Alors une petite fille ou un petit garçon ? [Terminé]

L'élémental était enceinte d'un peu plus de sept mois et demi maintenant. Ça devenait de plus en plus difficile de rester debout toute la journée, à faire des tâches ménagères. Même la simple vaisselle devenait un véritable calvaire. Alors lorsqu'elle avait du faire des centaines de kilomètres pour rejoindre son ancien village n'en parlons même pas. Par chance, pour la plus grande partie du voyage, elle avait su monter dans une calèche qui la déposa au trois quart du chemin. Si ses pouvoirs ne s'étaient pas envolés elle aurait pu y être en moins de temps qu'il n'en fallait pour dire ouf. Mais la réalité était différente et elle devait faire avec.

C'était à pied qu'elle avait fait les derniers kilomètres. Au loin, elle avait pu voir les fumées des maisonnettes du village. Ses pieds s'étaient enfoncés dans la neige à chacun de ses pas. Cela avait été tellement agréable qu'elle avait fini par retirer ses chaussures pour profiter au maximum de la fraîcheur de la poudre blanche. Qu'est ce qu'elle pouvait aimer ces sensations. A quelques centaines de mètres de sa destination, le vent s'était mis à souffler, faisant voler ses cheveux blancs et de la poudreuse vers son visage pâle. Son "père" venait la saluer et célébrer son retour au bercail. Ça ne lui avait pas déplu, bien au contraire. Le froid sur sa peau l'avait presque fait revivre. Et c'était à peine exagéré. Ça lui avait fait un bien fou. Cependant, l'arrivée dans son village avait été beaucoup moins accueillant. Dès que les bourrasques s'étaient levées, les habitants étaient sortis de leur maison pour voir ce qui se passait. Des regards surpris et de dégoût lui avaient été lancé mais elle en avait tellement eu l'habitude lors de son enfance que ça ne l'avait même pas affecté. Mais ce ne fut pas le cas des mots murmurés qui lui étaient parvenus. C'était comme si le vent les lui avait apporté pour qu'elle sache.

- "Et la revoilà de retour. Ressortez vos couvertures et vos poêles."

- "Regardez son ventre. Elle attends un marmot non ?"

- "J'espère pas! Imagines deux comme elles! Mais où irait le monde ?"

- "Dîtes pas n'importe quoi! Qui aurait pu engrosser quelqu'un comme elle ?"

Leurs paroles la blessèrent un peu mais elle ne le montra pas. Ça serait leur faire trop plaisir dans ce cas. Néanmoins, leurs messes basses avait été stoppé lorsque les bourrasques de vent s'étaient faites plus fortes, soulevant les jupes des dames. Ces dernières n'avaient pas tardé à rentrer leur enfants et à s'enfermer à l'intérieur. La rue était alors devenue déserte, seule l'élémental s'y était retrouvée. Elle avait soupiré lentement avant de poursuivre sa route vers son ancienne maison. Là où elle avait vécu ses dix ou quinze premières années de vie. Sa "demeure" était bien éloignée de la tumulte du village. Elle était aussi misérable. En bois, sans chauffage, ce qui ne la dérangeait pas mais qui gênerait sûrement son amoureux. Il n'y avait que deux pièces. Une avec les toilettes, l'autre contenait une petite cuisinière et une planche de bois qui servait de lit. Faire plus rustique était difficile. Mais elle était restée dans l'état où Kei l'avait laissé il y a plusieurs années. La neige s'était infiltrée par les deux fenêtres brisées. Par chance la porte avait tenu même si elle grinçait un peu. C'était loin du confort qu'il avait dans leur ville actuel mais pour 3 mois cela suffirait. Enfin elle l'espérait.  

Ses maigres effets personnels rangés, l'élémental était sortie derrière la maison. Le lac était juste derrière. Des icebergs flottaient encore à la surface et parfois s'entrechoquaient. L'eau était clair comme du cristal mais non gelée. Pas encore en tout cas. Elle s'était agenouillée dans la neige avant de plonger sa tête dans l'eau froide. Cela avait été l'occasion de saluer sa "maman" et lui signaler sa présence. Oui c'était idiot mais ça lui avait fait du bien. La jeune femme était restée une bonne heure la tête sous la surface avant de retourner à l'intérieur où elle avait commençé à nettoyer un peu. moins la poussière et la neige.

Cela faisait deux jours qu'elle était revenue dans son petit village. Elle était rarement sortie, pour ne pas croiser les villageois hostiles à sa présence. Son amoureux devrait arriver d'ici un jour ou deux. Elle espérait vraiment qu'il joue le jeu pour éviter que les habitants ne fassent le lien entre lui et elle. Il devrait être discret et ne pas se faire repérer au niveau de sa maison par hasard. Il devait la jouer fine. Vraiment. La moindre erreur pouvait être fatale. La jeune femme était en train de nettoyer l'assiette de son repas lorsque le vent s'engouffra d'un coup dans la petite pièce à vivre. L'élémental pensa que c'était la porte qui venait de s'ouvrir sur son homme, puisque c'était le seul à pouvoir venir lui rendre visite. C'est pour cela qu'elle dit:

- "Tu es déjà là Kaen ? Tu ne devais pas arr.."

- "Regardes ce que les Hommes t'ont fait..."

Attendez une minute. Ce n'était pas la voix de son amoureux ça. Pas la même du tout ! Kei se retourna vivement pour tomber nez à nez avec l'intrus. Il était juste devant elle. A quelques centimètres. La pièce était petite mais de là à se déplacer si vite.. Ce n'était pas humain! Il, parce que oui il s'agissait d'un homme, avait des yeux bleus aussi clairs que l'eau du lac. Des cheveux blancs comme les siens dont la couleur était intensifié par le port d'un ruban rouge. Il portait une tunique bleu qui dévoilait la moitié de son torse et était pied nu. Il avait également deux traits écarlate sur sa joue droite. C'était qui ce type ?! L'inconnu, pendant qu'elle l'examinait du regard, avait posé sa main glacée contre sa joue et continuait de parler:

- "... Tu sembles si faible, si fragile, presque démunie et tu es tellement chaude."

- "Qui es tu ?"

- "Tu ne te souviens pas ? Nous nous sommes pourtant croisés il n'y a pas si longtemps. Je m'appelle Akira et..." ses lèvres s'approchèrent de son oreille pour lui murmurer "... Je suis venu te libérer, petite sœur.."

- "Petit...?"

L'élémental fut incapable de terminer sa phrase puisque les lèvres de l'inconnu s'étaient déplacées de son oreille à sa bouche. Le contact froid était totalement différent de ce qu'elle avait déjà connu avec Kaen. C'était étrange. Et agréable à la fois. Peut être parce que, au contraire des baisers de son amoureux, c'était la chaleur qui l'envahissait alors que là c'était une vague de froid qui la parcourait. La future maman fut incapable de le repousser. Même un peu. Ses membres ne réagissaient plus. Son esprit non plus semblait ne pas vouloir rompre le contact. Et pourtant c'était bien son compagnon qu'elle aimait et pas cet intrus qui prétendait être son frère. C'était d'ailleurs impossible ! Si elle avait eu un frère elle l'aurait su quand même! Mais pourquoi mentirait il ? Confuse par cette annonce et par ce qui se passait sous ses yeux, elle sentit néanmoins la main d'Akira se poser sur son ventre, suivi d'une onde de choc qui la traversa. Le baiser se rompit lorsqu'elle hurla de douleur. Elle tomba à genoux l'instant suivant. Son abdomen lui faisait atrocement mal. Ses deux avants bras étaient posés contre son ventre, comme si cela pouvait atténuer la douleur qu'elle ressentait. Qu'est ce qu'il lui avait fait bon sang ?! Elle releva la tête, les dents serrées pour le voir sortir. C'était une blague ?! Il allait la laisser seule après ce qu'il venait de lui faire ?!

- "Atte.. Arrrghh"

- "Bonne chance Kei"

Elle se crispa sous la douleur alors qu'il disparaissait sous ses yeux. Ce n'était pas possible. Pourquoi fallait il que ça tombe sur elle...? La jeune femme prit appuis sur le lit pour tenter de se relever avec une de ses mains, alors que l'autre soutenait le bas de son ventre. Qu'est-ce qu'elle avait mal ! Sa lèvre inférieure qu'elle mordait était déjà en sang. A peine était elle debout depuis deux minutes qu'elle sentit du liquide couler entre ses jambes. Non... Non.. Elle n'allait pas accoucher maintenant quand même ?! C'était trop tôt ! Kaen n'était censé arrivé que demain ou après demain ! Elle n'y arriverait pas toute seule ! Une nouvelle contraction la fit grimacer. Elle s'assit sur la planche de bois en tenant sa tête dans ses mains. Ce n'était pas possible.. C'était un cauchemar et il fallait qu'elle se réveille maintenant.

Pendant ce temps, le dénommé Akira, après avoir disparu sous les yeux de l'élémentale féminin, trouva le brun. Face à face, les yeux dans les yeux. Il fut le premier à parler:

- "Alors c'est toi Kaen, celui qui lui as fait ça. Désolé pour toi mais tu n'as aucune chance. Tu ne l'approcheras plus!"

L'élémental de glace masculin était bien décidé à se battre pour l'empêcher de passer pour retrouver sa belle.

Comme les problèmes la suivaient partout où elle allait, aujourd'hui ne faisait pas exception. Bien que les jours précédents avaient été assez calme. La journée avait pourtant bien commencé. Aucun soucis à l'horizon. Elle sentait son bébé bouger dans son ventre, signe qu'il était encore en bonne santé. Son amoureux allait arriver d'ici un jour ou deux. Tout se passait bien jusqu'à ce moment là. Un inconnu s'était introduit chez elle. Il prétendait être son frère et que les humains lui avaient fait du mal. Il alla même jusqu'à l'embrasser ! Encore, cela pouvait passer puisque que c'était assez agréable mais la suite... Une onde de choc l'avait traversé dès qu'il avait posé sa main sur son ventre arrondi. S'en était suivi une horrible douleur qui la fit hurler et tomber à genoux sur le sol froid. Son abdomen lui faisait affreusement mal. Tellement qu'elle fut incapable d'aligner deux mots sans se tordre de douleur. Kei prit alors appuis sur le lit pour se relever, tout en gardant une main sous son ventre. Cependant, à peine fut elle debout qu'elle sentit du liquide couler entre ses jambes. Elle ne mit pas longtemps à comprendre qu'elle allait accoucher dans les prochaines heures. L'enfant allait sortir alors que son papa n'était même pas présent et que le terme n'était même pas arrivé ! Le bébé ne pouvait pas débarquer maintenant ! C'était trop tôt ! C'était un cauchemar dont elle voulait se réveiller dès maintenant ! Elle grimaça lorsqu'une nouvelle contraction la prit. Plus les minutes passaient et plus la douleur devenait insupportable, tellement elle montait crescendo. Ses jambes tremblaient. Les battements de son cœur commençaient déjà à s'emballer et donc, à lui donner chaud. Jamais elle n'y arriverait. C'était un horrible pressentiment qui la submergeait. L'élémental ne s'en sortirait pas.

Alors que ses noires pensées l’assagissaient, son amoureux déboula dans la maison. Elle tourna sa tête de six pieds de long vers lui pour voir qu'il ne portait qu'un t-shirt et un pantalon. D'ailleurs sur son haut il y avait des tâches de sang. Elle n'eut pas vraiment le temps de s'en préoccuper puisqu'une nouvelle contraction la fit grimacer. Kei était un peu surprise de le voir puisqu'elle ne l'attendait que le lendemain ou le surlendemain mais elle était contente qu'il soit arrivé si tôt. Elle ne serait pas seule pour vivre ce qui l'attendait. D'une voix tremblante elle lui dit:

- "Kaen... Le bébé arrive.."

"Tu devais m'attendre pour ça, restes calme, je suis là, on va faire ça correctement."

Rester calme ? C'était facile de dire ça ! Devenait elle lui rappeler qu'elle avait neuf chances sur dix d'y laisser la vie ? Que c'était sa première fois et qu'elle savait à peine comment ça allait se passer ? Elle avait peur. Mais lui aussi devait s'inquiéter. C'est pour ça qu'elle fut incapable de le blâmer ou de rejeter la faute sur lui. Surtout que le brun la rattrapa pile au moment où ses jambes allaient lâcher. Il la prit dans ses bras pour la déposer doucement sur ce qui servait de lit. Son amoureux lui retira sa culotte avant qu'elle n'écarte ses jambes. C'était gênant qu'il la voit sous cet angle ! Tellement qu'elle sentit le rouge lui montait aux joues, lui donnant encore un peu plus chaud. Les traits de son visage se crispèrent sous le coup d'une nouvelle contraction. Elle avait mal bon sang ! Ne sachant pas comment s'y prendre, c'est instinctivement qu'elle commença à prendre de grandes inspirations avant de bloquer pour pousser de toutes ses forces. Elle recommença plusieurs fois sans avoir l'impression que cela servait à grand chose. Son ventre lui faisait toujours aussi mal et en plus elle avait chaud maintenant. L'élémental se redressa légèrement sur ses coudes pour voir que son compagnon était aussi pâle qu'elle.. C'était si horrible que ça à voir ? Elle ouvrit la bouche pour parler:

- "Kaen écoutes moi. Dès que le bébé sera sorti et posé, balances moi dans le lac et.. Et surtout..."

Ses lèvres continuaient à bouger mais plus aucun son ne sortit. Aucun. Elle était devenue muette ? Ce n'était vraiment pas le bon moment là ! Elle lui avait demandé quelque chose la concernant, qui venait tout juste de lui venir à l'esprit spontanément et qui la requinquerait sûrement, mais elle n'avait pas tout dit. Elle devait le mettre en garde contre les gens du village. Qu'il ne devait surtout pas leur laisser l'enfant ! Que si ils découvraient que c'était le sien, le petit bout souffrirait ! C'était le plus important et ça ne voulait pas sortir ! Si sa voix ne s'était pas envolée, elle aurait laissé échapper un cri sous la contraction. Les battements de son cœur s'étaient à nouveau accélérés et la chaleur remontait. Elle recommença ses longues respirations et ses poussées. Il fallait qu'elle persévère si elle voulait qu'il sorte rapidement. Kei continua encore et encore jusqu'à ce que Kaen lui dit voir la tête. Il l'encouragea en disant que le plus dur était passé et qu'il fallait qu'elle fasse encore un petit effort. Et pourtant.. Elle sentait, au plus profond d'elle même, qu'à chaque poussée une partie de sa vie s'évaporait. C'était une impression mais qui semblait être bien réelle vu son état de faiblesse. Le bruit de son cœur l’oppressait et elle se sentait brûlante de fièvre. Cependant, l'élémental poussa encore et encore jusqu'à ce que des pleurs et des cris envahirent la pièce.

