache le passé qu'il a vécu.

Alors que la petite famille était réunie dans la chambre de la plus jeune, cette dernière prononça ses tout premiers mots. "Mama" pour l'élémental et "baka" pour l'humain. L'insulte qu'elle avait sorti, sans le vouloir sûrement, avait fait éclater la maman de rire alors que le papa avait une mine déconfite. Elle le comprenait un peu, se faire traiter d'idiot par sa propre fille c'était pas des plus honorifiques. Et pis, la petite avait tout le temps d'apprendre à dire "papa" pour le désigner. Mais le temps n'était plus à ça, la jeune femme voulait des réponses de la part de son compagnon concernant la venue de ses grands parents de un, puis plus généralement de son passé. Parce que oui, bien que fiancé, elle ne savait quasiment rien de l'histoire de son compagnon... Pour l'interroger sans que Sophia ne puisse entendre la discussion -puisqu'on ne sait pas ce qu'elle serait capable de retenir-, elle l'entraîna dans leur chambre à eux en prenant soin de bien fermer la porte. A peine sa question posée, qu'il lui répondit.

Lorsque sa mère était souffrante elle avait écrit une à ses grands parents pour qu'ils s'occupent de lui mais il n'avait reçu aucune réponse de leur part avant plusieurs mois.. Il était déjà à l'académie et en train de flirter avec elle. L'élémental n'était pas tout à fait sur que le terme flirter était très approprié. Elle ne pouvait pas appeler batifoler le fait qu'il passait le temps à la taquiner et à la chauffer pour obtenir ce qu'il voulait! Ni les passages où il l'avait secouru, et encore moins ceux passés dans un cachot après s'être fait attrapé. Il ajouta également qu'il ne leur avait jamais répondu parce qu'il ne les appréciait pas tellement. Pour la vieille, Kei comprenait parfaitement la raison, pour le vieux pas vraiment, il semblait plus aimable et gentil que sa compagne. Et pour finir, les ancêtres étaient juste là pour lui rendre visite et voir si il allait bien. Ils auraient au moins pu prévenir au lieu de venir à l'improviste comme ça.. Elle se serait préparé mentalement en déguerpissant le plancher et en laissant son homme affichait l'image que voulait tant sa grand mère. Cependant, le brun n'avait même pas fini que son pépé les appela en bas. Ça commençait déjà... Ils ne pouvaient même plus avoir une conversation sans être interrompus ! L'élémental soupira un bon coup avant de suivre son amoureux à l'étage inférieure.

La bonne surprise fut que les vieux leur disaient au revoir. En voilà une bonne nouvelle ! Ils allaient enfin profiter de leur soirée tout les trois. Sauf que... A peine les deux couples étaient ils sortis que la grand mère voulut reprendre son combat verbal contre la jeune femme, qui soupira désespérée de son comportement puérile. C'était qui la plus jeune des deux là ? En y repensant, l'élément ne devait pas l'être beaucoup plus que l'ancienne, même si ça ne se voyait pas.. Si elle venait à savoir ça, elle la traiterait sûrement de couguar.. Fallait mieux ne pas s'attarder sur le sujet. Pour le bien de tous. Cependant, avant que l'élémental n'ait pu répondre quoique ce soit, l'ancien donna un coup de canne sur le sol pour la faire taire. Ce qu'elle fit sans rechigner. S'en était presque surprenant. Puis l'homme se tourna vers son petit fils pour lui proposer un combat amicale. Était ce vraiment le lieu et le moment de faire ça ? En fin de soirée, en pleine rue ? Ça devait être de famille de ne pas beaucoup réfléchir avant de balancer quelque chose. Son amoureux accepta le défi sans même la consulter une seconde, alors que l'enjeu était de taille ! Si il gagnait, bye-bye les vieux sinon ils allaient devoir se les coltiner jusqu'à ce qu'ils en aient marre...  Kaen n'avait pas le choix. Il devait l'emporter ! Ça ne devrait pas être difficile pour lui. Et pourtant ... Au premier assaut, le plus jeune s'était retrouvé à terre, la canne de l'ancien sur le torse.. Le second se termina de la même manière, bien qu'il dura un peu plus longtemps.. En moins de deux minutes, le brun avait sa propre arme sous la gorge. Son grand père venait de le battre à plate couture.. Signifiant ainsi que leur départ serait retardé.

Kei s'approcha de son compagnon qui était toujours à terre, un peu sous le choc d'avoir perdu. Elle posa sa main sur son épaule en lui demandant si ça allait. Sauf que.. Vu la grimace qu'il tira, il devait être blessé. Et qui va encore faire l'infirmière hien ?! C'est bibi ! Cet idiot souleva son t-shirt, en pleine rue pour dévoiler son torse. Il y avait des beaux hématomes. L'élémental n'attendit pas deux ans pour lui faire rabaisser son haut en lui disant:

- "T'exhibes pas comme ça! Baka !"

"Désolé Kei, tu vas devoir supporter ta belle grand-mère encore un moment."

- "C'est bon, pas la peine de t'excuser. Rentrons."

La jeune femme prit avec soin le bras de son compagnon pour le faire glisser derrière sa nuque. Elle l'aida ensuite à se relever pour rejoindre la maison à quelques pas de là. Elle le déposa ensuite sur le canapé avant d'aller chercher de quoi soigner monsieur. Pommade et bandage principalement. Soigneusement, sa compagne lui appliqua les soins, sans le faire grimacer, alors qu'il poursuivit son histoire:

"Pour finir sur mon passé, mon père est mort tué par quelqu'un pendant son travail puis ma mère avec le coeur brisé finit par le rejoindre par la maladie plus tard, j'espère pas avoir le même avenir, les similitudes avec mes parents sont grandes, j'ai pas envie que Sophia vit cette vie de solitude, j'ai eu de la chance je t'ai trouvé très vite, dans un sens je devrais remercier la mort mes parents sinon je t'aurais jamais rencontré au casino, c'est avec cette phrase que chaque jour je me remonte le moral de leur mort. Sinon je craquerais très vite, je crois sans vous je serais déjà dans la tombe, je te remercierai pas assez pour ça Kei d'ailleurs."

Dire que ses paroles ne l'avaient pas un peu surprise serait mentir. Dans un sens il disait presque qu'elle l'avait sauvé d'une mort certaine. Elle n'en avait jamais pris conscience, ni de leur ressemblance quant à la solitude qu'ils avaient pu connaitre chacun de leur côté. Elle comprenait très bien aussi qu'il ne voulait pas que Sophia vive ce genre de chose, et elle était entièrement de son avis. Mais ça n'arriverait pas. Il y aurait toujours quelqu'un pour prendre soin de la petite que ce soit papa ou maman. L'élémental prit le visage de son amoureux dans ses mains, pour que leur regards se croisent, avant de lui dire et de l'embrasser:

- "Kaen. On ne laissera jamais Sophia vivre ce qu'on a vécu. L'un de nous sera toujours là pour elle. Je ne connais pas tes parents, mais je suis certaine qu'on ne connaitra pas le même sort qu'eux. Je te protégerai et tu verras ta princesse grandir."

Leurs lèvres gardèrent le contact un petit moment, jusqu'à ce que l'homme souhaite se lever. Chose que sa femme refusa catégoriquement ! Il allait rester là et elle irait chercher sa fille ! Ce qu'elle fit d'ailleurs. Elle monta rapidement les escaliers, prit la petite dans ses bras avant de redescendre et la déposer dans les bras de son papa. Elle se mit ensuite au fourneau pour préparer un petit repas avant que toute la tribu aille au lit. Et pour la première fois, tous dormis ensemble dans le lit conjugal. Kei à gauche, Kaen à droite et Sophia entre eux deux. C'était le brun qui avait proposé ça, pour une fois. Parler de son passé avait du l'affecter un peu plus qu'il ne le laissait paraitre. Tout les trois finirent par fermer les yeux, emportés par Morphée. Demain, la journée promettait d'être encore mouvementée.

Les jours qui suivirent se ressemblaient tous. L'homme de la maison allait au travail alors que ses chers grands parents restaient avec la maîtresse de la demeure et leur fille. Chaque geste qu'elle faisait donnait lieu à une remarque plus ou moins déplacée de la part de la vieille femme. La plus jeune avait fini par s'y habituer et n'y faisait plus attention, même si certaine la blessait au plus profond d'elle même. Comme par exemple le fait qu'elle ne s'occupait pas bien de sa progéniture. C'était le pire reproche qu'on pouvait lui faire.. Cependant, au fil des jours la vieille cessa de faire ses commentaires. Avait elle enfin compris que ça ne l'affectait pas ? Ou que le couple ne changerait pas d'avis sur leur mode de vie ? Ce changement ne la dérangea pas. Loin de là, ça l'arrangeait. Néanmoins, lorsque l'ancienne vint la voir pour une sortie entre femme, l'élémental tiqua un peu, bien qu'elle accepta. Ça la surprit d'abord, puis l'idée que la grand mère avait une idée derrière la tête fit son petit bonhomme de chemin, avant de disparaitre. Peut être qu'elle avait vraiment compris qu'elle ne pourrait rien changer dans la vie du couple. Autant lui laissait le bénéfice du doute.

Du jour au lendemain, la vie des jeunes parents avait été bouleversé par l'arrivée des grands parents du papa. Ces derniers s'étaient incrustés comme si ils se trouvaient chez eux. Chaque jours les anciens venaient pour voir comment se passait leur vie, bien que le plus souvent Kaen était au travail, et donc par conséquent, c'était Kei qui devait les supporter du matin au soir. Le pire était les reproches que faisait la vieille femme sur sa façon d'entretenir la maison, son homme et surtout sa fille. Tout ce qu'elle faisait se trouvait dénigrés par la grand mère.. A croire que l'élémental était une véritable bonne à rien. Bien sur, au bout d'un moment, les commentaires ne l'affectaient plus et elle les ignorait comme si elle n'avait rien entendu. Néanmoins les reproches de la vieille se firent de moins en moins virulent, jusqu'à disparaitre au fil des jours. Puis un jour, elle lui proposa d'aller faire une sortie, juste entre femmes. Ce changement de comportement aussi soudain la surprit un peu, bien qu'elle avait fini par accepter la proposition. Si elles pouvaient enterrer la hache de guerre autant le faire non ? Après tout c'était, à l'exception des deux parents, la seule famille qu'avait Sophia. La jeune maman ferait donc un effort pour supporter sa belle grand mère. Pour sa fille. Et pour son homme aussi. Les deux représentantes du sexe féminin sortirent donc, en laissant le bébé au soin de son arrière grand père. L'élémental eut bien un peu de mal à laisser sa progéniture au main d'un parfait inconnu, même si il s'agissait d'un membre de la famille. Elle se résigna cependant, en menaçant un peu l'ancêtre d'en prendre soin sinon il le paierait cher.

Les deux femmes avançaient tranquillement dans les rues peu animées de la ville en ce début d'après midi. Le trajet se fit en silence et je suivais la grand mère en traînant le pas. Je ne savais pas où nous allions. Je supposais qu'elle ne pouvait pas m'emmener dans un lieu malfamé. Après tout, j'imaginais très mal une grand-mère, qui se prenait pour une bourgeoise, agir comme une gangster. Finalement, la première halte du duo fut un magasin de vêtement exclusivement réservé aux dames. Le genre d'endroit où je n'aurai jamais mis les pieds de moi même. Du rose un peu partout, des jupes ultra courtes, des tops aux décolletés ravageurs, des vendeuses perchées sur talons aiguilles. L'ambiance était pompeuse et pas très accueillante de mon point de vue. Pourquoi est ce qu'elle m'amenait ici ? Voulait elle que je sois plus féminine ? Pourtant ce n'était pas le genre d'habits qu'une vieille bourgeoise pouvait apprécier sur sa belle petite fille.. Ce choix me laissa dubitatif alors qu'elle me poussait vers la cabine d'essayage. La grand mère revint quelques secondes plus tard pour me faire passer des fringues qu'elle avait elle même sélectionnés pour moi... Ses goûts laissaient vraiment à désirer... Un top bleu canard dont le fabricant n'avait pas eu assez de tissus pour le terminer selon mon avis et une jupe ultra courte noire.

Spoiler:

Lorsque j'enfilai l'ensemble qu'elle m'avait proposé et, en me regardant dans le miroir de la cabine, j'avais l'impression de ressembler à une prostituée qui était prête à aguicher ses clients.. J'avais à peine fini de m'habiller que ma camarade de sortie déboula dans la cabine en apportant une paire de chaussure. J'aurai largement préféré qu'elle oublie ce détail ! En effet, la paire qu'elle apporta ne me convenait pas du tout ! Il s'agissait de talon aiguilles.. Le genre de souliers avec lesquels il était impossible de courir, voir même de marcher pour moi. Je soupira. Je m'étais vraiment foutu dans une belle galère en acceptant la proposition de la vieille femme.. Le pire fut qu'elle m'obligea à sortir habillée de la sorte en disant que je pouvais garder ces vêtements, qu'elle payait tout. Pouvais je vraiment refuser ? Si elle avait été une inconnue avec aucun lien avec Kaen, je l'aurai rembarrer vite fait bien fait mais là... C'était sa grand mère. Un soupir m'échappa à nouveau alors que nous sortîmes de la boutique. J'avais tellement honte de me balader avec ce genre d'accoutrement que mes joues se teintèrent d'un peu de rouge dès que les regards se posaient sur moi. La vieille femme attrapa mon bras, comme pour s'aider à marcher avant de lancer la conversation:

- "Alors Kei. Dis moi comment tu as rencontré mon petit fils. Je veux tout savoir!"

