Nous avons des invités [Terminé]

C'est de part mon initiative que nous avons pu nous en sortir. Rappelons que je m'étais faite avoir comme une bleue par des vendeurs d'esclaves, que Kaen et Kyu étaient venus à mon secours, qu'ils en avaient profité pour se rincer l’œil et acheter une de mes congénères de fortune. Mon amoureux avait su me retrouver par chance ou par le lien invisible qui nous unissait. Mais malheureusement, comme rien ne se passait comme prévu, nos poursuivants étaient justement toujours à nos trousses. Nous avions alors trouvé "refuge" dans un des hangars contenant d'autres filles destinées à la vente. J'eus la "brillante" idée de passer par les bouches d'aération pour sortir et ce fut payant. Une à une les filles sortaient de l'endroit étroit pour partir chacune de leur côté pour retrouver leur proche. Moi, j'attendais Kaen qui devait faire la marche et qui commençait à être un peu long.. J'espérais vraiment qu'il ne se soit pas attiré trop d'ennuis... Finalement il avait fini par me rejoindre sans la moindre égratignure et d'un pas lent. Ce qui était une bonne chose puisque ça signifiait que personne ne l'avait pris en chasse. Je soupirais de soulagement alors que ses yeux me reluquaient de haut en bas. Je ne pensais pas qu'il en profitais pour regarder mes formes, mais plutôt pour vérifier que je n'avais rien. Il vint ensuite me tapoter la tête pour me dire sans un mot qu'il était prêt à rentrer.

Malheureusement, notre chance ne dura pas. A peine avions nous fait quelques mètres que les gardes nous avaient déjà rattrapé. C'était notre punition pour avoir trainer un peu.. Ni une, ni deux, la course reprit à folle allure. Nous parcourions les ruelles sans même faire attention où nous allions et cela nous conduisit presque à notre perte. Au bout de quelques minutes, nous nous sommes retrouvés dans un cul de sac. Je jetai un regard à mon homme avant de me concentrer sur ce qui nous entourés. D'un côté un mur qui me semblait immense. De l'autre une troupe d'hommes prêt à nous tomber dessus. Encore une fois nous étions foutus.. Comme toujours.. Et par ma faute aujourd'hui.. Si je n'avais pas été si faible nous aurions passé une soirée tranquille avec Sophia. Un peu perdu dans mes pensées, ce qui n'était pas très malin dans un moment pareil, je sentis la main de Kaen attrapait la mienne pour m'attirer vers une porte qui semblait être ouverte. Et qui l'était même ! La chance nous souriait l'espace d'un instant. Nous bloquâmes la porte avec le premier meuble qui était passé sous notre main avant de s'aventurer à l'intérieur. Les salles défilaient sous nos yeux dans un décor quasiment identique à chaque fois. Nous étions dans une immense salle de sport, dont chacune des pièces avaient pour thème un domaine sportif différent. Seulement voilà, qui disait ce genre de bâtiment disait souvent une seule entrée et sortie... Et c'était par là que nous étions entrés. Il nous était impossible de faire demi tour... En plus il semblerait que nos poursuivants aient déjà réussi à nous suivre. C'était une mauvaise blague ?! Pourquoi nous accorder un peu de chance si c'était pour nous la retirer aussi sec ?! Qu'avait donc les Dieux contre nous ?! Nous devions être maudit de chez maudit.. Plus malchanceux que nous n'existait pas.

Par réflexe nous sommes allés nous cacher dans l'un des premiers casiers qui se présenta. Faire plus étroit aurait été bien difficile. J'étais littéralement collée à lui. Je pouvais sentir son souffle chaud dans mon cou. Ce n'était pas spécialement dérangeant excepté lorsqu'il se mit à bouger pour changer de position ! Son coude prenait appuis sur ma poitrine encore gorgée de lait pour la petite. Quant à son genoux il était pile où il ne fallait pas ! Je sentais mes joues prendre leur teinte rouge habituel et qui en ce moment me donnait étonnamment chaud. Nos regards se croisèrent l'espace d'un instant qui lui suffit pour me taquiner en me tirant la langue. Je détournai les yeux la seconde suivante en espérant retrouver rapidement mon calme. Chose qui me semblait impossible vu que c'était des images de la veille qui me revenait en tête. C'est donc encore plus rouge que je sortis du lieu confiné une fois que la voie était libre. Je tournais le dos à Kaen, le temps de reprendre mon souffle et de retrouver une couleur acceptable. Ce n'est qu'ensuite que nous prîmes la route pour rentrer à la maison. Le trajet se fit dans un silence pesant. Le brun marchait devant et j'étais un peu en retrait. Je n'avais pas fort chaud vu la tenue que j'avais. La robe que j'avais mis le matin était complètement en lambeau, dévoilant ainsi mes jambes et une partie de mon torse. Et ça, le jeune père n'en fit rien. Il n'avait même pas essayé de cacher ça aux yeux des autres. Bon c'était vrai qu'il faisait noir et qu'il y avait peu de monde de sorti mais quand même.. Avant il ne m'aurait pas laissé comme ça. Il m'en voulait et je comprenais tout à fait pourquoi: la dispute du matin et l'abandon involontaire de Sophia. Le tout, étant entièrement de ma faute. Au bout de plusieurs longues minutes, je tenta de m'excuser:

- "Kaen, je ..."

- "Ah vous voilà enfin. Vous êtes en retard."

C'était Kyu qui m'avait coupé dans mon élan. Je manquais vraiment de veine là.. En plus, il était accompagné de l'esclave que mon cher compagnon avait acheté pour je ne savais quelles raisons. Une belle brune aux yeux verts envoûtants. Rien que ça... A côté d'elle je faisais pâle figure, sauf pour la poitrine. En jeune maman, je la devançais aisément sur cet unique point. C'est finalement à quatre que nous sommes rentrés. Je n'avais pas arrêté de jeter un coup d'oeil à mon homme mais aussi à celle qui vivre sous notre toit contre mon gré. Était ce une vengeance de sa part ? Une façon de me faire payer tout ce que je lui avais fait vivre récemment ? Ou bien il était juste attiré par son physique qu'elle allait conserver contrairement à moi qui allait récupérer mon apparence d'origine ? Cela promettait encore des moments difficiles ça.. Espérons que ça aille mieux avec Sophia. D'ailleurs nous arrivâmes enfin. Kaen ouvrit la porte et nous entrâmes chacun notre tour, moi en dernière position. Je voulais voir ma fille. C'était ce que j'allais faire avant que le brun me chuchote discrètement que je devrais aller me changer à moins de revivre la scène du casier. Dans un murmure et au tac-au-tac je lui disais que c'était un baka, les joues légèrement rouge rien que d'y repenser.

Je m'étais dirigée vers l'escalier ensuite pour retrouver Sophia qui était dans sa chambre. J'avais monté deux marches que la voix de l'esclave se fit entendre après que Kaen lui ait demandé son nom:

- "Je suis née pour être une esclave, je vous appartiens totalement, je n'ai pas vraiment de nom, je prendrais celui que vous me donnez. Si madame veut que je m'occupe de votre enfant pendant qu'elle se change il suffit d'ordonner."

Zen... Reste calme Kei.. Ce n'était pas la peine de s'énerver même si Kaen était plié de rire derrière. Ce n'était qu'une esclave dont je m'occuperai plus tard. Ce qui comptait maintenant c'était la petite. Arrivée à l'étage je m'étais dirigée vers sa chambre où Seira s'occupait d'elle. Tant mieux, c'était déjà pas l'autre sadique qui l'avait gardé. Je pris la parole:

- "Merci Seira de t'être occupée d'elle. Je vais prendre le relais."

- "De rien."

L'amie de Kyu me mis l'enfant dans les bras avant de quitter la pièce et de descendre les escaliers. Sophia me regardait avec ses grands yeux écarlates. J'avais l'impression de voir ceux de Kaen, s'en était vraiment frappant. Je me mis à lui parler jusqu'à ce qu'elle me coupe en se mettant à hurler:

- "Maman est vraiment dé..."

J'essayais tout ce qui me passait par la tête pour la calmer: la bercer, agiter un de ses jouets devant ses yeux, la changer et même lui proposer un biberon. Rien n'y faisait. Vraiment rien. Jusqu'à ce que son papa vienne dans la pièce. Là, par miracle ses cris se calmèrent un peu. Mine de rien, comme si elle venait tout juste de commencer à pleurer, je lui dis en lui mettant la petite dans les bras:

- "Tiens, je crois qu'elle est fatiguée. Je te laisse la mettre au lit. Je vais en profiter pour me changer."

J'étais allée dans la chambre. J'avais pris un t-shirt et un short que j'enfilai rapidement après avoir retiré mes lambeaux. J'avais très bien compris ce qui s'était passée avec ma fille. C'était sa façon à elle de bouder. C'était assez réussi. Moi qui avait espérer que ça se passe mieux avec elle qu'avec son papa, c'était raté. Et le père et la fille m'en voulait. Comme si je ne me sentais pas déjà assez coupable comme ça ! Allez Kei ! Ne t'inquiètes pas ! Ça allait lui passait. Ce n'était que passager. Sauf que je me trompais lourdement...

Les jours avaient passé et c'était toujours le même scénario. Kaen se rendait au travail en me laissant avec la nouvelle venue et la petite. Au début Sophia pleurait pour réclamer de l'attention ou assouvir ses besoins naturels. Mais, dès qu'elle se rendait compte que c'était moi, elle hurlait à s'en arracher les poumons et se débattait si je tentais de faire quoique ce soit. Du coup, je n'avais pas eu d'autre choix que de me résignait, à contre coeur, à laisser faire "l'esclave". Puis, les jours suivants, la petite ne se manifestait plus. Du moins, jusqu'à ce qu'elle entende son papa rentrer. Dès lors, elle se l'accaparait autant qu'elle le pouvait, et ce, souvent jusqu'à son coucher. Inconsciemment Sophia m'éloignait peu à peu de son père. Chaque jour, cette situation me pesait un peu plus et me faisait me sentir de plus en plus mal. J'avais beau essayé de rattraper mon erreur rien n'y faisait. Ma fille m'en voulait toujours autant et ne me laissait aucune occasion de me réconcilier avec son père. Parce que oui, le brun cumulait chaque jour son travail de forgeron, plus celui de père de famille qui supportait les désirs de sa fille de toute la journée sur quelques heures. Résultat, à peine couché, qu'il s'endormait déjà. De mon côté, puisque je ne pouvais pas exercer correctement mon rôle de mère, je me contentais de ranger, veiller sur la petite de loin et faire la cuisine. Et encore... Plus les jours défilaient et plus la nourriture que je faisais était mauvaise. Déjà que j'étais loin d'être un cordon bleu ... Est ce que l'on pouvait parler de babyblues ? Peut être mais c'était plus profond que ça. Je voyais tout en gris et noir, et surtout, rien n'allait. Je trouvais mon reflet dans le miroir horrible. Ses cheveux bruns commençaient à m'agacer. Mes yeux dorées me semblaient avoir perdu toute leur intensité et donnaient une couleur de paille grillée au soleil. Mes seins me paraissaient être horriblement gros, ce qui s'expliquait par le fait que Sophia ne se laissait plus allaiter. J'avais l'impression d'avoir grossi alors que je ne mangeais quasiment rien. En bref, ce corps me dégoûtait. J'avais aussi la sensation que mon amoureux ne me regardait plus et qu'il préférait porter son attention sur l'autre femme de la maison. Il était peut être temps d'arrêter là.. Après tout, un élémentaire n'est pas fait pour avoir une vie de famille comme un simple humain. L'idée mit plusieurs heures à mûrir dans mon esprit et avant même de m'en rendre compte je me trouvais devant la forge du brun.