Leur bébé.. Leur bébé était en train de remplir ses poumons d'air, preuve qu'il était bel et bien vivant. La jeune maman était tellement soulagée qu'une larme coula de ses yeux. Elle posa sa tête contre la planche du lit. Elle avait réussi.. Il n'était plus question maintenant de se poser la question si l'enfant était celui de Kaen ou pas. L'élémental se sentait épuisée. Sa vue se troublait déjà jusqu'à devenir noir. Elle ferma les yeux alors qu'elle entendait les battements de son cœur ralentir rapidement. Des frissons la parcouraient, accompagnés d'une vague de froid. Cependant, cette dernière n'était pas de celle qu'elle appréciait tant. Ce n'était pas la fraîcheur de la neige. Non. C'était plutôt celle de la mort. Cela aurait été vraiment trop beau qu'elle tienne le coup. Ses dernières pensées allèrent à son amoureux et à leur enfant. Elle espérait tout de même qu'il suive ce qu'elle lui avait dit par pur instinct. Peut être qu'elle survivrait avec ce geste si simple..

L'accouchement avait été imminent, et par chance son amoureux avait su arriver à temps pour l'aider et la rassurer. Après quelques heures de souffrance physique, la délivrance arriva enfin. Les pleurs de leur bébé avait envahi la pièce, signe de sa bonne santé. Une larme coula des yeux de la jeune maman qui était soulagée d'avoir réussi à donner la vie. Cependant, bien que l'enfant était bel et bien vivant, on ne pouvait pas en dire autant de la génitrice qui avait tout donné. Elle sentait son existence disparaître. Son cœur battait de plus en plus lentement. Sa respiration était de moins en moins forte. Ses yeux se troublaient au point qu'elle ne pouvait plus voir. Et plus les secondes passaient et plus elle se sentait épuisée. Ses prunelles dorées se fermèrent lentement alors que son esprit travaillait à la tenir éveillée. Il fallait qu'elle tienne encore un peu! Jusqu'à ce que Kaen puisse exécuter sa requête de la mettre dans le lac. Les secondes lui parurent des heures avant qu'il ne la prenne dans ses bras pour l'emmener au lieu convenu. Le corps du brun était frais alors que le sien était brûlant. Ce contact lui fit du bien, même si elle avait de plus en plus de mal à percevoir les sensations. L'eau glacée sur sa peau ne la fit même pas réagir. Pourtant.. L'élémental voulait voir une dernière fois le visage de son amoureux. Après tout, rien ne prouvait que ce bain allait la revigorer.. Ce n'était que supposition. Elle fit donc un effort surhumain pour rouvrir ses yeux. Malheureusement, ce n'est que du noir qui lui apparut. Elle n'aurait même pas la chance de voir ses yeux écarlates, ses lèvres, son nez ou encore ses joues rougis par le froid et ses cheveux ébènes. Kei sentit une main sur sa tête l'enfonçait un peu plus dans l'eau. Ses yeux se refermèrent alors qu'elle laissait les courants l'emporter vers les abysses.

Son corps inerte avait touché le fond de l'étendu d'eau. Sa respiration était toujours faible, presque inexistante. Aucune bulle d'air ne remontait à la surface. Le froid alentour la gardait dans un état de léthargie, bien qu'elle était encore consciente. Il lui fut impossible de dire combien de temps elle resta ici. Elle entendait des voix qui lui demandaient de se souvenir. Se souvenir de quoi ? La seule chose que l'élémental voulait voir était l'apparence du petit être qui avait passé presque huit mois dans son ventre. Et elle avait l'horrible impression que si elle restait ici plus longtemps, jamais elle n'aurait ce petit plaisir. Kei ouvrit donc d'un coup ses yeux. Son environnement était toujours sombre, bien que loin, très loin devant elle, se trouvait un point lumineux qui l'attirait. Cet endroit lui faisait peur. Il faisait noir, il n'y avait personne autour. Même si elle sentait son corps encore faible, elle remonta à la surface, non sans mal. Elle reprit son souffle pendant plusieurs minutes une fois à l'air libre. Elle était glacée mais elle était encore faible. Tellement que ses jambes avaient un mal fou à tenir sous son poids. Néanmoins, elle parvint à rejoindre très lentement la maison. A peine avait elle poussé la porte d'entrée que ses jambes s'écroulèrent. Kaen la rattrapa de justesse avant qu'elle ne touche le sol. Ses yeux allaient d'un point à un autre sans trouver ce qu'elle semblait chercher, jusqu'à ce qu'elle s'évanouisse.

Le brun la déposa sur ce qui servait de lit, avant de venir la rejoindre. Elle était la plus au bord, ce qui arrangea bien Akira qui était venu la ramener à la flotte. Il était apparu dans un léger courant d'air comme l'aurait fait n'importe quel élémental. Il murmura qu'elle lui causait des soucis et qu'elle le désespérait de ne pas être restée à sa place. Son frère glissa sa main gauche sous ses genoux et l'autre sous sa nuque pour pouvoir la soulever. La tête de la jeune femme se posa spontanément contre le torse de l'homme avant que le duo se disparaissent sans laisser aucune trace. Leur destination était facilement identifiable. Le fond du lac. Si il aurait pu la clouer au sol, il l'aurait sûrement fait mais il se contenta de contrôler les courants de telles sortes qu'elle ne pouvait que rester dans les abysses. Même si, épuisée comme elle l'était, elle aurait été incapable de remonter à l'air libre. Kei resta donc inconsciente dans les abîmes durant une journée entière.

Lorsqu'elle s'éveilla de son long sommeil, il faisait toujours aussi noir. Le point lumineux indiquant la surface était toujours là également. Cependant, un homme aux cheveux blancs et aux prunelles bleus clairs se trouvait devant elle. Elle avait l'impression de l'avoir déjà vu mais impossible pour elle de remettre un prénom sur le visage devant ses yeux. Elle avait une sorte de trou noir. L'élémental savait ce qu'elle était, son prénom, d'où elle venait et quelques brides de son jeune passé. Une conversation s'entama entre les deux individus:

- "Tu te réveilles enfin Kei. Je suis heureux que tu te sois remise aussi vite."

- "Qui es tu ? Et qu'est ce que je fais ici ?"

- "Je suis un peu déçu que tu m’ait encore oublié.. Je suis Akira, ton frère de dix ans ton aîné. Et quant à ce qui t'es arrivé, tu as connu une période assez difficile récemment à cause des humains. Tu as été gravement blessé et Mère s'est occupée de toi. Mais ne t'inquiètes pas. Tu ne risques plus rien maintenant. Tu n'es plus seule."

Plus seule.. ? Elle avait donc un frère aîné et n'était plus seule. C'est vrai qu'elle l'avait été avant. Il y a très longtemps. Mais elle avait l'impression que récemment ce n'était plus le cas. Elle avait du trouver quelqu'un sans pour autant s'en souvenir. Les humains. Des êtres faibles, supérieurs en nombre mais inférieurs par la force brute. Elle se rappelait vaguement comment ils la traitaient par le passé, lorsqu'ils découvrirent qu'elle n'était pas comme eux. Des maltraitances, des insultes et le rejet. Cela était peut être du à la peur ou la jalousie. Il n'y avait qu'une seule personne qui ne l'avait jamais jugé. Son père adoptif. Le vieil homme qui l'avait recueilli à sa naissance. Son frère la sortit de ses pensées en lui tendant la main et en lui proposant d'aller faire un petit tour à la surface afin de montrer la "suprématie" de leur race. Elle accepta uniquement pour voir l'air libre. Prouver aux hommes qu'ils étaient les plus forts ne l'intéressait pas du tout. Les courants qui les retenaient prisonniers au fond du lac se calmèrent pour les laisser passer.

Dès qu'ils mirent un pied à la surface le vent se mit à souffler déclenchant ainsi une tempête de neige. L'eau du lac commença à s'agiter également. A cet instant précis, Kei éprouvait un sentiment de force. Tellement forte qu'elle sentait que rien ne pouvait lui résister ni les bâtisses qu'elle ferait s'envoler d'un revers de main, ni les hommes qu'elle gèlerait sur place d'un seul regard. Son frère semblait être en pleine forme lui aussi. C'est d'ailleurs lui qui mena la marche. Les deux élémentaux se dématérialisèrent pou réapparaître à l'entrée du plus grand bâtiment du village. Aucun habitant n'était de sorti à ce moment là, ce qui était compréhensible vu le temps. Le duo entra par la porte. Tout était blanc à l'intérieur. Blanc comme la neige. Il y avait une odeur de produits pharmaceutiques et de médecins. Un hôpital ? Elle jeta un regard un peu surpris à son frère. Il était vraiment sérieux ? S'en prendre à un hôpital n'était pas complètement immoral ? Ce n'était pas du tout le genre de truc qu'elle cautionnait. Les employés les regardaient avec un drôle d'air; du dégoût, de la surprise puisqu'ils étaient deux, peut être de la colère aussi et de l'incompréhension. Akira s'élançât dans le couloir en gelant pour briser ensuite tout ce qui passait sous sa coupe. Il allait trop loin là !

- "Akira attends ! Tu vas .. !"

Elle ne termina pas sa phrase parce qu'elle se dématérialisa afin d'éviter un projectile médical. Kei avait perdu de vue son frère et les gens autour d'elle n'étaient pas du genre très amical. Elle n'avait pas envie de les blesser ! Ni de les effrayer plus qu'ils ne l'étaient déjà ! C'est pour ça que la jeune femme ne chercha pas la bataille et s'éloigna en courant dans le même couloir qu'avait emprunté son aîné. Néanmoins, par pur réflexe défensif, ceux qui s'en prenait à elle par surprise se retrouvèrent gelés en un instant. Inconsciemment, la jeune femme était montée au deuxième étage. Son frère était déjà passé par là. Des débris de glace au sol le prouvaient facilement.. Il exagérait vraiment.. Des pleurs et cris se laissaient entendre derrière les portes. Au début, le bruit ambiant ne la gênait pas. Ce n'est qu'après plusieurs minutes que ça commençait vraiment à l'agacer. L'élémental entra dans la première pièce à sa gauche. A l'intérieur, un homme brun assoupi dans un fauteuil et une sorte de landeau qui contenait l'origine du chouinement. Elle s'approcha du bambin qui pleurait puis quelque chose d'étonnant se produisit. Dès que leur regards se croisèrent, le rouge et le dorée, l'enfant arrêta de pleurer pour lui sourire et lui tendre les bras. La demoiselle eut un mouvement de recul, étonnée par un tel comportement. Sa tête commença alors à être douloureuse et son esprit était assailli par des images des plus étranges. Chacune passait tellement rapidement qu'elle avait à peine le temps de l'analyser. Elle même avec un ventre plat, suivi d'un ventre arrondi. Des mots évoquant une grossesse. Des pleurs alors qu'elle était en sueur. C'était quoi ça ?! Sa tête était de plus en plus douloureuse. Les images défilaient encore plus vite. Elle lâcha un cri avant de disparaître par la fenêtre, qui se brisa sous l'impact, ce qui provoqua de nouveau pleurs chez le nourrisson.

L'élémental réapparut beaucoup plus loin. Dans un coin reculé et calme. Là où personnes ne venaient s'aventurer. Elle s'assit dans la neige, contre un vieux tronc d'arbre. Qu'est-ce que ces images voulaient dire ? Etait ce seulement réel ? Des souvenirs ou bien des illusions. Vu ce qu'Akira avait pu lui dire c'était probablement la seconde option. Mais.. Quelque chose au fond d'elle même démentait cette théorie. Elle avait l'étrange impression d'avoir vraiment vécu ses scènes et ce, il n'y avait pas si longtemps que ça. Etait elle maman ? Dans ce cas pourquoi il ne lui avait pas dit ? En parlant de lui, il venait d'atterir juste à côté. Sans même tourner la tête vers lui, Kei lui dit de manière assez sèche:

- "Laisses moi. J'ai besoin d'être seule."

- "Allons Kei tu ne vas pas te laisser avoir par ce que tu as vu."

- "Jt'ai demandé de partir Akira !"

- "Kei, les humains attendent que tu réagisses comme ça."

- "Qu'est-ce que tu comprends dans "Je te demande de dégager" ?! T'étais vraiment obligé d'aller dans un hôpital et d'écraser les gens comme ça ?! C'es toi le..."

Il l'a saisit en posant sa main droite contre sa bouche. Il la forçât à se remettre debout de cette façon avant de recommencer à parler. Son regard était plus dur. Mais celui de sa soeur l'était aussi.

- "N'oublies pas que je suis ton frère ainé et que tu me dois le respect. Les humains ne sont que des manipulateurs avides de pouvoirs. Ils méritent tout ce qu'ils leur arrivent. Nous ne faisons que leur rendre la monnaie de leur pièce! Tu ne te souviens pas de ce qu'ils t'ont fait ?!"    