- "Eh bien... On s'est rencontré dans une petite ville, c'est lui qui m'as abordé et nous nous sommes attirés quelques ennuis. Puis nous nous sommes retrouvés à l'école où nous avons étudié, et nous ne nous sommes plus vraiment..."

- "Oh regardes, ça serait parfait pour toi !"

En répondant à sa question, j'avais omis volontairement le détail du casino et de la poursuite du noble à ce moment là. Elle aurait sûrement fait un drôle de commentaire à ce sujet si elle était au courant. Cependant, je ne comprenais vraiment plus rien au comportement de la vieille femme. Il y a encore une semaine elle ne me supportait pas et maintenant elle me trainait dans les magasins comme si j'étais une de ses meilleures amies.. La grand mère m'entraina dans l'échoppe qu'elle venait de me désigner et m'offrit un bracelet. Simple. Une simple lanière de cuir d'un centimètre de largeur. Étrangement, le bijou s'adapta parfaitement à mon poignet comme si il avait été fait pour moi. L'achat effectué, nous sortîmes rapidement de la boutique. Il devait déjà être quinze heures. N'était il pas l'heure de rentrer ? Non pas que j'étais fatiguée mais je commençais vraiment à douter de la bonne foi de la vieille dame. Et surtout, je m'inquiétais pour Sophia.. La vieille fit une grimace à ma demande avant de finalement accepter. Néanmoins, nous ne passâmes pas par l'allée principale. Par mégarde, quelqu'un me bouscula. Du moins, c'est ce que j'ai cru. Un accident. Or, ça ne l'était pas. Tout avait été orchestré par la chère mamie. L'inconnu, qui n'en était pas réellement un, m'attrapa le poignet pour me bloquer contre le mur. La personne qui me fixait avec des yeux noirs n'était autre que le cher noble qui nous avait fait tellement de mal par le passé. Comment avait il pu nous retrouver ?! Le couple s'était pourtant bien éloigné de sa résidence, pour justement être tranquille et ne plus jamais le revoir alors pourquoi ?! Il éclaira ma lanterne en m'obligeant à le regarder dans les yeux:

- "Je dois vraiment être chanceux. Venir ici juste pour affaire et tomber sur une mamie qui souhaite se débarrasser de la copine de son cher petit fils. Mais de là à supposer qu'il s'agissait de vous! Je n'aurai pas pu imaginer mieux !"

Mon regard s'était fait plus noir. C'était donc vraiment de la faute de cette vieille bique ! Comment avait elle pu faire appel à cet homme ?! Et pourquoi, justement c'était lui ?! J'étais partagée entre la rage et la crainte. Colère contre cette grand mère qui me haïssait au point de faire appel, même involontairement à l'un de nos ennemis, et la crainte due aux souvenirs douloureux que la vue du noble faisait réapparaitre. Oh bien sur, j'essayais bien de le congeler un bon coup pour leur fausser compagnie, à lui et à la maudite mamie mais aucun froid ne sortait de mes doigts. Rien du tout.. Exactement comme lorsque, avec Kaen, nous étions emprisonnés chez lui. L'aristocrate du sentir mon trouble et mon incompréhension puisqu'il ajouta:

- "Tu auras beau essayer autant que tu veux, ça ne marchera pas. Vois tu ce mignon petit bracelet à ton poignet a le même effet que tes anciennes menottes mais c'est beaucoup plus pratique et discret. La vieille a vraiment penser à tout.."

- "Qui traitez vous de vieille petit impertinent ?! Faîtes ce pour quoi je vous ai engagé et vous retrouverez votre grandeur d'antan."

- "Tu as entendu la patronne ?" il approcha son visage de mon oreille pour murmurer "J'ai entendu dire que vous aviez une gamine, il serait dommage qu'il lui arrive quelque chose si tu n'obéis pas non...?" puis il reprit à voix haute "Alors embrasses moi!"

C'était donc une histoire d'argent qui le motivait ? Je ne comprendrais jamais les gens de leur espèce. Jamais. Lorsqu'il me murmura ses menaces, je tressaillis. Comment pouvait il savoir pour Sophia et où le couple habitait ? La mamie n'avait quand même pas osé divulgué ces informations ?! Si elle l'avait fait la petite était vraiment en danger. Je savais très bien que le noble ne rigolait pas avec ses menaces puisque Kaen et moi en avons déjà fait les frais. Néanmoins, je savais aussi qu'il respectait sa parole donnée. Il l'avait prouvé en recollant la main de mon compagnon en échange de ma docilité. Contrainte et forcée, je ne pus qu'approcher mes lèvres des siennes, non sans dégoût, pour échanger un baiser qui semblait véritable, sous les yeux de mamie. Le contact ne dura que quelques secondes mais il avait suffit à me rappeler les horreurs de cette époque là. Autant celle du brun que les miennes. Maintenant que l'ancêtre avait une "preuve" de l'infidélité de sa belle petite fille, nous pouvions rentrer non ? Eh bien non.. J'allais me dégager de l'emprise de l'homme lorsqu'il saisit mon poignet en disant que nous n'avions pas terminé. C'était une blague ?! Jusqu'où devraient ils aller pour satisfaire cette maudite femme ?! La réponse ne tarda pas... Main dans la main et avec la vieille sur les talons, il me força à le suivre jusqu'à un hôtel assez miteux où il nous fit entrer. La grand mère s'arrêta à cet endroit alors que nous montions dans une chambre. Dîtes moi que c'est un cauchemar et que je vais me réveiller ! Comment pouvait on être aussi peu gâté par le destin ?!  Déjà que la mort traînait au dessus de la tête de chaque membre de la famille, il fallait aussi faire avec des malchances plus tordues les unes que les autres ! Le noble me fit asseoir sur le lit avant de disparaitre quelque instants de mon champ de vision. Je savais très bien ce qu'il allait se passer ensuite. Les même tortures physiques qu'avant. Tout ça à cause de cette vieille bique.. L'homme revint ensuite, un verre à la main qu'il me tendit en disant:

- "Bois!"

- "Non."

- "Ne me pousses pas déjà à bout ou tu sais très bien ce qui arrivera à ton bambin."

En disant sa phrase, il avait, avec sa main libre, saisit mon visage pour m'obliger à le regarder dans les yeux. Sûrement pour que je constate par moi même qu'il était loin de plaisanter. Je me résigna, bien que mon regard lui lançait des éclairs qui auraient pu le tuer si ils étaient réels. Il n'y avait que de l'eau dans le verre. Du moins, c'est ce que je pensais. Au début en tout cas. A peine quelques minutes après avoir ingéré la mixture, que ma tête commençait à être douloureuse. Je ne mis pas longtemps à m'écrouler sur le lit. Inconsciente.

Je ne savais pas depuis combien de temps j'étais ici. Cependant, lorsque je me réveilla et me redressa, je ne pus que constater que je ne portais plus aucun vêtement.. Et que je ne souvenais de rien, à part d'avoir bu un simple verre d'eau. Désemparée, je pris ma tête dans mes mains. La vieille avait gagné.. Facilement en plus.. Je n'avais rien vu venir, ni pu faire. J'étais tombée dans le panneau comme une idiote. Avec ses preuves, Kaen ne pouvait que la croire elle, et pas moi.. Comment est ce que j'allais récupérer le coup hien...? Qui allait garder Sophia si ils se séparaient ? Je me gifla mentalement à cette pensée. Nous y sommes pas encore !! Il y a encore peut être moyen de s'en sortir ! Peut être qu'elle n'avait pas encore pu voir Kaen qui rentrait tard ? Mais oui ! C'était possible ! Ni une, ni deux, je sortis du lit et me rhabilla en quatrième vitesse avec la tenue qu'elle m'avait acheté -parce que oui, c'était elle qui avait mes anciens vêtements..", les cheveux en bataille. Je ne mis même pas les chaussures qui ne m'auraient que retarder, avant de foncer en courant vers le lieu de travail de mon amoureux. Manque de chance, c'était déjà fermé.. Je donna un coup de poing dans le porte pour évacuer ma colère, avant de faire le chemin du retour vers la maison.

Lorsque j'entrai les trois adultes étaient en train de discuter. Je me fis discrète afin d'écouter. La vieille avait pris des photos du baiser, du trajet fait main dans la main, et surtout de la destination que nous avions pris, le noble et moi. Elle ne manqua pas de mentir sur le fait que cela faisait plusieurs fois que je sortais l'après midi en leur demandant de garder la petite. Et que, comme par hasard, elle m'avait suivi pour voir ce que je faisais tout ce temps dehors. Quelle menteuse ! Kaen n'allait pas la croire quand même ! Et pourtant.. Quand je me manifesta, les deux hommes me lancèrent un regards soupçonneux, alors que la grand mère jubilait silencieusement. La tenue que je portais prouvait que c'était bien moi sur les photos, mes cheveux en bataille que je n'avais pas fait que boire du thé non plus. Tout jouait contre moi... Mais je devais plaider ma cause ! J'étais innocente ! Enfin.. Si l'on part du principe que je n'avais pas trompée Kaen par plaisir mais plutôt par obligation ! Pour protéger leur fille !

- "Kaen, laisses moi t'expliquer. Tout ce qu'elle raconte a été monté de toute pièces contre moi ! Je ne sors pas tout les jours en laissant Sophia toute seule, j'en suis incapable tu le sais non ? C'est ta grand mère qui a voulu qu'on sorte toutes les deux ensemble..."

- "Comme si j'allais m'afficher aux côtés d'une personne comme toi !"

- "Fermez là! Vous en avez déjà assez dit !"

- "Tu as vu comment elle me parle Kaen ? Tu ne peux pas laisser passer ça, je suis ta grand mère quand même !"

J'entraînai le brun dans le couloir, en prenant bien soin de fermer la porte qui séparait les deux pièces, afin d'avoir enfin la paix pour m'expliquer:

- "C'est ta grand mère qui m'a acheté ses fringues qui me dégoûtent. Tu te doutes bien que je ne les aurais pas choisi par moi même! Quant aux photos.. Elles sont vraies.. J'ai embrassé cet homme mais je n'avais pas le choix ! Il menaçait de faire du mal à Sophia si je résistais ! Et pis... je ne pouvais rien faire à cause de ce maudit bracelet qui m'empêchait de le congeler !" je leva un peu le bras pour lui montrer le bracelet en question sauf qu'il n'était plus là "Je te jure qu'elle m'avait donné un bracelet.. Crois moi Kaen.. Tu sais bien que je ne suis pas une menteuse.."

J'espérais vraiment qu'il croit ma version de l'histoire, et non pas celle de sa grand mère. Je lui avais rarement menti depuis que nous étions ensemble. Les seules fois où j'avais été amené à le faire, ça avait été principalement pour le protéger et le préserver des ennuis qui me poursuivaient.

Concernant ce qui avait pu se passer durant son moment d'inconscience, pour faire simple, il ne s'était rien produit du tout. Le noble l'avait juste déshabillé pour lui faire croire qu'il s'était passé quelque chose. Pourquoi avait il fait ça ? Simplement pour la "remercier" de l'avoir débarrassé de sa soeur qu'il détestait. Pour le bracelet, il l'avait juste coupé avant de partir. Et en se réveillant, l'élémental n'avait pas fait attention qu'elle l'avait encore ou non lorsqu'elle s'était précipitée pour voir son amoureux.
 

J'étais tombée la tête la première dans le piège que m'avait tendue la vieille femme. Elle m'avait pris la main dans le sac en train d'embrasser un "inconnu", même si cet acte avait été forcé. Mais aussi en train de me rendre dans un hôtel avec cette même personne.. Lorsque je m'étais réveillée dans la chambre, où je pensais qu'il s'était déroulé une scène du passé, je ne mis pas longtemps à me rhabiller vite fait, bien fait pour aller retrouver mon amoureux. J'étais d'abord allée à son lieu de travail en espérant qu'il s'y trouvait encore mais je n'eus pas cette chance. Je m'étais alors précipitée chez nous. Malheureusement, la grand mère était déjà en train de me dénigrer comme il le fallait, preuve à l'appui bien entendu. Je me manifesta pour plaider ma cause auprès de mon conjoint. Et comme elle avait du mal à me laisser en placer une, je le pris à part afin d'être tranquille. Je lui avais alors expliqué tout ce qu'il s'était passé cette après midi. J'espérais qu'il me croie... Il devait me connaitre suffisamment pour savoir que je n'étais pas ce genre de personne. J'avais à peine terminé ma plaidoirie qu'il s'excusa. De quoi ? De ne pas pouvoir me croire ou me pardonner les actes que j'avais été forcé à faire ? Je baissa la tête prête à entendre ces quelques mots qui me blesseraient vraiment... Un silence oppressant s'installa entre nous.. N'osait il pas dire les mots qui font mal ? Puis finalement, sa main m'attira doucement contre lui alors qu'il aurait du être là pour ne pas que je revive ce cauchemar. Je me blottis contre lui, la tête dans son cou en lui répondant:

- "Tu n'as pas à t'excuser pour ça. Tu n'y es pour rien. C'est plutôt ta grand mère qui doit s'excuser."