Durant un instant j'hésitai à entrer. Je ne voulais pas le déranger sur son lieu de travail mais je savais qu'à la maison la discussion serait impossible à cause de la petite. Je pris une grande inspiration avant de trouver le courage de passer le pas de la porte. Il était en plein ouvrage mais il était seul. Tant mieux. Je restai plusieurs secondes à le regarder avant de savoir prendre la parole:

- "Kaen, je dois te parler de quelque chose d'important.. Tu as un peu de temps à m'accorder.. ? Sophia est avec Sarah."

Je trouva un coin où m'assoir en attendant qu'il ait fini. Cela me laissa du temps pour organiser ce que j'allais lui dire. Lorsqu'il me rejoignit, j'inspirai profondément avant de me lancer en trifouillant l'anneau qu'il m'avait offert il y a un moment déjà:

- "Je pense qu'il est temps pour nous d'arrêter. Ou du moins de faire une pause. Me regardes pas comme ça Kaen... Tu garderais Sophia et la maison et c'est moi qui partirais. Ça ne devrait pas poser de problème puisque je ne suis plus indispensable... "

La dernière phrase avait été dit dans un murmure à peine audible. Si le brun demandait pourquoi, je lui répondrais simplement que : de un je suis une mauvaise mère qui a abandonné sa fille, qui la déteste à présent au point de ne plus se laisser approcher. De deux, que je suis aussi une mauvaise fiancée, incapable de faire un repas digne de ce nom ou de satisfaire les désirs élémentaires de son homme. A croire que je cumulais vraiment tout les défauts. J'avais du mal à le regarder en face. Il ne fallait pas croire que c'était facile pour moi de lui dire ça.. Bien au contraire.. Pourquoi alors, avoir opter pour une solution aussi radicale ? Tout simplement parce que j'étais à bout..

A bout j'avais fini par rejoindre Kaen sur son lieu de travail pour lui dire l'idée qui m'avait traversé l'esprit. Faire une pause dans notre relation pour retrouver un potentiel équilibre ensuite. Je n'en pouvais plus de voir Sophia me rejeter à chaque tentative pour me faire pardonner. Et Kaen ne faisait rien non plus pour me donner un coup de pouce. Je n'avais même plus le droit à des petites attentions ! Je me sentais mise sur la touche juste à cause de cet incident.. Si ça ce n'était pas de la malchance... Lorsque j'eus terminée de déballer mon sac, le brun entra dans une colère noire entièrement justifiée. Il n'hésita même pas à me gifler en me disant les mots les plus durs qu'il ne m'avait jamais dit:

"Voila, si tu voulais être punie pour cette incident avec Sophia tu l'as. Tu te rend compte de tes paroles ? Tu sais ce que cela veut dire ? Tu veux partir loin de nous ? Dis plutôt que tu en as marre de cette vie peut-être. Tu supportes pas l'idée que Sophia te rejette, cela fait quelque jours, notre fille est têtue normal qu'elle tient bon. Si l'envie te prend de partir je ne te retiendrais pas, ton comportement est horrible. Je ne sais pas si c'est parce que tu deviens de plus en plus humaine mais jamais la femme que j'ai aimé partirai loin sa fille pour si peu. Je te laisse une chance Kei, tu reviens à la maison et tu t'excuses auprès de Sophia pour avoir pensé de l'abandonner et cette fois de ton plein grès et si tu ne veux plus rester auprès de l'homme qui t'aime et de la fille qui a vu le jour en toi tu peux garder cette alliance et en faire ce que bon te semble !"

Lorsque la claque tomba, j'avais posé ma main sur ma joue. Je l'avais mérité depuis un moment celle là.. Ses mots me blessèrent au plus profond parce qu'ils sonnaient justes. Non je n'en avais pas marre de la vie qu'il me proposait. J'aimais être auprès de lui et de notre fille mais pas dans cette situation ! C'était trop difficile pour moi. C'était comme si on m'avait fait connaitre l'amour pour me le retirer une fois que j'en étais devenue dépendante ! Il ne pouvait pas me comprendre, tout comme j'étais incapable de le comprendre. Nous sommes différents mais c'était ça qui nous a rapproché. Oui j'étais un monstre. Je l'avais toujours été, ce n'était pas nouveau. C'était même mieux qu'il pense ça maintenant. Cela rendrait les choses moins difficiles. Pourtant ses yeux le trahissaient. Mes mots l'avaient blessés autant que les siens pour moi. Le brun me donnait en plus une dernière chance. Idiote comme j'étais je n'allais pas la saisir. Ma décision était déjà prise. Avant que je ne parte de la forge, il m'avait remis son anneau. Le même que je portais encore à mon doigt. C'était bel et bien fini.

J'avais fait la forte devant lui mais à peine étais je sorti que je sentais déjà quelques larmes prêtes à sortir. C'était moi qui avait pris la décision je n'avais pas à pleurer bon sang !! Sauf que ce n'était pas si je ne les aimais pas lui et Sophia. C'était les amours de ma vie. Mais je ne pouvais pas faire autrement. Si j'acceptais sa deuxième chance est ce que Sophia me pardonnerait vraiment ? Et au bout de combien de temps ? Et lui, combien de temps lui faudrait il pour me pardonner d'avoir abandonner sa princesse et d'avoir penser le faire de mon plein gré ? Cela prendrait sûrement moins de temps que si je partais vraiment... Néanmoins, en bonne tête de mule, je ne pouvais pas revenir sur ma décision comme ça ! Si en partant Kaen pouvait refaire sa vie et être heureux avec Sophia et une autre femme cela me suffirait. Je pourrais dire que j'aurai fais le bon choix. Et si ils étaient tout aussi heureux sans moi, très bien. Je retourna comme "prévu" à la maison pour récupérer quelques affaires. Cela ne prit que quelques minutes à peine. Pourtant elles me semblèrent fort longues. Sous vêtement, t-shirt et pantalons uniquement. Pour le reste le brun pourrait en faire ce qu'il voulait: les donner, les jeter ou même les brûler. J'aurai bien été dire au revoir à Sophia mais il était sûrement préférable d'éviter, au risque de la faire hurler encore... Je me résolus à ne pas le faire même si j'en mourrais d'envie. Mes affaires rassemblées, j'avais descendu l'escalier. Kaen était assis dans un des fauteuils du salon et regardait le feu crépiter dans la cheminée. Je posa la main sur la poignet de la porte avant de jeter un dernier regard à l'intérieur de notre maison. J'avais le coeur serré et les larmes à l'oeil. Je finis néanmoins par sortir non sans entendre le dernier mot de gentillesse de mon "ex" compagnon. Je n'eus pas la force d'essuyer mes larmes mais je ne perdis pas de temps. J'étais en route pour retourner chez "moi".

J'étais arrivée dans mon village natal au bout de quelques jours de marche. La neige était toujours présente et j'avais fini à pied nu. C'était idiot puisque je n'étais plus un élémentaire de glace à ce moment là mais j'avais la sensation que ça ne pouvait que me faire du bien. Imaginez la tête des villageois en voyant débarquer une "étrangère" à pied nu et sans assortiment anti-froid. Même en humaine, mon corps avait su supporter le froid ambiant assez bien. Bon j'avais bien des engelures et autres traces bleutées mais rien de bien grave. Une famille avec enfants m’accueillit les bras ouverts le premier jour sans se douter une seconde que j'étais l'être qu'ils avaient l'habitude d'appeler le monstre. Ce "cadeau" fut plus empoisonné qu'autre chose. En effet, je ne pus m'empêcher de penser à Kaen et Sophia que j'avais lâchement abandonné. Je ne le montrais pas mais je regrettais déjà mes actes. Le jour suivant, je retrouvai mes "appartements" bien que les gens du village me le déconseillaient fortement. Je ne sortais que pour aller me chercher à manger. Chaque jour je me baignais et courrais avec le moins de vêtement possible. Bien sur je le faisais à l'abri des regards indiscret. Pour garder en tête mon "objectif", même si il était impossible de l'oublier, j'avais enfilé nos anneaux sur un collier que j'avais accroché à un mur. Je devais m'endurcir avant de retrouver ma forme originelle. Je devais changer et être plus forte ! Pour eux. Pour ne plus me faire avoir si facilement et pour les protéger.

Au bout de deux mois, mes cheveux blancs étaient de retour. Mes pouvoirs avec. Je pouvais à nouveau congeler ce que je voulais et pour le prouver j'avais geler le lac entier avant de déclencher une petite tempête de neige comme pour signaler mon retour. La vraie moi était enfin là. Je sentais déjà que j'avais retrouvé un peu plus confiance en moi. Mais ce n'était pas encore le moment de retourner vers eux. J'y pensais chaque jours. A longueur de temps. J'imaginais à quoi ressemblait Sophia, si elle faisait déjà ses premiers pas, si elle avait appris d'autre mots ou ce genre de chose. Je deviendrais la maman et la femme idéale ! Je supporterai la chaleur et j'aurai la patience de tout supporter ! Le fait d'avoir vécu deux mois en tant qu'humaine m'avait appris des choses et des sensations que je n'avais encore jamais connu. Je m'en retrouvais grandis. Et ouais vieille bique ton tour s'est retourné contre toi ! Pendant quatre mois je continuais à travailler. J'allais voir les gens pour améliorer mon relationnel, même si je me faisais refouler souvent. Je m'entrainais à cuisiner, même si le résultat était juste potable. Je me forçais à revivre les moments de fortes chaleurs que j'avais connu pour m'obliger à tenir. Pour ne pas perdre la raison mais ce n'était pas très efficace. J'avais besoin de lui physiquement pour vraiment y parvenir. Et il n'était pas question d'aller tenter avec quelqu'un d'autre ! A part ça, je m'essayais à de nouvelles techniques. J'avais trouvé un truc assez intéressant par hasard. En gelant certaines parties de mon corps, je pouvais donner l'impression qu'elles étaient différentes. Tout ça grâce aux jeux de lumières. Mais c'était plus un tour de passe passe qu'une véritable technique. Je travaillais à augmenter la rapidité d'apparition de ma glace, de sa durée de vie lorsqu'elle était soumise à la chaleur. A la renforcer aussi pour qu'elle devienne aussi dure que possible ! Même si je voyais les progrès, j'avais toujours l'impression que ce n'était pas assez. Malgré tout, je me décida à aller les retrouver sous conseil d'un ancien du village. Cette pause m'aura permis d'être accepté sur ma terre natale, par certaines personnes du moins.