Après s'être remise de l'accouchement, la jeune maman, qui avait perdu la mémoire, avait suivi son frère dans l'hôpital du village afin de montrer leur "suprématie". Là bas, la rencontre avec un drôle de bébé l'avait assez chamboulé. Tellement qu'elle s'était enfuie par la fenêtre. L'élémental s'était alors isolée dans un coin où des semblants de souvenirs l'assaillaient. Des images bien étranges apparaissaient dans son esprit où, par exemple son ventre était arrondis, où elle avait chaud  et dans un environnement remplis de pleurs. Bizarrement, la représentation lui apportait un sentiment de joie et de soulagement. La demoiselle avait besoin de réfléchir. Seule. Loin de toute l'agitation de la journée. Malheureusement, son frère ne se fit pas prier pour se ramener. Elle lui demanda d'abord poliment de partir. Puis voyant qu'il ne bougeait pas et qu'il avait bien l'intention de rester, elle s'emporta comme elle savait si bien le faire. Un peu trop à son goût sûrement puisqu'il ne lui laissa même pas le temps de finir. Le jeune homme l'avait saisit en posant sa main contre sa bouche. Il l'obligea ainsi à se relever alors qu'il commençait à lui la leçon comme si elle était une enfant. Elle lui devait le respect ? Qu'il la respecte d'abord en écoutant son opinion ! Les humains n'étaient que des manipulateurs avides de pouvoirs ? C'était faux ! Les avait il seulement côtoyer avant de dire ça ?! Ils n'étaient pas tous comme il les décrivait ! Son père adoptif n'avait jamais été comme ça avec elle. Jamais ! Si elle se souvenait de ce qu'ils lui avaient fait ? Non elle ne s'en souvenait pas beaucoup. Mais elle avait le sentiment que tout n'était pas juste noir ou blanc. Elle réussit à parler dès qu'elle le mordit suffisamment fort pour qu'il la lâche:

- "Je me souviens très bien mais ce n'est pas une raison de mettre pas tout le monde dans le même sac ! Tu ne vaux pas mieux qu'eux je te signale !"

Il n'hésita pas à la gifler à la fin de sa dernière phrase. Il perdait son sang froid, c'était le cas de le dire:

- "Ce mioche t'as vraiment fait perdre la tête ma pauvre petite soeur. Tu es bien trop facilement manipulable. Mais rassures toi je vais nous débarrasser des perturbateurs."

Kei avait tourné la tête pour encaisser la gifle. Il ne l'avait même pas écouter. Même pas une seconde. Elle n'était pas manipulable, elle avait juste une opinion divergente de la sienne. Qu'elle aurait vu ou non ce bébé, rien n'aurait changé. Elle n'aurait jamais cautionné ce qu'il avait fait dans l'hôpital. Qu'est ce qu'il entendait par se débarrasser des perturbateurs ? Il n'allait quand même pas osé faire ce à quoi elle pensait ?! Pas question qu'elle le laisse faire ! Akira ne touchera pas à un seul cheveux du bébé ! Était ce l'instinct maternel ? Sûrement que oui. L'élémental disparut avant son grand frère pour réapparaître devant la fenêtre de l'hôpital. Par où elle s'était enfuie il y a plusieurs minutes. Elle laissa le vent la porter jusqu'au deuxième étage. Sa main se posa contre la vitre qui se gela instantanément. Le bébé était dans les bras de l'homme qui était avec lui tout à l'heure. Vous savez celui qui était assoupi lorsqu'elle était passée. C'était certainement son papa. Ou bien sa nounou qui sait ? Ce dernier posa le nouveau né dans son landau pour quitter la pièce. C'était sa chance pour aller le voir de plus près !

Mais.. Manque de chance, le potentiel paternel revint sur ses pas dès qu'il l’aperçut à l'extérieur. Il s'approcha avant d'ouvrir la fenêtre pour lui demander ce qu'il lui avait pris de disparaître comme ça. Il l'avait appelé par son prénom aussi. Ils se connaissaient ? Ils étaient proches ? Elle n'avait pas le souvenir d'avoir disparu non plus.. C'était très étrange.. Surtout que son visage lui disait quelque chose mais ça ne lui revenait pas. Lorsque l'inconnu lui attrapa le poignet pour l'attirer à l'intérieur, elle eut pour réflexe de repousser sa main qui se couvrit un peu de givre. Il se prenait pour qui ?! L'élémental n'avait pas l'intention de s'en prendre à son gamin ! Il n'avait pas à s'en faire pour ça ! Ce mouvement défensif ne sembla pas lui plaire puisqu'il haussa le ton, comme l'avait fait son frère juste avant lui. C'était sa journée de se faire engueuler comme ça ?!

- "Tu disparais comme ça et tu m'abandonnes moi et ta fille ?! Qu'est ce qui t’arrive là Kei? "

Ses mots la laissèrent sur les fesses. L'abandonner lui et sa fille ? Sa fille ? Elle était maman ? C'était une blague ? Si elle avait un enfant elle le saurait quand même ! Ce n'était pas une chose qu'on oubliait du jour au lendemain ! Kei commençait à croire que son frère n'avait pas tout à fait tort. Il essayait de la manipuler. Néanmoins les images de tout à l'heure revinrent dans son esprit. Il ne mentait peut être pas finalement.. Le bébé se mit à pleurer. Le jeune homme lui prit la main pour l'approcher du nourrisson. Elle se laissa faire, un peu -beaucoup- plongée dans ses pensées. Le bambin les regarda avec ses petits yeux pleins de larmes. Le garçon l'avait appelé Sophia. Sophia.. C'était assez joli comme prénom. Pas son préféré mais elle le portait assez bien. L'élémental avait envie de prendre le nouveau né dans ses bras. C'est pour ça qu'elle se tourna vers le papa pour lui demander l'autorisation, d'abord du regard puis avec la voix:

- "Est ce que.. Je peux la prendre ?"

Elle attendit son feu vert avant de saisir doucement l'enfant. Cette dernière arrêta de pleurer et tendit ses petites mains vers son visage. Elle était si légère ! Si petite ... Et semblait tellement fragile.. L'élémental pourrait la casser en deux en moins de deux. Et pourtant.. Même si elle avait peur de la blesser sans le vouloir, elle était émue. Heureuse même. Il y avait comme un lien invisible entre elles. C'était quelque chose d'inexplicable. C'était ainsi. Un point c'est tout. La jeune maman approcha le visage du nourrisson du sien alors qu'il gazouillait. Qu'est-ce qu'elle était mignonne ! Et sa peau était si douce ! Des larmes apparurent aux coins de ses yeux avant de couler sur ses joues. Pourquoi pleurait elle ? De joie ? De tristesse ? Ou simplement un mauvais coup de ses hormones ? Elle déposa la petite dans le lit avant de tourner le dos à l'inconnu. Elle ne voulait pas qu'il voit ses larmes! L'élémental avait sa fierté tout de même! Et pourtant. En essuyant ses gouttes salées elle murmura:

- "Pourquoi je ne me souviens pas.. ?"

Après son altercation avec son grand frère, l'élémental était retournée là où elle avait vu le bébé qui l'avait tant chamboulé. Son supposé papa s'occupait de lui avant de faire mine de s'en aller. Elle en avait profité pour rentrer dans la pièce mais manque de chance, le jeune homme avait fait demi tour. Il la disputa car soit disant elle aurait disparu et abandonné sa fille. Pourtant, Kei ne se souvenait de rien.. Excepté les quelques images étranges d'elle et un bambin et les souvenirs de son passé lointain. Vraiment, rien ne lui revenait à l'esprit. Juste le bébé qui l'intéressait vraiment. Tellement que son regard restait rivé sur lui. La jeune maman n'avait qu'une seule envie. Prendre le nourrisson dans ses bras. C'est pour ça qu'elle demanda au père si elle pouvait le prendre. Ce n'est qu'après avoir obtenu son feu vert qu'elle s'exécuta.

L'enfant était tellement mignonne. Ses petits joues rouges pour avoir trop pleuré. Ses grands yeux couleurs écarlates. Ses petites mains et pieds. L'élément de glace craquait totalement pour ce petit bout. Tellement que des larmes avaient décidé de couler sur ses joues blanches. Pourquoi pleurait elle ? De joies ? De tristesse ? Elle n'en savait rien mais les gouttes d'eau salées y allaient de bon coeur! Elle déposa alors le bébé dans son berceau, comme pour éviter de la salir de ses larmes presque gelées, et tourna ensuite le dos à l'homme pour qu'il ne la voit pas dans un état de faiblesse. Et elle était tellement faible qu'une phrase lui échappa. Pourquoi ne se souvenait elle de rien ? Au fond de son coeur, elle sentait que quelque chose s'était passé. Mais elle ne saurait dire quoi, ni combien de temps. Cette remarque sembla choquée le papa qui répéta l'interrogation. Avait elle perdu la mémoire ? Sûrement que oui. En tout cas, c'était le trou noir complet sur les dernières années.

La petite puce se mit à pleurer. Kei voulut s'approcher pour la reprendre dans ses bras mais son papa la prit de court. Il la prit doucement pour aller s'assoir dans le fauteuil où il avait somnolé tout à l'heure. Il lui mit la tétine d'un biberon dans la bouche qu'elle se mit à téter. Et pendant qu'il nourrissait le nouveau né, le jeune homme s'adressa à elle. Il semblait essayer de lui remémorer certains souvenirs en lui faisant part. Pourtant, ça ne lui disait rien du tout. Ils s'étaient, soit disant, rencontrés à l'école. Elle avait été dans une école ? Elle avait vraiment quitté son village ? Il ajouta qu'ils se connaissaient depuis un moment déjà. Qu'ils avaient vécu pas mal de chose ensemble. Des bonnes comme des mauvaises. Il parla également de moments chauds, torrides même mais qui ne lui rappelaient toujours rien. Le peu de souvenirs que lui apportait ses paroles commençait vraiment à lui faire penser qu'il essayait de l'endoctriner ! Et dans ce cas, son frère avait entièrement raison sur le compte des humains ! Il ne voulait que l'avoir dans sa poche ! Peut être même qu'il avait juste l'intention de la livrer aux habitants du village qui ne l'aimait pas pour de l'argent ! Et que le bébé n'était là que pour l'amadouer ! Pourtant, ce dernier l'attirait inlassablement. Elle avait du mal à détacher ses yeux d'elle. C'était comme de l'hypnotisme ou de l'attraction. C'était plus fort qu'elle.

La porte de la chambre d'hôpital s'ouvrit sur une jeune infirmière blonde qui portait dans ses bras deux couvertures et des couches. L'élémental tourna lentement sa tête vers l'intruse, qui, lorsque leurs regards se croisèrent, lâcha les linges dans un cri avant de disparaître dans le couloir. Elle n'avait fait aucun geste agressif pourtant. Juste un regard et voilà que ça déguerpissait. La belle soupira avant de reporter son attention sur le petit bout qui terminait son biberon. D'ailleurs, c'est à ce moment là qu'elle se rendit compte que sa poitrine était un peu douloureuse. Et si elle était vraiment la maman de cette enfant comme il disait, elle devrait être capable de l'allaiter non ? Ou alors c'était juste son esprit, complètement à la ramasse qui lui jouait des mauvais tours. Et pis si elle était vraiment la mère de ce bébé, il lui aurait proposé de la nourrir non ? C'était donc bien pour l'amadouer ! Mais dans quel but.. ? Le jeune homme reposa Sophia dans son berceau dès qu'elle eut fait son rot et, avant que Kei n'est pu s'en rendre compte, elle était allongée sur le dos par terre, avec lui juste au dessus d'elle. Pourquoi fallait il qu'il ait trébuché ?! Néanmoins cette scène semblait sonner comme une impression de déjà vu dans son esprit. N'avait elle pas déjà vécu ça il y a longtemps ? Elle n'en était pas sûr par contre.. Leurs yeux se croisaient, et c'est sur un ton calme qu'elle lui demanda de bouger:

- "Ecartez vous. S'il vous plaît. "

- "Même sans te souvenir de lui, il faut que tu retombes directement dans ses bras. Il doit utiliser un sacré tour de passe passe pour y arriver. Je n'ai plus vraiment le choix maintenant.... Il faut que je me débarrasse des nuisibles!"

L'élémental féminin n'avait même pas besoin de tourner la tête pour savoir qui était apparu sur le rebord de la fenêtre. Akira. Son grand frère. Et elle savait aussi pourquoi il était là. C'était presque l'origine de leur dispute. Pourtant, elle tiqua un peu sur le début de sa phrase. "Sans se souvenir de lui"... Donc elle le connaissait bel et bien. Cet homme, le père de l'enfant. Il n'avait donc pas menti.. Et elle était peut être bien la maman. Cela expliquerait bien certaines choses. A la fin de sa phrase, Akira s'était transféré à côté du berceau du bébé. Mais Kei, par pur instinct, se dématérialisa aussi vite que lui pour apparaitre entre l'être vulnérable et son frère. Pas question qu'il touche à un seul de ses cheveux !

- "Je te laisserai pas faire Akira. Tu ne poseras pas un seul doigt sur ma fille !"

- "Tu n'as aucune chance contre moi Kei. Tu es encore trop hésitante."

A la fin de sa phrase, son cher grand frère n'hésita pas à planter un pic de glace dans ses côtes suivi d'un coup de poing sur son visage suffisamment puissant pour l'éloigner du berceau que quelques mètres. L'élémental ne fut pas capable de se défendre, son esprit étant trop préoccupé à réfléchir à ses mots. Sa fille ? Pourquoi est ce qu'elle avait dit ça ? Elle n'était même pas sur que c'était bien sa fille ! Même si l'attaque était forte, elle ne le fut pas assez pour l'assommer complètement. Lorsqu'il lança l'assaut sur l'enfant avec un nouveau pic de glace, Kei eut largement le temps de créer une sorte de dôme en glace qui protégea le nouveau né.

- "Tu veux jouer à ça ? Soit..." il prit le berceau avant de retourner sur l’appuie de fenêtre pour poursuivre en désignant l'homme brun du doigt. "Tu m'apportes sa tête et je te la rends sans une égratignure. Je suis sûr que l'on va bientôt se revoir petite soeur..."

Et il disparut en se dématérialisant. Avec Sophia. L'élémental tourna la tête vers le concerné. Le tuer signifiait que la petite grandirait sans père. Ne pas le faire serait risquer sa frêle vie. Qu'est-ce qu'ils allaient faire ?

La belle avait retrouvé le petit bout et avait déjà complètement craqué sur elle. Tellement qu'elle avait un mal fou à détacher son regard. Néanmoins elle y fut obligée. Par une intruse qui fit volte face aussitôt qu'elle l'eut aperçut d'abord puis par son grand frère qui était là pour une raison bien précise. Exterminer les gêneurs dont faisait partie la petite fille. Mais ce qu'il avait dit avant de passer à l'action la fit réfléchir un petit instant. Sans qu'elle ne se souvienne du brun ? Donc elle l'avait sûrement connu. Mais aucun souvenir de ça... Juste le trou noir. Avant qu'Akira n'ait pu faire quoique ce soit à l'enfant, la jeune maman s'était interposé. Pas longtemps. Puisqu'il la mit au tapis en moins de deux.. Il emporta sa nièce après avoir dit qu'il lui rendrait sans égratignure qu'à condition de lui ramener la tête du papa...