"Tu croyais vraiment que j'ai douté de toi une seconde ? Idiote va, je te connais mieux que n'importe qui et jamais t'irais te balader dans cette tenue dehors, encore moins pour faire des trucs pas net avec un simple passant et encore moins ce noble. Mais si elle veut jouer à ce jeu on va être deux, tiens la clef de la forge, vas te reposer là bas, il y a de quoi vivre je cache de la nourriture dans un placard, vu l'heure il va faire un peu chaud dedans mais ça devrait pas te gêner. On va mettre une petit mise en scène, fais moi confiance on va pas se laisser faire trésor."

J’acquiesçai à chacune de ses phrases qu'il avait murmuré. J'étais contente qu'il me croive sans la moindre hésitation ! Je ne savais même pas si j'en aurais été capable d'ailleurs... J'avais vraiment un homme exceptionnel auprès de moi. Je n'aurais pas pu espérer mieux. A part peut être qu'il soit un peu moins pervers et moins aimant à problème. Par contre, j'étais d'accord pour donner une bonne leçon à cette vieille bique mais... Je ne voulais pas aller à la forge toute seule et être éloigné de Sophia.. J'avais déjà passé toute l'après midi loin d'elle, c'était déjà beaucoup trop ! Et pis c'était quoi cette histoire de cacher de la nourriture sur son lieu de travail ? Ce que je préparais n'était pas assez bon pour monsieur ?! Mais ce n'était pas le moment de penser à ça. Le brun poursuivit sur sa lancée pour expliquer les détails de sa mise en scène. Il allait me jeter à la porte pour que j'aille me réfugier à la forge jusqu'au lendemain. Il m'apporterait des vêtements de rechange si il le pouvait. Kaen déposa un instant ses lèvres contre les miennes, après avoir fait un commentaire taquin sur ma tenue, avant de commencer leur mise en scène.

Le jeune papa se mit à me hurler dessus en disant que j'étais horrible de lui faire ça après tout ce que nous avions pu vivre ensemble. Il ajouta même qu'il ne voulait plus me voir ici ou ailleurs. De mon côté je tentais toujours de calmer mon innocence. Et lorsqu'il me saisit par le bras pour me jeter dehors, je lui demanda de voir Sophia, chose qu'il refusa catégoriquement en refermant la porte derrière moi. Même si je savais très bien que c'était de la comédie, je me disais que ce genre de scène pourrait bien leur arriver un jour ou l'autre, pour une raison x ou y. Je soupira avant de me diriger, le pas trainant vers la forge. Arrivée là bas, j'ouvris la porte avant de la refermer derrière moi. J'allumai juste une lanterne, afin que la lumière ne se voit pas trop de l'extérieur. On ne savait jamais ce qui pouvait se passer dans la tête des gens le soir.. Je profita d'être ici pour examiner le lieu où mon amoureux passait la plus grande partie de son temps. Je crois bien que c'était la première fois que je venais ici. Comme prévu, il faisait relativement chaud mais c'était largement supportable. J'allai cependant m'assoir dans le coin le plus frais. Du moins, jusqu'à ce que l'on frappe à la porte. Je me leva pour aller ouvrir et laissait entrer mon amoureux. Il déposa des vêtements propres dans un coin avant de venir m'embrasser. Je glissa mes mains dans son dos en répondant à ses avances, alors que les siennes se balader sur ma peau dévoilée. Il ne perdait pas son temps mais sa tendresse me fit du bien et me réconforta de ma sale après midi. Après ce petit moment de détente, je m'éloigna un peu de lui pour me changer. J'enfilai rapidement les vêtements qu'il m'avait gentiment apporté. Un short et un t-shirt de couleur sombre tout simplement. J'avais à peine terminé qu'il se glissa derrière, pour poser ses mains sur mon ventre et son torse contre mon dos en disant:

"Désolé. Mon plan t'éloigne de Sophia, promis demain elle sera dans tes bras. On dormira tout les trois puis je te réserve une petite surprise quand les squatteurs partiront."

- "Arrêtes de t'excuser. Tant que tu t'occupes de Sophia, même si elle est loin je suis rassurée. Et pis, c'est pour la bonne cause. Comme tu le dis, quand tes grand-parents nous lâcheront enfin la grappe, on sera tous les trois."

Un dernier baiser, et il me laissa seul après un bonne nuit. J'allai piocher dans son garde manger quelques biscuits avant de me servir du sac qu'il avait apporté comme oreiller. Je posa ma tête dessus mais je fus incapable de trouver le sommeil. Je pensais à Kaen qui devait encore supporter sa famille et à Sophia qui devrait se contenter de lait en poudre et non pas le mien pour le moment. Elle me manquait ma princesse.. J'avais envie de la voir, de la prendre dans mes bras ou encore la câliner. Le papa dut entendre son souhait puisqu'il se pointa, plusieurs heures plus tard, avec la principale concernée dans ses bras. Je ne me fis pas prier pour aller la prendre dans mes bras. La petite dormait encore à point fermés. Qu'est-ce qu'elle pouvait être mignonne notre fille. Notre chérie. Notre princesse. Je remercia Kaen d'un doux baiser alors qu'il expliquait son plan pour le lendemain. Je m'en fichais un peu. Sophia était avec moi et non plus à proximité de ses sadiques arrières grand parents. J'étais rassurée. Vraiment. Le papa laissa les deux filles ensemble pour la nuit. J'allai m'assoir contre le mur, la petite toujours blottie dans mes bras. Je finis par m'endormir jusqu'à ce qu'elle se réveille pour réclamer son petit dej'. Je lui donna ce qu'elle voulait sans hésitation. Je dévoila ma poitrine qu'elle saisit avec voracité. Lorsqu'elle eut terminé, je me rhabilla, et c'est à ce moment que Kaen débarqua avec notre cher ami le noble, ligoté comme un saucisson, avec la même phrase qu'il avait pu dire avec la petite. Puis il m'expliqua rapidement la suite du plan. L'aristocrate serait la preuve de la culpabilité de la grand mère. Donc il ne fallait pas le tuer mais je pouvais passer mes nerfs dessus si l'envie m'en prenait.

Lorsque le brun sortit, j'éloignai Sophia du noble. J'allai la mettre dans une pièce juste à côté. Pour ne pas qu'elle soit couchée sur le sol, je me changea pour remettre les vêtements de la veille. Les habits qu'il m'avait apporté serviraient de couverture et matelas pour la petite. Ce n'est qu'ensuite que je retourna dans la pièce principale. Non je n'allais pas le frapper. Je n'en avais pas envie. Même après ce qu'il avait pu me faire hier. Ma colère se concentrait surtout sur la vieille. C'était elle qui allait payer. Le noble n'était qu'un pion qu'elle avait utilisé pour atteindre son but. Et pis, il avait déjà payé pour ce qu'il avait pu faire dans le passé. J'attendis donc, en silence, le retour de mon amoureux accompagné de ses chers grands parents. L'attente ne fut pas longue du tout. A peine entrés, que Kaen demandait déjà la vérité à l'otage qui déballa son sac sans se faire prier. Bien entendu, la mamie nia tout en bloc, et ce qu'elle ajouta ensuite me fit instinctivement tourner la tête vers le concerné. Sa grand mère avait organisé la mort de son père, juste parce qu'il ne lui convenait pas.. Comment avait elle pu faire ça à sa fille d'abord, puis à son petit fils qu'elle semblait adorer ? Le visage du brun blêmissait à la même allure que les secrets de famille se dévoilaient. Comment pouvait il réagir autrement en apprenant que les assassins de ses parents n'étaient autre que des membres de sa fratrie ? Autre question, comment pouvait on accumuler autant de malheur et de malchance dans une seule et même vie ? Sans se laisser prier, il m'ordonna de prendre la petite qui était à côté et de fuir chez Kyu. Vu le ton qu'il avait employé, et le visage qu'il affichait, je ne pus qu'obéir. Je me précipita à côté pour prendre Sophia, qui me tendait les bras avec un sourire en disant "Mama" avant de me dématérialiser vite fait bien fait devant chez notre ami. Je frappa à la porte avec force avant qu'il ne m'ouvre:

- "Heureusement tu es là Kyu. On peut entrer ? Kaen arrive.."

Même sans comprendre il me laissa entrer. Puis je lui expliqua rapidement la situation: la grand mère qui ne m'aimait pas, la mise en scène qu'elle avait orchestré pour me faire tomber, celle que nous avions fait avec Kaen et la révélation sur la mort des parents de ce dernier. Et c'est pile poil lorsque j'eus terminé que le concerné arriva. Il était blanc comme un linge.. J'allai à l'étage pour préserver Sophia de ce qui allait suivre. Je savais très bien que tant que nous n'aurions pas réglé définitivement les problèmes familiaux, nous ne serions pas tranquille. Les deux vieux étaient très sérieux. Cela s'était vu dans leur regards respectifs. Du coup leur prochaine cible ne pouvait être que moi, ou le nourrisson. Dans les deux cas, leur petit fils ne s'en relèverait sûrement pas. C'était à nous de les neutraliser avant que n'arrive le drame. Je coucha la petite dans le grand lit de l'hôte et j'attendis qu'elle s'endorme avant de redescendre. Le papa était assis sur le canapé, un verre d'alcool à la main. Kyu, lui, venait de frapper sa compagne du moment qui avait sûrement du dire une bêtise. Je dis à son attention:

- "C'est bon, je prends le relais. Par contre, gardes un oeil sur la petite s'il te plait Kyu. J'ai peur qu'elle soit la première sur leur liste..."

Dès que le jeune homme accepta ma requête en montant l'escalier, je me tourna vers mon amoureux. Alors qu'il allait boire une nouvelle gorgée d'alcool, je lui pris le verre des mains pour le poser plus loin. Je m'installa ensuite à califourchon sur ses jambes, face à lui. Je posa mes mains sur chacune de ses joues pour l'obliger à me regarder dans les yeux. Ca me faisait de la peine de le voir comme ça.. Vraiment.. J'approchai mon visage du sien pour déposer un baiser sur ses lèvres. Le genre de bisou où j'essayais de lui montrer tout l'amour et la tendresse que j'éprouvais à son égard. L'échange terminé, je l'attira contre moi. Sa tête se posa contre ma poitrine alors que je passais doucement ma main dans ses cheveux. De la même manière qu'une mère aurait pu le faire pour consoler les malheurs de son enfant. Je voulais qu'il se calme et s'apaise. Ce n'était pas en réagissant ainsi que nos problèmes allaient s'envoler. Moi aussi j'étais inquiète. Pour lui. Et pour Sophia. La grand mère était faible mais le vieux c'était une autre histoire.. Mais ce n'était pas une raison ! Nous avions déjà vécu d'autre problèmes plus importants que celui là et nous en étions toujours sortis. Ce ne serait pas différent cette fois ! Tout en continuant mes caresses, je pris la parole avec une voix douce et assurée:

- "Calme toi Kaen. Je sais que tu es sous le choc mais je suis là et Sophia est avec Kyu. Elle ne risque rien et il ne lui arrivera rien du tout. Je ne laisserais pas tes grands parents poser la main sur elle. Nous sommes en sécurité ici. Tu n'es pas seul et tu ne le seras plus jamais. Je suis là. Ta fille est là. Et tu as nos amis aussi. Je ne connais pas tes parents et je ne sais pas comment ils étaient mais nous ne sommes pas comme eux. Nous sommes forts, et encore plus lorsque nous sommes ensemble. Nous avons déjà prouvé plusieurs ce dont nous étions capable et nous sommes toujours sortis vivant de situations impossibles. Ce ne sera pas différent aujourd'hui si nous restons unis. Fais moi confiance."

Je me balançai de droite à gauche. Doucement. Pour le bercer, comme j'aurai pu le faire avec Sophia pour l'aider à s'endormir. Nous restâmes un moment dans cette position. Jusqu'à ce que le jeune papa soit enfin apaisé.

Les révélations des grands parents de Kaen avaient chamboulé le jeune homme. C'est pour cela qu'il avait actuellement la tête dans ma poitrine, en train de se faire doucement bercer. Je voulais qu'il reprenne ses esprits même si ce n'était pas facile. Le couple ne pouvait pas vraiment se permettre ce genre de "pause" même si celle ci était nécessaire. Mon action eut l'effet escompté plusieurs minutes plus tard. Le brun se détacha de moi pour se lever et se diriger vers la porte. En posant la main sur la poignet il me donna raison sur le fait qu'on ne laisserait pas ses vieux toucher notre fille. Il ajouta également que cette résolution serait définitive. Je savais ce que ça sous-entendait. Le jeune papa voulait en finir avec cette histoire, même si cela signifiait couper les liens avec les seuls membres de sa famille qui étaient encore en vie. Je n'aimais pas vraiment cette idée mais je n'avais pas mon mot à dire. Je ne pouvais que soutenir mon homme du mieux que je le pouvais. C'était mon devoir de future épouse et mère de sa progéniture. Il n'était pas question de le laisser affronter ça tout seul ! Je me leva à mon tour pour le suivre.