Le voyage de retour ne prit que quelques heures cette fois. Comme en partant j'avais le coeur serré. Je ne savais pas comment ils allaient réagir. Soit Kaen aurait refait sa vie et dans ce cas je n'aurai plus ma place et mes efforts auraient été vains, soit j'avais encore une chance de rattraper toutes mes erreurs, tout en sachant que ça serait loin d'être facile. Mais j'allais y arriver ! Je n'allais perdre les personnes qui comptaient le plus pour moi une nouvelle fois ! J'avais d'abord commencé par demander des informations aux villageois sur le brun et la petite. J'appris qu'ils n'étaient toujours que tout les deux, et que par conséquent. Je serrais les anneaux, toujours reliés par un collier et que j'avais emporté, qui étaient dans ma poche: j'avais encore ma petite chance. Je sus également qu'ils avaient l'habitude d'aller au parc en début d'après midi. Néanmoins, ce n'est qu'au bout de quelques jours que je n'osa y aller. J'étais d'abord passée une fois par la maison en fin d'après midi pour voir si quelque chose avait changé en six mois. Bien sur je n'étais pas entrée. Après tout, ce n'était plus vraiment chez moi...

Puis chaque jour j'allais au parc. Je m'installais sur un banc au alentour de midi et attendais. Avec mon nouveau tour de passe passe, mes cheveux blancs tiraient vers un beau blond dorée ce qui rendait la couleur de mes yeux beaucoup étrange aux yeux des passants. Mes vêtements étaient sobres aussi: un jean, des baskets et un simple t-shirt bleu. J'avais l'impression d'être une stalkeuse et j'en avais honte. En être réduire à faire ça était désespérant. Même si je l'avais cherché. Lorsque le duo arrivait, je faisais tout à coup beaucoup plus attention à ce qui se déroulait sous mes yeux. La première fois je fus assez surprise de voir que Sophia avait grandit à une vitesse ahurissante. Elle semblait avoir quatre ans déjà ! Et la voir ainsi me faisait m'en vouloir encore plus d'avoir été aussi faible.. J'avais l'impression d'avoir rater une partie importante de sa vie et c'était intolérable pour une mère digne de ce nom.. Je n'aurais vraiment jamais du les laisser tout les deux.. Ce serait sûrement le plus gros regret de toute ma longue vie. Au bout de quelques temps, je pense que Kaen me suspectait car il jetait souvent des regards dans ma direction. Non pas d'être la femme qu'il a aimé mais plutôt d'être une perverse qui appréciait un peu trop les enfants. Un jour, le brun laissait la petite s'éloigner un peu plus que d'habitude. Par pur réflexe maternel, je m'étais levée pour l'interpeller. J'avais à peine ouvert la bouche que je me retrouvais déjà à terre dans une position qui me semblait bien familière. Le jeune papa juste au dessus de moi, mes yeux se reflétant dans les siens ayant toujours leurs couleurs aussi intenses. Cela faisait six mois que je ne l'avais pas vu d'aussi près. Il n'avait pas pris une ride même si il semblait un peu fatigué. Je n'avais qu'une envie à ce moment, c'était de le serrer dans mes bras et de l'embrasser. Parce que oui, il était toujours l'homme de ma vie et je l'aimais peut être encore un peu plus maintenant.

- "Je vois que tu n'as pas changé Kaen. Toujours à nous mettre dans cette position et à attirer toute l'attention sur nous."

Je lui avais dis ça sur un ton moqueur, sans aucune rancune, avec un petit sourire aussi. J'avais l'impression que si je donnais un vrai sourire j'allais me faire recaler directement. Après tout, il devait m'en vouloir. Et je le comprenais parfaitement. Voyant qu'il ne bougeait pas, j'ajoutai:

- "Tu peux te lever maintenant ? A moins que tu ne veuilles que ta fille continue à nous regarder comme elle le fait... "

Après six mois d’absence, j'avais enfin décider de retourner là où j'étais le plus heureuse. Auprès de la personne que j'aimais et de ma fille. J'avais su les retrouver assez facilement. Le papa n'avait pas changer d'un pouce, physiquement du moins, alors que la petite avait eu une poussée de croissance phénoménale. Je les avais observé de loin pendant plusieurs jours lorsqu'ils se rendaient au parc avant que le contact n'est lieu. Il fallait prendre le terme contact au sens propre et non au figuré. Kaen m'avait littéralement envoyé au sol pour venir s'installer comme il en avait l'habitude autrefois. Après une remarque de ma part, il ajouta qu'il ne serait pas tendre avec moi. Comme si je n'en avais pas conscience. Je savais très bien que ce n'était pas en revenant la bouche en coeur que j'allais me faire pardonner, que ce soit auprès de lui ou après de Sophia. D'ailleurs en parlant d'elle, elle s'était approchée de nous pendant que son père me disait que nous allions avoir une discussion juste tout les deux avant de dire à sa fille d'appeler tonton Kyu pour s'occuper d'elle. J'en profitais pour la regarder plus en détail. Ses cheveux avaient poussés jusqu'à ses épaules et affichaient la même teinte blanche que les miens. Elle mesurait environ un mètre. Qu'est ce qu'elle pouvait avoir grandi.. Kyu vint la chercher à peine quelques secondes plus tard et je les regardais s'éloigner. Ce n'était pas comme si je n'allais plus la revoir ou qu'elle n'était pas en sécurité mais cela me rendait un peu triste. J'avais l'impression de la voir partir une nouvelle fois. Mais bon ça allait s'arrangeait ! Enfin je l'espérais de tout coeur.. Kaen me sortit de ma rêverie et nous prîmes la direction de la maison.

Le jeune homme ouvrit la porte et alla s'installer dans le salon. Comme j'avais pu le constater en regardant par la fenêtre lors d'une après midi, rien n'avait changé depuis mon départ. Aucun nouveau meuble n'avait été ajouté, aucun travaux n'avait été fait non plus. C'était comme si rien ne s'était passé et que nous revenions tout juste d'une ballade en amoureux. Cela me rendait assez nostalgique.. Un petit détail, qui n'était pas là auparavant attira mon attention. Il y avait un dessin accroché au mur, sûrement fait par les petites mains de Sophia. Elle s'y représentait tenant la main de son papa. Un sourire triste s'afficha sur mon visage. Je n'y étais pas.. Qu'est-ce que je m'imaginais ? Qu'elle se souvenait de moi ? Que j'avais encore une place dans son petit coeur ? Réveilles toi ma vieille ! Tu n'es rien du tout. Juste celle qui l'a mis au monde rien de plus. Je me tapota les joues assez fortement avant de rejoindre le brun. Il sortit une pièce avant de prendre la parole:

"On va faire un jeu, à chaque fois que tu gagnes je répondrais à une question de ton choix, on va jouer 5 fois. Mais je pense que tu as une seule question. Quelle image son père a donné à Sophia pour sa mère ?"

J'acquiesçai. D'accord jouons. Mais contrairement à ce qu'il pensait je n'avais pas qu'une seule question mais une multitude. Celle dont il avait parlé en faisait partie c'est vrai mais elle n'était pas unique. Si ils allaient bien tout les deux par exemple. Comment s'était déroulé ses premiers pas, ses premières vrais phrases de grandes. Si ça n'avait pas été trop dur pour lui de s'occuper d'elle toute seule ect.. Malgré tout, aucune de mes questions ne trouva de réponse puisque je perdis chacune des manches... A croire que soit la malchance m'avait rattrapé, soit Kaen avait truqué sa pièce pour se venger. Et vu le sourire qu'il affichait à ma dernière défaite, c'était fort possible que ce soit la seconde option. Je ne pouvais pas vraiment lui en vouloir mais c'était de l'anti-jeu ! Néanmoins, j'arriverais à les avoir mes réponses, que ce soit maintenant ou dans un an ! Le brun prit la parole pour me dire qu'il avait pensé à moi tout les jours, qu'il m'était resté fidèle alors qu'il ne me devait rien. Mais plus important, qu'il était prêt à me pardonner pour tout le mal que j'avais pu leur faire.. Il ajouta aussi que Sophia avait très mal vécu le lendemain de mon départ en hurlant et pleurant. Je me sentis encore un peu plus mal. Déjà que je regrettais d'avoir pris cette décision avant même d'être revenu aussi, que mes regrets s'étaient fait plus grand en voyant tout ce que j'avais manqué avec ma fille et voilà qu'il me disait, qu'après plusieurs jours où elle avait refusé que je m'approche d'elle, elle avait cherché après moi.. J'étais vraiment la pire maman du monde... Heureusement que Kaen était là pour rattraper toute mes conneries.. Il s'approcha de moi, poing en avant en disant que si j'étais revenue pour faire souffrir la petite qu'il ne me pardonnerait jamais. J'aurai pu le laisser me frapper, ça l'aurait sûrement soulagé, et moi aussi par la même occasion mais mon corps se décala de lui même vers la droite pour esquiver. Je ne cherchais même pas à comprendre ce qui se passa ensuite. Je sentis une pression sur mes épaules et un objet pointu sur ma nuque puis du sang qui coulait le long de la petite plaie. J'aurai pu éviter ça. Je me dématérialisais pour me retrouver à une distance de sécurité mais non. Je comprenais sa rancœur et ses craintes. Je réagirais sûrement de la même façon si il avait été à ma place. Si il avait fait ce que j'avais fait. L'atmosphère de la pièce s'était alourdie. Il était sérieux dans ses mots mais ça, je n'en doutais pas. Il a toujours été comme ça. Il continua à parler:

"Mais bon, si tu es revenue pour ton rôle de mère je te pardonnerais à plusieurs conditions pour ma part. Sophia risque de te poser problème elle a hérité de ton pire défaut, ton mauvais caractère."