Kei tourna son regard vers le principal concerné, un peu perdue. Si elle obéissait à son frère, c'était entrer dans son jeu, faire exactement ce qu'il voulait... Et pis c'était aussi faire grandir la petite sans son père. Même si elle était potentiellement sa maman, l'élémental ne se sentait pas avoir les épaules pour élever un enfant seul. Encore moins ici.. Où les gens ne l'appréciaient pas et risquaient de jeter leur rancœur sur le plus faible. Était elle vraiment apte à décider seule à ce sujet ? Le paternel, lui, semblait déjà avoir pris sa décision. Il était même prêt à sauter par la fenêtre pour partir à sa poursuite... Est ce qu'il réfléchissait un peu à ses actes ? Sa fille risquait d'être orpheline et il voulait se jeter dans la gueule du loup ? D'un coup, il se tourna vers elle et l'attrapa assez violemment par le col. Ses yeux étaient obligés de soutenir les siens. Les même que ceux de la petite Sophia.  

"Reprends toi ! Tu hésites pour quelque chose de stupide, si ma vie permet de sauver la sienne j'irais sans réfléchir, tu dois bien le savoir ! Non j'avais oublié, tu n'es pas la Kei que j'ai connu, tu n'es plus ma femme, pas celle que j'ai connu en tout cas."

La jeune femme resta silencieuse sous sa colère. Non elle ne savait pas qu'il irait risquer sa vie pour elle mais elle pouvait le deviner. Risquer sa vie d'accord mais se laisser tuer ... Il n'y avait aucun intérêt. Sa fille serait seule et malheureuse. C'était la deuxième fois aujourd'hui qu'on lui disait qu'elle hésitait.. Mais n'était ce pas normal puisqu'elle ne se souvenait quasiment de rien ? Si c'était le contraire elle agirait avec moins de réflexion. Malgré tout ses paroles la blessèrent sans qu'elle ne sache la raison exacte. Lorsqu'il la lâcha, il ne perdit pas une seconde et sortit. Kei baissa la tête en murmurant des excuses. Elle se sentait d'une faiblesse indescriptible alors que plusieurs heures auparavant la force l'envahissait. La gamine avait vraiment ébranlé sa foi. Le fait que l'élémental hésitait encore sur le meilleur acte à faire prouvait bien qu'elle ne pouvait être la maman. Si elle l'avait été, elle aurait sur le champ suivi le papa pour voler à sa rescousse.. Alors que là, elle restait clouée sur place à s'embrouiller l'esprit un peu plus à chaque seconde qui passait. Elle ne savait plus elle en était.. Et ce fut le bruit de pas précipités dans le couloir qui la réveillèrent. Elle suivit la route de son frère et passa par la fenêtre pour aller s'isoler dans une vieille bâtisse. Bâtisse qui était la sienne.

Dire que l'élémental se sentait chez elle ici serait un peu abusé. C'était là qu'elle avait grandit avec son père adoptif. Un vieil homme très gentil mais qui était mort un peu trop tôt. Elle toucha quelques meubles, ce qui lui rappela des souvenirs de cette époque. Son visage chaleureux et bienveillant. Les moments où il la disputait après qu'elle eut fait une bêtise. C'était sûrement la période la plus agréable de sa vie. A ce moment, même si les gens du village ne la portaient pas dans leur coeur, il y avait tout de même une personne pour qui elle comptait. Lorsque sa main se posa sur ce qui servait de lit, des images de l'accouchement lui apparurent. C'était Akira qui l'avait déclenché et pourtant.. La tignasse qu'elle voyait entre ses jambes était celle du père de Sophia. La douleur avait été horrible mais ça n'avait été rien comparé au soulagement et au bonheur d'entendre ses premiers cris.

- "Ma fille.. Ça ne peut être que ma fille pas vrai ?"

Elle avait parlé à voix haute. Comme si elle attendait une réponse à sa question rhétorique. Malheureusement cette dernière ne vint pas. Même si une très faible brise lui souffla quelque chose d'à peine audible. Elle se dématérialisa alors pour réapparaitre dans un petit village voisin de quelques maisons seulement. La neige s'était teinte de rouge et les seuls êtres vivants présents étaient comme elle ou son frère. Des élémentaux. Comment le savait elle ? Elle le sentait, tout simplement. A peine avait elle fait une dizaine de pas qu'un cri strident se fit entendre. Et le spectacle ne tarda pas à apparaitre sous ses yeux. Akira était debout, visiblement en train de jubilait de ce qui se passait sous ses yeux. Le père de l'otage était à genoux, la main posée sur une épée plantée dans le coeur d'une pauvre femme, qui était sûrement une élémentale. Son grand frère s'adressa à elle dès que le papa s'était relevé:

"Tu vois Kei ! Les humains nous réservent tous le même sort ! La mort et rien d'autre."

Le brun se défendit en ajoutant que c'était l'élément de glace qui avait commencé et qu'il n'avait pas volé ce qui venait de se passer. Et il continuait en le provocant.. Ce n'était plus seulement à sa fille qu'il venait s'en prendre mais aussi à ses parents. Akira perdait totalement la tête.. Pourquoi est ce qu'il allait si loin dans sa haine contre les humains ? Qu'est-ce qu'ils avaient bien pu lui faire pour le traumatiser à ce point ? Jamais elle n'oserait lui poser la question même si celles ci lui traversait l'esprit. Et pis.. Le papa avait il vraiment besoin d'aller jusqu'à tuer cette femme ? Il ne valait pas mieux que son frère là.. Les pleurs de Sophia commencèrent à résonner. Le père fut retenu par les compères de son aîné, alors qu'elle se déplaça à son chevet. Son frangin eut le même réflexe et l'empêcha même de la toucher:

- "Rends lui sa fille. C'est tout ce qu'il veut."

- "C'est un humain Kei, ils veulent toujours plus. Ce n'est pas seulement cette gamine qu'il veut. Il te veut toi aussi. Et tu as vu de tes propres yeux de quoi il est capable ! Si nous ne les arrêtons pas, nous allons subir le même sort."

- "Mais tu l'as cherché ! C'est normal qu'il te soit hostile ! Tu lui as pris sa fille !"

- "Tu le défends encore... Tu n'apprendras donc jamais de tes erreurs ?! Il t'as blessé au point que tu étais à l'article de la mort ! Je n'ai pas envie que tu revives ça encore une fois petite soeur..."

Il posa sa main froide sur la joue de la jeune femme qui murmura son prénom. Il s'inquiétait juste pour elle.. Les regards des frères et sœurs se soutirent. Était ce vrai que le père de la petite l'avait blessé à ce point ? Elle n'avait pourtant aucune séquelle physique.. Même si sa mémoire n'était plus là pour l'aiguiller. Elle ne savait plus du tout quoi penser. Ni qui croire. Son frère qui vouait une haine sans limite. Ou bien le père de l'enfant qui semblait être sa propre fille ? D'ailleurs cette dernière pleurait encore. L'aîné de la fratrie perdit vite patience et après une simple demande de sa sœur pour faire taire la petite, il accepta de les laisser seules. Juste toutes les deux. Kei prit délicatement le nourrisson dans ses bras, ce qui eut pour effet d'arrêter ses pleurs. Bien qu'il y avait encore des larmes au coin de ses yeux. L'élémental la berça doucement pour la calmer:

- "Allez c'est tout Sophia... Ne pleure plus. Maman est là et papa n'est pas loin. "

Pourquoi est ce que ces mots sortaient aussi naturellement de sa bouche ? C'était comme si dans son esprit tout était clair alors que ça ne l'était pas. Elle ne savait pas où elle en était mais la seule chose qui était sûre semblait être le fait qu'elle était mère maintenant. Et que c'était sa progéniture qu'elle tenait dans ses bras. Concernant le père, c'était évident qu'il s'agissait du brun. Par conséquent.. Il ne pouvait être que son amoureux non ? Elle se voyait mal tomber dans les bras du premier venu et lui faire un enfant dans la foulée.. Mais peut être que son frère disait vrai sur le tour de passe passe qu'il aurait pu utiliser pour l'amadouer.. Pourquoi ça ne pouvait pas être simple ?! Qu'elle retrouve donc la mémoire et tout ses problèmes s'envoleraient ! La petite puce avait fini par se calmer. Peut être même un peu trop.. Lorsque l'on posait ses yeux sur elle, on aurait pu croire qu'elle s'était simplement endormie mais la jeune maman avait un mauvais pressentiment qui lui faisait penser le contraire. Son père avait bien dit tout à l'heure qu'elle était aussi humaine que lui, même si elle aurait hérité de ses pouvoirs. Alors pourquoi elle était si froide tout à coup ? N'était elle pas censée avoir une température corporelle plus élevée ? Prise de panique, l'élémental sortit en trombe de la pièce en serrant le bambin dans ses bras. Mais pas trop puisqu'elle risquait de lui donner encore plus froid. La peur faisait augmenter son rythme cardiaque. Elle avait l'impression d'avoir déjà connu ce sentiment auparavant et ça lui apportait une étrange sensation..

L'élémental surgit d'un coup, le bébé dans ses bras, au centre des hostilités entre les gens de sa race et le père de son enfant. Elle jeta un rapide coup d'oeil à son frère qui semblait être très mécontent de la tournure des évènements. Kei ne laissa pas le temps aux autres élémentaux de réagir qu'elle saisit le poignet de l'humain pour disparaitre aussi vite qu'elle était apparue. Les jeunes parents réapparurent chez la demoiselle. Elle laissa à peine le temps au brun de se ressaisir qu'elle lui mit dans les bras sa fille en lui disant avec une voix tremblotante:

- "Kaen... Elle... Elle... Je suis désolée.."

Elle fut incapable de lui dire avec des mots que la petite était gelée mais il devait bien le sentir non ? Kaen.. C'était son prénom non ? Comment est ce qu'elle le connaissait ? Il ne lui avait pas dit.. Mais elle avait le sentiment de l'avoir prononcer plusieurs fois dans le passé. Ses souvenirs étaient peut être en train de revenir par tout petit morceaux. Malgré tout, elle se sentait coupable de ce qui arrivait. C'était de sa faute si le nourrisson était dans cet état d'hypothermie.. L'avoir recouverte d'un dôme de glace pour la protéger de son frère avait du accentué la sensation de froid et le fait qu'elle l'ait pris dans ses bras n'avait pas du arranger les choses.. Elle garda ses yeux fixés sur l'être faible en espérant qu'il n'était pas trop tard pour agir. Elle était inquiète. Autant pour leur fille que pour son amoureux qui était blessé. Sa crainte se lisait facilement dans son regard.

L'élémental avait assisté à la mise à mort d'une de ses compatriotes par le père de sa fille. Son frère ne rata pas l'occasion de lui monter la tête contre lui, ce qui n'eut pas vraiment l'effet escompté. En effet la jeune femme n'était que de plus en plus perdue. Elle ne savait plus qui croire. Son frère. Ou le paternel. Et pis, le fait d'avoir perdue ses souvenirs commençait à devenir pesant. Elle avait l'horrible impression que l'on se jouait d'elle. Qu'on la menait en bateau. Alors qu'elle pensait à ça, elle entendit sa fille commencer à pleurer. Sans attendre la moindre autorisation de la part de son aîné, elle alla la retrouver. Dans la petite pièce, une conversation s'engagea entre les frères et soeurs. Celle ci tourna court à cause de la petite qui agaçait son oncle. Il accepta alors que sa mère la prenne dans ses bras et la calme. Doucement. Mais quelque chose clocha et attira son attention. Sophia était aussi froide que la glace alors qu'elle était une simple humaine d'après son papa. Ce n'était pas normal. Ce qui l'inquiéta assez. C'est pour cette raison qu'elle n'hésita pas une seule seconde à retrouver le géniteur et l'emmenait avec elle dans sa maison. La jeune femme ne lui laissa même pas le temps de réaliser ce qui lui arrivait qu'elle lui avait mis dans les bras sa fille en essayant sans succès d'expliquer ses craintes. Elle se sentait déjà coupable de lui avoir fait subir ça... Après tout c'était entièrement de sa faute. Elle n'avait pas su la protéger convenablement et en plus elle dégageait constamment une fraîcheur que peu d'humain peuvent supporter..

Kei regarda son amoureux observer la petite avec attention. Elle avait un peu peur du résultat... Elle s'en voudrait vraiment si le bébé venait à avoir des séquelles plus ou moins graves.. Heureusement, après de très longues secondes de suspense, il poussa un soupir de soulagement en disant qu'elle avait juste faim et qu'elle était fatiguée, le tout avec un sourire. Et que même si peau était gelée, son coeur battait normalement. Son coeur se s'allégea d'un poids. La petite n'avait rien du tout. Elle n'avait donc rien à se reprocher. L'élémental essuya une poussière au coin de son oeil alors que le jeune homme s'approchait pour lui mettre une pichenette sur le front suivi d'un baiser en disant:

"Pour m'avoir fait peur et pour t'être enfin souvenu de moi, à croire que t'avais même oublié mon nom pendant un moment."

La jeune maman posa sa main là où il venait de l'embrasser. Ses joues avaient très légèrement rougit par l'acte du garçon. Elle ne s'y attendait pas. Un peu incrédule, ses yeux le regardaient avec l'air de dire "qu'est-ce qui t'as pris ?". Et pourtant.. Ce simple geste, aussi insignifiant soit il, lui fit étrangement plaisir. C'était comme si cela faisait un petit moment qu'elle attendait ce genre d'affection. S'en était un peu perturbant. Et puis cela semblait lui rappeler très vaguement des souvenirs mais sans être très précis. La petite puce la sortit de sa rêverie en tendant ses petits bras vers le ciel comme si elle pouvait qu'on s'intéresse à elle. Qu'est ce qu'elle pouvait être mignonne. Tellement qu'elle réussit à lui faire décrocher un sourire. Comme à son papa d'ailleurs. Il n'y avait plus de doute maintenant. Il s'agissait bien de leur progéniture. Seulement la leur. Puis d'un coup, le jeune homme lui demanda directement de le suivre, loin, dans un village qui lui était totalement inconnu. Il la prenait vraiment au dépourvu là.. Dans son esprit, l'élémental n'avait jamais quitté ce bourg alors partir comme ça... Mais elle avait envie de le suivre juste pour rester auprès de Sophia. Après un temps de réflexion de quelques minutes, elle accepta sa proposition.