Les deux parents sortirent alors l'un après l'autre, le garçon en tête. Nous marchâmes dans les rues du villages qui, étrangement, étaient calmes. Trop calme même. Il n'y avait personne de sortis, alors que c'était une heure de pointe. Kaen fonçait droit devant sans même se retourner. Il semblait sur de lui, comme si rien ni personne ne pouvait l'arrêter. C'était la première fois que je le voyais dans cet état... Certes je l'avais déjà vu en colère mais jamais à ce point. Non il ne me faisait pas peur. Ce que je craignais le plus, était le moment où il reprendrait ses esprits et la conscience de ses actes. Loin d'être aussi confiante que lui, je restais sur mes gardes en regardant régulièrement derrière moi. Les grands parents n'étaient pas du genre à foncer dans le tas sans une stratégie. Ils devaient sûrement avoir un plan. A moins qu'ils avaient prévu que le couple s'éloigne de la petite pour s'en prendre à elle directement ? Mes jambes s'arrêtèrent à cette pensée. Et si c'était vraiment ça leur tactique ? Même si Kyu était à ses côtés, Sophia était en danger ! Et nous faisions fausse route. Si il arrivait quelque chose à la petite, aucun de nous deux ne s'en relèverait, et nous porterions ce fardeau pour le restant de nos jours ! J'allais interpeller le papa à ce sujet lorsque je fus prise d'un mauvais pressentiment. Par réflexe, je me mis pile poil derrière le brun pour le protéger d'un éventuel danger. Sauf que le danger se produisit bel et bien. J'avais à peine bouger que je sentis d'abord quelque chose heurter de plein fouet le haut de mon épaule droite. Puis la gauche fut la cible. Avant qu'une lame beaucoup plus longue que les précédentes ne me transperce le ventre. Je tomba à genoux alors que du sang s'échappait déjà des différentes plaies et du coin de mes lèvres. Je regardais ma main couverte du précieux liquide rouge. Pourquoi je saignais ? Ce n'était pas normal.. Les lames auraient du me traverser sans me blesser alors pourquoi j'avais mal et sentais mes forces m'abandonner ? Je m'écroulai sur le côté. L'attaque s'était déroulée en quelques millième de secondes seulement..

J'étais incapable de faire le moindre mouvement. Mes pensées n'étaient plus claires non plus. Je ne comprenais pas pourquoi mon corps ne se régénérait pas de lui même. Mes yeux virent Kaen se tourner vers moi. Je devais être lamentable à voir.. Je sentais mon sang sortir de mon enveloppe charnelle à une vitesse folle. Ma respiration devenait plus lente et plus difficile à tenir. Mes prunelles dorées devinrent lourdes au point que je ne sus tenir à les fermer. Je me sentais faible. Mon corps devenait froid. Mes plaies ne se refermeraient donc pas..? J'allais mourir ici sans revoir Sophia.. ? Sophia... Elle allait devoir grandir sans sa maman si je disparaissais ici... Et Kaen... Est ce qu'il tiendra sans moi ? Saura t il s'occuper d'elle sans se sentir coupable de ma disparition ? Non, je devais tenir ! Je ne pouvais pas mourir maintenant sans voir ses premiers pas ! Néanmoins, même si mon esprit refusait de céder, mon corps, lui, avait déjà atteint sa limite.

Cela peut paraitre cliché mais je me trouvais dans un long couloir sombre. Bien qu'il y avait une faible lumière au bout. Mes jambes avançaient toutes seules vers cette zone de clarté. Tout en marchant je voyais des images de scènes que j'avais déjà vécu. Ma naissance. Mon enfance. Mon "adolescence". Puis elles devinrent plus précises. Ma rencontre avec mon amoureux. Nos ennuis répétaient. Nos moments plus ou moins intimes. Ma grossesse et la naissance de la petite. Avant de terminer sur les problèmes récents. Mon corps allongeait au sol baignant dans mon sang. Ma peau qui blêmissait. J'allai atteindre la belle et agréable lumière lorsque j'entendis des larmes ainsi que des pleurs. Sophia...! Je ne pouvais pas abandonner maintenant ! Je fis demi tour avant de revenir à moi d'un coup. Mes yeux avaient la vue du plafond couleur beige. Je n'étais pas chez nous. Je me mis en position assise en grimaçant. Mon dos et mon ventre étaient douloureux. Par réflexe je posa ma main sur la seconde zone douloureuse. La petite pleurait encore. Je tournai la tête vers la porte avant de poser un pied sur le sol. Je penchai un peu la tête et c'est là que je vis que quelque chose clochait. La surprise me fit lâcher un cri. Les mèches de cheveux qui tombaient sur ma poitrine n'étaient pas blanches mais brunes.. C'était quoi ce bordel encore ?! Et pourquoi j'avais froid ? Ce n'était pas normal ça ! J'essayai de me lever mais sans succès. Mon corps était encore trop faible pour ça.. Cependant, Kaen apparut dans la pièce avec notre fille dans ses bras. Mon cri qui l'avait attiré peut être ? Il s'approcha de moi en me disant de me calmer et que mon état était temporaire. Il m'expliqua ensuite l'histoire. J'avais été touché de plein fouet par des armes anti élémentaire qui m'avait rendu humaine, d'où la couleur de mes cheveux. Quant aux grand parents, le brun les avait abandonné à leur sort. Donc cette histoire était terminée et nous pouvons reprendre notre petite vie "tranquille" ? Du moins, dès que je ne serai plus humaine.

Sophia tendait ses petits bras vers moi. Je la saisis pour la serrer contre moi alors que des larmes me montaient déjà aux yeux. Mon regard ne la quittait plus. Sa main tenait fermement mon petit doigt. Je pensais vraiment ne plus jamais la revoir. Ni elle. Ni lui. D'ailleurs, après m'avoir remis la petite, Kaen s'était éloigné pour prendre un t-shirt dans l'armoire de son ami. Il retira le précédent, qui était encore tâché de sang -du mien sûrement-, en se tournant vers moi pour me demander si j'avais faim. Mes yeux se posèrent sur son torse nu. Alors qu'auparavant, à part me gêner, cette vue ne me faisait rien alors que là... C'était autre chose. Une douce chaleur m'envahissait accompagnée d'une envie étrange et soudaine d'aller l'embrasser et le caresser  me prenait. Je secoua vivement la tête. Alors qu'il se rhabillait, je répondis à sa question:

- "Oui j'ai envie de.... manger mais je suis incapable de me tenir debout."

Au début ma langue allait dévoiler mes pensées précédentes avant que je ne me rattrape de justesse. Et vu mon état, le brun devrait, pour une fois, être au petit soin pour moi.

Épuisée. Voilà comment je pouvais décrire mon état mental et physique du moment. Il fallait bien avouer que j'avais été bien éprouvé. Entre la visite à l'improviste des grands parents de son amoureux, leur manigances pour me séparer de lui, accompagné des dures révélations qui avaient bouleversé le garçon et mes blessures presque mortelles, on pouvait dire que la semaine avait été bien éprouvante. Je venais de me réveiller de ce qui semblait être un long sommeil à cause des pleurs de Sophia. En me redressant, j'avais ressenti une vive douleur au niveau du ventre. Couvert de bandage propre, c'était sûrement là que j'avais été blessé.. J'avais essayé de me lever. Malheureusement, j'en fus incapable. Je me sentais si faible que mes jambes refusèrent de me porter. Alors, lorsqu'en plus je découvris que mes cheveux avaient changé de couleur sans faire quoique ce soit, j'avais lâché un cri sous la surprise. Kaen s'était alors précipité pour voir ce qui m'arrivait avant de m'expliquer toute l'histoire depuis que j'avais sombré dans l'inconscience. A cause de la vieille bique, j'étais devenue une simple humaine sans aucun pouvoir. Ce nouvel état expliquait la couleur de mes cheveux, la douleur que je ressentais au niveau de mes plaies et le fait que j'avais relativement froid. J'évitai de l'inquiéter à ce sujet en ne disant rien. Le brun changea de t-shirt couvert de sang, ce qui, contrairement à d'habitude me fit de l'effet. Je tenta de ne pas le montrer mais mes pensées avaient presque déteint sur les mots que j'avais prononcé mais j'avais su me rattraper juste à temps. Le potentiel "je veux t'embrasser" laissa sa place à un banal "j'ai faim".

Dans l'incapacité de me lever pour le moment, j'attendis sagement que Monsieur m'apporte mon repas au lit. Ce qu'il fit sans se faire prier. Il rapporta deux belles pommes rouges qu'il éplucha et coupa après s'être assis à mon chevet. Puis il piqua chaque quartier avec une fourchette pour me la porter à la bouche. Il n'abusait pas un peu là ? Certes mes jambes ne me soutenaient pas pour le moment mais je n'étais pas infirme ! Je ne manqua pas de lui faire part après avoir pris la première bouchée, les joues légèrement rouges par tant de faiblesse de ma part:

- "Je suis encore capable de manger toute seule Kaen ! Je veux voir Sophia. Apportes la moi s'il te plait."

Abandonnant la fourchette, le jeune homme s'exécuta en sortant de la pièce. Pendant son absence, je pris l’ustensile de cuisine pour terminer mon pseudo repas moi même. Je portais le dernier quartier à la bouche lorsqu'il revint avec la petite dans ses bras qui me lança un regard qui voulait tout dire.. Presque du dégout à cause de mes cheveux sûrement. Malgré tout, lorsqu'il la déposa dans mes bras, elle essaya de se mettre debout en s'appuyant sur ma poitrine de ses petites mains. Elle agrippait mes cheveux qu'elle tirait comme si elle voulait faire tomber la perruque que je portais. Le jeune papa ne manqua pas de lâcher un de ses commentaires dont j'avais l'habitude. Là il faisait juste le jaloux parce que sa fille avait le droit d'explorer ma poitrine et pas lui. Je préféra ne pas lui répondre, même si je lui lançais un regard lourd de sous entendu. Et pis, même si j'avais voulu le faire, il ne m'aurait pas entendu puisqu'il "s'enfuit" en prétextant aller préparer le repas de l'enfant.Je pouvais très bien lui donner le sein... A moins qu'il pensait que je n'en avais pas la force ? Ou que mon lait en tant qu'humaine ne soit pas suffisamment bon pour elle ? Dans les deux cas c'était vexant. En attendant, Sophia s'impatientait. La petite tirait un peu plus sur mes cheveux en commençant sérieusement à me faire mal avant que ses petites mains tirent sur mon t-shirt. C'était une maligne. Elle savait que c'était par là qu'elle était nourrie habituellement donc forcément.. Néanmoins je la regardais avec amour cette princesse. J'avais vraiment cru que je n'allais plus jamais la revoir et qu'elle allais devoir sans la présence féminine d'une mère. Et tout ça à cause de ses arrières grands parents paternel... Heureusement c'était du passé. Proche certes mais cela ne se reproduirait plus avant un long, voir très long moment. La petite ne serait plus seule. C'est sur cette pensée que le papa déboula avec un biberon tout chaud dans les mains. Et comme mademoiselle semblait ne pas vouloir me lâcher c'est moi qui lui donna la becqueter. C'est avec gourmandise qu'elle but tout le lait tiède qu'on lui proposait. Un petit rot et elle était déjà prête à retourner dans les bras de Morphée. A croire que même à son âge, les évènements externes l'avaient épuisé. A moitié endormi, je la rendis à son papa qui alla la coucher dans la pièce voisine.

Je resta donc seule dans la chambre, quelques minutes seulement. Je fus prise de frissons. J'avais un peu froid. C'est pour ça que je me rallongea. J'allais même me mettre sous les couvertures lorsque mon amoureux revint. Il vint se mettre à côtés de moi. Son bras se posa sur mon flanc avant que nos lèvres se rencontrent dans un baiser. D'abord léger, il finit par durer. Et me réchauffer plus que je pouvais le penser. La douce chaleur envahissait mon bas ventre et certaines pensées me vinrent en tête. Pensées qui me firent instantanément rougir. Ce n'était pas du tout mon genre d'imaginer ce genre de chose ! Était ce parce que j'étais devenue une simple humaine ? Kaen pensait toujours comme ça alors je pensais que c'était uniquement chez lui. Peut être que c'était du à sa race ? Si les humains pensaient à ça, ça promettait... Sauf qu'il n'était pas question de les laisser s'exprimer ! Je me blottis un peu plus contre lui alors qu'il recommençait à me taquiner en ressortant la phrase de tout à l'heure. Cette fois je lui répondis:

- "Sophia n'a pas de mauvaise pensées quand elle le fait, contrairement à toi!"

Nous restâmes un moment l'un contre l'autre. Juste blottis à profiter de la chaleur corporelle de l'autre. Aucune mauvaise idée. Juste lui et moi. Même notre fille ne nous interrompait pas. Un instant de tranquillité dont on pouvait enfin profiter. Ce moment pouvait être encore mieux si nous étions chez nous et pas chez Kyu. Je lui fis part de ma volonté de rentrer. J'ajoutais aussi que je me sentais mieux et capable de tenir debout sur mes jambes. Le chemin ne poserait pas de soucis si nous marchions à une allure calme. Je lui prouva même mes dires en me détachant de lui et en me levant. Comme il ne pouvait rien me refuser, il accepta ma proposition. Nous prîmes Sophia avant d'aller remercier nos hôtes pour l'aide apportée. Nous sortîmes ensuite pour rentrer. Je portais la petite dans mes bras, la poussette étant restée chez nous. Le brun était juste à côté. Ma main droite dans sa gauche. Le trajet se fit tranquillement, bien que les regards que les passants jetaient sur nous et les messes basses allaient bon train. Après tout, Kaen était au bras d'une "inconnue" brune qui portait sa fille. Sans entendre ce qui se disait, je pouvais aisément deviner ce à quoi ils pensaient. Le forgeron du village était au bras de sa maitresse ou de son amante, et celle ci portait sa fille comme si il s'agissait de sa mère. Heureusement que je savais que c'était moi même, sinon j'aurai pu me poser certaines questions sur la fidélité de mon amoureux.