Mon pire défaut ? Parce qu'il estimait de pas avoir mauvais caractère lui peut être ?! Nous étions quasiment à égalité à ce sujet ! Mais soit. Je savais que ça serait difficile mais je ne flancherais pas. Je n'abandonnerais pas avant d'avoir récupérer ma place d'épouse et de mère même si pour ça je dois m'en prendre de toutes les couleurs et que ça doit durer des mois et des mois ! Sans bouger d'un pouce, j'inspirai avant d'enfin prendre la parole:

- "Je ne suis pas revenue pour refaire souffrir Sophia ou toi. Je ne suis pas non plus revenue pour briser votre bonheur en m'imposant. Si tu me dis que je n'ai plus ma place ou que c'est trop tard, je l'accepterais sans broncher. Après tout, c'est moi qui ait pris cette décision et j'en assumerais toute les conséquences."

Je me retournais pour lui prendre l'objet pointu des mains pour le poser en hauteur sur la cheminée, là où l'enfant ne pourra pas y toucher ni s'y blesser. Puis je reportai mon attention sur le papa. Je me suis mise à genoux devant lui, la tête baissée avant de poursuivre:

- "Je suis tellement désolée Kaen. Si tu savais... Dès que j'ai passé la porte ce jour là, j'ai regretté d'avoir pris cette décision mais je n'en pouvais plus ! Je me sentais tellement mise à l'écart, tellement seule et vulnérable ! ... Que je n'ai rien trouvé d'autre comme solution.. Ca ne justifiera pas mes actes... Je relevais les yeux vers lui : "Mais saches qu'il ne s'est pas passé une seule minute où je n'ai pas pensé à toi ou à Sophia. Cela m'a permis de changer Kaen. Je suis devenue plus forte et je ne prendrai plus la fuite au moindre obstacle comme je l'ai toujours fait. Je sais que ça ne sera pas facile, que ce soit avec toi ou avec Sophia... mais je n'abandonnerai pas ! Je veux retrouver ma place à tes côtés et à ceux de notre fille parce que... Parce que vous êtes les seules personnes que j'ai aimé, que j'aime et que j'aimerais jamais !"

Pour dire mes deux dernières phrases je m'étais relevée pour être à sa hauteur, pour que nos yeux ne puissent pas se fuir et qu'il y voit toute ma volonté et ma sincérité. Je posai ma main froide sur sa joue avant de l'embrasser sur le coin des lèvres et de lui murmurer :

- "Ta fille est là.."

Je disparus l'instant d'après en lui faisant une caresse sur la joue. Sophia poussa la porte de la maison avant de bondir sur son papa adoré. Je n'étais pas partie bien loin. J'étais même plus près qu'ils ne pouvaient le penser. Juste sur le toit. Kaen avait dit qu'il me pardonnerait sous conditions, c'était déjà un bon début. Quant à la petite, seul le temps pourrait m'aider. Même en étant sa maman je ne savais rien d'elle. Et c'était un horrible sentiment.. Kyu, qui avait re-déposé l'enfant à la maison, me rejoignit sur le toit quelques minutes:

- "Ca s'est bien passé Kei ? Vous avez pu discuter ?"

- "Oui nous avons discuté. Merci d'avoir été là pour eux Kyu.."

- "De rien, vous êtes comme de la famille c'était normal."

Et il s'en alla. Je m'adossais contre la cheminée en brique. Demain et les jours suivants allaient être difficile mais je ne lâcherais rien!

Enfin seul à seul avec le père de ma fille, nous avions pu discuter. Ce fut d'abord lui qui parla en me mettant en garde que la prochaine fois que je ferais souffrir Sophia j'allais le payer cher. Et les actes avaient joins les paroles puisqu'il m'avait mis un couteau sous la gorge. Il avait ensuite ajouté qu'il me pardonnerait sous certaines conditions qu'il n'avait pas évoqué en détail. C'était quand même plutôt bon signe. Ce fut à mon tour de déballer mon sac cette fos. Je lui expliquais d'abord que je n'avais plus l'intention de blesser qui que ce soit et que je n'étais pas non plus revenue pour tout briser ce qu'il avait pu construire tout les deux. Je m'excusais ensuite en lui faisant part de mes regrets et de mes raisons d'avoir agi de la sorte. Non pas pour pour me trouver des excuses mais pour qu'il sache tout pour faire son choix de me pardonner ou non. Puis je lui ouvris mon coeur en lui disant que je voulais retrouver ma place et que j'étais prête à tout pour ça parce que je les aimais. D'une caresse sur la joue je l'embrassai sur le coin des lèvres avant de disparaitre à l'arrivée de la petite. J'avais trouvé refuge sur le toit de la maison, et là je discuta quelques minutes avec Kyu. Si j'avais disparu avant que Sophia ne retrouve son père c'était pour ne pas la brusquer. Et aussi parce que je pensais que c'était préférable de prendre mon temps et d'y aller en douceur avec elle. Je n'étais qu'une étrangère pour cette enfant. Une étrangère... Qu'est ce que ça pouvait sonnait mal à mes oreilles.. Mais je ne pouvais m'en prendre qu'à moi même. Je l'avais presque cherché. Je sortis de ma poche le collier où les anneaux étaient attachés et le porta à ma vue. J'allais reprendre ma place. Je ne pouvais pas faire autrement. Ça ne pouvait pas être autrement. Tout en regardant les anneaux qui symbolisaient notre amour, je réfléchissais à comment aborder les choses ensuite. Kaen ne m'avait pas repoussé lorsque je l'avais embrassé. Peut être qu'en y allant tranquillement en quelques jours je me serais fait en partie pardonner.. Même si je savais qu'il y aurait toujours une rancune cachée quelque part. Quant à Sophia.. Je préférais d'abord récupérer l'attention du père avant de m'attaquer à la petite. Et il faudrait que j'y aille en douceur pour qu'elle finisse par m'accepter. Ca n'allait pas être facile mais je n'abandonnerais pas!

J'entendis Kaen m'appeler, ce qui me sortit un peu de mes pensées. Je rangea rapidement les anneaux dans ma poche avant de réapparaitre devant lui, dans la chambre conjugal. Là non plus rien n'avait changé, excepté peut être les vêtements du brun qui trainait un peu partout. J'avais même l'impression que mes affaires étaient toujours à leur place. Je n'allais pas vérifier non plus mais j'avais ce sentiment. Plantée devant lui, il me demanda si j'avais entendu ce qu'avait dit la petite en ajoutant que j'aurai du mal. Même sans entendre ses mots là, je savais d'avance que ça ne serait pas du gâteau. C'était une enfant, qui devait adorer contredire son père et qui, en plus mélangeait nos deux caractères de tête de mule. Le brun ajoutait que je devrais peut être commencer par le plus facile. C'était bien ce que je comptais faire. C'est d'ailleurs ce que je lui dis.

- "C'est bien mon attention Kaen."

Ce dernier s'était assis sur le lit en me regardant. Un peu comme si il m'invitait à le rejoindre. J'hésitai quelques secondes avant de craquer. Je m'approchai de lui d'un pas lent. Je me penchai en avant, la main gauche posée sur le lit, la droite s'installant sur la joue du brun. Lentement, mes lèvres approchaient celles de l'homme que j'aimais jusqu'à se toucher. Un long et tendre baiser s'entama alors. Je pris place sur ses genoux sans rompre le contact. Les mains du jeune homme prenaient leur aise dans mon dos en effleurant ma peau. Les miennes avaient finis par se glisser dans ses cheveux ébènes. Il m'avait manqué. Autant sa présence, que sa voix ou ses petites attentions. J'allais m'attaquer à son cou lorsqu'une petite intruse nous interrompit. Je m'éloignai rapidement de mon amoureux en sentant mes joues rougirent. Notre fille me jetait un regard noir me prouvant qu'elle me détestait toujours autant, voir même un peu plus.. Sans crier garde, elle balança un pieux de glace sur nous mais qui termina sa course dans le mur. Elle était déjà capable de faire ça ?! En bon père de famille, Kaen essaya de la calmer mais sans succès, au contraire, elle lui hurla dessus avant de s'enfermer dans sa chambre. Et moi qui voulait que ça se passe en douceur... C'était vraiment raté là... Je tournais la tête vers le brun pour m'excuser. Je n'aurais pas du succomber aux pulsions avec elle juste à côté.. Surtout dans une situation pareil... Néanmoins, Kaen prit la parole et il ne m'accusait pas, au contraire:

"Tu vois que c'est ton portrait craché cette fille. Tu devrais aller lui parler, elle te pardonnera pas le premier jour, mais au moins elle sait que tu veux revenir vers nous. Puis toi tu as vécu 6 mois sans elle, pour Sophia ça fait plus du double à cause de sa nature Elementaire & Humaine qui change la notion du temps pour elle. Elle le cache mais elle doit surement avoir envie de t'enlacer mais puisque c'est une Kei numéro deux cela n'arrivera jamais, après tout j'ai du faire le premier pas très souvent avec toi."

Il avait probablement raison.. Après tout, celui qui la connaissait le mieux était son papa. Mais qu'est ce que je pourrais lui dire ? La petite semblait être intelligente mais comprendrait elle mes raisons si je les expliquais ? Elle n'en restait pas moins qu'une enfant, encore un peu un bébé pour moi. J'hésitais à y aller. J'allais sûrement me faire rembarrer comme il le fallait par une gamine de quatre ans. Malgré tout, si ce n'était pas maintenant cela serait pour plus tard, alors autant crever l'abcès dès aujourd'hui non ? Je pris donc mon courage à deux mains et allai voir Sophia. La porte de sa chambre était gelée. Est ce que je devais entrer ? Ou juste discuter au travers de la porte ? Il valait peut être mieux opter pour la deuxième option. Avec la première je risquais de l'énerver encore plus et ce n'était pas le but... Je posai une main sur le matériel de bois avant de me mettre à parler avec des mots que je voulais le plus simple possible:

- "Sophia, je sais que tu es très en colère contre moi et je le comprends. Je t'ai laissé toi et ton papa pendant longtemps et vous avez été triste. Je suis vraiment désolée et je m'en veux beaucoup. Mais je suis là maintenant et je ne partirais plus jamais. Je sais déjà que tu ne me pardonneras pas facilement mais j'aime vraiment ton papa de tout mon coeur. Et toi aussi je t'aime Sophia. Tu restes ma petite fille."

- "Va-t-en ! Je te pardonnerais jamais !!"