Le couple plia donc rapidement bagage pour prendre la route. La jeune femme suivit son compagnon sans dire un mot durant le trajet. Les seules pauses qu'ils firent furent pour nourrir ou changer le nourrisson. Ils arrivèrent chez eux deux jours plus tard. L'élémental s'émerveillait un peu de tout. Les pavés sur la route. Les briques sur les maisons. Et l'intérieur de leur propre demeure. C'était vraiment là qu'elle vivait maintenant ? Avec le brun et Sophia ? Elle laissa le papa aller coucher la petite et elle en profita pour visiter un peu. Le salon d'abord, la cuisine ensuite. Puis elle passa à l'étage. Sa première destination fut la chambre à coucher. Là bas quelques souvenirs flous lui revinrent. De la chaleur. De la douceur aussi. Elle alla ensuite dans la chambre du bébé où les deux autres personnes se trouvaient. Kaen était en train de la mettre tranquillement dans son berceau. Ça semblait presque surréaliste.. Comme si elle se trouvait dans un rêve. Une vie calme et paisible, sans le moindre souci. Était ce vraiment ce genre de quotidien qu'elle menait chaque jours ? Elle n'y croyait pas trop mais cela s'affichait clairement devant ses yeux.

L'élémental alla s'isoler dans la chambre parental. Elle ferma soigneusement la porte après y avoir pénétré. Elle avait besoin de réfléchir un peu. Même si le lieu semblait lui rappeler très vaguement des choses, ses souvenirs ne revenaient pas et elle se sentait toujours aussi perdue. L'unique chose certaine était qu'il y avait quelque chose entre elle et les deux individus de la pièce à côté. Et cette chose devait être importante puisqu'elle les avait suivi sans la moindre hésitation. Le plus étrange était qu'ici elle se sentait chez elle, contrairement à son village natal qui lui semblait hostile et où se trouvait sa seule famille. En parlant de lui, un froid glacial commençait tout juste à envahir la pièce. La vitre de la fenêtre se gela en même temps qu'elle s'ouvrit en grand. Le visage et le corps de son grand frère apparurent juste devant elle. Il était très en colère.. Cela se voyait dans ses yeux et s'entendait dans le ton de sa voix lorsqu'il dit juste son prénom. La jeune femme ne lui laissa pas le temps de dire autre chose qu'elle le devança:

- "Regardes Akira comme c'est bien ici! Les gens ne nous regardent pas comme des monstres !"

- "Ce que tu vois n'est qu'une façade, Kei. Tu es trop naïve. Allez viens, rentrons à la maison."

A la fin de sa phrase, il avait saisit son poignet, déjà prêt à l'emmener avec lui. Mais elle n'avait pas envie de retourner là bas! Elle voulait rester avec sa fille et là où les gens semblaient l'accepter comme elle l'était! C'est pour ça qu'elle se dégagea de son étreinte d'un coup vif avant de le repousser en mettant les deux mains sur ses épaules. Elle ajouta avec son geste en plantant ses pupilles dorées dans l’azurée des siennes:

- "Non ! J'ai le sentiment que ma place est ici et pas ailleurs."

L'aîné n'apprécia pas du tout la résistance de sa petite soeur. Il la domina de toute sa taille et sa force d'homme. Il attrapa assez violemment ses deux poignets pour la pousser sur le lit qui était juste derrière elle. Ses mains restèrent clouées sur le matelas alors qu'il prenait le dessus sur elle. L'élémental commençait à se sentir mal. Les battements de son coeur s'étaient accélérés, un peu comme lorsque la peur vous envahissait. Elle avait l'impression d'avoir déjà vécu ce genre de situation et que cette expérience n'avait pas été des plus agréables. Akira prit la parole sur un ton cinglant:

- "Tu sembles oublier un peu vite qui je suis et de quoi je suis capable Kei. C'est pas cette maudite gamine et ce misérable humain qui vont m'empêcher d'obtenir ce que je veux. Mais si tu tiens tant à ce qu'ils soient saufs, restes près de moi."

Il avait dit sa dernière phrase presque dans un murmure. Puis il avait lentement approché ses lèvres des siennes avant qu'il n'y ait contact. Sous le choc, les yeux de la belle restèrent grands ouverts. D'horrible souvenirs lui revinrent en tête. Un homme qui ne lui semblait pas sympathique du tout l'avait entraîné avec lui dans une chambre. Il l'avait embrassé de force alors qu'elle n'en avait pas du tout envie. C'était comme maintenant. Son frère avait sa bouche collée sur la sienne et ça la rebutait. Elle n'aimait pas ça. Elle l'avait l'impression de trahir quelqu'un. D'autres images lui apparurent. Plus osées. Des vêtements qui tombaient un à un au sol. Des doigts et des lèvres qui touchaient sa peau à des endroits intimes. Elle avait beau se débattre, son frangin la maitrisait toujours comme il le fallait pour qu'elle ne le gêne pas. L'élémental féminin essaya même de le geler sans succès. Ses yeux se posèrent sur la porte de la chambre qui s'ouvrit pour laisser apparaitre Kaen. Elle le supplia du regard de l'aider. Ce qu'il fit. Akira disparut l'instant suivant en disant clairement qu'il reviendrait.

Kei, dès que son frère l'avait libéré de son emprise, s'était redressée. Elle tremblait. Pas de froid, ce serait un comble pour ce qu'elle était. Mais plutôt de dégoût. Elle se sentait salie et terriblement malheureuse à ce moment précis. Les images qu'elle avait vu étaient vraiment réelle ? Avait elle vraiment vécu quelque chose d'aussi horrible ? Ses tremblements semblaient ne pas vouloir s'arrêter et les images restaient bien ancrées dans son esprit. Des larmes commençaient même à s'assiéger ses yeux. Elle devait paraître si faible, si fragile et vulnérable..

Après avoir redécouvert leur maison toute seule, l'élémental s'était un peu isolée dans la chambre à coucher. Malheureusement l'isolement ne dura pas puisque son frère s'invita sans autorisation... La conversation tourna rapidement mal entre les deux éléments. La femme le repoussa, geste qu'il n'apprécia pas du tout et il lui fit clairement comprendre en la dominant. Il avait attraper ses poignets en la poussant sur le lit. Il se mit rapidement au dessus d'elle et après l'avoir remis à sa place verbalement, il l'embrassa. Ce fut là le geste de trop pour la jeune maman qui se rappela d'horribles souvenirs qu'elle aurait préféré garder enfoui. Les images des abus qu'elle avait subi lorsqu'ils avaient été esclaves. Lorsque le chantage, les tortures ou encore les relations sexuelles forcées avaient été leur quotidien. Dire qu'ils n'avaient garder aucune séquelle mentale de cette période serait mentir. Sauf qu'elle avait justement oublié tout ce qui s'était passé.. Ce qui, en soit, n'était pas vraiment un mal. Elle fut incapable de faire quoique ce soit pour repousser son grand frère, excepté supplier Kaen du regard de l'aider lorsqu'il déboula dans la pièce. Ce qu'il fit en se jetant sur l'intrus qui prit la fuite sans se laisser prier.

La jeune femme s'était redressée entre temps. Chaque membre de son corps tremblait. Les images de leur séquestration ne voulaient pas la quitter. Elle avait peur. Elle se sentait sale et malheureuse. Les larmes étaient déjà au coin de ses yeux, prête à couler au moindre clignement. Le brun vint la rejoindre sur le lit pour l'entourer de ses bras. Par pur instinct, elle se laissa aller contre lui. Sa tête se posa contre le cou du jeune homme. Ses tremblements mirent plusieurs secondes à se stopper. Bizarrement, elle se sentait en sécurité avec lui. C'était "presque" normal puisqu'il s'agissait du père de sa fille. La belle fit néanmoins l'effort de retenir ses larmes, qui ne coulèrent pas. Puis d'un coup, le papa laissa échapper le prénom de Sophia avant d'aller rapidement dans sa chambre. L'élémental le suivit, un peu inquiète pour la petite. Il y eut un gros boom puis du bruit à l'extérieur se fit entendre. Et plus particulièrement une voix qui demandait si tout s'était bien passé. Kei ne comprenait pas vraiment ce qui se passait, jusqu'à ce que Kaen lui explique que quelques amis allaient venir. Des amis... ? Ils avaient des amis.. ? Elle ne s'en souvenait toujours pas... C'était quelque chose qu'elle n'avait jamais vraiment eu.. Mais il semblait bien qu'elle pouvait lui faire confiance et qu'il ne lui mentait pas. C'est pour cela qu'elle le suivit à l'étage inférieur sans poser la moindre question.

Arrivée dans la pièce à vivre, elle s'assit sur une chaise et c'est le jeune papa qui alla ouvrir. Quatre individus apparurent ensuite dans son champ de vision. Une brune à l'allure osée qui ne lui inspirait pas confiance du tout. Une rousse qui dégageait de la chaleur, prouvant qu'il s'agissait d'une compère de feu. Et deux hommes brun, dont l'un paraissait plus jeune que l'autre. D'ailleurs, ce dernier tenait la main de la rouquine. Étaient ils amoureux ? Ou alors c'était une habitude humaine entre ami ? D'ailleurs la brune sauta au cou du père en essayant de capturer ses lèvres. Était ce la encore une coutume humaine ? Elle ne comprenait pas la signification de ces différents gestes. Et peut être qu'elle ne les comprendrait jamais.. Tous les amis de son "amoureux" la regardèrent comme si elle venait d'une autre planète. Avait elle fait quelque chose qui les avait offensé.. ? L'élémental était déjà prête à s'excuser lorsque le brun expliqua la situation. Notamment le fait que sa mémoire faisait défaut. Le plus âgé s'avança vers elle en lui demandant si elle se souvenait de lui.. Il venait de dire qu'elle avait perdu ses souvenirs.. Bien sur qu'elle ne se souvenait pas de lui! Il était idiot ? Elle lui fit simplement non de la tête. Même si son prénom lui évoquait très vaguement quelque chose. Kei n'eut pas à réfléchir bien longtemps puisque le sujet de conversation passa à la petite princesse. Tous voulaient la voir.

C'est donc en groupe qu'ils allèrent dans la chambre du nourrisson. L'aîné fut le premier à la prendre dans ses bras. La petite accepta volontiers et semblait contente. Puis se fut la rousse et le brun que Sophia accepta sans problème également. Quant à la brune aux allures de prostitués, ce fut un refus complet. Le bébé se débattit dès qu'elle osait approcher. Ça prouvait bien que la première impression de la maman était la bonne sur cette femme.. En tout cas, cette dernière et le dénommé Kyu semblait proche.. Comme les deux autres qui se tenaient constamment la main. N'avait elle pas déjà vu ça quelque part ? En tout cas, leurs amis semblaient tous être d'origine et d'horizon différentes et pourtant.. Ils s'entendaient relativement bien. Surtout la rouquine et le plus jeune.. La première était comme elle, une élémentaire, et l'autre un humain. N'était ce pas là la preuve que son grand frère se trompait sur le compte des Hommes ? Qu'une cohésion pouvait avoir lieu entre leur deux races et que le conflit n'était pas inévitable ? La jeune maman garda le bambin dans ses bras un moment pendant que le papa s'occupait des invités à l'étage inférieur. Elle préférait rester avec sa fille plutôt que ces quatre inconnus. Elle la posa dans son berceau ensuite avant d'ajouter devant son nez un jouet qu'elle essayait d'attraper avec ses toutes petites mimines. La petite finit par s'endormir rapidement. L'élémental la regarda un moment. Sophia était tellement mignonne qu'elle avait encore du mal à croire qu'il s'agissait de sa progéniture.

Lorsque Kei sentit qu'elle commençait à s'endormir aussi, elle alla dans la chambre parental. Elle ouvrit un tiroir au hasard pour en sortir un t-shirt assez long qu'elle enfila après avoir retiré son haut et son soutif. Elle enleva ensuite son pantalon. La voilà prête à dormir pour cette nuit en tout cas. La belle allait se diriger vers le lit lorsqu'elle remarqua le brun, sur le pas de la porte de la chambre. Depuis combien de temps il était là ? Il ne l'avait quand même pas vu se changer.. ?! Sans même attendre de réponse à sa question mentale, elle sentit ses joues rougir car elle devinait bien qu'il était là depuis suffisamment longtemps pour avoir tout vu.. Elle attrapa ce qu'elle venait tout juste de retirer pour lui balancer en lui demandant de sortir !

Après le départ mouvementé de son frère et quelques secondes de tendresse avec le père de sa fille, des soit disant amis à eux étaient venus leur rendre visite pour prendre de leur nouvelle. Bien entendu, l'élémental n'avait aucune idée de qui ils pouvaient être. Même si l'un des individus ne lui plaisait pas du tout. Une femme, brune aux allures de garce. C'était elle aussi qui avait sauté au cou de son compagnon. Une raison de plus qui faisait qu'elle ne lui inspirait pas confiance. Le pire, ou le meilleur, était que Sophia lui donna entièrement raison puisqu'elle refusa catégoriquement d'aller dans ses bras. Le petit groupe resta un moment dans la pièce à admirer la petite qui avait retrouvé les bras de sa maman. Puis tous redescendirent un étage pour rejoindre le salon, sauf Kei. Elle préférait largement rester avec sa princesse plutôt que de rester avec les quatre inconnus. Elle la reposa dans son berceau avant d'agiter quelques jouets sous nez, ce qui la fit sourire. Le bébé agitait ses mains pour essayer d'attraper l'origine du bruit. L'adulte lui lu ensuite une petite histoire pour l'endormir, ce qui marcha à merveille. D'ailleurs, même la jeune femme commençait à avoir sommeil. Ses yeux devenaient de plus en plus lourd. Elle n'avait même plus la force de réfléchir à ce qui s'était passé aujourd'hui. Son frère qui avait débarqué pour l'embrasser. Les horribles images qu'elle avait vu. Ce qu'elle avait ressenti à ce moment là et lorsque Kaen avait déposé ses lèvres sur son front. Le spectacle qui s'était affiché devant ses yeux avec leur amis. Surtout concernant l'élémentaire et l'humain qui s'étaient longtemps tenu la main. C'était l'exact contraire que lui avait dit son grand frère..