Nous arrivâmes à la maison une dizaine de minutes plus tard. Nous entrâmes l'un après l'autre après qu'il ait ouvert la porte. Je lui donna Sophia pour qu'il la monte dans sa chambre. Moi, j'allai m'installer dans le fauteuil en l'attendant. Je repliai mes jambes contre ma poitrine avant de poser mon menton sur mes genoux. Je n'avais pas très chaud. J'avais presque froid même. Lorsque le papa réapparut, je tourna la tête vers lui alors qu'il approchait. Ce n'est que quand il fut près à s'assoir que je lui posa LA question:

- "Tu penses quoi de ma nouvelle apparence ? Et sois honnête ! Je le verrais tout de suite si tu mens !"

Je lui avais demandé pour rentrer à la maison. C'était une simple envie qu'il ne pouvait pas refuser. Et qu'il ne refusa pas. Nous prîmes nos affaires et Sophia, et après avoir remercier nos hôtes nous sommes enfin retourner chez nous. Les gens dans la rue nous avaient lancé de drôle de regards durant tout le trajet. Quelques messes basses nous parvenaient mais nous préférâmes les ignorer royalement puisque nous savions pertinemment qu'elles étaient complètement fausses. Une fois à la maison, Kaen alla coucher la petite pendant que j'allai me poser dans le lit conjugal. J'étais fatigué et j'avais un peu froid aussi. Lorsque le brun réapparut dans mon champ de vision je lui posa une question. Celle de savoir ce qu'il pensait de ma nouvelle apparence. Et je voulais avoir la vérité. Me préférait il avec mes cheveux blancs, toujours froide et distante ? Ou bien la teinte plus foncée l'attirait plus ? C'était vrai qu'il avait un petit penchant pour les brunes... C'était une chance pour moi. Mais en était ce seulement une ? N'allait il pas me demander de teindre mes cheveux en bruns lorsque j'aurai retrouver ma couleur d'origine parce qu'il préfère ? Juste après avoir fini ma phrase, Monsieur se mit à rire comme si j'avais dis quelque chose de drôle alors que j'étais sérieuse. Très sérieuse même. Il s'approcha. Sa main droite se posa sur mon épaule pour me faire basculer en arrière, me faisant ainsi m'allonger. Il se plaça au dessus de moi alors que ses lèvres s'approchaient de mes oreilles pour me dire:

"Tu es et tu resteras la plus belle à mes yeux, mais je t'avoue que ta nouvelle couleur me plait, je me retiens de ne pas te sauter dessus si tu vois ce que je veux dire."

Mes joues se teintèrent de rouge. Comment pouvait il me dire ça de cette façon ?! C'était vraiment un pervers et un obsédé ! Je posa mes deux mains sur son torse pour le forcer à s'éloigner un peu. J'avais chaud maintenant ! Tout ça c'était de sa faute ! Il se rapprochait tellement près pour me dire des trucs pareils ! Comment est ce que je pouvais rester de marbre à ça ? Surtout maintenant. En étant une simple humaine. Mes réactions étaient bizarres et j'espérais qu'il ne s'en rende pas compte. Tout en le poussant "gentiment" je lui répondis:

- "Je vois très bien ce que tu veux dire et c'est pas prêt d'arriver !"

Il se laissa faire sans même résister. Il se releva, et j'en fis autant. Néanmoins il alla vers la commode pour ouvrir un tiroir. Il voulait se changer ? Pourtant, à part des caleçons il n'y avait rien dans ce tiroir... Il n'avait pas caché quelque chose de dangereux quand même ? Non il n'oserait pas faire ça à cause de Sophia. J'allais lui demander ce qu'il pouvait bien camoufler là lorsque la sonnette retentit. A peine rentrer qu'on venait déjà nous ennuyer... Je soupirai un peu lassée d'être toujours dérangée. Et souvent les problèmes suivaient... Kaen m'expliqua rapidement que c'était une connaissance de Kyu qui devait lui rapporter quelque chose. Encore du mystère.. Pendant qu'il allait ouvrir, j'allai ouvrir le tiroir qui venait tout juste d'être ouvert pour voir ce qu'il contenait. A part des caleçons il n'y avait rien... Déçue, j'étais déçue de n'avoir rien trouvé. Peut être que je me faisais des idées..

Je retourna néanmoins vite fait sur le lit lorsque je l'entendis monter les marches à nouveau. En entrant, il tenait dans sa main une petite boîte qui semblait déjà avoir été ouverte. J'étais très septique sur ce qui se passait sous mes yeux. Qu'est ce qu'il me cachait ? Et pourquoi je pensais qu'il avait des secrets ? Ça ne m'était jamais vraiment arrivé.. Je ne vais quand même pas douter de lui ou devenir jalouse pour je ne sais quelle raison si ? Alors que je me torturais les méninges, il m'entraîna dans la salle de bain. Sophia était là aussi. L'heure du bain ? Il ne pouvait pas le faire tout seul ? Il fallait forcément que j'aille avec lui ? Non pas que passer du temps avec ma fille ou mon compagnon me dérangeait mais un bain quoi ! J'avais déjà eu du mal à dégager les pensées que j'avais eu juste en le voyant se changer alors un bain.... Comme je rougissais lorsqu'il commença à se déshabiller, je détourna vivement la tête. Ce n'est que lorsqu'il entra dans l'eau avec la petite que je reportai mon attention sur lui et que je me déshabilla à mon tour. Malgré tout il n'était pas question d'être nue ! A peine dans l'eau tiède qu'il commençait déjà à m'embêter. Verbalement seulement. Soit disant que j'étais mignonne dans cette tenue. Mes joues restèrent écarlates, mais il n'était pas possible de dire si c'était à cause de la chaleur de l'eau, des mots de mon compagnon ou alors à cause de mes mauvaises pensées. Sophia, elle, s'amusait comme une petite folle. Elle tapait sur l'eau en nous éclaboussant en riant. Elle était vraiment adorable. Je m'amusais à l'arroser doucement en ne manquant pas d'en faire profiter le papa.

Le bain terminé, la princesse fut sécher par son père pendant que je me séchais moi même. Puis nous avons inversé les rôles. Je l'habilla d'un petit pyjama adorable alors que Kaen se mettait au sec. Vert avec des oreilles de lapins. Trop mignonne. C'était les seuls mots qui pouvaient me venir à l'esprit en la voyant ainsi vêtue. Nous allâmes tous les deux la coucher, avant de se retrouver à nouveau seul. Nous n'avions pas eu le temps de nous rhabiller donc c'était encore en petite tenue que l'on se baladait. Et le jeune père ne manquait pas de me le rappeler. Je sentais son regard constamment sur moi. De haut en bas et de bas en haut.. Il s'était même confortablement assis sur le lit pour profiter du spectacle. Il se fichait de moi ! Ça se voyait à son petit sourire et à l'air général de son visage. Et ses mots qui suivirent ne firent que me confirmer mes pensées.

"Si tu continues à être aussi séduisante je promets pas de me retenir chérie."

Il voulait se la jouer comme ça ? Soit. Il allait voir ce qu'il allait voir ! Je m'approcha de lui d'un pas félin. Mes cheveux bruns encore mouillé ondulaient dans mon dos. Je le fis basculer en arrière en posant mes mains sur ses épaules. C'était à moi de prendre le dessus cette fois et je n'allais pas me faire prier. J'étais à quatre pattes au dessus de lui. L'eau coulant de mes cheveux tombaient en de fines gouttes sur son torse. J'approchai mes lèvres de siennes alors que mes prunelles dorées ne lâchaient pas les siennes. Malgré tout, je m'arrêta dans ma course à quelques millimètres du but. Ce n'était pas vraiment moi qui agissait. C'était cette stupide humide et ses pulsions qui allaient avec. Ses mots. Ses taquineries. Son corps. Sa personne. Tout lui faisait envie. Le toucher. L'embrasser. Dormir à côté de lui. Partager sa chaleur, et maintenant la mienne. En mimant ses gestes de tout à l'heure, ma bouche effleura son oreille pour lui murmurer d'une voix pleine de défi:

- "Me prends pas pour une idiote "chéri". Je sens très bien que tu me caches quelque chose. Et si tu me dis ce que c'est, je réaliserai l'un de tes voeux. Quel qu'il soit."

Kaen me cachait quelque chose. Cette idée commençait vraiment à envahir mon esprit même si il y avait peu de chance qu'elle soit vraie. Il avait, sous mes yeux ouvert un tiroir qu'il avait aussitôt refermé, était descendu ouvrir à un camarade de Kyu qui lui avait apporté une mystérieuse boîte dont il ne m'avait jamais parlé. Comment pouvait elle ne pas imaginer qu'il lui cachait quelque chose. Je n'étais pourtant pas d'une nature très curieuse. Du moins, généralement. Il y avait bien sur des exceptions lorsque cela concernait la santé ou le couple mais là, c'était juste pour des broutilles. Bien que la boîte qui semblait déjà ouverte pouvait entrer dans l'une des deux catégories cités juste avant. Après un bon bain à trois, Kaen, Sophia et moi et la petite au lit, le brun avait décidé de m'embêter. Encore. Son regard fixait fixement chaque courbe de mon corps. De la poitrine aux moindres petits bourrelets encore présent du à la grossesse. Je n'avais pas su empêcher mes joues de rougir sous tant d'insistance mais, lorsqu'il sortit sa taquinerie, je ne tiens plus. Je m'étais approchée de lui pour le faire basculer en arrière et être la dominante pour cette fois. Tout refaisait surface. Autant mes envies d'il y a à peine quelques minutes ou heures, que la volonté de savoir ce qu'il n'avait pas envie de me dire. Je lui murmurai que je satisferai l'un de ses désirs si il me disait ce que je voulais savoir. Ce comportement ne me ressemblait pas du tout. Jamais je n'aurai été jusque là juste pour savoir ce qu'il ne voulait pas dire. Surtout en sachant très bien quel genre de souhait il pouvait avoir me concernant... La cause de ce "changement" incontrôlé ? Sûrement ma nouvelle condition d'humaine. J'allai vraiment finir par avoir hâte de retrouver mes caractéristiques originelles, même si cela signifiait des désagréments pour mon compagnon. Peu importe !

Pendant que je me torturais l'esprit sur mon comportement, Kaen en profita pour échanger les rôles. Aisément. Je me retrouva sur le dos en moins de temps qu'il le faut pour le dire, avec lui au dessus qui me demanda en murmurant si j'étais bien certaine de vouloir connaître ses petits secrets en sachant ce qui m'attendait par la suite. J'eus un instant d'hésitation mais ma part d'humaine et sa curiosité mal placée pris facilement le dessus. J'acquiesçai donc. Il se leva alors, me laissant par la même occasion me redresser. Le jeune homme se dirigea vers le tiroir, que j'avais ouvert quelques minutes plus tôt sans rien y trouver, avant de revenir vers moi avec encore une petite boîte. Mais différente de celle qu'on lui avait apporté tout à l'heure. Il l'ouvrit devant mes yeux. Le petit coffret contenait un collier, avec comme pendentif une belle pierre azurée. J'entrouvris la bouche, un peu surprise du contenu. Je m'attendais à autre chose. Quoi je ne savais pas mais certainement pas un bijou. Et pis, qu'est-ce qui lui prenait de m'offrir ce genre de cadeau ? Ce n'était pourtant pas mon anniversaire. C'était vraiment un idiot de première classe.. Mais son attention me fit vraiment plaisir. Bien que cela m'enfonça un peu plus. En effet, Kaen était toujours au petit soin pour moi. A mon chevet quand j'allais mal. A m'encourager et à me soutenir dans les coups durs. Bien sur, j'agissais aussi de la même façon à son égard malgré tout, je ne lui avais jamais offert quoique ce soit. Les fois où j'essayais de lui faire plaisir étaient extrêmement rares. D'ailleurs la seule fois était il y a quelques semaines où nous avions fait l'amour à mon initiative.

"Et la boite c'est des médicaments, les humains en prenne quand ils sont souffrant, surtout quand leur petit coeur subit des arrêts cardiaque."

J'avais très vaguement écouté sa dernière phrase mais j'avais quand même le sentiment qu'il me parlais comme à une enfant qui ne comprenait encore rien à la vie. Néanmoins j'ignorais un peu mon ressenti de ce moment là. Ce qui m'inquiétait le plus était le sourire qu'il affichait. Celui qui disait ouvertement qu'il avait une idée pas très net derrière la tête. Le brun se rapprocha à nouveau de moi. Près. Beaucoup trop près. Il me fit basculer en arrière et je ne sus résister. Je me sentais déjà légèrement rougir lorsque ses mains effleuraient mon corps de douces caresses. Je frissonnais aussi. Ses doigts frôlaient ma peau nue à certains endroit. Ses lèvres étaient prêtes à atteindre les miennes mais il semblait faire exprès de les effleurer. Et j'avais beau me redresser pour que le contact ait lieu, le jeune homme s'éloignait toujours un peu pour l'éviter. Il se fichait de moi ! Il jouait purement et simplement avec mes nerfs ! Malgré tout, ses câlineries ne me laissaient pas indifférente. Je le sentais. C'était un peu différent de d'habitude mais mon corps réagissait favorablement à ses avances. Lorsque je failli réussir à obtenir un baiser, le brun se retira en cessant toutes marques d'affections et en ajoutant:

"Alors chérie, qu'est ce que ça fait d'avoir des envies ? Tu vois ce que je dois retenir chaque jour quand tu me laisses sur ma faim. Et ne me dis pas que tu n'as pas d'envies, ton corps te trahis. Mon voeu tu l'as bien compris, mais j'ai envie que la Kei humaine soit un peu créative, on va attendre ce soir, quand la petite dormira pour s'amuser toute la nuit."