Je soupirais. Et voilà le premier râteau sur une longue série. Je dégela malgré tout sa porte. A son âge, elle ne devait pas encore savoir se servir de ses pouvoirs donc... Autant lui éviter la peur de rester enfermée. Et si Kaen voulait aller lui parler il n'aurait pas à sortir le chalumeau. D'ailleurs je retournai vers lui un peu dépitée. Je m'assis sur le lit avant de lui demander:

- "Tu veux bien me parler un peu de Sophia s'il te plait ? Ses pouvoirs, ses goûts et ce genre de chose..."

Le brun m'expliqua succinctement ce qu'elle appréciait. Des choses de petites filles normales: des poupées, des choses mignonnes et sucrées. A l'exception qu'elle commençait déjà à apprécier ce que son père fabriquait chaque jour. Quant à ses pouvoirs, il se serait manifesté il n'y avait qu'un mois et elle avait déjà connu un incident en blessant son père à l'épaule. Je pourrais au moins me rendre utile sur ce point. Là, Kaen ne pourrait rien y faire, c'était mon domaine. J'assimilais les informations que me donnait le brun. Je devais rattraper l'équivalent de quatre longues années.. C'est pour ça que nous discutâmes un bon moment et la nuit tombait. J'allais prendre congé de mon amoureux pour le laisser en tête à tête avec sa fille. Je m'étais levée et dirigée vers la sortie. Sauf que, contre toute attente, le jeune papa me retint pour me proposer de passer la nuit ici, avec lui. Je finis par accepter à cause de son insistance. J'avais même voulu dormir sur le canapé, pour éviter d'agacer encore un peu plus Sophia mais il avait refusé catégoriquement. Ma place était dans le lit conjugal avec lui. Je finis donc par me changer dans la salle de bain après m'être débarbouillée avant d'aller me coucher à mon ancienne place. Le brun ne tarda pas à me rejoindre après avoir souhaité une bonne nuit à sa princesse et fermer soigneusement la porte à clé. A peine était il couché, que je posai ma tête contre son épaule. Ma main gauche, elle reposait sur ton torse.

- "Tu es sur que c'est bon comme ça Kaen ? Sophia risque de ne pas apprécier.."

Il m'expliqua avant de déposer un rapide baiser sur mes lèvres, que je n'aurai qu'à partir avant son réveil. J'acquiesçai avant de l'embrasser à mon tour, mais plus longtemps cette fois. Je me plaçais à califourchon au dessus de lui. J'avais envie de profiter de lui, de sa présence et de sa douceur. Même si cela signifiait avoir horriblement chaud. Cependant, n'avais je pas travailler ce point durant ces six mois d'absence ? Mes lèvres descendirent lentement vers la nuque du jeune homme alors que mes mains parcouraient sagement son torse qui avait prit un peu du muscle. Les mimines du brun ne restaient pas de marbres non plus puisqu'elles étaient occupées à réchauffer ma peau gelée où il le souhaitait. Je finis par me redresser en restant assise sur lui. Je lui pris la main pour l'obliger à s'assoir également. J'attirai ensuite sa tête contre ma poitrine qui avait repris leur taille originelle. Je lui caressais doucement les cheveux en lui murmurant:

- "Tu m'as manqué Kaen.."

Nous restâmes un moment dans cette position, peut être même que nous nous étions endormis ainsi. En tout cas, c'est la petite qui nous sortit du sommeil en tambourinant à la porte:

- "Papa ! Pourquoi tu as fermé !? Allez ouvres papa !"

Nous nous regardâmes un instant et sans bruit j'allai me cacher dans la salle d'eau. Si l'enfant voulait l'utiliser je me dématérialiserais et me rendrais à l'extérieur comme si de rien n'était.

La jeune famille était enfin réunie même si ce n'était pas encore dans la joie et la bonne humeur. Le papa semblait m'avoir pardonner même si j'avais le sentiment que ma fuite allait revenir assez régulièrement sur le tapis aux moindres reproches que je pourrais lui faire. Quant à la petite c'était presque une peine perdue. Plus je me trouvais à la maison et plus elle semblait me détester. C'était un cercle sans fin. Le vase déborda lorsque l'enfant nous surpris, son père et moi dans une position assez délicate. Elle dit des mots blessants à son papa avant de partir dans sa chambre en courant. J'étais aller lui parler sous conseil de ce dernier mais je revins bredouille. Oh bien sur, je ne m'étais pas attendue à ce qu'elle m'accueille les bras grands ouverts en m'appelant maman. Je m'étais un peu préparée au pire en revenant. C'est alors que j'avais demandé à Kaen pour me parler des goûts de notre fille. J'avais besoin de connaitre certaines informations pour réussir à reprendre ma place de maman aimée. Puis, le soir venu, je voulus prendre congé puisque Sophia n'aurait sûrement pas apprécié que je passe la nuit avec l'homme de sa vie. Cependant, le brun ne l'entendait pas de cette oreille et m'obligea presque à rester et à partager le lit conjugal comme nous l'avions toujours fait. J'avais fini par accepter et nous avons profité de notre petit moment de tendresse jusqu'à ce que la princesse de la maison se fasse entendre une nouvelle fois en tambourinant à la porte. Après un rapide regard à son papa j'allais me cacher dans la salle de bain.

Le jeune homme ouvrit la porte à la petite dont j'arrivais à percevoir les pas dans la pièce voisine. J'entendais ce qu'elle disait. Elle était vachement maligne cette petite.. On ne pouvait pas vraiment dire qu'elle avait hérité ça de l'un de nous. Elle m'avait désigné par le terme maman. Cela me fit sourire un peu. Je n'étais donc pas complètement une étrangère pour elle mais elle me détestait et ça, ça semblait bien ancré dans sa petite tête. Elle ajouta même une phrase que j'aurai pu sortir moi même. "Je ne laisserais papa à personne". Mes lèvres ne purent s'empêcher d'afficher un sourire. C'était belle et bien ma fille là. Néanmoins, elle n'aurait pas le choix, il faudrait bien qu'elle le partage un peu son papa. Je me laissai glisser contre la porte fermée. Kaen allait raconter une histoire pour aider l'enfant à s'endormir. Dès ses premiers je la reconnus. C'était la notre. Au fil de son récit, les souvenirs me revenaient. De notre rencontre assez mouvementé au casino où Mr avait déjà déposé ses lèvres contre les miennes. Au retour à l'école, toujours aussi agitée mais où déjà quelques chose d'inexplicable se passait entre nous. A cette époque j'étais assez réticente à toute ses avances, et je le suis encore maintenant même si c'est beaucoup moins. J'étais tombée sous sa charme d'homme ténébreux. Malgré ses taquineries, il avait toujours essayé de me protéger selon ses capacités, il avait toujours été présent pour moi. Il restait gentil et attentif, même si il n'était qu'un pervers. Du moins, c'est ce que j'avais toujours pensé. Ce n'était pas réellement de sa faute, c'était juste un trait de caractère purement humain qu'un élémental comme moi ne pouvait qu'avoir du mal à comprendre. Je lui avais promis une fois que je ferais des efforts et je n'en avais pas vraiment fait. Et ce n'est que lorsque j'étais devenue humaine que j'avais enfin compris le désir de vouloir toucher, effleurer, embrasser et profiter de chaque parcelle du corps de l'être aimé. C'était une douce chaleur qui se diffusait lentement accompagnée de tendresse et d'amour à chaque caresse jusqu'à la délivrance et la satisfaction d'être juste avec lui. Comment une élémentale aurait pu comprendre ça seule et surtout, sans le vivre réellement ? C'était parfaitement impossible. Et pour ça, je pouvais un peu remercier la vieille bique qui m'avait fait vivre ça.

Kaen tenta d'ouvrir la porte de la salle d'eau. Je me levais pour le laisser passer. Je ne restai pas longtemps debout puisqu'il me porta pour m'installer sur le lavabo. Bizarrement ça me rappelait une scène d'il y a six mois. Je m'étais retrouvée dans la même position sauf que mes cheveux étaient bruns. Les mains du brun ne tardèrent pas à s'aventurer sous mes vêtements pour réchauffer ma peau gelée. Et en approchant lentement ses lèvres des miennes il ajouta:

"Mon corps a attendu 6 mois d'affections de ta part, tu vas pas fuir cette responsabilité Kei?"

- "Même si je voulais fuir, je ne suis pas sûre que tu me laisseras faire, je me trompe ?"

Sans même me répondre, nos lèvres entrèrent en contact pour se lancer dans un baiser passionné. Ma langue jouait avec la sienne sans complexe. Mes doigts avaient d'abord trouvé refuge dans sa tignasse noir avant d'être descendu sur sa nuque et son dos. J'avais hésité à l'entourer avec mes jambes mais la question ne s'était pas posée longtemps puisque avec l'une de ses mains, il m'avait levé la jambe pour le faire. Je mentirais si je disais que je ne commençais pas déjà à avoir une montée de chaleur. Son corps se collait un peu plus au mien et ses mains se faisaient de plus en plus entreprenantes. Elles étaient d'abord dans mon dos avant d'être redescendu rapidement vers mes jambes, avant d'être remontée légèrement jusqu'à mes fesses où elles restèrent. J'avais senti mes joues rougirent un peu. Même habituée, j'étais certaine d'avoir cette maudite teinte rouge à chaque fois. Je penchais la tête un peu à gauche et il en profita pour s'en prendre à mon cou en le mordillant ou en le léchant. Sa main droite en avait profité pour tenter une remontée de t-shirt discrète alors que je murmurais son prénom avec une once de reproche. Je lui fis décrochée la tête du creux de mon cou pour réclamer un nouveau baiser mais qui n'aboutit à cause de Sophia qui s'était mis à appeler son papa. Ce qui nous stoppa net. Il me proposa alors de dormir sur le canapé par sécurité. Qui c'est qui l'avait échappé belle ? Je ne me le fis pas dire deux fois et me dématérialisa pour réapparaitre dans le salon.

Je m'allongeai sur le canapé et ferma les yeux. Ça ne s'était pas si mal passé en fin de compte. Kaen semblait m'avoir pardonné même si il avait bien l'intention de me faire payer mon départ. Quant à Sophia ça serait une autre paire de manches. Elle n'aimait que son papa qu'elle ne voulait pas partager et détestait sa maman. On pouvait difficilement faire plus simple comme résumé. Comment j'allais bien pouvoir me faire pardonner de toutes mes erreurs ? Si je la couvrais de cadeaux j'aurai l'impression d'acheter son amour et ce n'était pas du tout ce que je voulais. Je voulais juste qu'elle m'accepte, ne serais ce qu'un petit peu. Je soupirai en me disant que ça ne serait pas facile. Malgré tout j'étais heureuse. J'avais retrouvé une partie de mon chez moi et je n'avais plus l'intention de le quitter pour quelques raisons que ce soit. Je m'endormis paisiblement sur cette bonne pensée, même si ce n'était que sur le canapé du salon.