Pour ne pas s'endormir dans la chambre du nourrisson, l'élémental retourna dans celle parentale. Elle fouilla dans le premier tiroir pour en retirer un simple et long t-shirt. Elle se déshabilla avant d'enfiler le vêtement. Prête pour aller dodo, elle allait se diriger vers le lit jusqu'à ce qu'elle constate avec effroi que le père de sa fille était là, en train de la regarder.. Depuis combien de temps il était là ? Il n'avait pas tout vu quand même.. ? Ou bien il venait juste d'arriver.. ? Elle attrapa à la hâte les premières choses qui tombèrent sous sa main, soit ce qu'elle venait tout juste d'enlever pour lui balancer à la figure avec force. Ses joues avaient virés au rouge. Et la teinte s'intensifia lorsqu'il exhiba son soutien gorge, comme si tout ça était naturel! Il se fichait du monde là ! Pourquoi est ce qu'il fallait qu'il agisse comme ça ? Pourtant elle avait la désagréable impression que ce n'était pas la première fois que ça se produisait. Le brun ne lui laissa même pas le temps de réagir ou reprendre ses esprits qu'il s'était approché, penché légèrement vers elle pour déposer ses lèvres contre les siennes. Ses yeux s'ouvrirent en grand, comme tout à l'heure lorsque son frère lui avait fait le même coup. Sauf que là, la sensation était totalement différente. C'était plus doux. Plus agréable. Ses joues devinrent encore un peu plus rouges qu'elles ne l'étaient déjà. Une étrange sensation naissait au creux de son estomac lorsqu'il se détacha d'elle. Ses yeux brillaient d'embarras et d'hésitation alors qu'elle murmurait:

- "Kaen..."

L'élémental ne put rien dire d'autre. Son amoureux avait déjà repris possession de ses lèvres en la faisant doucement basculer sur le lit. Les affreux flash du début de journée n'étaient plus d'actualité et avait laissé place à des images bien plus agréables. De la douceur. De l'amour. Des sentiments qu'elle pensait ne jamais avoir connu ou même connaitre. C'était peut être difficile à croire, même pour elle, mais il lui semblait que ce genre d'attention lui manquait. Quelles étaient devenues assez courantes avant qu'elle ne perde la mémoire et que son corps n'avait attendu que ça. Elle revoyait ce genre de moment. Des baisers accompagnés de caresses et de regards amoureux. La belle prenait plaisir à répondre aux avances de son compagnon alors que son enveloppe charnelle se réchauffait. Mais la chaleur ne lui déplaisait pas. Bien au contraire. C'était agréable à petite dose. Elle sentait les mains de ce dernier parcourir son dos et sa cuisse sans pour autant s'aventurer trop loin. Les siennes allèrent timidement se glisser dans ses cheveux. Les souvenirs restaient flous mais elle pouvait assurer qu'elle était bien tombée sous son charme. Même si les réflexes d'une femme amoureuse n'étaient pas encore de retour.

"Malheureusement" pour les jeunes parents, leur princesse ne voulait pas qu'ils passent du bon temps ensemble puisqu'elle hurla de tout ses poumons. Cela eut pour effet de faire sursauter les deux adultes qui se redressèrent rapidement pour aller à son chevet. C'est le papa qui la prit dans ses bras le premier. Ses pleures s'arrêtèrent quelque seconde avant de reprendre de plus belle. Le regard écarlate de la petite était dirigé vers sa maman avant qu'elle ne lui tende les bras. C'est donc l'élémental qui prit le relais. Il était facile de deviner ce que voulait le nouveau né puisqu'il ne dégageait pas d'odeur nauséabonde mais... Donner le sein était une chose dont elle n'avait encore jamais fait l'expérience.. Et si elle s'y prenait mal ? Et si son lait n'était pas bon pour un enfant humain ? Ce genre de question était sûrement complètement idiote et sans intérêt pour n'importe quelle femme mais pas pour elle. Néanmoins, à cause des circonstances, elle du se résigner à essayer. Après tout il était tard, ils étaient revenus chez eux récemment, et donc ils n'avaient pas de quoi nourrir la petite. Kei tourna la tête vers le papa avant de dire:

- "Sors s'il te plait. C'est gênant si tu regardes.. Déjà que tu t'es bien rincé l'oeil !"

Elle attendit qu'il s'exécute pour commencer. La jeune maman s'installa sur le sol -il faudrait qu'ils pensent à placer une chaise ou un petit fauteuil dans la pièce- puis retira une manche de son t-shirt qu'elle souleva pour dévoiler son sein. Ce n'est qu'ensuite qu'elle porta Sophia à ce niveau. La petite attrapa son mamelon qu'elle téta immédiatement. Elle devait vraiment avoir une faim de loup. La sensation que procurait l'allaitement était assez étrange. Cela la réchauffait progressivement et la rendait heureuse. Elle se sentait un peu plus dans son rôle de mère. Bébé se nourrit pendant un long moment. Tellement qu'elle ne savait pas exactement combien de temps. La chaleur qui se diffusait lentement dans tout son corps était si agréable, que l'élémental finit par s'endormir en serrant sa fille contre elle. Cette dernière lui lâcha le sein dès qu'elle fut repu avant de sombrer à son tour dans les bras de Morphée.

Kei rêva cette nuit là. Pouvait on vraiment parler d'un songe ? Elle n'en était pas certaine. C'était plutôt des brides de souvenirs qui revenaient par flash encore flou. Des visages qui lui disaient vaguement quelque chose. Kaen qui était avec elle lorsqu'elle avait un ventre énorme. Son voyage pour son village natal. La rencontre avec son grand frère qui avait déclenchait son accouchement. Puis Sophia. Leur adorable petite princesse. Elle était sagement dans ses bras en train de somnoler. Son papa était juste à côté en train de les regarder avec un regard doux et aimant. L'élémental avait encore du mal à se dire qu'il s'agissait de sa vie actuelle. Elle n'avait rien à voir avec celle dépeinte par Akira ou ce qu'elle avait connu plus jeune. C'était tellement mieux ! Mais ce bonheur ne dura pas. Les mains de la jeune maman commençaient à se couvrir de sang alors que l'enfant pâlissait chaque seconde un peu plus. Elle tourna par réflexe la tête avec le père qui avait aussi ce liquide rouge au coin des lèvres ainsi que sur son t-shirt. Son attention se reporta sur la petite qui continuait à se vider de son sang jusqu'à s'éteindre complètement.

La demoiselle se réveilla dans un cri en se redressant. Son premier réflexe fut de chercher Sophia des yeux. Absente. Kaen n'était pas là non plus. D'ailleurs elle n'était même plus dans la chambre du nourrisson mais dans celle parentale. Ce cauchemar semblait tellement réel qu'elle en avait encore des frissons. En sueur, elle posa un pied à terre lorsque le jeune papa entra dans la pièce avec le bébé dans ses bras. Elle soupira de soulagement, contente qu'il ne s'agissait vraiment que d'un mauvais rêve.

L'homme de la demeure l'avait surpris alors qu'elle était en train de se changer. Elle l'avait assez mal pris, même si ce qui avait suivi ne lui avait pas déplu. Des baisers remplis de tendresses accompagnés de caresses qui lui rendirent quelques vagues souvenirs. Ils auraient sûrement pu aller loin si Sophia ne s'était pas manifestée à plein poumons. Les jeunes parents s'étaient alors précipités à son chevet pour savoir ce qui lui arrivait. Heureusement, ce n'était que de la faim. L'élémental demanda gentiment à l'être masculin de sortir afin qu'elle puisse nourrir la petite au sein sans ressentir la moindre gêne qui pourrait la bloquer. Il accepta et elle commença le travail. Cela dura un long moment. Tellement que la maman finit carrément par s'endormir avec sa fille dans ses bras. Néanmoins, malgré la présence de son bébé, elle finit un horrible mauvais rêve aux allures de prémonition. Kei se réveilla en sursaut en hurlant. Son regard se portait sur les alentours où ni Kaen ni le nourrisson ne se trouvaient. L'inquiétude montait déjà alors qu'elle posa un pied à terre pour partir à leur recherche. Heureusement, son compagnon apparut dans l'entre bâillement de la porte avec leur progéniture dans ses bras. Imaginez le soulagement qu'elle avait ressenti à ce moment là.

Cependant, elle devait encore paraître bien pâle puisque le jeune papa s'était approché en essayant de la rassurer verbalement. L'avoir vu la soulageait déjà beaucoup. Il n'était pas obligé d'en rajouter une couche. Ses craintes passeraient d'elles même d'ici quelques minutes. Malgré tout, le jeune homme ne semblait pas être de cet avis. Il lui avait pris la main pour l'entraîner dans leur chambre. La petite fut posée sur le lit et les adultes l'encadrèrent. Chacun d'eux étaient liés par leur mains. C'était comme si ils étaient une famille unie. Heureuse même. Mais le malheur n'était pas bien loin, et ils le savaient très bien. Son frère rôdait toujours et ses camarades aussi.. Alors pourquoi Kaen lui proposait d'aller se promener à l'extérieur ? C'était se mettre en tête de ligne.. Mais elle comprenait sa volonté de sortir. Après tout ils se trouvaient dans leur village. Sur leur territoire. Celui qui serait désavantagé c'était Akira. Pas eux. C'est pour cette raison qu'elle finit par accepter. La demoiselle se leva avant de prendre des vêtements pour se changer dans la salle de bain. Elle enfila un de ses anciens jeans et un t-shirt assez large bleu foncé. Elle attacha rapidement ses cheveux en queue de cheval haute avant de retourner dans la chambre. Le jeune papa et sa fille n'avaient pas bougé d'un pouce. La maman prit doucement la petite dans ses bras avant de s'intéresser au brun:

- "Changes toi. Je m'occupe de préparer Sophia."

Elle laissa alors le jeune homme à ses affaires en emmenant leur princesse dans sa propre chambre. Là bas, la jeune mère l'allongea doucement sur la table à longer pour la changer. Toujours un bodies mais jaune cette fois, avec un petit poussin dessiné dessus. C'était la première fois qu'elle s'occupait d'elle et cela ne lui déplaisait pas. Après tout elle était sa génitrice. Il avait un lien invisible entre elles. Le papa ne tarda pas à les rejoindre puis ils mirent la petite dans une poussette, afin de faciliter leur promenade puis Le jeune couple sortit dehors. Il ne faisait ni chaud ni froid à l'extérieur. Le soleil ne s'affichait pas clairement non plus, camouflé par de sombres nuages. Mais il ne pleuvait pas. Pas encore du moins. Seuls quelques habitants étaient de sortis. Ils étaient si peu nombreux que l'on pouvait croire que les tout jeunes parents étaient les seuls. Par précaution, Kei ne tint pas la main de Kaen qui poussait la poussette. Elle resta même un peu à l'écart, à une vingtaine de centimètres de lui. Elle avait l'impression que si elle se rapprochait cela allait déclencher la colère de celui qui les observait sûrement dans l'ombre.

Le duo marcha un petit moment. Tranquillement et sans se presser. Sophia devait sûrement s'être endormie puisqu'on ne l'entendait plus. Les rues étaient vachement calmes. Plus le temps passait et plus elles étaient désertées par les villageois, sûrement à cause du temps couvert. D'un côté ça l'arrangeait puisqu'ils avaient le chemin pour eux seuls. D'un autre, ils étaient totalement à découverts et vulnérables.. Son stress devait être facilement percevable puisque Kaen lui conseilla de se détendre un peu. Pour se faire, il l'invita même à manger une glace. Ce n'était pas ça qui allait la rassurer mais elle accepta quand même. Pour lui faire plaisir. Ses souvenirs n'étaient pas encore tout à faire revenus. Néanmoins, l'élémental se sentait en confiance avec lui. C'était étrange quand même de vouer une confiance aveugle envers quelqu'un qu'elle ne "connaissait" pas. Ils arrivèrent tranquillement chez le marchand. La belle demanda une boule vanille avant que son amoureux ne fasse son choix également. Le couple dégusta leur friandise après s'être assis sur un banc. Une fois terminé, ils reprirent le chemin de la maison. La tension était descendue d'un cran. Puisque l'aller s'était bien déroulé, le retour ne devrait pas poser plus de problème. En rentrant, ils passèrent par la ruelle commerçante qui était plus animée que les autres rues. Les boutiques mettaient en avant leurs plus belles pièces. Robes, pantalons, tuniques, chemises et autres babioles sans réelles valeurs. Cependant, d'adorables vêtements pour bébé firent s'arrêter la jeune maman. Le papa lui n'avait pas vraiment prêter attention aux magasins qui les entouraient. Elle aurait peut être du en faire extraction également... Elle s'exclama avant de se tourner vers lui:

- "Comme c'est mignon ! Regardes Kaen je suis sûre que ..."

Malheureusement elle ne termina pas sa phrase. A peine s'était elle retournée vers lui que les cris s'élevèrent des passants qui prirent leur jambes à leur cou rapidement. L'élémental en aurait bien fait autant si cela ne l'avait pas personnellement concerné. Elle se précipita sur sa famille pour s'agenouiller sur eux. Ses mains et le reste de son corps tremblaient. C'était comme si on venait de lui transperçait le cœur. Kaen avait trois pics de glace qui lui empalaient le torse.. La poussette de Sophia avait elle aussi subit le même traitement.. Ses souvenirs manquants affluèrent dans son esprit en des flashs rapides de quelques secondes à peines. Leur rencontre au détour d'un misérable casino. La recherche qu'avait lancé un noble parce qu'ils n'avaient pas coopéré. Le premier baiser forcé qu'ils avaient échangé pour s'échapper. Leur retrouvaille à l'école le lendemain et sa première montée en température qui lui avait fait perdre la tête. L'adoption de leur chaton noir. L'horrible période passée en tant qu'esclave. Leurs moments de tendresse et d'amour. Puis sa grossesse. Les joies et les peines que ça en avaient découlé. Puis les pleurs de leur fille à sa sortie de son ventre. Pourquoi fallait il qu'elle s'en souvienne que maintenant ? Il était trop tard ! Son amoureux et sa fille venaient d'être abattus sous ses yeux sans qu'elle n'ait pu rien faire! Elle avait juste baissé sa garde l'espace d'un instant et il en avait profité.. L'élémental posa sa main droite sur le visage de son compagnon et l'autre sur celui de sa princesse qu'elle caressa. Elle voulait pleurer mais aucune larme ne semblaient décider à couler. Elle était bien trop en colère pour ça. Cette dernière montait rapidement, augmentant ainsi son rythme cardiaque et la fraîcheur qu'elle dégageait. Elle gela les plaies de sa famille pour stopper l’hémorragie le temps qu'il faudrait. Elle se remit debout lorsque Seira et Ren débarquèrent, alertés par les cris des passants. Sans un regard vers eux, elle leur dit, tout en s'éloignant des deux êtres au sol:

- "Ramenez les à la maison. Si l'un d'eux vient à mourir je me retournerai contre vous après m'être occupé de lui."