Il se fichait de moi là ? C'était un pur caprice ce qu'il me faisait ! Une vengeance personnelle aussi ! Dois je lui rappeler que je suis un élément de glace ? Et que par conséquent je n'ai pas ces besoins de copuler à longueur de journée ?! Avoir eu Sophia relever déjà du miracle ! Il ne fallait pas pousser mémé dans les orties en en demandant trop hien ! Je commençais vraiment à croire que le fait que je sois devenue une humaine l'arrangeait. Il avait de la chance que je lui ai promis de réaliser son voeu sinon je l'aurai encore envoyé boulet pour me faire ça ! Ce n'était pas humain un tel comportement ! Mais c'était un peu compréhensible... Mais quand même ! Me faire attendre autant alors que je meurs d'envie de sentir son corps contre le mien.. Mon visage était rouge rien que d'y penser. Je préférai éviter son regard plutôt que de lui répondre. Kaen finit néanmoins par enfin m'embrasser. Un baiser ultra rapide avant qu'il ne descende les escaliers. Il était méchant de me faire ça.. Je restai assise sur le lit comme une idiote. Je ne bougeais pas pendant plusieurs longues minutes. Puis je me décida ! J'enfilai rapidement un t-shirt et un pantalon avant de dévaler les marches à la hâte. Je passa le pas de la porte sans même à mot à mon compagnon.

Non je n'allais pas m'attirer d'ennuis. Pas en ce moment. Je voulais juste passer le temps "restant" à une distance raisonnable de lui sinon je ne tiendrai pas. J'avais aussi pour idée d'acheter des sous vêtements aguicheurs. Il voulait que je sois créative ? J'allais l'être. Ou alors non. Des sous vêtements étaient ils vraiment nécessaires si nous faisions un détour par le bain ? Je me baladais dans les rues du village sereinement. Bien que j'essayais sans grand succès de chasser mes mauvaises pensées de ma tête. Imaginez la réaction des gens si ils me voyaient rougir sans la moindre raison ? Déjà qu'ils pensaient que j'étais l'amante du forgeron... Je soupirai un peu à cette idée. Ça ne m'amusait pas d'être le centre des rumeurs à chaque fois. Que je sois avec les cheveux blancs ou bruns, c'était toujours la même chose. En me baladant, mon regard se posait sur les marchandises qu'affichait les magasins. Kaen ne cessait de me couvrir de cadeau alors que moi... Rien. J'étais vraiment nulle en relation humaine. Je me décevais moi même c'était pour dire. En plus je ne savais même pas ce qui pourrait lui faire plaisir... Une épée ? Il pouvait en fabriquer autant qu'il en voulait... Un bijou ? Ce n'était pas vraiment son genre d'en porter. Un vêtement ? Des tonnes s'entassaient déjà dans les armoires. Je ne voyais rien qui pourrait lui plaire. Je soupirai avant de tourner les talons pour rentrer. Bredouille.

Plusieurs heures s'étaient écoulées entre ma sortie de la maison et mon retour. Le soleil était déjà en train de se coucher. Sophia était, elle aussi, prête à aller au dodo dans son beau pyjama lapin rose. Kaen était déjà en train de la mettre au lit alors que j'allai m'isoler dans la chambre parentale. Je savais qu'il ne ferais pas le premier pas puisque c'était moi qui était censé le faire. Je m'enfermai dans la salle de bain après avoir saisi un de mes vêtements dans un tiroir. J'avais déjà une petite idée de comment être "créative". Je fis couler l'eau du bain pendant que je me changeais. Au revoir soutien gorge et petite culotte. Bonjour t-shirt blanc juste assez long pour couvrir mes fesses. Une fois la baignoire suffisamment remplie, je dis à travers la porte après l'avoir ouverte:

- "Kaen, tu peux venir deux minutes ? J'ai du mal à changer mes bandages..."

Je dévoilai mes épaules en faisant glisser le tissu lorsqu'il entra. Le fait que j'avais des difficultés à m'occuper des pansements étaient vrais. Mais c'était aussi le seul moyen détourner pour l'entraîner ici et pour ne pas lui dire ouvertement que c'était le moment. C'était bien trop gênant ! Quand il commença à me soigner, je sentis mes joues rougir un peu. Et ce n'est que lorsqu'il termina que je me retourna pour l'embrasser avec fougue. Sans rompre le contact une seconde, je le poussai vers la baignoire remplie d'eau jusqu'à ce qu'il y plonge tout habillé. Mes yeux pétillaient d'un brin de malice alors que je le rejoignis. Je m'installai à califourchon, face à lui. Mon vêtement, avec l'eau était devenu transparent et laissait apparente chacune de mes formes. Mes mains s'aventuraient déjà sous le haut du jeune homme en vue de lui retirer dans les prochaines secondes tandis que mes lèvres s'emparaient encore une fois des siennes. Ma langue s'amusait avec la sienne sans la moindre hésitation. Le seul moment de répit que je lui laissa fut lorsque le haut tomba. Le sien. Le mien restait collée à ma peau. Le brun torse nu, je lui demanda:

- "Est ce assez créatif à ton goût chéri ?"

Puisqu'il avait satisfait ma curiosité, et comme je lui avais promis que je réaliserai l'un de ses voeux, me voilà dans la salle de bain, sans sous vêtement avec un simple t-shirt blanc. J'avais trouvé l'idée "parfaite" pour l'attirer dans la salle d'eau. Je lui avais demandé de venir pour changer mes bandages. Mais ce n'était qu'un prétexte. A peine était il entré que je l'avais accosté. Mes lèvres entrèrent en contact avec les siennes en moins de trente secondes. J'avais assez attendu. Il m'avait déjà fait patienter toute la journée juste par caprice et vengeance ! Je l'entraina sans même rompre le contact vers la baignoire que j'avais rempli avant. Je ne tarda pas non plus à le rejoindre en m'installant à califourchon sur lui. J'avais ensuite retiré son t-shirt trempé avant de reprendre possession de sa bouche. Nos langues s'amusaient gaiement et assez sauvagement. D'abord à mon initiative puis le brun avait suivi sans la moindre hésitation. Même au travers des vêtements restants du jeune homme je sentais son excitation. La mienne montait aussi mais avec l'eau qui nous entourait elle était beaucoup moins perceptible. L'eau devenant un peu froide, Kaen prit les devants en me soulevant. Il nous sortit de la baignoire. Mais alors que je pensais que notre direction serait la douceur du lit, je me retrouva plaquer contre le froid du lavabo dans une position pas très confortable. Il ne me laissa même pas le temps de râler qu'il entra en moi sans aucune délicatesse, me faisant faire une belle grimace. Certes, je l'avais excité mais était ce vraiment une raison d'être aussi brutal ? Malgré tout, dire que je ne partageais pas son plaisir serait un énorme mensonge. Nous restâmes ainsi de longues minutes qui me semblait être des heures. Ce n'était pas que je n'appréciais pas mais je n'étais pas super bien installée.

Nous changeâmes de lieu ensuite pour aller sur le lit. Enfin du confort. Je me retrouva allongée sur le ventre avec lui au dessus, déjà prêt à poursuivre ce qu'il avait commencé. Plusieurs changements de positions s'enchaînèrent. Ventre, dos, re ventre. Mon corps et mon esprit se laissaient entraîner par le rythme qu'imposait Kaen. De faibles cris et gémissements m'échappaient bien malgré moi. J'avais chaud et je sentais que je perdais pied. Il allait de plus en plus vite alors que je ne tenais plus. Lui aussi semblait s'impatienter. Ses allers-retours devaient plus puissants et beaucoup moins entre passés. Sans imaginer que l'extase arriverait si vite, je me retournai pour me placer à nouveau sur le dos. Je l'entourai ensuite de mes jambes comme pour intensifier chacun de ses mouvements. Je m'étais même un peu redresser pour glisser mes mains dans son dos. C'est exactement en même temps que nous atteignîmes le septième ciel. J'avais poussé un cri beaucoup plus audible que les autres en griffant assez sauvagement le brun dans le dos. Je poussai mes derniers longs soupirs de plaisirs sous ses derniers coups de reins plus lents et langoureux. Lorsqu'il se retira, j'attirai mon homme vers moi pour réclamer un baiser que j'obtiens. Néanmoins il ne dura que peu de temps puisque Monsieur avait d'autre projet en tête. Notamment de prouver que je lui appartenais en marquant ma peau. Je frissonnais à chaque contact ce qui me donnait presque envie de recommencer même si j'étais déjà bien fatiguée. Je me lova contre le torse mon amoureux avant de m'endormir contre lui.

La nuit fut courte puisque c'est les rayons du soleil, et non pas Sophia qui me sortit du sommeil. La première chose que je vis fut Kaen qui me souriait. Je lui rendis son sourire avant de lui accorder son petit bisou du matin. Je mis un peu de temps pour me rappeler des évènements de la veille. Mes avances et ce qui s'en était suivi.. Nous avions fait l'amour d'une manière qui ne me ressemblait pas du tout. Je sentis mes joues se teintaient d'un peu de rouge. J'avais honte d'avoir agi comme ça. Même si c'était "normal" chez les humains et qu'en ce moment j'en étais une à part entière. Je me mise en position assise en cachant ma poitrine avec le drap du lit. Je cherchais rapidement mes vêtements du regard mais ils avaient disparus. Je me doutais bien que ce n'était pas le fruit du hasard. Le brun attendait sûrement que je me lève pour profiter de la vue. Je commençais à le connaitre un peu à ce sujet. Je tirai vers moi le morceau de tissus avant de me lever. Ainsi, ce dernier couvrait mes formes suffisamment pour le décevoir un peu. J'allai vers mes tiroirs pour en sortir un soutien gorge rouge que j'enfilai, suivi de la culotte assortie. Je pris un t-shirt que j'enfilai en faisant une remarque à Kaen sans un regard:

- "J'ai l'impression que tu as plus apprécié notre moment d'hier que la dernière fois juste parce que je suis brune .... Dis le clairement si tu me préfères comme ....."

Je marqua un temps d'arrêt alors que je repensais à quelque chose. Je ne me rappelai pas avoir utiliser un préservatif et je ne prenais aucun moment de contraception. Et d'après mes souvenirs il était resté en moi jusqu'au bout et même un peu plus... C'était une blague ? C'était pas possible ! Nous n'avions pas fait ça quand même ?! Nous n'avions pas osé ?! C'était beaucoup trop tôt pour avoir un autre enfant ! Sophia était encore un bébé et c'était déjà suffisamment de problème comme ça. Surtout que la grossesse ne s'était pas passée dans les meilleures conditions. Alors il n'était pas question de reproduire l'expérience ! Rapidement, je me tourna alors vers lui et c'est avec colère que je lui dis en haussant le ton:

- "Espèce de crétin ! Tu t'es pas retiré hier pas vrai ? Et si je retombe enceinte maintenant t'y as pensé ?!! A moins que c'était ce que tu voulais ? Avoir un autre enfant qui serait ton portrait craché en ayant les cheveux bruns et qui ne serait pas victime de stigmate ?!" puis d'une voix plus calme mais pleine de reproche je poursuivis: "Laisses moi... Va au boulot, allez oust ! Je veux plus te voir !"

Je lui balançai les premiers vêtements, qui étaient les siens, à sa figure. J'étais énervée. Mais pas vraiment contre lui. C'était à moi que j'en voulais. Je me souvenais très bien que c'était de "ma" faute puisque, de un, je lui avais promis ce genre de plaisir, et de deux, je l'avais retenu.. Après, il aurait pu se retirer contre mon gré ainsi le problème ne se serait même pas posé mais non. Et pis le principal fait fautif était ma condition d'humaine qui me faisait ressentir certaines sensations pour la première fois. La première n'était autre que le plaisir de la chair et le désir qui l'accompagnait. Ce n'est que lorsque la porte d'entrée se referma sur le brun qui venait de sortir que je posai ma main droite contre mon front. Je n'avais pas envie d'être encore enceinte. C'était trop de contrainte et trop douloureux. Et pis Sophia était encore un bébé qui allait bientôt savoir marcher alors c'était pas possible. Mais... Malchanceux comme nous étions il y avait 99% de chances pour cela arrive. Et il n'était pas certain que Kaen ou moi ait le courage d'abandonner le potentiel bambin encore dans mon ventre. C'était vraiment la galère.. Et ça tombait toujours sur nous. Je soupirai alors que la petite se mit à pleurer. J'allai à son chevet pour la prendre dans mes bras après avoir enfiler une robe ample bleue ciel. La pauvre mourrait de faim et c'était mon lait qu'elle allait avoir cette fois. Pas de lait en poudre ou je ne sais quelle autre mélange dont le contenu pouvait laisser à désirer. Je lui donna le sein après m'être installée dans le fauteuil de sa chambre. Pendant la tétée, je réfléchissais un peu. Encore une fois j'avais preuve d'aucun tact avec mon amoureux et je ne lui avais même pas laissé le temps de s'expliquer une seconde. En même temps, que voulez vous qu'il explique ? Je savais déjà que c'était entièrement de ma faute mais il avait fallu que je passe mes nerfs sur quelqu'un.. J'allai encore devoir me faire pardonner et m'excuser..