Le réveil fut un peu étrange. Kaen était debout devant moi et me regardait bizarrement, comme si j'avais quelque chose sur le visage qui ne devrait pas y être. Et c'était effectivement le cas. Il m'avait fait signe de me regarder dans la glace, ce que je fis. J'avais une tête encore endormie mais ce qui marquait été ce qui était écrit sur ma joue: "méchante et voleuse". Ça changeait du terme monstre mais c'était toujours aussi dévalorisant.. Et c'était des mots blessants, surtout en sachant que c'était ma propre fille qui pensait ça de moi. Je ne pouvais même pas lui faire la leçon sur la bêtise qu'elle venait de faire. J'avais le pressentiment que si je le faisais, cela ne ferait d'empirer les choses, et que ça serait déplacé. Je soupirais discrètement avant de frotter mes joues avec mes mains. Par "chance" la petite avait utilisé de simple feutre à l'eau, et donc facile à retirer. Je haussais la voix pour que l'enfant puisse m'entendre:

- "Je ne me ferais pas avoir une deuxième fois, tu m'entend Sophia ? Je dormirais que sur une seule oreille la prochaine fois." Je me tournai ensuite vers le brun avec un sourire: "Ça te dit que je fasse le petit déjeuner ? Tu verras j'ai fais quelques progrès."

Le jeune homme accepta. En même temps, il n'avait pas vraiment de raison de dire non. Ce n'était pas comme si je voulais l'empoisonner ou autre.. J'allais dans la cuisine alors que le brun vaquait à ses occupations. Peut être allait il faire la leçon à sa fille ou peut être pas. Enfin, ce n'était pas mes affaires en ce moment. Je sortis la farine, le lait, la levure et le sucre. Je trouvais également un plat et une poêle. Je mélangeais ensuite la farine, le sucre et la levure dans le plat avant d'y ajouter les jaunes d'oeuf et le lait. J'attendis que la pâte soit bien homogène avant de commencer à la cuire dans la poêle. Plus les minutes passées et plus l'odeur des pancakes envahissait la maisonnette. Je savais que Kaen n'était pas contre des douceurs sucrées et qu'il apprécierait. Par contre, j'espérais que ça plaise, ne serait ce qu'un peu, à Sophia. Je mis le couvert, qui se résumait à trois assiettes et trois fourchettes, tout en surveillant la cuisson. Je sortis ensuite le chocolat, le sucre et le sirop d'érable que je posais sur la table avec les pancakes. Le papa et sa fille finirent par arriver attirés par les bonnes odeurs. L'homme de la maison s'installa après avoir aider l'enfant à en faire autant. Je fis le service et lorsque je passa à Sophia, elle fit la grimace. Ça s'annonçait mal...

- "Tu veux du chocolat avec tes pancakes Sophia ?"

- "Non j'aime pas."

- "Du lait alors ?"

- "Non j'aime pas."

- "Du jus de fruit peut être ?"

- "Non j'aime pas."

J'avais beau gardé mon calme, elle commençait à m'agacer. J'étais certaine qu'elle le faisait exprès pour me pousser à bout. C'était impossible qu'une gamine déteste toute ses choses sucrées. Je tenta une dernière chose:

- "Tu veux une glace ?"

- "Non j'aime pas."

- "Qu'est ce qui te ferait plaisir alors ?"

- "Que tu t'en ailles ! Papa m'a déjà moi ! On a pas besoin de toi !"

Je soupirai avant de prendre congé en prétextant que j'allais prendre une douche. Sophia n'aurait sûrement pas mangé si j'étais restée avec eux. Je fermai la porte de la salle d'eau et m'y appuya. J'avais vraiment bien fait de revenir ? La petite semblait être totalement réfractaire à mon retour et ne me laisser pas la moindre ouverture. Même en essayant d'être gentille et aimable avec elle, elle me parlait froidement.. Certes j'étais une étrangère et une méchante pour elle mais tout de même. J'étais sa mère. Celle qui l'avait mis au monde en risquant sa vie. Je n'avais jamais pensé que ça serait facile de me refaire accepter mais j'avais quand même pensé qu'il serait plus aisé d'approcher une enfant de quelques mois ou quelques années. Ce n'était pas sensé s'émerveillait de tout et s'intéressait à tout à cet âge ? Je ne pouvais pas non plus dire qu'elle me ressemblait lorsque j'avais le même âge. Je ne me souvenais pas bien de cette période mais je ne pense pas que j'étais comme ça. Elle tiendrait de Kaen dans ce cas ? Je n'avais aucune données sur son enfance non plus.. Je soupirai avant de croiser mon reflet dans le miroir. Je m'aspergea le visage d'eau glacée. Allez Kei ! Tu t'étais peut être foiré ce matin mais tu as encore tout le temps pour te rattraper !

Ma fille m'avait joué un bien vilain tour en me gribouillant des atrocités sur le visage. Je n'allais pas dire que je ne les avais pas mérité mais je ne pensais pas que sa colère était si profonde... Elle n'avait que quatre ans après tout... Intérieurement j'avais été blessé sans rien en montrer. J'avais décidé d'être plus forte et je le serais coûte que coûte ! J'avais ensuite proposé à Kaen de préparer le petit déjeuner afin de lui prouver les quelques progrès que j'avais pu faire. Il accepta avant que je ne me mette au fourneau. Je préparais des pancakes que nous avons dégusté ensemble. J'avais tenté d'être aimable avec Sophia en lui proposant des choses sucrées avec ses pancakes. Propositions après propositions, je ne me pris que des refus. Que ce soit du lait, du chocolat ou même de la glace, la petite affirmait ne rien aimer du tout. Je sentais qu'elle disait ça pour me pousser à bout. Jamais une enfant de son âge ne pouvait détester toutes ces choses sucrées ! Surtout la glace si elle avait le même genre de pouvoir que moi. Je m'apprêtai à m'éclipser lorsque Kaen pris la parole. Je tournai la tête vers lui et la petite fit la même chose:

"Je me souviens que tu voulais que maman revienne, tu me le disais beaucoup de fois."

Quoi ? Sophia m'avait réclamé plusieurs fois pendant mon absence ? C'était la vérité ? Moi qui pensait que je n'étais rien pour elle... Que je n'étais qu'une simple étrangère... Elle avait voulu que je revienne. Je crois que je n'avais jamais été aussi heureuse que maintenant. Ma fille avait cherché après moi même après tout ce que j'avais pu faire. C'était merveilleux ! Une chance même ! La petite ne semblait pas contente que son père m'avoue son petit secret. Elle était descendue de sa chaise et s'était dirigée vers son papa adorée. Elle tenta de le faire taire mais sans succès. Au contraire, il l'installa sur ses genoux avant de lui caresser sa tête. Le visage de la petite avait pris une teinte rosée que je connaissais si bien. Ils étaient vraiment mignon tout les deux. Et Kaen faisait vraiment un bon père. Il avait su retourner la situation à son avantage comme si savait si bien le faire dès que Sophia s'était contredit en disant qu'elle aimait tout ce que j'avais pu lui proposé. L'enfant finit même par s'excuser.. Je murmurai un "Merci" au brun alors qu'elle retournait sagement à sa place. Le jeune homme avait vraiment bien trouvé sa place et il l'assumait pleinement... Est ce que je saurai en faire autant ? Je ne savais pas si je m'en sentais vraiment capable.. Mais je ne risquais rien à essayer. Après tout, à part l'accident d'il y a six mois je m'en étais plutôt bien sortie avant non ? Il suffisait juste que j'apprenne à la connaitre et que je prenne le coup de main, c'est tout. Je me réinstallais à table et le repas se termina dans le calme, et presque la bonne humeur. Kaen lançait quelques sourires à sa fille et moi auquel je répondis de la même manière. Mine de rien, il m'avait donné un bon coup de pouce. A la fin du repas, quelque chose de surprenant se produisit:

"Maman, portes moi dans tes bras s'il te plait."

Je dus me donner une claque mentale pour me rendre compte que je ne rêvais pas. Sophia voulait que je la prenne dans mes bras. C'était trop beau pour être vrai ! Ou alors elle préparait un mauvais coup ? Avais je vraiment le temps de réfléchir à ça ?! Ta fille, que tu n'as pas vu depuis six mois, réclame de l'affection et tu veux laisser passer cette chance ?! Non, je ne voulais pas ça. Je m'approchai d'elle avant de la prendre dans mes bras. Elle était beaucoup plus lourde que la dernière fois mais c'était normal. Elle avait simplement grandi, et j'avais raté ça.. Je la serrais doucement contre moi. Je me sentais bien à ce moment précis. J'avais presque l'impression d'avoir renouer un lien avec elle même si ce n'était qu'une sensation complètement fausse. Elle me demanda ensuite de fermer les yeux et de ne pas bouger. J'hésitai un instant mais le sourire que me donna mon amoureux me rassura au point que je m'exécuta. J'obéis donc à la requête de ma fille. Malheureusement, j'aurai du faire plus attention. La gamine m'avait donné un coup de boule suffisamment fort pour réussir à me faire mal. Je posai ma main contre mon front, de la même façon que la petite. Cela devait être marrant à voir puisque Kaen ne put s'empêcher de rire en ajoutant que je devais être contente qu'elle m'ait pardonné. Je le réprimanda gentiment:

- "Ce n'est pas drôle Kaen ! Tu aurais pu le faire plus doucement Sophia."

Je la déposa au sol et elle fila dans sa chambre. Tandis que le brun lui, allait au travail. Je me mis à débarrasser tranquillement la table avant de faire la vaisselle. Je savais très bien que la petite ne m'avait pas pardonné. Ou du moins, pas complètement. C'était le cas pour le papa aussi. Je n'étais vraiment pas sortie de l'auberge pour obtenir le pardon de chacun d'eux. Quoique, avec Kaen cela serait plus facile. Je connaissais ses goûts presque par coeur, et je savais comment l'amadouer. Même si c'était loin d'être mon fort... J'étais un peu dans mes pensées, lorsque Sophia tira sur le bas de mon t-shirt. Je me retournai pour la voir, avec à la main un couteau de cuisine. C'était une blague ? Comment avait elle pu attraper ça ?! Kaen ne les avait pas mis en hauteur ? Ou alors j'en avais oublié un sur la table ? Ce n'était pas le temps de penser au pourquoi. Je lui pris l'ustensile des mains en lui disant qu'elle n'avait à toucher à ça, qu'elle était encore un peu petite et que c'était dangereux. La petite se laissa réprimander sans broncher et repartit à l'étage. Une heure plus tard, elle m'appela cette fois. Je la trouvai dans la chambre parental en train de jouer avec une des épées que son papa affectionnait tant. C'était quoi cette gamine ? Elle voulait se blesser et se retrouver à l'hôpital entourée de bonhomme à la blouse blanche ? Encore une fois, je lui retirai rapidement l'objet pointu d'entre ses doigts en lui disant que c'était trop dangereux pour elle, et qu'en plus, papa ne serait pas content si il apprenait qu'elle y avait touché. Une nouvelle fois, elle retourna dans sa chambre sans demander son reste. Elle était toujours comme ça ? Ou c'était juste aujourd'hui parce qu'elle était seule avec moi ? Si c'était la seconde option, pensait elle vraiment que j'allais la laisser se blesser et qu'ainsi, elle pourrait m'enfoncer auprès du brun ? Certes je les avais abandonné durant quelques mois mais jamais je pourrais rester sans rien faire si elle se mettait en danger ! Je restais sa mère malgré les erreurs que j'avais pu commettre. Comme pour son père, je ferais tout pour la protéger. Vraiment tout.