Ses menaces étaient très sérieuses même si elle n'avait aucune envie de s'en prendre à ses amis. C'était juste son état qui la poussait à dire ce genre de chose. Elle attendit que les deux corps quittent le sol pour geler tout le périmètre. Son frère ne tarda pas à se manifester avec un grand sourire sur le visage. Il jubilait, ravi de la tournure des évènements. Kei s'approcha de lui lentement. Ses pupilles avaient prit la même forme que celle qu'arborait les reptiles. Ses nerfs, elle allait les passer sur lui. Les mots qu'il prononça en rajoutèrent une couche:

- "Voilà Kei. C'est comme ça que je voulais te voir. Comment tu te sens sans ce misérable humain et ce marmot dans tes pattes ? Mieux n'est ce pas ? Allez suis moi petite soeur."

- "Tu te fous de moi Akira ?! Tu m'as fais oublier les deux personnes les plus importantes à mes yeux. Tu m'as fais rater la naissance de ma fille. Et tu as essayé de les détruire. Et tu oses encore te montrer devant moi ?! Est ce que tu crois vraiment que je vais te suivre après ce que t'as fait ? Tu peux aller te faire voir ! Tu vas payer tout le mal que tu nous as fait subir !"

L'élémental s'était rapprochée de lui encore. Dans un diamètre de plusieurs kilomètres, la température ambiante était descendue en dessous de zéro. Le sol s'était verglacé. La brume s'était levée et quelques flocons tombaient déjà du ciel. Ils avaient déjà recouverts un peu les toits des maisons. Sa dernière phrase à peine terminée, qu'elle s'était transférée juste devant lui pour lui assigner un coup rapide qu'il n'aurait pas du voir venir mais qu'il bloqua, pourtant, sans difficulté:

- "Trop prévisible."

Il lui renvoya son coup avec une puissance double qui la fit reculer dans une glissade. Le combat s'annonçait long. Après tout, ils avaient tout les deux les même spécificités et les même faiblesse. La seule différence se ferait sûrement sur la volonté et le mental. Et celui de la petite sœur était d'acier. Pour sa fille. Pour Kaen. Elle ne le laisserait plus jamais s'approcher d'eux ! Le regard de la belle se durcit avant qu'elle ne s'élance à nouveau vers lui mais à pied cette fois. Ses pas étaient fluides, guidés par la glace au sol. Ses ongles s’aiguisèrent dans la seconde avant qu'elle ne matérialise une lance de glace. Elle se doutait bien que les attaques frontales ne fonctionneraient pas sur lui. A moins de ruser un peu. Néanmoins elle tenta le coup. L'arme fut mise en première ligne. Comme prévu, il l'évita avec facilité en se dématérialisant et en réapparaissant juste à ses côtés. Ses doigts comme des lames, par contre, touchèrent leur cible dans les côtes. Mais cette dernière eut le temps de la blesser également au même endroit. Quelques gouttes de sangs teintèrent la neige au sol. Elle porta les traces du liquides rouges de son frère à sa bouche dans un geste provoquant. Même blessée, elle allait gagner!

La jeune maman changea de tactiques. Comme l'aurait fait une patineuse de rang mondiale, elle s'éloigna de son cher frère de quelques mètres. La brume commença à s'intensifier. Le vent monta en puissance. Les chutes de neige se firent plus importantes, brouillant ainsi la vue. La température baissa encore de quelques degré. Le paysage avait des allures de fin du monde sauf pour eux. Cette fois, ce sont des projectiles qu'elle lui balança. De fines aiguilles à peine visibles à l'oeil nu. Certaines se plantèrent dans la cible. D'autres fut évité. Mais ce n'était pas grave. Elle l'affaiblissait petit à petit. Sa plaie gela avant qu'elle ne s'élance à nouveau. Plus le temps passait et plus elle se sentait prendre de l'assurance et accumuler de la force. Elle n'hésita pas à enchainer les coups de poings et de pieds, comme l'aurait fait un vulgaire humain dépourvu de pouvoir. La plupart le touchèrent, bien que les dégâts étaient faibles. C'était son défouloir du moment. La force de l'attaque augmentait dès qu'elle pensait à son foyer. Ses poings se gelaient d'eux même. Son corps dégageait du froid également. Cependant, ce petit jeu sembla commencer à agacer le jeune homme. Alors que la demoiselle croyait de plus en plus à ses capacités, il la stoppa net en l'attrapant par la gorge. Il la plaqua contre le sol alors que les deux protagonistes reprenaient leur souffle:

- "Tu n'as aucune chance Kei. Abandonnes et rejoins moi."

- "Tu peux toujours courir !"

- "Qu'est-ce que tu peux être têtue quand tu t'y mets... Dès que j'en aurais fini avec toi, j'irai terminer le travail avec ce que tu appelle "famille"."

A ces mots, la jeune maman lui attrapa le poignet qu'elle serra tellement fort qu'elle le sentit se briser. Il n'était pas question qu'il s'approche encore une fois d'eux! Kei sentait déjà son humanité s'envoler, submergée par la rage et la volonté de protéger ce qui lui était chère. L'aîné se recula sous la surprise de se retrouver avec un poignet en moins, alors qu'elle se releva. Une aura meurtrière commençait à entourer sa "faible" petite sœur. Une boule de feu, d'un combat adjacent, percuta son épaule droite de plein fouet, sans pour autant l'affaiblir ou la freiner dans son idée. La glace commença à bloquer son grand frère sur place en entourant ses pieds. Elle remontait lentement sur ses mollets, cuisses, bassin, torse, l'empêchant ainsi de faire le moindre mouvement. Le sourire de la belle se fit carnassier. Elle lui brisa d'un coup sec la main en disant que c'était pour lui avoir fait perdre la mémoire. Le coup suivant fut pour s'en être prit à sa famille et ce fut la jambe gauche qui prit. Puis elle lui enfourna quelque chose, qu'elle venait de prendre dans la poche de son jean, dans sa bouche. C'est elle qui prit la parole cette fois:

- "Tu ne t'approcheras plus jamais des gens que j'aime. Adieu."

- "Tu es tellement plus belle dans cet état Kei.."

Et à la fin de sa phrase, le corps de glace de son frère s'enflamma d'un seul coup. Maintenant l'élémental pouvait dire que sa famille était libre. Plus rien ne pourrait entacher leur bonheur. Plus rien.. La jeune maman commençait à tituber. C'était déjà les contre coups de son état de transe. Son corps devenait déjà plus lourd et sa vue plus troublée. Elle se sentait épuisée. Elle bascula en avant, à moitié inconsciente. Sauf qu'elle ne toucha jamais le sol. Ce qui semblait être un bras l'avait arrêté dans sa chute. Un regard et elle constata qu'il s'agissait de Kyu, le meilleur ami de Kaen. Il était, lui aussi, couvert de sang. Il avait sûrement du se battre contre les acolytes d'Akira, d'où le projectile de feu de tout à l'heure. Elle lui dit avec un petit sourire forcé:

- "Lamentable, pas vrai ?"

- "C'est bon, j'te ramène chez toi."

Elle sentit qu'il la prenait dans ses bras, comme une princesse. Elle lui murmura un merci à peine audible avant de sombrer dans l'inconscience. Tout ce qu'elle espérait maintenant était de ne pas se retrouver avec une mauvaise nouvelle en rentrant. Apprendre que Sophia ou Kaen avait succombé à leurs blessures la détruirait mentalement à un tel point qu'elle ne s'en remettrait sûrement pas. Des perles glacées tombèrent de ses yeux à cette simple pensée.
 

Son combat pour protéger ce qui lui était cher terminé, l'élémental se sentit épuisée. Elle n'avait pas l'habitude d'utiliser ses capacités à leur maximum car elle perdait la raison dès que cela arrivait. Résultat, le contre coup se faisait plus virulent. Elle se sentit partir en avant, l'esprit déjà à moitié dans l'inconscience, lorsqu'elle sentit qu'on la stoppa dans sa chute. C'était Kyu qui l'avait empêché de tomber. Il la prit dans ses bras pour la ramener auprès de ses proches qu'elle espérait toujours en vie. Dans le cas contraire, il était fort probable qu'elle ne s'en remette pas. Kei n'eut pas vraiment le temps de réfléchir plus longtemps là dessus puisqu'elle perdit connaissance sur le chemin du retour et ce, pendant une heure ou deux.

La jeune maman se réveilla plus tard, allongée sur un lit qui n'était pas le sien. Elle se redressa en regardant les alentours. Ce n'était pas chez elle. L'odeur y était différente. La décoration aussi. Beaucoup plus sinistre et froide. Son épaule la lançait, ce qui la fit grimacer un peu. Pourtant, à part un bleu, elle n'avait rien. Sa blessure aux côtes s'était également refermée sans problème particulier. Mais elle n'avait pas le temps de se préoccuper de son état personnel! Les plus touchés étaient sa fille et son homme. Pas question de rester coucher à ne rien et à attendre que le verdict tombe. Elle posa un pied à terre lorsque Seira entra dans la pièce. Son visage était aussi blanc que celui d'un mort et le sourire qu'elle affichait était clairement forcé. Même un idiot associable pourrait le remarquer! Dès que l'élément de feu fut à la hauteur de son homologue, elle l'obligea à se rallonger en posant un linge gelé sur son front:

- "Je suis contente que tu te sois réveillée mais tu dois rester coucher encore un peu. Comment vont tes blessures ?"

- "Te fous pas de moi Seira. Je veux voir ma fille et Kaen. Maintenant!"

- "Rassures toi. Sophia va bien et dort juste à côté. Je peux te l'amener si tu veux. Quant à Kaen, il..."

- "Seira descends ! Kaen a.."

C'était Ren qui demandé à sa copine de descendre. Et l'objet de cette demande était son amoureux à elle. Vu la tête que tiré la blonde, Kei comprit que trop bien la situation. Kaen était toujours avec Kyu pour les soins et quelque chose tournait mal, d'où le fait que sa présence était requise. La jeune maman avait l'horrible sentiment que ce qui se tramait à l'étage inférieur était vraiment mauvais. Son instinct lui disait qu'il était vraiment au bout. La peur commençait tout juste à l'envahir lorsqu'elle se téléporta au chevet de son compagnon sans avoir attendu les consignes de l'autre binôme. Ce qu'elle vit confirma ses craintes les plus pessimistes. Le brun baignait dans son propre sang. Son visage était encore plus pâle que celui de sa femme. Son torse ne se soulevait plus sous sa respiration. Cette dernière sentait déjà chacun de ses membres tremblaient. Le voir dans cet état lui faisait horriblement mal au coeur. Des larmes perlaient déjà au coin de ses yeux dorées. Ce n'était pas vrai.. Il ne pouvait pas mourir.. Pas maintenant.. Ils étaient tranquilles à présent.. Il n'y aurait pu de problème. Ils pourraient vivre heureux comme n'importe quel jeune parent.. Elle jeta son regard remplis de larmes vers Kyu qui affichait un visage totalement neutre et détaché. Le voir ainsi non concerné par l'état de son ami l'agaça au plus haut point. Elle attrapa les vêtements du jeune homme au niveau du col en lui disant:

- "Fais quelque chose Kyu ! C'est ton ami non ?!"

- "Calmes toi Kei. Ça fait trois heures qu'on essaye de le soigner. Si il n'a plus envie de se battre c'est son problème. Je ne peux rien faire d'autre."

Il restait totalement stoïc. Il la fit lâcher ses vêtements avant de tourner les talons. C'était une blague ? Il allait vraiment abandonner son ami après tout ce qu'ils avaient pu vivre ensemble ? C'était ça l'amitié pour lui ? Si lui décidait de laisser tomber son pote, ce n'était pas le cas de son épouse. Elle ne lâcherait rien! Il n'était pas question de laisser mourir son homme sans rien faire ! La belle reporta toute son attention au mourant. Elle grimpa sur la table avant de se mettre à califourchon sur lui. Non, aucune idée mal tournée derrière sa position. Aucune. Elle posa ses deux mains l'une sur l'autre, au niveau de son coeur, puis commença un massage cardiaque avec énergie. Elle compta en murmurant jusqu'à dix avant de lui donner de l'air avec un bouche à bouche. Elle recommença ce scénario plusieurs fois. Cependant, plus elle essayait, plus ses espoirs s'envolaient et plus ses yeux se remplissaient de larmes, prête à couler.

- "Allez Kaen, réveilles toi ! T'as pas le droit d'abandonner ! Pas maintenant ! J'ai besoin de toi ! Ta fille, Sophia a besoin de toi !! J'ten pris Kaen.. Ouvres les yeux .."

La jeune femme perdait espoir. Les larmes coulaient toutes seules sur ses joues pâles. Elle n'y croyait plus. Son coeur se serra tellement fort qu'elle le pensait prêt à se briser d'une seconde à l'autre. Ses lèvres vinrent se poser sur celles de son amoureux. Ses larmes tombèrent sur les joues de son compagnon. Elle pensait qu'il s'agissait là de leur dernier baiser. Lorsqu'elle y mit fin, elle regarda ses mains couvertes de sang avant de descendre de la table. Ses yeux s'étaient vidés de leur vie. Elle avait envie d'hurler sa peine et son désespoir. Comment pourrait elle faire face, la tête haute, à leur fille ? Elle ne s'en sentait pas capable. Alors lorsqu'elle entendit du bruit derrière elle, sa première pensée fut qu'elle commençait déjà à perdre la tête. Néanmoins, elle osa jeter un dernier regard vers son amoureux qui avait reprit connaissance. Elle pensa d'abord qu'elle rêvait. Elle se pinçât le bras avant de crier à l'attention de Kyu qu'il s'était réveillé. Ce dernier arriva rapidement, comme si il avait prévu ce scénario dès le début. Il prépara une perfusion avec son propre sang avant d'en faire profiter le brun et de continuer l'opération pour refermer ses plaies. L'élémental n'en croyait pas ses yeux. Il s'était réveillé. Elle ne savait pas quel miracle venait de se produire mais ça ne pouvait pas être mieux ! Cependant, lorsque Kaen reperdit connaissance c'est comme si ses espoirs se brisaient une nouvelle fois. Elle allait se jeter à nouveau sur lui quand Seira l'éloigna en lui disant que ça irait.