- "Mama." avait elle dit en tendant sa petite main vers moi que je saisis dans la mienne.

- "Ne t'inquiètes pas Sophia. Maman et Papa vont très bien."

Je lui avais souris tendrement en venant embrasser son front. Je commençai même à me dire que ça serait compliquer de lui expliquer toutes nos petites disputes quand elle serait plus grande. Comment faire comprendre à un enfant que ses parents ne sont pareils et ne pensent pas de la même façon ? Et que donc, il était "normal" qu'il y ait des querelles entre eux mais que ce n'était pas de la faute de la petite fille ? Le repas terminé, c'est une ballade qui poursuivit le moment mère-fille. Bien sur, après avoir mis Sophia dans la poussette, j'avais pris une tartine, histoire de ne pas sortir le ventre vide, surtout après l'effort physique de la veille. Bébé s'était endormie sur le chemin. Maman, elle, avait fait un détour chez l'épicier où pommes, pommes de terre, carottes avaient atterri dans son panier. J'avais été un peu dur avec Kaen ce matin alors pour me faire pardonner je lui ferai un bon repas en essayant de lui parler de mes craintes. Même si je doute que la deuxième partie de mon projet se réalise vraiment. Humaine ou pas, je n'avais jamais su exprimer clairement mes sentiments, que ce soit avec lui ou un autre. Sur le chemin du retour j'hésitais un peu entre rentrer directement ou passer voir le jeune papa. Puis finalement le choix se porta sur la première option. J'aurai plus de temps pour préparer ma "défense" et mon cadeau d'excuse. Je marchais tranquillement. Les habitants du village affichaient toujours une drôle de tête puisque je n'étais "Kei" mais une inconnue brune et probablement l'amante du forgeron. Mais je m'en fichais. Mon esprit divagua facilement sur le sujet de la dispute de ce matin. Le fait de retomber déjà enceinte me tracassait vraiment... Surtout que les chances de fécondation lors d'un rapport après un accouchement sont élevées... Et en étant humaine, le pourcentage de "réussite" augmentait encore un peu plus. C'était presque certain que d'ici quelques mois mon ventre se serait déjà arrondi. Juste cette pensée me fit soupirer. Je ne voulais pas encore d'un enfant ! Mais je ne voulais pas non plus avorter si ça se concrétisait. Sachant que Sophia avait été un "accident" et que nous l'avons gardé avec le risque qu'elle soit la fille de ce connard de noble, alors un enfant issu d'un vrai moment intime où j'étais consciente du début à la fin de mes actes, ça ne se rejetait pas comme ça.

Perdue dans mes pensées, je ne me rendis pas compte qu'il se tramait quelque chose dans mon dos. Et en tant qu'humaine, le vent ne m'était plus qu'aucune utilité. Il me gênait même, à toujours mettre mes cheveux devant mes yeux ! Rien ne parvint à mes oreilles de la conversation de trois hommes à proximité de moi et du berceau. Je ne vis rien venir non plus. Pour rentrer plus vite, je pris un raccourci qui se résumait à une allée assez isolée, que peu d'habitants empruntaient que ce soit le jour ou la nuit. Je n'aurais jamais du passer par là. A peine à mi-chemin qu'un tissu blanc avec une drôle d'odeur fut posé contre mon nez et ma bouche. Mes poignets furent saisis la seconde d'après et vu la poigne utilisée pour me bloquer, ça devait être un homme. Par pur réflexe protectionniste je tenta de les congeler mais j'avais oublié un petit détail de taille.. Je n'étais plus un élément de glace. J'étais une humaine banale, jeune maman, qui venait de sombrer dans le sommeil en laissant son bébé en plein milieu d'une ruelle sombre. Sophia n'avait pas pleuré mais par instinct, un fin dôme de glace s'était formé autour d'elle pour la protéger.

Lorsque je me réveilla enfin, mon environnement avait changé. Il me semblait que nous étions transportés. Oui nous. Parce que je n'étais pas seule. Nous étions une dizaine de femmes dans ce qui ressemblait à la remorque d'un camion. Nous avions toutes les vêtements déchirés à des endroits stratégiques, laissant nos jambes, nos épaules et une partie de nos poitrines visibles. Aucun homme n'était là. Chacune avait ses mains attachées par une paire de menottes et il en était de même pour ses chevilles. Dans quelle histoire je m'étais encore faite embarquer.. ? L'une des personnes présentes m'informa que cela faisait bien deux heures que le voyage avait commencé. Super... Je n'étais sûrement plus dans le village. Sophia était toute seule et Kaen me retrouverait jamais. Enfin si l'envie lui en prenait puisque nous nous étions disputés ce matin. Je m'inquiétais plus pour ma fille que pour moi et le sort qui m'attendait. Même si je devinais facilement ce qui allait se passer par la suite. Que des femmes, aux vêtements déchirés, attachés. Ça ne pouvait être que des marchants d'esclaves ou de prostitués. Dans les deux cas c'était mauvais et il n'était pas question que je moisisse ici plus longtemps. Je fis par de mes intentions à mes camarades de fortune qui semblaient être beaucoup plus résignée et docile que moi. Aucune ne voulait me suivre dans l'action. Elles ne se sentaient pas de taille à affronter des hommes.

Le camion s'arrêta. Et la porte de la remorque s'ouvrit laissant entrer le soleil. J'étais sortie vers onze heures. A treize heures j'étais en route pour rentrer à la maison. Donc il devait être quinze heures environ. La lumière m'éblouit un peu mais cela ne changeait rien à mon "plan". Il était d'une simplicité enfantine. Foncer dans le tas et s'en sortir vivant. C'était largement dans mes cordes après tout ce que j'avais pu vivre jusqu'à présent.

- "Hé mec regardes. La jolie brune s'est enfin réveillée."

- "Voici le terminus mesdemoiselles. Maintenant sortez ! Et dans le calme."

Un homme était juste à l'entrée de la remorque, sur la gauche. Un second était un mètre plus loin devant. A première vue ils n'étaient que deux. Dernière attrapée, j'étais donc la première à sortir. Les menottes entravaient chacun de mes mouvements mais ce n'était pas ça qui allait m'empêcher de retrouver ma fille, même si pour ça je devais marcher toute la nuit ! Un pas, deux pas et trois pas à l'extérieur puis tout se déroula très vite. Je donna un gros coup de menottes à l'individu à ma gauche ce qui le déstabilisa. Je m'élançai ensuite sur l'autre bonhomme qui subit le même sort, un bon coup de menotte sous le menton. Néanmoins, ce dernier eut le temps d'esquiver un peu le choc. Je m'étais fait avoir par ces satanés liens ! Je ne pensais pas qu'ils allaient me ralentir à ce point ! L'autre n'avait pas été suffisamment assommé pour me laisser la paix puisque j'avais à peine fait un pas de travers que l'on me plaqua sur le sol, face contre terre. Bien sur je me débattis mais le second vint lui prêter main forte, ainsi qu'un troisième. Ils étaient combien ?! C'est le plus baraqué de trois qui me releva et alla m'enfermer plus loin pendant que je leur lançais un regard meurtrier et que l'un des deux autres lâcha une remarque:

- "C'est qu'elle a du mordant celle là. On la garderait pas pour nous ?"

Une heure et demi plus tôt. Dans la ruelle isolée et relativement sombre, Sophia s'était mise à pleurer. Quoi de plus normal. Elle se retrouvait dans un environnement totalement inconnue sans la présence de l'un de ses parents pour la rassurer. C'est une vieille femme, d'une soixantaine d'années qui la trouva, attirée par les pleurs. La grand mère fut un peu étonnée de voir ses grands yeux couleurs écarlates mais cela l'aida à deviner qui était le père de ce petit bout. Dans le village il n'y avait qu'une personne avec ces yeux là et c'était le forgeron. Le seul du coin donc tout le monde le connaissait. Elle prit doucement le bambin dans ses bras pour calmer ses pleurs mais cela n'eut pas un grand succès. Sophia ne cessa pas ses larmes. Alors l'adulte prit la décision de ramener la petite à son père, qu'elle savait encore au travail à cette heure de l'après midi. Arrivée à la forge, la vieille dame laissa la poussette devant avant d'entrer avec Sophia dans ses bras qui pleurait encore. Elle annonça ensuite son arrivée:

- "Désolée de vous déranger mais... Je pense que c'est votre fille non ? Je l'ai su grâce à ses yeux. Vous savez, il n'y a pas beaucoup de monde ici qui a cette teinte là dans le regard."

- "Papa." avait elle dit en tendant ses petites mains vers son paternel.

Décidément être une humaine ne me réussissait pas du tout. Entre la dispute du matin avec mon amoureux, la ballade complètement foiré avec Sophia et l'échec cuisant de mon plan pour m'échapper, j'étais servie. Rien ne s'était passée comme j'aurai pu le vouloir. Attrapée comme une bleue par des inconnus qui m'avaient endormis en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire. Laissée ma fille toute seule dans une rue sombre et peu accueillante à cause de ça. J'avais été transporté dans un camion avec d'autre femmes ayant subi le même sort. J'avais essayé de les convaincre de se battre à mes côtés pour s'enfuir mais aucune n'eut le cran d'accepter.. C'est donc seule que je m'étais élancée face à deux assaillants. Un violent coup de menotte dans le visage du premier qui le déstabilisa un peu. Le second reçut le métal sous le menton. Malgré toute ma bonne volonté je m'étais faite avoir en beauté. Je n'avais pas pensé que mes liens m'auraient ralenti à ce point, ce qui eut pour effet que le deuxième individu ne fut pas suffisamment étourdi pour que je sache m'échapper... En moins de deux, je me retrouva face contre terre, les deux hommes me maintenant fermement au sol. J'avais beau me débattre comme une furie rien n'y faisait. Je n'arrivais pas à me redresser. Il fallait absolument que je me trouve une ouverture. Sophia m'attendait ! Et je devais m'excuser auprès de Kaen ! C'est le plus baraqué qui me fit me lever sans la moindre once de douceur. Il m'éloigna des autres femmes qui allèrent dans une autre direction. C'est par une porte dérobée que nous entrâmes dans un bâtiment. D'autres jeunes filles étaient présentes. Toutes étaient attachées aux murs. C'était sûrement le sort qui m'attendait. Et effectivement, j'avais vu juste. Je me retrouva enchaîner à la paroi. Les mains attachées devant moi et un collier autour de mon cou comme si j'étais un chien, le tout dans une cage. C'était vraiment dégradant. Surtout avec la tenue que je portais. Mon soutien gorge était à moitié visible. Ma petite culotte aussi d'ailleurs. J'attendis patiemment que l'homme sorte pour agir.

Il n'était pas question que je traine des heures et des heures ici. Encore moins que je me fasse acheter par un de ces salopards de nobles ! Surtout que mon compagnon n'était pas là pour me soutenir moralement comme par le passé... J'aurai aimé qu'il soit avec moi mais je me consolais en me disant que Sophia était au moins en sécurité avec lui. Je n'avais qu'à trouver le moyen pour déguerpir d'ici pour aller les retrouver. Je sortis de mes cheveux une épingle. J'allais m'en servir pour détacher les menottes. En pleine action, où je devais l'avouer j'avais un peu de mal, une des filles me dit qu'elle avait déjà essayer et que ça s'était terminé par un échec. Ce n'était pas ça qui allait m'arrêter ! Je devais essayer par moi même. J'avais, malgré moi, l'expérience de ce genre de situation. Et pis, j'avais un but à atteindre, et j'y arriverais ! Et j'y parvins. La serrure des liens sautèrent au bout de longues minutes. Je fis de même avec ceux que j'avais au pied. Bon. C'était déjà une bonne chose de faite. Maintenant il fallait sortir de cette cage moisie. Elle semblait s'ouvrir uniquement de l'extérieur. Je regrettais vraiment mes pouvoirs aujourd'hui. J'aurai pu geler les barreaux pour les briser en deux secondes mais non.. Là je devais ruser. Et correctement. L'homme qui m'avait amené paraissait être complètement idiot mais fort physiquement.. Et si les filles déjà présentes ont tenté de s'enfuir aussi avant moi, certaines idées avaient sûrement déjà du être employés, ce qui réduisait mon champs d'action. J'étais vraiment dans une belle galère. Je décidai de prendre les menottes tombées à terre pour les claquer contre les barreaux. Mon objectif était d'attirer l'homme et de le "séduire" un peu. Lorsqu'il entra pour voir qui faisait tout ce raffut je saisis ma chance:

- "Hé mon beau, par ici. Ça doit être difficile pour toi te retenir tes envies avec toutes ces jolies filles à moitié déshabillée non ? Et si on s'amusait un peu tout les deux ?"