Tout le reste de la journée se déroula de la même façon. Régulièrement, la petite m'interpellait pour me montrer sa nouvelle bêtise avant que je ne la gronde gentiment. Et cela dura jusqu'à ce qu'elle aille un peu trop loin. Pour la énième fois, elle m'appela. Cette fois, l'enfant était assis sur le rebord de la fenêtre ouverte de sa chambre. Et, sans trop comprendre si c'était volontaire ou non, elle bascula à la renverse en criant. Mon coeur rata un battement. C'était une mauvaise farce ?! Sans attendre de réponse, je me précipitai pour la rattraper. La glace était sortie instantanément de mes doigts et avait entouré la taille de la petite, l'arrêtant dans sa chute. Je soupirai de soulagement avant de lui faire un sourire rassurant et de la remonter avec précaution. Une fois de retour à l'intérieur, je m'apprêtais à lui faire la morale vraiment sévèrement mais sa réaction m'en empêcha. Elle se jeta dans mes bras en pleurant:

- "Maman !"

Je tombai sur les fesses sous l'impact puisque je ne m'attendais pas à ce qu'elle réagisse ainsi. Mon dos était contre le mur, juste en dessous de la fenêtre et elle s'était lovée dans mes bras. Je lui caressais doucement la tête en nous balançant lentement de gauche à droite, comme je le faisais quand elle était encore un bébé. C'est vrai que, même si elle voulait jouer au grande, elle ne restait qu'une enfant qui avait du avoir la peur de sa vie.

- "C'est tout, c'est fini Sophia. Tu ne risques plus rien maintenant. Maman est là." je marquai un temps d'arrêt avant de continuer "Je me doute que tu as fait toutes ses bêtises aujourd'hui pour une bonne raison, et c'est sûrement parce que tu me détestes mais ne les refait plus jamais. Comment crois tu que ton papa aurait réagi si il avait su que tu t'étais blessée hien ? Il aurait sûrement été très triste et je l'aurais été. On t'aime Sophia et on fera tout pour te protéger, alors évites de te mettre en danger volontairement."

L'enfant semblait acquiescé mais elle n'ajouta rien. Elle restait juste blottie contre moi, ses petites mains aggripant mon t-shirt comme si elle ne voulait plus me lâcher. J'espérais qu'elle comprenne vraiment ce que je lui avais dit, même qu'un peu. J'appréciais vraiment ce moment, même si il avait lieu dans des circonstances particulières. Lorsque la demoiselle desserra son étreinte, j'étais un peu déçue mais je n'en montrai rien. Au contraire, je lui proposai d'aller manger une glace et de retrouver papa à son travail toutes les deux, histoire de rompre la glace. La petite accepta avec joie. Etait ce le dessert gelé ou le fait de retrouver son père qui la rendait contente ? Allez savoir.. Enfin, ce n'était pas ce qui importait. Je l'aidai à mettre ses chaussures et son manteau avant de sortir dehors. Je lui avais demandé de me tenir la main pour qu'elle ne se perde pas. Bien sur, elle avait un peu râlé avant de se résoudre à le faire. A l'extérieur il faisait vraiment bon. La glace ne serait vraiment pas de trop. Arrivées devant le marchand, je demanda à ma fille ce qu'elle voulait, et ce fut le parfum chocolat qui fut énoncé. Je commandais donc deux glaces à ce goût là et nous allâmes nous asseoir sur un banc pour les manger. Je profitais de ce moment de calme pour reprendre la parole:

- "Tu sais Sophia, je suis vraiment désolée d'être partie du jour au lendemain mais j'avais vraiment besoin de faire une pause. Tu n'étais déjà pas facile à l'époque et ton papa était toujours au travail. Malgré tout ce n'est pas une excuse.. Je ne te demande pas de me pardonner tout de suite mais juste de faire des efforts pour que ça se passe bien tous ensemble."

Le goûter terminé, j'essuyai rapidement sa bouche pleine de chocolat avant d'aller retrouver l'homme de la maison. Nous l'attendîmes tranquillement qu'il termine avant de rentrer tous ensemble. Après le retour de Kaen à la maison, nous avons mangé puis passé un peu de temps ensemble, tout les trois. Le papa alla coucher sa fille alors que j'allai dans la salle de bain pour me changer. J'attendis qu'il soit entré dans la chambre parental et assis sur le lit pour sortir. D'un pas félin et silencieux, j'allais fermer la porte de la pièce à clé avant de me diriger vers le lit. Le brun était dos à moi. Je me glissai derrière lui. Je plaçai ensuite mes mains froides sur son ventre en dessous de son t-shirt tout en me collant à lui. Je murmurai d'une voix suave son prénom au creux de son oreille. J'avais l'intention de me faire pardonner comme il se doit et de lui prouver que c'était le seul que j'aimais. Mes lèvres embrassèrent et pincèrent sa nuque plusieurs fois avant de me lever. Je me mis ensuite en face de lui, les joues un peu rouge de gêne. C'est là qu'il put constater que je ne portais que des sous vêtements noirs, comme il les aimait. J'avais retrouvé ma ligne d'avant la grossesse et la poitrine qui allait avec, malheureusement pour lui.

Je m'approchai de lui. Je l'obligeai à s'allonger avant de m'installer confortablement sur lui. Je posais ma main droite sur sa joue, alors que la seconde s'était glissée sur son torse avant que nos lèvres ne se rejoignent dans un baiser passionné. Mes doigts gelés y allaient de bon coeur pour frôler sa peau tiède. Quand à ma bouche, elle n'hésitait pas à s'en prendre aux lobes de ses oreilles ou à descendre dans son cou pour y laisser quelques marques de possession. Après plusieurs minutes à jouer à ce petit jeu, qui me permettait, ni vu ni connu, de cacher mon visage rougis, je finis malgré tout par me redresser. Je lui pris sa main droite pour la poser sur ma joue gauche tandis que nos yeux ne pouvaient se lâcher une seconde. A le toucher et à l'embrasser, je m'étais donnée chaud toute seule. Je sentais même déjà mes pouvoirs m'abandonner mais je savais qu'il attendait plus. Même si je faisais déjà un effort surhumain. Je fis glisser l'une après l'autre les bretelles de mon soutien gorge avant de le dégrafer moi même. Je lui retirai son haut et son pantalon ensuite afin que nous soyons à égalité avant de l'attirer contre moi. J'étais pile au "bon" endroit pour sentir que mes avances ne le laissent pas du tout indifférent. Et de l'autre côté, lui aussi devait sentir qu'être aussi proche de lui m'affectait de la même manière. Mes doigts osèrent se glisser sous le tissus pour tâter timidement le terrain. Même si ce n'était pas la première fois, je ne me sentais toujours pas à l'aise, que ce soit avec son corps d'homme ou le mien. Ses lèvres et ses mains avaient le champ libre pour explorer chaque parcelle de mon corps, et, lorsque son oreille fut à portée, je lui murmurai:

- "Consume moi Kaen.."

Finalement j'avais su me faire en partie pardonner par ma fille. Il avait fallu une journée où les bêtises s'étaient enchaînées jusqu'à arriver à "l'accident" pour qu'elle m'accepte comme sa maman. Jour après jour, l'animosité de Sophia s'amenuisait et cela me faisait plaisir. Même si notre relation ne serait jamais comme avant, elle avançait dans le bon sens et je reprenais ma place de mère. Il ne me restait plus qu'à reprendre ma place de femme. Et là c'était une autre paire de manche, puisque ce n'était pas du tout mon domaine de prédilection. Un soir, je pris mon courage à deux mains pour me lancer. Le papa s'était occupé de coucher la petite pendant que je me préparais secrètement pour lui faire la surprise. Uniquement vêtue de sous vêtement noirs, j'avais commencé à lui faire des avances en murmurant son nom au creux de son oreille, en caressant son torse du bout des doigts ou encore en embrassant son cou sans me montrer. Ce n'est qu'après de longues minutes que je me postai devant ses yeux écarlates. Je l'avais ensuite forcé à s'allonger avant de m'assoir à califourchon sur son torse. Mes mains prirent leur aise, de même que mes lèvres qui n'hésitèrent pas à l'embrasser à divers endroits. Plus minutes passées et plus je sentais mon corps se réchauffait. Je retrouvais les même sensations que j'avais ressentis lorsque j'avais été humaine, l'affaiblissement en moins bien sur. Je finis par nous mettre à égalité, les joues rouges de gêne.

Pleine de courage et de cran, j'avais glissé ma main sous son dernier tissus pour augmenter son désir. Et il m'en fit tout autant en titillant mon intimité. Dire que je ne m'y attendais pas serait un mensonge mais je ne pus m'empêcher de sursauter sur le coup de la surprise en lâchant un petit cri étouffé. Je lui murmurai "LA" phrase qu'il aurait fallu que je taise puisque dans son regard je voyais très bien qu'il allait la prendre au mot. La nuit allait être courte... Les derniers vêtements finirent par rejoindre leur congénères sur le sol et c'est là que les choses sérieuses commençaient. J'avais toujours l'avantage sur lui. Ce fut donc moi qui eut la lourde tâche de nous connecter. Sans la moindre assurance, sa virilité finit par rencontrer son homologue féminin. Lentement mais ensemble nous entâmes des mouvements de va et vient. A chaque geste, j'étouffais mes soupirs  en embrassant ou mordant son cou, alors même que je devinais qu'il rêvait de les entendre. Puis, Monsieur décida de reprendre sa position de dominant en me faisant basculer sur le côté. Le contact resta ininterrompu, ce qui me fit faire une grimace. Ce n'était pas douloureux mais plutôt inconfortable. Il du remarquer ma grimace puisqu'il marqua une pause où ses yeux parcouraient mon corps nu avant que nos regards brûlants ne se croisèrent. Je me sentais gênée et faible face à ses prunelles écarlates. Mon visage était toujours teinté de rouge et il le resterait le restant de la nuit. Mon menton fut pris entre son index et son pouce, l'obligeant à se relever. Ses lèvres s'approchèrent des miennes pour un baiser passionné durant lequel il profita de l'effet de surprise pour reprendre de plus belle. Mes gémissements s'étouffaient contre ses lèvres et lorsque je n'y parvenais pas je le mordais sans ménagement.