L'attente de son réveil lui sembla interminable même si l'élémental avait été jeté un coup d'oeil à sa fille pour vérifier qu'elle allait vraiment bien avant de retourner au chevet de son amoureux. Ce fut la délivrance lorsqu'il se réveilla. Ces premiers mots furent pour savoir si Sophia allait bien. Ses yeux la cherchaient du regard. Il essaya même de se lever pour aller la chercher. C'est Kei qui l'empêcha de le faire en le prenant dans ses bras. Doucement. Pour ne pas rouvrir ses plaies. En même temps, elle le rassura:

- "Sophia va bien et dort à l'étage. Ne t'inquiètes pas pour elle." elle posa sa tête contre son cou en murmurant la suite "On va pouvoir vivre en paix Kaen. Ne me fais plus peur comme ça.."

La jeune maman avait failli perdre son amoureux. Elle avait tout fait pour qu'il ne perde pas la vie et ses efforts avaient fini par payer puisqu'il ouvrit les yeux. Avant de retomber dans le sommeil, certes mais son coeur battait maintenant! Grâce au sang de Kyu. Elle gardait toujours de l'amertume envers lui pour avoir oser abandonner son ami, bien qu'elle tentait de passer outre. Lorsqu'il se réveilla à nouveau, c'est après sa fille que Kaen cherchait. Il était même déjà prêt à se lever pour aller à sa rencontre. Sa femme l'en empêcha en le serrant dans ses bras froids. Elle le rassura au sujet de leur petite en disant qu'elle dormait sagement à l'étage. Cependant, alors qu'elle voulait rester un peu contre lui, pour se rassurer de son état d'abord et parce qu'elle ne voulait pas le quitter ensuite, il la repoussa. Pas méchamment, loin de là. Mais il l'éloigna de lui quand même. L'élémental baissa un peu la tête en se mordant la lèvre. Qu'est-ce qu'elle avait encore fait de mal pour qu'il s'éloigne ? Pensait il qu'elle avait encore sa perte de mémoire ? Ou alors il lui en voulait de ne pas avoir su protéger Sophia correctement ? Tout en se posant ces mauvaises questions intérieurement, elle sentit qu'il posa sa main sur sa tête qu'il caressa doucement. A ce geste adorable, il ajouta qu'il avait envie d'un lapin. Pourquoi ses actes et ses mots n'avaient rien à voir ?! Seira l'interrogea à la place de Kei et c'est Kyu qui expliqua:

"Les effets sont déjà la. Il a le sang d'un animal en lui, il risque d'avoir des envies bizarres à vos yeux, dans l'ordre il va avoir faim, il va vouloir s'occuper de sa progéniture puis la dernière est de ... comment le dire ... succomber à ses pulsions on va dire. "

L'élément de glace acquiesçât à chaque partie de phrase. Sang d'un animal d'accord. Puisque Kyu lui avait refilé son sang. Avoir des envies bizarres, ok, ça ne changerait pas beaucoup de d'habitude. Avoir faim, normal. Sa fille aussi réclamait souvent à manger. Vouloir s'occuper de sa princesse, ça aussi c'était logique. C'était son cas aussi donc elle comprenait. Par contre elle tiqua sur la fin, en jetant un regard noir au renard. Succomber à ses pulsions... Ça voulait dire quoi ça ?! Il n'était pas question qu'elle le laisse faire ce qu'il veut de son corps ! Ça non ! Elle avait déjà assez souffert en mettant au monde Sophia ! Qu'il aille les assouvir ailleurs ! Enfin non.. Pas ailleurs.. Il n'aura qu'à se contenir ! Kyu disparut quelques secondes pour revenir avec lapin cru. Il n'allait quand même pas le laisser manger ça comme ça ?! Et si.. Et Kaen le dévora sans problème.. Pourquoi était elle tomber amoureuse d'un garçon pareil ? Elle se posait encore la question maintenant.. Après s'être rassasier il tenta une nouvelle fois de se mettre debout, ce que ne lui permit pas son camarade qui le frappa bien fort derrière la tête, ce qui eut pour effet de l'assommer. Au moins il se tiendrait tranquille pour le moment..

Les deux hommes encore valides déplacèrent son corps pour le placer à l'étage, dans un lit. Après tout, il n'allait pas encore dormir dans son sang hien. Sa femme le suivit de près et resta à son chevet un moment. Puis elle se décida à le nettoyer un peu. Pour ne pas que sa fille ne le voit couvert de ce liquide rouge. Pendant son sommeil, elle lui retira donc son t-shirt et son pantalon. Elle alla ensuite dans la salle d'eau pour prendre un gant et un seau d'eau tiède. Ce n'est qu'après s'être rassise à ses côtés qu'elle commença à l'essuyer doucement. La jeune femme fit bien attention à ne pas rouvrir ses plaies. Elle frotta dans l'ordre ses doigts, ses mains, ses bras, son torse puis son ventre. Elle passa son l'entre jambe pour enchainer avec ses jambes. Elle n'était pas là pour ça après tout ! Le connaissant ça risquait de le réveiller en plus .. Pile lorsque l'élémental eut terminé, Sophia se mit à hurler, réclament ainsi son repas.

Sa maman vint la voir après avoir ranger ses ustensiles précédent. Elle la prit doucement dans ses bras en lui disant:

- "Chut Sophia, papa fait dodo. Maman va te donner à manger"

L'élémental prenait son rôle très au sérieux. Vraiment. Elle voulait rattraper le temps qu'elle avait perdu à cause de sa perte de mémoire. Elle descendit l'escalier, son bébé dans les bras, puis après avoir fait un petit détour dans la cuisine pour faire chauffer le biberon, elle alla s'installer dans le canapé. Bien sur, la demoiselle lui aurait bien donner le sein mais le faire dans un environnement qu'elle ne connaissait pas particulièrement et sous le regard d'autre gens la bloquaient.. Sophia devra donc se contenter du biberon pour cette fois. La jeune maman lui mit la tétine dans la bouche et elle se calma. Ses petites mains s'étaient posées sur celles de sa génitrice et ses grands yeux rouges la regardaient. Qu'est-ce qu'elle pouvait être mignonne.. Elle avait encore du mal à réaliser qu'il s'agissait de sa fille, qu'elle était sortie de son ventre. Son papa devait penser un peu la même chose. En pensant à lui, il pointa le bout de son nez en frappant son copain. Il était obligé de se faire remarquer dès son réveil ?! Il gâchait le moment paisible qu'elle vivait avec la petite ! Même si elle était contente de le voir aller mieux. D'ailleurs il releva son t-shirt, preuve qu'il n'avait plus rien. Ne pouvait il pas le faire juste pour elle au lieu de montrer ses quelques abdos à Seira ?! Sa compagne lui lança un regard lourd de reproche alors qu'il portait son attention sur elles. Et pis d'un coup, au lieu de lui dire des belles choses ou de l'embrasser, il lui demanda de lui raconter ce qu'il s'était passé pendant qu'il se battait contre la mort.  C'est donc sur un ton un peu froid qu'elle lui répondit:

- "C'est très simple. Akira nous a eut par surprise. T'as été grièvement blessé. Et par miracle ta fille n'a pas eu une seule égratignure. J'ai pas été capable de vous protéger. Mais j'ai réglé le problème avec lui et nous serons tranquille." elle lui mit Sophia dans ses bras avant de poursuivre. "Tiens, occupes toi un peu de ta fille. Elle n'attends que ça."

Elle lui en voulait un peu. Elle s'était beaucoup inquiétée et même pas il essayait de la rassurer. Rien. A part la petite caresse qui lui avait sur la tête. Certes elle était un élément de glace, qui n'était censé ne rien ressentir mais il savait très bien que ce n'était pas son cas, même si elle essayait de montrer l'exact contraire. Il n'avait même pas remarqué non plus qu'elle avait retrouvé la mémoire.. A croire qu'elle commençait déjà à faire partie des meubles! Qu'est-ce que ça pouvait l'agacer ! Kei n'attendit pas une seconde de plus pour sortir, prétextant avoir besoin d'air. Oh bien sur, elle n'allait pas bien loin. A peine dix pas à l'extérieur, elle tourna à la première rue. La jeune femme s'accroupit contre le premier mur en prenant la tête dans ses mains. Ses sentiments oscillaient entre la colère et le soulagement. Toute sa famille allait bien. Ils allaient pouvoir vivre sans problèmes maintenant. Elle n'avait pas du pleurer assez encore puisque d'autres larmes perlèrent au coin de ses yeux. Elle les essuya rapidement d'un revers de main. Ce n'était pas le moment.

Peu après le réveil de son amoureux, la jeune femme lui avait raconté très succinctement ce qui s'était passé dehors, avant qu'il ne manque de mourir. Puis elle lui refila sa fille avant de sortir en prétextant qu'elle avait besoin d'air. C'était une excuse bidon. L'élémental avait simplement envie de s'isoler pour se calmer d'abord puis pour alléger son petit coeur. Elle venait tout juste de retrouver la mémoire, son compagnon et sa fille avaient failli rendre l'âme, et ce dernier ne lui montrait aucun signe prouvant qu'il était content de la voir. Comment pouvait elle bien le prendre ? Il aurait au moins pu faire l'effort de la rassurer par un simple baiser non ..? Accroupit contre un mur, elle sentait ses joues s'humidifier. Encore. Elle essuya vivement ses larmes d'un revers de main mais d'autres apparurent. C'est là que Kaen pointa le bout de son nez, juste devant ses yeux. Elle releva la tête alors qu'il disait:

"Il y a que la Kei que je connais pour ne pas dire qu'elle a retrouvé la mémoire et qu'elle n'a même pas l'intelligence de me le dire."

Comment est ce qu'elle devait prendre ça ? Il aurait pu le deviner plus tôt qu'elle avait retrouvé ses souvenirs non ? Malgré tout, le sourire qu'il affichait montrait qu'elle devait le prendre comme une gentille taquinerie. Il lui attrapa le poignet pour l'obliger à se relever, mais pour surtout l'attirer dans ses bras. Sa tête se posa contre son épaule et ses mains allèrent d'elles même dans le dos de son amoureux. L'une de son compagnon lui caressait doucement la tête. Et voilà qu'il la rassurait en disant que que c'était fini et que tout allait bien. C'était tout ce qu'elle attendait ! Ce n'était pas si compliqué à dire si ? La jeune femme murmura son prénom alors qu'il lui relevait la tête par le menton. Leurs regard se croisèrent avant que leur lèvres ne se rencontrent. Enfin le baiser qu'elle attendait. Celui qui lui prouvait l'amour qu'il ressentait pour elle. Dieu sait qu'elle en profita de ce bisou. Elle y répondit même avec tendresse alors qu'une dernière petite larme coulait sur sa joue. Ses mains serrèrent un peu plus le t-shirt de son homme. A peine deux secondes après leur "retrouvaille", la pluie se mit à tomber. Comme par hasard.. Mais le couple s'en fichait. C'était leur moment et ce n'était pas trois gouttes qui allaient le gâcher ! Sauf que là c'était un peu plus que quelques gouttes. Une véritable averse qui les obligèrent un peu à se séparer et à rentrer à l'intérieur. C'était plus pour le brun que pour elle même mais ce n'était rien. C'est donc main dans la main, avec les joues un peu rougissantes, qu'ils retournèrent chez Kyu.

Sophia semblait les attendre. Ses bras tendus vers eux dès leur arrivée. Comme elle était mignonne. Kei la prit pour la mettre dans sa poussette pendant que Kaen expliquait à leur hôte qu'ils allaient rentrés chez eux. Le couple avait besoin d'être en famille. Juste eux trois. L'élémental était tout à fait d'accord avec ça. Le rapport entre les problèmes et la tranquillité qu'ils avaient vécu était disproportionné. Ils sortirent rapidement après avoir dit au revoir à tous le monde. Bizarrement, l'élémental n'avait pas croisé l'autre maso. Ça ne lui déplaisait pas du tout, bien au contraire. Mais elle avait cru comprendre que le courant passait assez bien entre elle et le renard donc elle se posait juste la question. Les amoureux étaient plus soudés que jamais. La main droite de la maman tenait la poussette à droite, et celle du papa tenait à gauche. C'était l'image de la famille parfaite. Le chemin du retour se fit tranquillement. Sans la moindre difficulté. Arrivée à la maison, le brun prit la petite pour se diriger dans le salon alors que l'élément rangea la poussette et retira ses chaussures. Ce n'est qu'ensuite qu'elle alla rejoindre les amours de sa vie. Elle vint se mettre à côté de son épaule, la tête contre son épaule et ses doigts dans la main de la petite. C'était exactement le genre de moment dont elle rêvait. Et les mots de son amoureux ne pouvaient que la rendre plus heureuse. Ils allaient passer la semaine juste tout les trois, sans perturbations en tout genre. Néanmoins, une question vint en tête de l'élémental. Elle ne tarda pas à l'exposer:

- "Dis moi Kaen, pourquoi l'avoir appelé Sophia ? C'est pas que ça me déplait mais j'aimerai bien savoir .. "

C'était légitime qu'elle veuille savoir l'origine du prénom de sa fille ? Elle attendit une réponse de sa part, avec elle l'espère, une bonne raison pour l'avoir appelé. Dans le cas contraire, elle s'en voudrait toute sa vie de ne pas avoir pu lui donner un nom elle même! Puis lentement, après s'être excusé pour les soucis qu'elle avait pu lui causer depuis la naissance, la maman s'endormit. Elle ne s'était pas beaucoup reposé depuis son combat. Elle avait du dormir deux heures au maximum. Et pis, maintenant elle se sentait en sécurité et tellement sereine qu'elle pouvait se le permettre non ?