De mes mains libres, je dévoilai complètement mes sous vêtements pour lui montrer le sens du mot "s'amuser". J'aurai jamais fait ça avant ! Être une simple humaine me rendait beaucoup trop audacieuse là ! Ou alors c'était juste l'envie de retrouver ma famille qui prenait le pas sur la gêne. Mon plan semblait marcher puisque l'individu s'approcha de ma cage et ouvrit la porte. Sauf qu'au lieu de me sortir de là pour m'emmener ailleurs, il entra à son tour bloquant toute option de fuite. Non ! Non ! Et re non ! C'était pas du tout prévu comme ça ! Il s'approchait encore et j'étais acculée contre les barreaux. Une fois qu'il fut assez près, je le poussa violemment sur le côté pour me précipiter vers l'ouverture de la cage mais il attrapa mon pied pour me traîner jusqu'à lui. J'étais allongée en dessous de lui, comme j'aurai pu l'être avec Kaen. Il ajouta que dans cette position je faisais beaucoup moins la maligne. Je sentais déjà ses mains allaient de mon flan à mes cuisses. Il n'y avait que mon homme qui pouvait faire ça ! Rapidement je remonta mon genoux qui tapa le point faible des êtres masculins. Il s'écroula en tenant ses bijoux de famille. Je n'attendis pas une seconde pour sortir de la cage. Je me dirigea vers la seule porte existante. Je l'entrouvris pour voir si il n'y avait personne derrière ou à proximité. Il y avait un homme pas loin mais il était seul. J'étais prête à m'élancer pour retrouver ma liberté mais l'autre n'avait pas apprécié ma petite scène. Il avait saisit mon poignet tellement rapidement que je n'avais rien vu venir. Il m'avait ré entraîné dans la première pièce et me colla une droite qui me fit horriblement mal ! Si il ne m'avait pas tenu j'aurai sûrement été projeté contre le mur le plus proche sous la force du coup. Et ça ne s'arrêta pas là. Après le visage, c'est le ventre qui reçut un puissant impact, me faisant lâcher un cri de douleur. J'étais comme une vulgaire poupée dans ses mains. Il avait enchaîné plusieurs coups à des endroits qui en seraient pas visible pour la vente avant de me re-balancer dans ma cage en prenant soin de m'attacher les mains dans le dos cette fois. Ce corps était faible. J'avais mal partout et je sentais ma bouche se remplir de sang que je ne manqua pas de lui cracher au visage. Ce qui me valut un nouveau coup. Mon bourreau sortit et je n'avais plus qu'à attendre l'inévitable. La vente.

Je fus un peu surprise de voir débarquer Kyu et Kaen dans la salle. Ils étaient bien habillé en plus. Surtout le brun... Non cela ne m'excitait pas ! Mais ça ne m'empêcha de rougir un peu et de détourner les yeux. Mes sentiments étaient partagés entre la honte, la colère et la joie. La honte pour lui avoir parlé comme ça ce matin alors qu'il n'avait rien fait. La joie de voir qu'il était venu me chercher. Et la colère de voir une autre brune à ses côtés qu'il tenait en laisse. Il avait interêt à s'expliquer et à être convaincant lorsque je sortirais de ce bordel ! Et Sophia ? Si Kyu était là qui la gardait ? Il fallait mieux pour lui que ce ne soit pas l'autre sadique sinon il allait m'entendre ! J'écoutais ce que disait le "vendeur" à mon sujet. Des conneries. Oui j'avais déjà été esclave. Mon amoureux aussi. Mais ce n'était le noble que j'avais tué mais sa garce de soeur qui s'était joué de nous ! Qu'ils vérifient donc leur source avant de dire n'importe quoi ! Mais ils devaient s'en ficher royalement de ce genre de détail. Mes deux connaissances finirent par payer le vendeur pour la fille que MON homme tenait en laisse et un accompte pour une bonne douzaine d'autre filles qu'ils viendraient chercher le lendemain. Ils sortirent et je devais les rejoindre ailleurs. Pourquoi d'ailleurs ? Parce que j'étais classée comme violente ? Ou alors il y avait une autre raison ?

De longues minutes passèrent avant que l'on ne vienne me chercher. Mes mains restèrent attachées, de même que mes chevilles. Mais à cela s'ajoutait un bandeau sur mes yeux. Pourquoi ? J'étais vendue non ? Ils avaient juste à mener à mon acheteur et c'est tout ! Quelque chose de mauvais se tramait. Je suivis mes "maîtres" à l'aveugle. Je n'avais pas d'autre choix que de leur faire confiance. Malgré tout mes sens étaient en alerte. Aux moindres bruits suspects je ne me laisserais plus faire. Et les cris de Kaen m'interpellèrent. Ce n'était vraiment pas normal. Il avait du y avoir un problème. Je me mis à me débattre pour aller le rejoindre. Je donnais des coups totalement à l'aveugle et parfois la cible était touchée. Tout en m'agitant je criais le prénom de mon homme.  Mais les hommes qui étaient avec moi ne l'entendaient pas de cette oreille. Certains resserèrent leur étreinte sur mes poignets alors qu'un autre tenta de me faire taire. Manque de chance pour lui, il se retrouva avec une bonne grosse morsure qui saignait abondamment. Je continuais à hurler à plein poumon:

- "Kaen ! Par ici ! Kaen !!"

Je pus crier pendant quelques minutes avant que l'un des individus eut l'idée de me bailloner avec un chiffon qui puait l'alcool. Il avait serré tellement fort que les coins de mes lèvres étaient en feu. Je ne pouvais plus indiquer ma position à mon compagnon.. J'étais fichue... Si il se faisait attraper à son tour, s'en serait fini pour nous. J'aurai peut être du lui dire d'abandonner et que j'allais m'en sortir comme une grande.. Après tout d'ici quelques temps je retrouverais mes capacités et là je pourrais me délivrer sans problème. Il suffisait juste d'être patient. Ce que je ne savais pas c'est qu'en me débattant, un fil de ma robe, déjà à moitié abîmée, s'était accrochée. Si le jeune papa voulait poursuivre ses recherches, un fil le conduirait tout droit à sa femme. Enfin si il faisait vite.

J'avais été enlevé par des marchands d'esclave lors d'une simple ballade avec Sophia. J'avais du passer une bonne demi journée enfermée, durant laquelle j'avais essayé de m'échapper par divers moyen qui s'étaient offert à moi. Mais tous s'étaient soldés par un échec cuisant. Je m'étais résolu à attendre Kaen qui viendrait sûrement me chercher, et si ça n'avait pas été le cas, j'aurai simplement attendu le retour de mes pouvoirs d'élémentaires pour m'échapper sans problème. Surtout que j'avais peu de chance de trouver preneur puisque j'étais catégorisée comme violente. Mon amoureux était finalement venu me retrouver et avait conclu un marché avec le vendeur. Mais comme d'habitude avec nous, rien ne se passa comme prévu. Pour une raison inconnue, je ne le rejoignis. Bien au contraire, on m'en éloignait. J'avais eu beau crier de toutes mes forces, rien n'y faisait. Il avait du mal à me localiser. Et ça devint encore plus difficile lorsque je fus dans l'incapacité d'hurler. Mes geôliers me firent accélérer le pas. Aveugle, je tomba une fois, deux fois et même une troisième fois avant qu'ils ne se décident à me rendre la vue. Mes capacités visuelles retrouvées, je regardai où j'étais, combien il y avait d'assaillants et où Kaen pouvait bien se trouver. Dans une sorte de ruelle, j'étais seule avec un homme. Depuis le début nous n'étions que deux ? J'avais un doute la dessus.. Mais soit, mes yeux n'étaient pas en train de me tromper.

Je ne sais pas combien de temps nous avons couru dans ces ruelles mais nous finîmes par tomber enfin sur Kaen. Moi j'étais contente de le voir. Mon "camarade" de course, beaucoup moins. Le brun n'hésita pas à foncer tête baissée comme il en avait si bien l'habitude. Il voulait mettre K.O. celui qui me retenait prisonnière. Sauf que ce dernier avait une technique toute faite pour éviter les coups. Il me tira par les poignets pour me placer en face de lui. Il voulait que je sois son bouclier c'est ça ?! Comme si ça allait fonctionner ! Je n'aurai qu'à me dématérialiser lorsque le poing de Kaen me toucherait ! ah mais non.. J'oubliais un détail. J'étais humaine donc le moindre coup allait me blesser. C'était pour cette raison que le jeune papa hésita et se retrouva à terre deux secondes plus tard. Qu'il attaque donc ! Je n'avais pas peur de me prendre des coups ! Surtout que, fallait pas se leurrer, je les méritais amplement.. Entre la scène de ce matin et l'abandon de Sophia, je comprendrais tout à fait que Kaen m'en veuille. Alors un coup ou deux pour se "venger" et pour se permettre de toucher l'adversaire, qu'il ose ! Mon regard lui en donnait l'autorisation mais il n'en fit rien. Au contraire, il utilisa une autre méthode. Son visage se déformait sous la colère. Ça devait être la première fois que je le voyais aussi énervé. Et pourtant nous avions eu des situations pires que celle là qui pouvait mettre en rogne. Ou alors c'était ma condition d'humaine qui faisait une telle peur ? En élémental, je n'avais aucune raison de craindre mon amoureux, il était incapable de me blesser. Mais aujourd'hui j'étais une faible humaine qu'il pouvait réduire en poussière en quelques minutes à peine. Avec du mal je retenais mes jambes de trembler. Oui, mon compagnon me fichait la chair de poule. Si je ne le connaissais pas, j'aurai sûrement pris mes jambes à mon cou vite fait bien fait. Mais je savais qu'il restait Kaen, le père de notre fille et que je n'avais rien à craindre. J'eus quand même un mini mouvement de recul lorsqu'il s'approcha rapidement de moi. Sans même prendre le temps de me détacher, il me pris comme si j'étais un sac à patate sur son épaule avant de se mettre à courir. Ce n'est qu'après plusieurs mètres de course que je compris. Il y avait un vieil homme avec une canne qui nous suivait et qui dégageait une aura effrayante. Encore plus que celle de Kyu ou de Kaen lorsqu'il était plus qu'en rogne. Ça me faisait froid dans le dos. Vraiment.

Le brun nous fit entrer dans une sorte d'entrepôt où la marchandise humaine était exposé, en attente d'un acheteur. ll me déposa assez délicatement par terre avant de retirer les liens dans mon dos. Je pouvais retirer le reste moi même ensuite. C'est ce que je fis pendant qu'il jetait un coup d'oeil au alentour. Je pouvais enfin parler à nouveau et me déplacer sans entrave. A peine m'étais je remis sur mes jambes que Kaen me donna une pichenette sur le nez. Pas une que l'on fait pour s'amuser. Non non. Une de celle qui sonnait comme une punition. Instinctivement, je posa ma main sur l'endroit de l'impact alors qu'il disait que je ne perdrais rien pour attendre. Comme si je n'étais pas au courant ! Même si ce n'était pas de ma faute, j'étais entièrement responsable de ce qui s'est passé aujourd'hui. Je n'avais aucune excuse, exceptée que j'étais affreusement faible dans ce corps. Comment pouvait il être si fort dans une enveloppe charnelle si fragile ? J'avais un homme exceptionnel à ma portée et moi je me complaisais de mes capacités d'élément de glace. J'étais vraiment pitoyable. Je tournai la tête pour ne pas croiser ses yeux, tout en lâchant un faible "désolée" à peine audible. Allez Kei réveilles toi ! C'est pas le moment de tergiverser. Nous devions sortir d'ici et au plus vite. Sophia n'allait pas attendre éternellement ! Si elle était toujours en train d'attendre... Je fis le tour de l'endroit, histoire de trouver une issue sans risque. Le brun avait dit que le casino était bouclé donc les chances d'évasions étaient relativement minces. Mais il fallait tenter. En faisant le tour, je remarqua plusieurs bouches d'aérations, assez large pour contenir un être humain. Je me tourna vers mon amoureux:

- "Aides moi à monter Kaen, je vais aller voir où ça mène pour savoir si on peut sortir par là sans se battre."

Il me fit la courte échelle après s'être approché. Je retira la plaque avant de m'aventurer dans le tunnel pile assez large pour ma corpulence. Avant de partir, je lui dis de libérer les autres femmes prisonnières et que je revenais vite pour dire ce qui en retournait. A quatre pattes j'avançais lentement pour faire le moins de bruit possible. Je regardais à travers chacune des grilles pour voir où elles desservaient. Les premières donnaient dans la salle même du casino, où bon nombre de gardes s'y étaient attroupés. Descendre là serait une très très mauvaise idée. Je continua donc mon chemin. Arrivée à un croisement j'avais le choix entre aller à droite ou à gauche. Je pris à droite et poursuivit ma route jusqu'au bout du tunnel. Cette fois c'était sur une ruelle que ça donnait. Je ne voyais pas si il y avait des gardes à l'extérieur mais ça semblait calme.. Je retirai soigneusement la grille de sécurité pour passer la tête et voir soulagement que la voie était complètement libre. Je fis demi tour pour retourner à mon point de départ. Kaen m'attendait avec la vingtaine de filles libérées.

- "On peut passer par là. La rue est déserte. Suffit juste d'être discret dans les tunnels. J'ouvrirai la marche et tu la fermeras Kaen d'accord ?"

Je ne lui laissais pas vraiment le choix, à moins qu'il ne préférait utiliser la méthode forte. Comme convenu, j'ouvris la marche. Je fus la première à poser le pied dans la ruelle où la voie était toujours libre. J'aidai ensuite les filles unes à unes à descendre de la bouche d'aération. Ces dernières prirent chacune des routes différentes pour retrouver leurs proches. Moi, j'attendis que Kaen arrive. Il était un peu long... J’espérais qu'il ne se soit pas attiré d'ennuis.