Toute la nuit les positions s'enchaînèrent. Plus ou moins gênantes et confortables pour moi. Plusieurs fois, le plaisir avait atteint les sommets avant de redescendre et de remonter après un changement de position. J'avais l'impression d'être sur des montagnes russes qui n'allaient jamais s'arrêter. Mon esprit avait déjà lâché prise depuis un moment. Quant à mon corps de glace, la limite était quasiment atteinte. Je ne tentais même plus de retenir mes soupirs, gémissements et autres cris qui résonnaient dans la chambre. Au bout de plusieurs heures, je m'écroulai sur le matelas, à plat ventre. Je n'en pouvais plus. Je n'avais qu'une envie, c'était de dormir maintenant. Mais Kaen ne l'entendait pas encore de cette oreille. Sa main se glissa sous mon bas ventre pour m'obliger à me redresser jusqu'à me retrouver à quatre pattes. Le brun s'agitait encore, me faisant pousser des cris bien plus bruyants que les précédents. J'avais honte.. Et j'étais bien contente qu'il ne puisse pas voir mon visage dans cette position. J'avais l'impression d'être un animal soumis aux envies primaires d'un mâle en rûte. Nous atteignîmes une dernière fois l'extase avant de nous écrouler, ensemble, cette fois. Je reprenais mon souffle lentement. J'avais le corps en feu. Et ma vue s'était un peu troublée. J'avais le corps collant de sueur et de la semence de mon homme. Mais je n'avais pas la force d'aller prendre une douche maintenant. Un dernier baiser avait suivi avant que je ne  m'endorme, entourée de ses bras.

Le réveil fut aussi mouvementé que la nuit que nous avions passé tout les deux. Sophia tambourinait à la porte comme une furibonde pour tenter de rentrer. Réveillée en sursaut par le bruit, j'avais, par réflexe, tiré vers moi les draps pour couvrir ma nudité. Mes joues avaient repris leur teinte rosée, même si je doutais qu'elle m'avait quitté, ne serait ce qu'un instant. Je m'étais levée, le long tissus cachant mes formes. J'enfilais rapidement le premier sous vêtement que je trouvai au sol alors qu'une voix s'élevait par delà la porte. Elle me disait vaguement quelque chose mais ça ne me revenait pas. C'était plutôt les souvenirs de la veille qui m’assagissaient. La petite fille sembla être entrainé par l'autre adulte dans la cuisine ce qui nous laissait le temps de nous remettre sur pieds. J'avais la peau collante et assez odorante. C'est pour cela que j'avais bien l'intention d'aller prendre une bonne douche froide. Autant pour me remettre les idées en place que pour me nettoyer. Sauf que j'avais à peine fait un pas dans la direction de la salle d'eau que Kaen m'avait attrapé le poignet pour me rallonger aussi sec sur le lit. La nuit ne lui avait pas suffit ?!

- "Qu'est-ce qui te prends Kaen ?! Je veux juste aller prendre une douche !"  

"Un deuxième enfant me plairait bien tu sais, avec notre folie d'hier tu pourrais même avoir des triplés mais si c'est pour que tu cours encore un danger moi je préfère te faire avaler ça."

Avait il répondu avant de me mettre dans la bouche ce qu'il avait sorti de la table de chevet. Il approcha ensuite rapidement ses lèvres des miennes pour m'embrasser. Non pas par envie ou par amour. Non non. Juste pour me faire avaler le fichu cachet qu'il m'avait fourré en bouche. Bien sur j'avais tenté de le recracher directement mais sa bouche avait croisé la mienne beaucoup trop vite ! J'avais aussi essayer de le lui rendre mais sans succès. Le bougre gardait les dents bien serrées. Il me connaissait beaucoup trop bien. S'en était presque désespérant... A contre coeur j'avalai son médicament de fortune dont je savais l'utilité quasiment nulle. J'avais à peine déglutie qu'il se séparait déjà de moi. Je sentais son regard parcourir la moindre parcelle de peau non dissimulée par le drap que j'avais gardé avec moi. Je détournais les yeux en rougissant toujours un peu plus avant de me lever à mon tour. Je lui tournais immédiatement le dos pour rejoindre la salle d'eau. Le brun ouvrit encore la bouche pour me dire qu'il attendait toujours ma demande en mariage. Comme si j'allais oublier un truc de ce genre. J'attendais juste le bon moment. A ses mots, je m'étais arrêtée. J'avais ensuite tourné la tête vers lui avec un regard plein de confiance pour lui dire que je le ferai lorsqu'il l'attendra le moins. Puis j'allai définitivement dans la salle de bain. Le drap tomba au sol avant que je ne m'installe sous l'eau gelée. Le contact froid me fit un de ces biens ! Je frottai énergiquement chaque parcelle de ma peau en essayant de ne pas repenser à notre nuit endiablée. J'espérais aussi qu'avec ça il allait me pardonner. Je ne trainais pas longtemps sous l'eau. Après tout, Sophia devait nous attendre. Et pis, je ne connaissais pas la personne qui était avec elle en ce moment.. Je ressortis avec des sous vêtements. Le reste de mes affaires étant dans la chambre. Kaen était encore là mais déjà prêt à descendre. Il prit un malin plaisir à me fixer avec ses yeux de pas net pendant que j'enfilais un t-shirt et un pantalon.

- "Espèce d'obsédé..."

Puis nous avons fini par rejoindre les deux autres individus dans la cuisine. La petite était assise sur une chaise en train de manger une tartine remplie de chocolat et elle s'en mettait partout. Cette scène me fit sourire. Qu'est-ce qu'elle pouvait être adorable notre fille.. Par contre, l'adulte qui était avec elle en ce moment ne me disait rien de bon. Je m'étais rappelée de son visage dès que je l'avais aperçu. C'était l'esclave que Kaen avait acheté pour faire "genre" d'être intéressé -même si je doutais que cela soit la vraie raison- et qui m'avait gentiment "remplacé" pendant ses six mois. J'évitais de penser qu'il ait pu se passer quelque chose entre elle et le brun mais ce n'était pas facile... Surtout vu l'attitude qu'elle avait à mon égard. Autant la demoiselle s'était inclinée face à l'homme de la maison, autant elle me dédaigna du regard. Je la remettrais bien à sa place mais cela risquait de se retourner contre moi. Je pris alors sur moi et fis comme si elle n'existait pas. Je m'installai à côté de la petite fille avant de lui frotter la bouche avec un mouchoir.

A présent, chaque jour se ressemblait. Le jeune homme allait travailler et lorsqu'il revenait nous allions tout les trois au parc pour que l'enfant se défoule un peu. Cela nous faisait prendre un bol d'air et nous reposer un peu aussi. Dans ces moments là, nous avions "juste" à surveiller que la petite n'allait pas trop loin et ne fasse pas de bêtise. Le brun, depuis cette nuit là, semblait épuisé et dormait presque dès que nous étions de retour à la maison. Un jour, alors que nous étions au parc, Kaen et moi étions assis sur une banc, alors que Sophia jouait un peu plus loin. Le papa, la tête appuyée contre mon épaule, s'était endormi. La petite, un peu inquiète avait fini par revenir vers nous pour me dire à voix basse:

"Papa va bien ? Il est très fatigué depuis que vous avez joué tout les deux dans la chambre l'autre fois."

Sans crier garde, mon visage vira au rouge. Comment pouvait elle savoir ça ?!  Il fallait avouer que la chambre de la gamine était juste à côté de la notre... Mais quand même ! Avions nous fait autant de bruit que ça ?! Qu'est-ce que je pouvais avoir honte à cet instant précis.... Et Kaen qui faisait semblant de dormir pour me laisser gérer toute seule ! Quel ingrat ! Parce que oui, monsieur venait juste de me donner un petit coup dans les côtes, preuve qu'il était réveillé, l'air de dire "trouves une parade!". Il savait pourtant que je n'étais pas douée pour ce genre de chose ! Mais je ne pouvais pas laisser Sophia croire n'importe quoi à son âge ! Elle devait garder son innocence aussi longtemps que possible ! Je pris une profonde inspiration avant d'ouvrir la bouche:

- "De quel jeu tu parles Sophia ?"

- "Bah.. Quand papa faisait la chaise et que tu lui faisais des bisous. Pourquoi ? Vous avez jouer à un autre jeu ? Moi aussi je veux jouer avec vous !"

- "Mais non Sophia, nous n'avons pas joué à un autre jeu. Bien sur que je parlais de ce jeu là. Ne t'inquiètes pas ma chérie, si papa est fatigué c'est parce qu'il a beaucoup de travail en ce moment et que..." je lui murmura la suite même si Kaen pouvait tout entendre. "Ton papa commence à se faire un peu vieux même si il n'en a pas l'air. Chatouilles le, tu verras qu'il sera en pleine forme après."

La petite me prit au mot et s'amusa à le réveiller avec des chatouilles sur les côtes. Le brun n'eut d'autre choix que d'ouvrir les yeux et de subir l'assaut de l'enfant et du mien. Parce que oui, j'en profitai aussi. Après tout, l'homme de la maison ne pouvait pas luter contre deux femmes aussi têtues. Et c'était l'occasion de me venger un peu de toute les choses qu'il avait pu me faire subir. La partie de rigolade terminée, nous finîmes par rentrer tous ensemble.

Les semaines passèrent sans le moindre pépin jusqu'à un évènement assez inattendus. Chaque maison du village reçue dans sa boîte aux lettres un message expliquant qu'une épidémie avait frappé dans les villes voisines. Et, qu'à ce jour, la maladie était encore inconnue. Le courrier nous conseillait également de plier bagage rapidement et de partir vivre ailleurs, à moins de vouloir tomber malade. De part ma race, je n'étais jamais malade donc la venue d'une maladie x ou y ne n'affectait pas tant que ça. Par contre... Concernant Kaen et Sophia c'était une toute autre histoire. Les deux étant humain, il y avait 9,99 chance sur dix de l'attraper, et certainement d'y rester aussi... Après discussions, nous avons décidé de suivre les conseils prodiguées par la lettre et nous pliâmes nos bagages pour une autre contrée plus éloignée.